ABONNEZ-VOUS pour plus de vidéos : http://www.dailymotion.com/Europe1fr
Chaque jour, des invités opposent leur point de vue sur l'actualité politique. Ce mardi, Eugénie Bastié et Olivier Dartigolles.
Retrouvez "Le club de la presse" sur : http://www.europe1.fr/emissions/le-club-de-la-presse
LE DIRECT : http://www.europe1.fr/direct-video
Retrouvez-nous sur :
| Notre site : http://www.europe1.fr
| Facebook : https://www.facebook.com/Europe1
| Twitter : https://twitter.com/europe1
| Google + : https://plus.google.com/+Europe1/posts
| Pinterest : http://www.pinterest.com/europe1/
Chaque jour, des invités opposent leur point de vue sur l'actualité politique. Ce mardi, Eugénie Bastié et Olivier Dartigolles.
Retrouvez "Le club de la presse" sur : http://www.europe1.fr/emissions/le-club-de-la-presse
LE DIRECT : http://www.europe1.fr/direct-video
Retrouvez-nous sur :
| Notre site : http://www.europe1.fr
| Facebook : https://www.facebook.com/Europe1
| Twitter : https://twitter.com/europe1
| Google + : https://plus.google.com/+Europe1/posts
| Pinterest : http://www.pinterest.com/europe1/
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Le club de la presse européen pour commenter, décrypter l'actualité politique.
00:05 Avec nous ce matin Eugénie Bastier, journaliste au Figaro Vox.
00:08 Bonjour Eugénie.
00:09 Bonjour.
00:10 Olivier Dardigolle était avec nous et là également.
00:12 Bonjour Olivier.
00:13 Alors est-ce qu'il faut y voir un pied de nez politique à ses opposants, ce genre de mobilisation ?
00:17 Contre la réforme des retraites, le 14ème donc.
00:20 Emmanuel Macron est en Normandie.
00:22 Hier au Mont-Saint-Michel, à considérer tel un château brillant au pouvoir,
00:26 les siècles qui s'en chassent, très belle formule,
00:29 aujourd'hui a commémoré le D-Day, le débarquement de 44.
00:32 Olivier Dardigolle, invoquer l'histoire pour faire oublier la crise sociale.
00:36 C'est la une du Figaro ce matin, vous pensez qu'il y a que ça ?
00:39 Oui, j'ai vu cette une, bien inspirée.
00:42 Emmanuel Macron est en la matière un récidiviste.
00:45 Ce n'est pas la première fois qu'il prend le thème mémoriel.
00:49 Ce n'est pas le premier président non plus à le faire.
00:51 Le premier non, pour essayer de faire un pas de côté
00:54 concernant une actualité politique ou sociale plus difficile pour lui.
00:58 Il a déjà fait son discours hier au Mont-Saint-Michel
01:02 et certainement ce qu'il dira aujourd'hui est souvent très inspiré.
01:06 Il y a du style, il peut y avoir du souffle,
01:09 mais un président qui regarde ailleurs
01:12 alors que pendant ce temps-là, il y aura une journée de mobilisation
01:15 et une actualité parlementaire assez dense.
01:18 Eugénie, vous étiez avec Emmanuel Macron au Mont-Saint-Michel,
01:21 discours très lyrique du président au pied de la statue de Saint-Michel.
01:25 Je vais donner une de ses phrases que vous avez souligné.
01:28 "Chaque pilier d'un âge permet de soutenir le suivant.
01:32 Le plafond d'un siècle constitue le plancher du prochain.
01:35 La sédimentation de l'histoire de France, de la culture française."
01:38 Il y aurait donc une culture française ?
01:40 Oui, c'est intéressant parce qu'on voit qu'Emmanuel Macron
01:42 tourne un peu autour de ce sujet de la culture française
01:45 depuis le début de son premier quinquennat.
01:46 On se souvient en 2017 de cette phrase "il n'y a pas de culture française".
01:49 Il avait répété aussi "il n'y a pas d'art français".
01:52 Ça lui avait été énormément reproché, notamment par la droite.
01:55 On l'avait accusé d'être multiculturaliste,
01:58 et ça en est défendu depuis.
02:00 Et il essaie d'être non pas dans le "en même temps",
02:03 mais dans le "ni-ni" sur cette question.
