Ecoutez l'interview du secrétaire national du parti communiste et député du Nord.
Regardez L'invité de RTL du 08 juin 2023 avec Amandine Bégot.
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00:02 RTL Matin
00:06 Il est 7h44, excellente journée à vous tous qui nous écoutez. Amandine Bécaud vous recevez ce matin Fabien Roussel, député du Nord et secrétaire national
00:13 du parti communiste. Fabien Roussel, on le disait, la séance sera sans doute agitée aujourd'hui à l'Assemblée. La proposition de loi du groupe Liott
00:19 sera bien examinée. En revanche il n'y aura pas de vote sur l'abrogation des 64 ans. C'est en tout cas
00:23 ce qu'a dit hier Yael Broun-Pivet, la présidente de l'Assemblée. Elle dit vouloir faire barrage à l'examen de cette mesure.
00:29 "J'applique la règle, rien que la règle", dit-elle. "On ne tord pas la loi pour faire plaisir aux oppositions". Ça c'est ce qu'ajoute Olivier Véran,
00:35 le porte-parole du gouvernement. Que leur répondez-vous Fabien Roussel ce matin ?
00:39 Que ce qui se passe dans notre pays est sans précédent.
00:42 C'est une grave crise démocratique.
00:45 Car si même l'Assemblée nationale est privée de son vote par la présidente de l'Assemblée nationale qui est issue de la majorité,
00:54 nous entrons dans une zone, j'allais dire, de non-droit, une zone inconnue.
01:00 Et je ne sais pas où tout ça va nous conduire.
01:03 Mais zone de non-droit, crise démocratique, sauf que, pardon, mais cet article 40 il fait partie de notre constitution.
01:08 L'utiliser, on le rappelle, il interdit aux parlementaires d'aggraver les dépenses publiques,
01:11 l'utiliser c'est pas antidémocratique.
01:14 Outre le fait que notre constitution elle doit être
01:16 on va dire
01:19 toilettée pour retirer tous ces articles qui justement empêchent...
01:24 - Oui mais sauf qu'ils sont là !
01:25 - D'accord, mais jamais, jamais jusqu'à maintenant, depuis 58,
01:29 jamais tous ces articles n'ont été autant utilisés en même temps pour empêcher le Parlement de vivre,
01:35 les parlementaires de voter.
01:38 Jamais 49.3, 40... article 40... 40 là, le 47.1, le 40...
01:44 Ils ont tous utilisé.
01:46 Jusqu'à là, dans le cadre d'une niche parlementaire,
01:49 enfin, il faut que les gens savent que nous, députés, nous avons une journée par an,
01:53 une seule par an, où nous avons le droit de défendre un texte qui est notre texte.
01:57 Voilà, on sait, c'est ce qu'on appelle l'initiative parlementaire, une fois par an.
02:01 Et donc là, c'est l'initiative parlementaire du groupe Lyott, c'est une fois par an, ils ont le droit,
02:05 et bien ils vont nous empêcher de voter sur un texte de loi déposé par ces députés.
02:10 - Sauf que cette abrogation elle n'aurait aucune chance d'aboutir, le Sénat est contre, votre est contre,
02:13 enfin, c'est symbolique non ?
02:15 - C'est symbolique de voter sur un texte de loi sur lequel depuis 6 mois ça manifeste.
02:21 En France, on n'a pas pu voter à l'Assemblée Nationale.
02:24 Il n'y a pas eu un seul vote sur la retraite à 64 ans, ni pour ni contre, il n'y en a pas eu.
02:30 - Bon, la France Insoumise a...
02:31 - Ça fait 6 mois qu'on manifeste quand même, vous avez déjà vu ça dans un autre pays, dans le monde,
02:36 en Europe, où pendant 6 mois ça manifeste avec des chiffres importants de manifestants,
02:41 avec un pourcentage d'opinion largement contre cette réforme de retraite,
02:46 et où il n'y a même pas de vote à l'Assemblée, et où on maintient quand même cette réforme.
02:49 - Et alors, s'il n'y a pas de vote, vous faites quoi ?
02:52 - Je vous dis, on va rentrer dans une zone inconnue, parce que là, la présidente de l'Assemblée Nationale,
02:58 elle crée un précédent, une sorte de jurisprudence.
03:01 - Elle applique le règlement.
03:02 - Ah ben oui, donc ça va être sévère après, ça va être règlement contre règlement,
03:06 et ça ne permet pas à la démocratie de vivre, et c'est ça qui est grave.
