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Le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra, dont le second mandat expire en 2025, a annoncé la tenue d’un référendum constitutionnel. Si la modification de la loi fondamentale est voté, il pourra briguer un troisième mandat. François Soudan, directeur de la rédaction de Jeune Afrique, revient au micro de RFI sur les implications politiques de ce scrutin référendaire.
Plus d’informations : https://www.jeuneafrique.com/1449350/politique/en-centrafrique-faustin-archange-touadera-annonce-un-referendum-constitutionnel/

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00:00 François Soudan, bonjour. Cette semaine dans Jeune Afrique, la République centrafricaine
00:05 où a été confirmée mardi l'organisation le 30 juillet prochain d'un référendum
00:12 voulu par le président pour modifier la constitution de 2016.
00:17 Quelle est la justification de cette réforme ou plus exactement quels sont les défauts
00:22 de la constitution du 30 mars 2016 qui a fait l'objet d'un large débat citoyen à travers
00:27 les consultations populaires à la base et le forum intercentrafricain de Bangui ?
00:32 On ne connaît pas encore exactement la teneur du texte Norbert qui sera soumis à référendum
00:37 si ce n'est qu'il est effectivement destiné à remplacer la constitution de 2016.
00:43 Ce qui est pratiquement acquis c'est que l'article 153 qui exclut de toute révision le nombre
00:47 et la durée des mandats sera de facto impacté, alors au profit sans doute d'une remise à zéro
00:53 du compteur des dix mandats, ce qui permettra au président de se représenter, président
00:56 Otoadera pour la troisième fois en 2025.
00:58 Il est probable aussi qu'il figurera l'interdiction pour tout candidat de posséder une double
01:03 nationalité, ce qui aurait d'ailleurs pour effet d'éliminer de la course l'ancien
01:06 premier ministre Agnès Georges dans le gueulet et qui est considéré comme le chandongère
01:11 sans doute le plus crédible de l'actuel président.
01:13 Alors inutile de préciser évidemment que l'opposition est vent debout contre ce référendum,
01:19 qu'elle souhaite ne pas se voir se tenir, sans grand espoir d'ailleurs d'y parvenir.
01:22 Le projet doit certes d'abord être validé par la Cour constitutionnelle, on sait que
01:27 sa précédente présidente, Daniel Garland, qui s'y était opposé, a été évincé
01:31 et remplacé par un autre magistrat Jean-Pierre Verbrouillet qui est jugé en général plus
01:35 conciliant.
01:36 Alors il était prévu des élections locales et régionales pour ce même mois de juillet
01:40 2023, qu'en est-il ? Seront-elles couplées au référendum ou simplement annulées ?
01:45 Non, elles seront repoussées à la fin de l'année au profit effectivement de ce référendum.
01:50 C'est avec une consultation de ce type comme le référendum, en saison pluvieuse en plus,
01:55 ça nécessite beaucoup de logistique, beaucoup d'argent.
01:57 Côté logistique, dans la mesure où la MINUSCA refuse sa participation et où les FACA,
02:02 les forces amies centrafricaines, ne disposent que de très peu de moyens roulants ou volants
02:06 en état de marche, il faudra sans doute faire appel aux russes de Wagner pour transporter
02:10 le matériel.
02:11 C'est aussi un vrai souci sécuritaire puisque le scrutin ne pourra pas se tenir normalement
02:14 dans l'Est et le Nord où les rébellions sont toujours actives.
02:17 Côté finances enfin, il faut réunir environ 5 milliards de francs CFA.
02:21 Il semble qu'une bonne partie de cet argent soit disponible, sans qu'on sache d'ailleurs
02:25 en réalité d'où ça provient puisque le Trésor public apparemment ne dispose pas
02:28 de cette somme.
02:29 Quelle est la position officielle de la France vis-à-vis de cette initiative ?
02:33 Vous savez, ça fait un certain temps que les partenaires occidentaux du continent,
02:38 dont la France, ne se préoccupent plus guère de ces problèmes de modification de la Constitution,
02:43 des troisièmes mandats, partout sur le continent.
02:45 Parmi les voisins de la Centrafrique, on sait que le Cameroun, le Tchad, le Gabon, le Congo
02:50 ont si l'on peut dire déjà réglé ce problème.
02:51 Non, ce qui les préoccupe, ce qui préoccupe les Français, c'est la présence, l'influence
02:55 russe et les moyens pour l'instant très restreints de la contenir.
02:59 Justement, il y a une semaine, l'ambassadeur centrafricain à Moscou a déclaré que son
03:03 pays était prêt à accueillir une importante base militaire russe.
03:07 Effet d'annonce ou projet à prendre au sérieux ?
03:10 Bonne question, c'est une interview au quotidien Izvestia.
03:13 L'ambassadeur évoque en termes assez précis ce projet de construction d'une base militaire
03:18 russe qui pourrait accueillir, dit-il, à terme 5 à 10 000 hommes, lesquels s'ajouteraient
03:22 aux quelques 1 400 contrats actuels de Wagner.
03:25 C'est un projet qui pourrait être actif fin juillet lors du sommet Russie-Afrique
03:29 de Saint-Pétersbourg auquel participera le président Touadéra.
03:32 Ça fera de la Centrafrique le pivot de la politique d'influence russe au cœur du
03:36 continent.
03:37 Dans son interview, l'ambassadeur centrafricain à Moscou d'ailleurs ne prend pas de gants
03:39 pour le suggérer, si nécessaire, dit-il, ces troupes russes pourraient être utilisées
03:44 dans d'autres pays d'Afrique centrale.
03:45 François Soudan, merci.

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