02:05 Comme me l'a dit un de ses conseillers,
02:07 ni Zemmour ni Woke, entre guillemets.
02:10 C'est-à-dire refuser une forme d'identité qui se juge figée, sclérosée,
02:14 déjà écrite.
02:16 Il parlait d'une identité un peu inspirée par Paul Ricoeur,
02:20 un maître en philosophie.
02:22 Paul Ricoeur parlait d'identité narrative,
02:24 c'est-à-dire une identité qui se raconte sous forme de récit.
02:27 C'est ça sa vision de l'identité française.
02:29 Parfois c'est un peu flou,
02:31 parce que quand il parle d'identité palimpseste,
02:33 on a du mal à suivre, c'est un peu cagneux.
02:35 - Le palimpseste c'est le texte qu'on écrit, qu'on écrit, sur lequel on écrit.
02:39 - C'est des morceaux qui s'enchaînent.
02:42 Et je pense qu'il veut en permanence garder au souci d'une identité ouverte
02:49 pour ne pas tomber dans ce qu'il appelle les pièges identitaires.
02:52 Bon, cette ligne de crête,
02:55 on comprend que sa position de centriste l'oblige à la tenir.
02:59 Parfois on a du mal à voir concrètement ce qu'il veut dire par là.
03:02 - C'est très intello, c'est très intellectuel.
03:04 Les français suivent-ils Olivier Dardigolle ?
03:06 - Non, je pense que les français ne suivent plus dans leur forte majorité.
03:10 De quoi le macronisme est-il le nom ?
03:13 Qu'est-ce qui restera ?
03:15 Il a cette capacité, cette élasticité
03:18 qui fait qu'il peut nous dire ça aujourd'hui
03:21 et nous dire presque l'opposé dans une semaine.
03:25 C'est-à-dire qu'il peut faire des bons théoriques
03:28 en étant systématiquement sur des cibles.
03:30 Quand il le fait, ça peut apparaître juste,
03:33 mais ça n'est pas frappé du saut d'une sincérité qu'on peut ressentir.
03:37 C'est-à-dire qu'il y a du vernis qui va se craqueler
03:41 sitôt une prochaine intervention qui semblera détricoter
03:46 ce qu'il a dit quelques jours auparavant.
03:48 Et je pense que les français ont ressenti cela.
03:51 On pouvait penser ce qu'on voulait de Chirac, de Mitterrand ou d'autres,
03:55 mais il y avait quand même, j'ai envie de dire, une épaisseur, un ancrage,
03:59 une identité politique.
04:02 Emmanuel Macron, lui, fait des sauts d'un sujet à l'autre
04:05 et aujourd'hui on voit bien que son calendrier
04:08 est aussi un calendrier de défosses par rapport à, certainement,
04:12 ce que nous allons pas tarder à discuter, c'est-à-dire la journée sociale.
04:15 - Eugénie Basté. - Non, mais c'est passionnant,
04:17 cette question d'identité, je trouve.
04:19 Et le Mont-Saint-Michel est assez emblématique de ça,
04:21 parce que c'est effectivement un lieu vieux de mille ans
04:24 et Emmanuel Macron avait dit en 2017
04:26 "l'identité française n'est pas un monolithe".
04:28 Mais le Mont-Saint-Michel, c'est aussi un monolithe.
04:30 Et je ne pense pas que les chevaliers normands qui l'ont défendu au XVème siècle
04:33 à deux reprises contre l'envahisseur anglais,
04:35 l'ont fait au nom d'une identité, pas l'un cesse,
04:37 au nom de l'ouverture à l'autre.
04:39 Ce que montre le Mont-Saint-Michel aussi,
04:41 c'est qu'on se définit aussi contre un ennemi,
04:43 et c'est ça aussi qui fonde la nation,
04:45 et qu'il n'y a pas de nation sans une forme de fermeture.
04:47 Le Mont-Saint-Michel est aussi une citadelle.
04:49 Et il y a cette espèce de, toujours, cette inquiétude,
04:52 cette volonté de ne jamais avoir une identité fermée,
04:55 qui n'est pas en fait vraie au regard de l'histoire,
04:58 parce qu'il n'y a pas d'identité sans une forme de fermeture,
05:01 et ce qui ne veut pas dire que c'est mal,
05:03 mais fermer au mal et le bien à l'ouverture,
05:06 c'est quand même un réflexe typiquement libéral,
05:08 macronien, dont pour le moment il n'arrive pas à se défaire,
05:11 parce que c'est, je pense, d'ailleurs, sa conviction profonde.