03:11 - La France Insoumise a annoncé qu'elle allait déposer sans doute une motion de censure,
03:14 vous la voterez, j'imagine, Fabien Roussel, cette motion de censure ?
03:17 - Moi j'attends de voir ce qui va se passer ce matin.
03:20 En tout cas, c'est impossible de laisser passer ça sans réagir derrière.
03:25 Donc oui, s'il y a une motion de censure, bien sûr, nous la voterons.
03:28 - Même si elle a peu de chance, elle aussi, d'aboutir ?
03:30 - Ben...
03:31 - On voit ce qui s'est passé en mars !
03:32 - Il y a deux sujets, en fait.
03:34 Il y a la retraite à 64 ans, que nous, nous combattons, et il y a un sujet démocratique.
03:39 Et sur cette question démocratique, sur cette question démocratique,
03:42 j'espère qu'un grand nombre de députés de gauche et de droite, je dirais...
03:47 - Vous lancez un appel aux républicains ce matin ?
03:48 - Mais bien sûr ! Enfin, on doit préserver notre droit de vote à l'Assemblée Nationale.
03:53 Nous devons voter, nous devons exprimer largement notre souhait de pouvoir voter à l'Assemblée Nationale.
03:58 - C'est la survie des députés de l'Assemblée Nationale qui se joue ce matin.
04:01 - Mais c'est la... On est en République, c'est la démocratie, c'est essentiel !
04:06 - Vous parliez des manifestations, il faut les poursuivre ces manifestations contre la réforme de la retraite ?
04:09 - J'ai toujours dit que c'était l'intersyndicale qui devait déterminer la manière dont nous devions nous mobiliser.
04:15 En tout cas, nous attendons cette journée d'aujourd'hui, et puis l'intersyndicale, elle, décidera de la poursuite.
04:22 Nous, on va aussi se rencontrer, on va parler avec l'intersyndicale.
04:25 En tout cas, je le dis, tant que cette réforme des retraites sera inscrite,
04:30 et que les décrets devront sortir, nous, nous battrons.
04:34 Nous, nous mobiliserons, et nous ferons tout pour qu'elle soit retirée.
04:37 Et je le dis aux salariés, aux travailleurs qui n'en veulent pas de cette réforme de retraite,
04:41 on se battra tout le temps, ça prendra le temps que ça prendra, mais on se battra contre.
04:45 - Mais à ceux qui vous accusent de faire rêver les gens sur quelque chose d'impossible...
04:48 - Non mais je ne vous fais pas rêver, c'est que où ça intervient...
04:50 - Non mais là, les décrets sont parus, il n'y a pas de raison qu'ils ne soient pas appliqués à cette loi aujourd'hui.
04:53 - Il y a 2 décrets sur 40 qui sont sortis, 2 sur 40, et d'ailleurs, à partir du mois de septembre,
04:57 je plains les salariés de la caisse de l'assurance vieillesse,
05:01 qui ne sont même pas suffisamment nombreux pour pouvoir changer les modalités d'application de cette réforme,
05:06 ils vont souffrir, ça va être dur, je ne sais même pas comment ils vont réussir à l'appliquer.
05:09 En tout cas, ou cette réforme est sautée dans le cadre des prochaines élections,
05:14 quand elles interviendront, ou d'ici là, on continue à mettre la pression sur le gouvernement,
05:19 et ils la font sauter, parce qu'on va continuer de se battre, c'est tout.
05:22 - Les prochaines élections, vous pensez auxquelles ?
05:24 - Je n'en sais rien, ou il y a des législatives anticipées, ou c'est les prochaines,
05:27 de toute façon, c'est dans le cadre des élections nationales qu'on pourra changer, faire sauter cette réforme de retraite.
05:32 Ce sera au cœur, en tout cas, des programmes, des forces de gauche qui se présenteront aux élections.
05:38 - Des forces de gauche qui se présenteront unies ou pas ?
05:39 - Des forces de gauche qui sont toutes unies contre cette réforme de retraite.
05:44 Donc oui, nous mettrons à l'ordre du jour de notre futur gouvernement, la fin de cette retraite à 64 ans.
05:53 - Donc des forces de gauche unies, si je vous suis bien, pour d'éventuelles législatives, pour une présidentielle ?
06:00 - Mais ça...
06:01 - Non mais je vous pose la question, vous me parlez d'élections, c'est vous qui m'en parlez, c'est pas moi qui en ai parlé là.
06:04 - Eh bien moi, je vous parle de l'espoir que je veux donner aux gens que la gauche, sur cette question-là, elle est unie,
06:12 et que nous nous battrons pour faire retirer cette réforme, y compris demain, dans un futur gouvernement.
