Immigration : Édouard Philippe contre les «non-dits»

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Chaque matin dans son édito, Alexis Brezet, directeur des rédactions du Figaro, revient sur l'actualité politique du jour. Ce mardi, il s'intéresse aux déclarations de l'ancien Premier ministre Édouard Philippe sur le sujet sensible de l'immigration.

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Transcript
00:00 7h, 9h, Dimitri Pavlenko.
00:03 L'édito politique sur Europe 1 avec Le Figaro. Bonjour Alexis Brézet.
00:06 Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:08 Alors pendant qu'Emmanuel Macron arpente la Normandie,
00:10 le normand Edouard Philippe lui se rappelle à son bon souvenir
00:13 en accordant au journal L'Express, à l'hebdo L'Express,
00:16 un entretien consacré au thème brûlant de l'immigration.
00:19 Alors Alexis, vous avez lu cet entretien, est-ce que vous y voyez un tournant politique ?
00:23 Bah, un tournant dans les mots, indubitablement.
00:26 D'autant que ces mots sont prononcés par un jupéiste historique
00:30 qui, jusqu'ici, ne s'était pas fait remarquer par un intérêt particulier
00:34 pour ces questions inflammables, trop souvent chargées à ses yeux
00:38 de passion populaire et de pulsions populistes.
00:41 Avec un peu de croissance, un peu de patience,
00:44 tout ça finirait, n'est-ce pas, par sa rangée.
00:47 L'immigration, pour le conseiller d'Etat Edouard Philippe,
00:49 moins on en parlait, mieux on se portait.
00:52 Mais là, avec cet entretien donné à L'Express,
00:54 on est loin, bien loin, de l'identité heureuse chère à son mentor Alain Juppé.
00:58 C'est un véritable cri d'alarme que pousse le maire de Rouen.
01:01 Un cri, dit-il, contre l'immigration du fait accompli,
01:05 dont, dit-il encore, l'accélération très forte
01:08 ne correspond à aucun choix politique et dont il veut reprendre le contrôle.
01:13 Un cri d'alarme contre les non-dits.
01:15 On crève de ces non-dits.
01:18 Vous ne rêvez pas, Dimitri ?
01:20 C'est bien l'élégant, l'ironique, le pondéré Edouard Philippe
01:24 qui s'exprime ainsi, qui dénonce tranquillement la responsabilité de l'immigration
01:28 dans l'embolie de nos services publics,
01:30 et il cite la justice, le logement, l'école,
01:33 qui assument comme une évidence le lien entre délinquance et immigration
01:37 et qui ajoute que l'islam est devenu, je cite,
01:40 "un sujet central, un sujet inquiétant, un sujet obsédant".
01:44 C'est sûr, on nous l'a changé.
01:45 - Alors effectivement, Alexis, l'évolution du vocabulaire est frappante,
01:48 mais tout cela, ce sont des mots.
01:49 Est-ce que les propositions d'Edouard Philippe sont à l'unisson ?
01:53 - Soyons honnêtes, on n'y est pas encore.
01:55 La philipique, pour l'heure, relève surtout du registre rhétorique.
01:59 Côté pratique, on reste plutôt dans l'ordre du mi-chèvre, mi-chou.
02:03 Par exemple, même s'il comprend l'objectif poursuivi par LR,
02:08 Edouard Philippe ne veut pas d'une révision de la Constitution
02:11 pour desserrer l'étau jurisprudentiel de la CEDH et de la Cour de justice.
02:15 Il ne veut pas non plus supprimer l'aide médicale d'État,
02:19 même s'il est prêt à revoir les modalités de son attribution.
02:22 Il ne veut pas choisir entre assimilation et intégration.
02:26 Et il ne veut évidemment pas d'un référendum pour traiter de ces questions.
02:30 Et au fond, ce n'est pas illogique.
02:32 Edouard Philippe installe son curseur au milieu.
02:35 Plus réaliste que les macronistes, mais nettement moins ferme
02:38 que la droite de Wauquiez et Ciotti.
02:40 A noter tout de même sa volonté de remettre en cause l'accord de 1968 avec l'Algérie,
02:45 qui, comme chacun sait en matière migratoire,
02:48 accorde aux ressortissants de ce pays un statut exorbitant du droit commun.
02:52 C'est courageux.
02:53 C'est d'ailleurs une revendication ancienne de Marine Le Pen, d'Éric Zemmour ou d'Éric Ciotti.
02:58 C'est nécessaire, comme le prouve excellemment une note réalisée pour la Fondapol
03:02 par Xavier de Riancourt, l'ancien ambassadeur de France à Alger.
03:05 Mais c'est aussi une véritable bombe diplomatique.
03:08 Est-ce que Edouard Philippe est crédible quand il brandit cette menace ?
03:11 On peut bien sûr ironiser sur le caractère tardif d'une conversion
03:15 qui, c'est vrai, aurait sans doute été plus convaincante
03:18 si elle n'avait pas attendu que les LR s'en parlent de ce sujet.
03:21 On peut sans peine renvoyer Edouard Philippe à ce qu'il n'a pas fait.
03:24 Mettre en cause sa détermination, sa sincérité.
03:28 C'est vrai, il y a loin des mots aux actes.
03:31 C'est vrai, il y a loin de l'Edouard Philippe d'hier à l'Edouard Philippe d'aujourd'hui.
03:36 Mais après tout, peut-être faut-il y voir la distance
03:39 qui sépare un ex-premier ministre d'un déjà presque candidat.
03:43 Merci Alexis Brezet, l'édito politique sur Europe 1.
03:46 À la Lune du Figaro ce matin, l'échappatoire de la mémoire.
03:49 Emmanuel Macron qui invoque l'histoire pour faire oublier la crise.
03:52 On en parlera dans le Club de la presse Europe 1 tout à l'heure à 8h40.

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