05:13 - Alors il a célébré hier au Mont
05:15 l'esprit français de résilience et de résistance.
05:18 Alors cette formule, elle lui est revenue dans le nez
05:20 comme un boomerang, parce qu'on lui a dit
05:22 "Ah bah tiens, la résilience et la résistance,
05:24 elle est dans la rue aujourd'hui contre la réforme des retraites, Olivier Dardigolle."
05:27 - Oui, moi je n'en peux plus de ce terme de résilience,
05:29 mais ça c'est un autre problème.
05:31 - C'est la troisième journée, j'ai entendu Laurent Berger sur vos ondes,
05:36 donc il y a quand même une opposition dans la durée,
05:41 peut-être que là c'est un peu le temps additionnel,
05:44 si on prend une métaphore footballistique,
05:47 très certainement que la contestation prendra d'autres formes
05:50 dans les prochains mois sans qu'on le sache aujourd'hui.
05:53 - On a l'idée quand même, une forme de guérilla juridique,
05:55 contestation de tous les décrets d'application dans le Conseil d'État, etc.
05:58 - Ce dont je suis certain par rapport à ce qu'on peut ressentir,
06:00 c'est que cette réforme est toujours très minoritaire dans le pays,
06:04 qu'il y a un cumul de frustration, de colère, sourde,
06:08 de mécontentement vis-à-vis de ce pouvoir,
06:11 et je suis certain que ça s'exprimera d'une manière ou d'une autre
06:14 dans le calendrier à venir.
06:16 - Olivier, rappelez-vous il y a 10 ans, pour la précédente réforme des retraites,
06:19 rappelez-vous il y a 20 ans, contre la presse,
06:21 on a dit la même chose, "oh là là, ça va rester comme ça,
06:24 comme le sparadrap du capitaine Haddock,
06:26 comme un élément de colère des francs",
06:28 et puis finalement c'est passé.
06:30 - Bien sûr Dimitri, mais je prends d'autres repères,
06:32 et il y a eu le non-référendum en 2005,
06:34 il y a eu l'irruption des Gilets jaunes que personne n'a vu venir,
06:37 il y a eu ce mouvement contre les retraites
06:40 qui a montré dans le pays un fort mécontentement,
06:43 notamment sur la réalité, le sens, la valeur travail,
06:46 donc il y a beaucoup de questions qui sont là,
06:49 dont on sent qu'elles sont très très dures,
06:52 ressenties très douloureusement, et qui ne sont pas traitées.
06:54 Je crois que si vraiment la Macronie pense pouvoir faire aujourd'hui passer à autre chose,
06:59 dans la tête des gens, ils ne sont pas passés à autre chose,
07:02 comme il y a même ce sera acté à l'Assemblée.
07:04 - Eugénie Bastien ?
07:05 - Moi je pense que les Français sont résignés à cette réforme des retraites,
07:08 mais ce qui restera c'est effectivement un sentiment de dépossession démocratique,
07:11 et une crise de régime,
07:13 et le fait qu'effectivement ce qui restera
07:15 ce n'est pas tant le contenu de la réforme que la manière dont elle est passée,
07:18 et la manière dont les Français se sont sentis spolier de leur volonté démocratique,
07:23 parce qu'elle n'a pas véritablement été votée,
07:25 et ça, ça va rester.
07:26 Mais moi je prends le pari qu'en 2027,
07:29 la question des retraites ne sera pas une question pour la présidentielle,
07:32 et certainement les partis de gauche défendront la retraite à 62 ans,
07:35 mais ce ne sera pas au cœur de la présidentielle,
07:38 parce qu'on n'est jamais revenu en arrière d'une réforme des retraites.
07:41 - Avec une dimension, moi j'ai encore eu ce week-end des témoignages de personnes
07:44 me disant "je fais mon calcul, je vais partir à telle année",
07:48 donc ils sentent qu'il est deux ans,
07:50 et ils disent "je ne vais pas y arriver".
07:52 C'est-à-dire cette question de la fin des trajectoires au travail,
07:56 des emplois des seniors,
07:58 du fait qu'il y a des fatigues physiques et psychiques,
08:01 aujourd'hui dans le monde du travail,
08:03 il y a des personnes qui disent "déjà à 62 ans je ne me le voyais pas,
08:07 mais là à 64, je n'y arriverai pas".
