• il y a 2 ans
Les chroniqueurs du Cercle débattent autour d'un film sortant en salles ou en diffusion sur CANAL+
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Transcription
00:00 Les gardiens de la galaxie volume 3, c'est la suite des aventures de Peter Quill alias
00:06 Chris Pratt et sa bande Marginal du Cosmos.
00:09 Le réalisateur James Gunn est toujours aux commandes et il faut dire que depuis le premier
00:13 volet en 2014, il a su imposer une image particulière à ses Marvel, Simon.
00:18 Une image particulière qui devrait nous faire dire mais James Gunn est-il devenu le héros
00:23 du cinéma d'auteur américain voire de l'autofiction ? Eh bien peut-être bien parce que figurez-vous
00:27 qu'au-delà d'être…
00:28 Mais juste que là Simon, on commence à l'avoir.
00:30 Dans quelques secondes je vous le prouverai.
00:32 En plus d'être une espèce d'énorme bulldozer qui nous parvient de Marvel, Marvel ça fait
00:38 quand même bien 6 ans grosso modo que c'est quand même un cabinet de curiosité de la
00:42 misère artistique.
00:43 On n'a plus de scénario, on n'a plus de construction, on n'a plus de grands dessins,
00:47 de grandes pensées, il n'y a plus de mise en scène et même les effets spéciaux en
00:50 viennent à s'écrouler.
00:51 C'est la phase 4.
00:52 Oui tout à fait, la multiverse saga.
00:54 Eh bien tout d'un coup, revoici James Gunn.
00:57 Mais James Gunn, il arrive après des épisodes un petit peu compliqués.
01:01 Parce que donc il a réalisé les deux premiers Gardiens de la Galaxie, il s'est fait virer
01:05 par Disney suite à une espèce de polémique en ligne complètement délirante lancée
01:09 par des activistes d'extrême droite américaine.
01:11 Il a été réembauché parce que tout simplement Disney s'est rendu compte qu'il ne pouvait
01:15 pas mener à terme cette trilogie sans lui.
01:17 Mais entre-temps, il est passé à la concurrence chez DC, à savoir Warner, pour faire de Suicide
01:22 Squad et devenir le grand patron, le nouveau patron des productions de super-héros DC.
01:27 Et donc il est revenu et en fait il va nous raconter son histoire d'amour malheureuse
01:32 avec Disney.
01:33 Et là, je vous ai trouvé une petite scène qui le représente merveilleusement.
01:35 Une petite ?
01:36 Oui, et en plus on va découvrir que James Gunn, contrairement à ce qu'on pouvait
01:39 croire, le personnage qu'il représente dans cette saga, ce n'est pas du tout Chris
01:42 Pratt, à savoir Peter Quill.
01:43 Vous allez voir ça tout de suite.
01:44 Donc notre héros retrouve son grand amour qui a été ressuscité, mais qui a plutôt
01:49 été cloné on va dire, et qui n'est plus la même personne.
01:51 Et il lui dit "mais en fait moi je t'aime, reviens-moi" comme Disney l'a dit à James
01:54 Gunn.
01:55 Et que répond James Gunn qui en fait est nébula.
01:57 "Eh non, j'ai pas envie de revenir en fait.
02:01 Je veux bien faire une mission avec vous les gars, pour un coup, en souvenir du bon
02:04 vieux temps.
02:05 Mais on retombera pas en amour, j'en ai pas envie.
02:08 Et le pire c'est que tout ça arrive en public, devant tout le monde.
02:10 Eh oui, on voit bien vous discuter les gars, et c'est très embarrassant.
02:15 Et c'est là où Gunn va utiliser son espèce de côté, parce qu'il vient de la Troma,
02:20 une boîte de production de série Z.
02:22 Regardez ce décor, on dirait que les gars sont sur une muqueuse remplie de poils douteuses.
02:26 Et c'est là qu'ils sont en train de se disputer sur le fait que le réalisateur
02:30 est pas si heureux d'être là.
02:31 On n'a jamais lu ça dans un blockbuster Disney.
02:33 Il est en train de nous parler de lui, de l'état de l'industrie hollywoodienne,
02:36 et de combien tout ça est finalement un petit peu ridicule.
02:38 Donc c'est vraiment un film d'auteur.
02:40 C'est bien ce que je dis.
02:41 Malgré le cahier des charges.
02:43 Mais qu'est-ce qui fait que ces héros sont aussi particuliers ?
02:45 Ils sont drôles, ils sont sales, ils sont barrés.
02:49 En fait, c'est des marginaux.
02:50 Ils ont pas le pédigré habituel, j'allais dire, des super-héros.
