"#FreeSenegal": le député écologiste Aurélien Taché interpelle le gouvernement sur la situation au Sénégal

  • l’année dernière
Au moins 16 personnes sont morts depuis le début des manifestations contre la condamnation de l'opposant Ousmane Sonko et la perspective d'un troisième mandat du président Macky Sall. Alors que les deux camps se renvoient la responsabilité des violences et des morts, le gouvernement a décidé de couper "temporairement" internet sur les téléphones.
Transcript
00:00 - La parole est à monsieur Aurélien Taché.
00:03 - Merci. Ma question s'adressera aussi à
00:07 madame la ministre des Affaires étrangères.
00:09 Alors qu'Ousmane Sonko, principal opposant au président au Sénégal,
00:13 vient d'être condamné à deux ans de prison dans des conditions
00:15 extrêmement troubles et risque ainsi de ne pas pouvoir participer aux
00:18 élections présidentielles l'année prochaine, la situation est là-bas
00:21 explosive. Permettez-moi de vous dire que la
00:24 réponse de la France n'est pas à la hauteur.
00:26 Pas à la hauteur parce que les affrontements entre la police et les
00:28 manifestants ont déjà fait au moins 16 morts.
00:30 On ne compte plus les arrestations arbitraires, les coupures de
00:33 messagerie, des réseaux sociaux et même par intermittence de l'ensemble
00:36 d'Internet depuis dimanche. L'université Cheikh Anta Diop de
00:39 Dakar, la plus grande du pays, a été fermée jusqu'à nouvel ordre.
00:42 On évoque désormais la présence de nervis aux côtés de la police, des
00:45 informations qui vont dans le sens des dizaines de vidéos que je reçois
00:47 depuis plusieurs jours. Je me suis rendu au Sénégal le mois
00:50 dernier et j'ai eu l'occasion, pendant les cinq jours que j'ai passé sur
00:53 place, de rencontrer de nombreux opposants, ONG ou représentants de
00:56 la justice sénégalaise, qui tous m'ont dit la même chose.
00:58 Nous ne laisserons pas le président Macky Sall nous voler les élections
01:01 présidentielles l'année prochaine. Pas à la hauteur non plus parce que
01:04 la dérive autoritaire en cours dans ce pays a franchi un nouveau cap,
01:07 faisant naître une forte inquiétude quant au respect de la démocratie au
01:10 Sénégal. L'affaire Sonko n'est pas la seule
01:13 qui a conduit à mettre des opposants de l'actuel président hors
01:15 jeu. Carimoide ou Rallye-Fassale ont
01:17 connu le même sort. Sans remettre en cause la
01:19 justice sénégalaise, de réelles questions se posent quant à son
01:22 instrumentalisation par le pouvoir en place.
01:24 Pas à la hauteur, enfin, parce que dès le 27 mars dernier, je vous
01:27 avais écrit un courrier sur la situation politique inquiétante au
01:30 Sénégal. Dans une réponse reçue jeudi
01:32 dernier, vous m'avez indiqué que le gouvernement français serait
01:34 attentif à la préparation et au déroulement du processus électoral
01:37 à venir dans ce pays. Pourtant, malgré la tournure
01:39 extrêmement grave qu'ont pris les événements ces derniers jours, ni
01:42 vous ni le président de la République, à qui j'ai écrit aussi,
01:44 n'ont réagi. Ce silence ne peut que renforcer
01:46 un sentiment anti-français jusqu'ici très largement conçu dans ce pays,
01:49 alors que nous avons déjà été chassés du Mali ou du Burkina Faso.
01:52 Cette parole, madame la ministre, est pourtant très attendue des
01:55 Sénégalais. Ma question est simple.
01:56 La France va-t-elle se mûrer dans un silence coupable sur ce qui se
01:59 passe à Dakar et se prépare-t-elle à reconnaître un troisième mandat
02:02 du président Macky Sall, pourtant interdit par la Constitution
02:04 sénégalaise ?
02:05 Merci beaucoup.

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