08:09 - Ah bah j'ai plus les sondages en tête,
08:10 mais c'est beaucoup, beaucoup de gens,
08:11 de l'ordre de 30 à 40% des actifs aujourd'hui.
08:14 - Mais aujourd'hui, un actif sur deux qui quitte,
08:16 qui liquide ses droits, comme on dit,
08:18 qui part à la retraite, n'est déjà plus en activité.
08:20 Un sur deux.
08:21 - Ah mais ça c'est un problème qui est devant nous, évidemment.
08:23 - Si, on le vérifiera, je demande à l'avoir.
08:26 Un actif sur deux qui liquide ses droits,
08:30 est en inactivité, ou alors au chômage,
08:32 ou en invalidité, ou en cessation.
08:35 - Non ça c'est un chiffre qui est mal interprété,
08:37 mais on le vérifiera.
08:38 - Un sur deux.
08:39 - Eh bien alors pensez-vous l'un et l'autre,
08:41 peut-être avez-vous lu cet entretien d'Edouard Philippe
08:43 avec L'Express, qui sur le mot de l'immigration,
08:46 pour un membre éminent de la Macronie,
08:52 a des mots qui détonnent.
08:53 Il parle de l'immigration du fait accompli,
08:56 au-delà de l'immigration subie.
08:58 Il appelle à la renégociation de la Corte 68 avec l'Algérie.
09:02 Refuser les postures, ne veut pas dire refuser certaines ruptures
09:06 quand elles sont nécessaires.
09:07 Tiens, tiens, quand Edouard Philippe parle de ruptures,
09:09 il y a quand même un mot-clé, un signal qui est envoyé.
09:12 Est-ce que vous pensez, peut-être Eugénie Bastié,
09:15 que c'est là aussi peut-être un des héritages de la retraite,
09:17 à savoir, il faut commencer à traiter des sujets
09:19 qui sont des préoccupations populaires ?
09:21 - Oui, tout à fait.
09:22 Et ça montre bien cette position d'Edouard Philippe,
09:25 que les coordonnées politiques ont bougé
09:27 sur la question de l'immigration.
09:28 Alors, est-ce que c'est dû à la dernière campagne présidentielle,
09:32 à l'éruption d'Éric Zemmour,
09:34 qui a effectivement mis ce sujet sur la table ?
09:36 Est-ce que c'est dû au fait qu'on parle beaucoup
09:38 de la gauche danoise, qui a effectivement mis en place
09:40 des mesures drastiques sur l'immigration,
09:42 et qui a un peu levé le tabou pour tous les centristes
09:45 et une partie de la gauche sur ces sujets ?
09:47 En tout cas, le fait est que c'est un événement politique,
09:50 le fait qu'un jupéiste, Edouard Philippe,
09:53 rappelons qu'Alain Juppé, en 2017,
09:55 avait parlé de l'identité heureuse,
09:57 qui récusait justement toute la question,
09:59 cette question de l'angoisse autour de l'immigration,
10:02 en disant que c'était finalement un faux problème,
10:04 et que c'était même une droite multiculturaliste.
10:06 Et donc, ça montre quelque chose.
10:08 Après, effectivement, il a quand même une position
10:11 de centriste, il dit que la droite va trop loin,
10:14 Emmanuel Macron ne va pas assez loin,
10:16 et il propose des choses audacieuses,
10:18 peut-être qu'on va y revenir, notamment la rupture
10:20 avec le traité de 1968.
10:22 J'aurais aimé revenir avec vous, mais on n'aura pas le temps,
10:24 c'est terminé, merci à tous les deux.
10:26 Pardon Olivier Dalline, non non, c'est pas de la censure,
10:28 10 secondes, allez 10 secondes, tous les 10 secondes.
10:31 Bonne journée à tous les mondes.
10:33 On aura l'occasion d'en reparler,
10:35 c'est le sujet brûlant, le plus chaud de l'actualité,
10:38 l'immigration, et c'est un feuilleton qui n'en finit pas.
10:40 qui n'en finit pas.
10:41 Merci à tous les deux.
10:42 Olivier Tartigold, Eugénie Bastier, bonne journée à tous les deux.