02:53 Mais en revanche, et la preuve par ces trois épisodes, c'est qu'ils en ont l'étoffe.
02:57 En fait, c'est ni plus ni moins que des héros moulés sur le modèle de Han Solo,
03:02 de Chewbacca et des autres.
03:04 C'est les petits cousins modernes des héros de Star Wars.
03:07 Et moi, ce qui me touche vraiment avec cette bande, en réalité,
03:09 c'est que c'est pas comme les Avengers, qui sont des super-héros glorieux,
03:14 qu'on réunit de fait pour sauver le monde.
03:16 En fait, ce sont des êtres qui se sont choisis.
03:18 Ils ont choisi de faire bande.
03:20 Ils ont choisi de faire famille.
03:22 Et ça, je trouve plutôt sympathique que cette saga nous raconte ça, en réalité.
03:27 Un esprit collectif.
03:29 En fait, c'est des individualistes qui vont apprendre petit à petit à être collectifs et solidaires.
03:33 Le "je suis Groot", on est passé à "nous sommes Groot".
03:35 Et en fait, cette anecdote, cette nuance, elle n'est pas anecdotique.
03:39 - Mais est-ce que vous êtes Groot, Frédéric ?
03:41 Je vous sens un peu perplexe.
03:44 - Non.
03:45 - Oh, ça boude.
03:46 - Oh, ça boude en écoutant "Creep" de Radiohead.
03:48 - C'est mon créneau.
03:51 Non, moi, il se trouve que je n'avais jamais vu "Le Gardien de la Galaxie".
03:57 Donc, je suis tombé dedans.
03:59 Et quand on tombe dedans et qu'on n'a pas vu les précédents,
04:01 l'effet est quand même très, très bizarre.
04:04 Alors, je veux bien reconnaître que c'est peut-être un peu mieux que la bouillie
04:08 dont tu parlais, qu'on a vu depuis quelques années de Marvel.
04:11 Mais malgré tout, moi, j'ai l'impression de voir une espèce de produit luxueux de super-geeks
04:16 qui a lu énormément, je pensais à des BD psychédéliques des années 70.
04:19 - Absolument.
04:21 - Dont je n'ai jamais adhéré à l'esprit.
04:24 Et j'ai l'impression, en fait, qu'il ne fait que réappliquer des formules.
04:28 Parfois, il y a des enjeux dramatiques dans une scène qui sont totalement appliqués.
04:32 J'ai l'impression qu'on les fusionne immédiatement sur les personnages,
04:35 qu'ils doivent immédiatement dire quelque chose pour montrer qu'ils ont un conflit intime à jouer.
04:38 Et c'est réglé en trois minutes.
04:40 - Mais ce n'est pas Shakespeare.
04:41 Enfin, tu vois ce que je veux dire.
04:42 - Non, mais j'ai bien compris.
04:43 - Mais il y a quand même de l'émotion.
04:44 Un nombre d'actions.
04:45 - Oui, j'ai bien compris.
04:46 - Mais est-ce qu'il y a quand même de l'émotion dans le produit ?
04:47 - C'est pas du domaine des...
04:48 Il y a de l'émotion, mais justement, l'émotion, elle vient que du personnage qui n'est pas humain.
04:51 - Ah, ouais ?
04:52 - Oui, mais en fait, c'est là quand même la faille.
04:55 Parce que tout ce que vous dites est là, mais c'est quand même beaucoup trop délayé,
04:58 beaucoup trop gras, tout le moral, tout ça.
04:59 - C'est trop long.
05:00 - Mais tout d'un coup, il y a un sujet qu'on n'a pas dans les autres Marvel.
05:03 C'est que tout d'un coup, on parle de la maltraitance animale.
05:06 Et Roquette, le raton laveur, qui va découvrir qu'il est un raton laveur, alors qu'il passe
05:10 son temps à dire qu'il n'est pas un raton laveur, va en même temps découvrir ce qu'il
05:13 est.
05:14 - On est tous des ratons laveurs.
05:15 - Dans une version Shrek furienne, si vous voulez.
05:16 - On s'embête comme un raton laveur mort.
05:17 - De la condition de raton laveur.
05:19 Et que les autres sont des animaux de laboratoire.
05:21 Et il y a cette idée qu'on va sauver aussi, non seulement la galaxie, mais les animaux
05:26 de laboratoire.
05:27 Et là, évidemment, c'est un sujet qui nous touche.
05:30 Mais je vois quand même la difficulté.
05:33 Tous les personnages, la nébula ressuscitée, l'autre machin, on s'en fout complètement
05:38 de ce qu'ils vivent.
05:39 - Moi, je l'ai vu en scène, les gens ne s'en foutent pas du tout.
05:42 - Il y a le raton laveur.
05:43 - Il faut sauver le soldat Roquette.
05:46 - Ce qui est compliqué, c'est qu'en fait, il y a dans ce film obèse de 2h40, un film
05:51 formidable qui fait une heure de moins.
05:53 - Sympa, absolument sympa.
05:54 - C'est ça qui est terrible.
05:56 C'est du cinéma buffé à volonté.
05:58 On sait qu'à la fin, ce qu'il en ressort, c'est quoi ? C'est du codestérol, en fait.
06:02 Et ce que je trouve vraiment dommage, parce que je trouve que par ailleurs, James Gunn,
06:06 visuellement, il est très fort.
06:07 Que l'extract a montré, c'est un peu l'aventure intérieure, parce qu'on est sur une planète
06:11 organique.
06:12 Mais il y a aussi l'île de Doctor Moreau dans ce film.
06:14 Et l'histoire de Roquette Racoon, tout le début du film est très beau.
06:18 Et son histoire, par ailleurs, aurait pu être particulièrement émouvante.
06:21 - Donc les flashbacks sur sa vie sont plus intéressants que l'aventure.
06:23 - Les fragments sont les plus intéressants.
06:25 Et le moment de tout l'enfer que représente l'usine Marvel pour moi, c'est peut-être
06:31 la seule franchise que j'ai envie de sauver.
06:34 Une réserve près, deux en réalité.
06:36 C'est que le film est assez cool, se démène pour être cool.
06:40 Le problème, c'est qu'il se démène pour être cool et qu'il passe son temps à dire
06:43 "ça va, c'est cool, c'est cool, vous avez vu comment on est cool ? Et t'as trouvé ça cool ?"
06:47 Et qu'à un moment, t'as envie de leur dire "mec, en fait, les gens vraiment cools
06:50 passent pas leur temps à dire qu'ils sont cools".
06:52 Deuxième chose, c'est ce qui m'a frappée dans ce film-là...
06:56 - J'aimerais que Marie aille parler aux gens de Disney.
06:59 - S'il vous plaît, j'espère qu'ils auraient le bon sens de m'écouter.
07:02 Non, plus sérieusement, il y a un truc quand même qui survient malgré tout,
07:06 une sorte d'inconscient américain un peu terrifiant dans tout ça,
07:10 qui est qu'il y a un personnage de démiurge, créateur, tortionnaire, sadique, fou, mégalo, etc.,
07:17 qui, avec l'aide de son équipage, a torturé des animaux, des enfants,
07:23 qui s'amusent à anéantir des civilisations.
07:26 Le génisme est au coeur du film, et son équipage le suit sans cier.
07:31 Et le jour où son équipage se retourne contre lui, c'est parce qu'il leur a dit "Dieu n'existe pas".
07:37 Et là, tout à coup, je me dis qu'en fait le film parle d'une Amérique terrifiante et réelle
07:43 sans s'en rendre compte, et qu'un peu moins de coul et de bagarres au pistolet laser
07:49 et un peu plus de réflexion sur qu'est-ce qu'on raconte, qu'est-ce qu'on véhicule
07:53 dans la grande entreprise pop Marvel, ça m'intéresserait.
07:56 Je suis d'accord avec toi, parce que vous l'avez très bien dit,
07:58 le problème du film c'est évidemment qu'il doit mener au moins trois agendas,
08:01 celui de Disney, celui de la saga en elle-même qui avait ouvert plein de portes,
08:04 et puis ce que James Gunn a envie de faire afin de partir en faisant un mélange de câlins et de doigts d'honneur à ses spectateurs,
08:09 c'est trop, c'est pas tenable, c'est le grand problème du film.
08:12 Néanmoins, il y a une chose que je trouve assez intéressante et que je ne crois pas avoir vue récemment
08:16 dans le cinéma de blockbuster contemporain, c'est qu'il a fait un premier épisode sur une bande d'amis
08:20 qui se formaient, un deuxième, sur cette bande au sommet de sa gloire, au fait de sa puissance,
08:25 et là il nous raconte, et ce n'est pas un spoiler, ça nous est donné dès l'introduction,
08:29 qui est assez étonnante du film, il va nous raconter l'histoire d'une bande d'amis qui se dissout,
08:33 comme lui s'en va.
08:34 Et qui s'épaule aussi.
08:35 Qui s'épaule mais qui décide qu'à un moment c'est terminé, on va aller ailleurs.
08:38 C'est rare de raconter la fin d'une amitié, et pas de la raconter de manière, je veux dire, tragique.
08:43 C'est quelque chose qui fait aussi la singularité du film, et ce qui peut avoir d'émouvant.
08:46 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
08:49 [SILENCE]

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