06:17 - Elle sera unie aux européennes ou pas cette gauche ?
06:19 - Et nous ferons tout, et nous ferons tout pour faire sauter cette réforme.
06:22 Et la question de présenter des listes uniques ou des candidatures uniques est une autre question.
06:27 Et sur les élections européennes, puisque vous m'interrogez là-dessus, les élections européennes est un sujet qui est tout aussi important.
06:33 Nous, parti communiste français, nous avons beaucoup de choses à dire sur ces élections.
06:37 Nous voulons défendre la souveraineté de la France en matière politique, je dirais.
06:43 C'est le politique qui doit primer sur l'économie.
06:44 Nous refusons ces traités européens qui ont tant fait de mal à nos services publics, à notre industrie.
06:50 - Mais vous ne répondez pas à ma question, ce sera avec la nuque.
06:52 - Mais enfin, dans le cadre de la nuque ou pas dans le cadre de la nuque ?
06:53 - Nous avons un rendez-vous déjà le 1er juillet pour en parler dans ma formation politique.
06:58 Et nous présenterons nos orientations au début de l'été.
07:03 - Ça vous embarrasse tout ça quand même ?
07:04 - Non.
07:05 - Vous êtes heureux dans cette nuque ou pas, Fabien Roussel ?
07:08 - Je ne me pose pas la question du matin si je suis heureux au sein de la nuque ou pas.
07:11 - C'est important non ?
07:12 - Oui, mais enfin, ce n'est pas mon sujet, c'est pour vous peut-être, pour moi non.
07:15 - Ah non mais...
07:16 - Non, non, non.
07:16 Moi ce matin, ce qui me préoccupe, c'est par exemple, je reviens de Montpellier
07:21 où j'ai manifesté avec Michael Delafosse, le maire de Montpellier d'ailleurs.
07:24 J'ai rencontré des salariés du garage Renault.
07:26 Ce qui me préoccupe, c'est ce salarié qui a 14 ans d'ancienneté,
07:28 qui est magasiné dans un garage Renault et qui est toujours à 1400 euros net.
07:31 Vous voyez, moi j'ai envie de parler que de ça.
07:33 J'ai envie de parler de ceux qui aujourd'hui ont, voient des salaires stagnés,
07:38 alors que l'inflation augmente, les prix de l'alimentation sont à 15-19% d'augmentation.
07:42 Il y a une France qui souffre, que ce soit des salariés du privé,
07:45 que ce soit des enseignants à qui ce gouvernement dit "travaillez plus pour gagner plus"
07:49 et on leur demande de plus en plus de choses,
07:51 aux enseignants avec tout ce qui se passe en ce moment dans l'actualité.
07:54 Eh bien, moi c'est de ça dont je veux parler. Il n'y a que ça qui m'intéresse.
07:57 - Vous faites allusion au harcèlement scolaire et au suicide, à ce drame de la jeune Lindsay.
08:03 Vous trouvez que le gouvernement est à la hauteur sur cette question-là ?
08:05 - Mais encore une fois, je ne vais pas en faire un sujet politicien pour taper sur le gouvernement.
08:11 - Non mais c'est un sujet grave qui nous concerne tous, on est tous parents.
08:13 - C'est un drame terrible.
08:15 - Un drame terrible. Je me suis adressé d'ailleurs à la maman de Lindsay,
08:19 c'est dans ma région, c'est dans le Pas-de-Calais,
08:21 et ça ne devrait jamais arriver. Le harcèlement tue effectivement.
08:26 Renvoyer tout à l'école en demandant que c'est à l'école de régler,
08:30 renvoyer tout à la justice en disant que c'est à la justice de régler,
08:34 nous conduirait à une impasse. On a besoin de mettre en place
08:37 certainement des moyens plus forts et un dialogue plus important,
08:40 mais surtout, il y a un sujet qui me préoccupe quand je vois ce qui s'est passé,
08:43 ce sont les réseaux sociaux, l'impact des réseaux sociaux.
08:46 On a besoin de règles plus fermes, de régulations plus fortes
08:49 pour contraindre les réseaux sociaux à retirer immédiatement des messages de haine,
08:54 des rendez-vous pour aller violenter, menacer quelqu'un.
08:59 - Mais on est tout petits face aux gens.
09:01 - On est tout petits, mais enfin c'est à nous de faire la loi justement.
09:04 Et c'est bien pour ça que je demande à ce que le législateur régule
09:08 et soit beaucoup plus ferme et fasse porter la responsabilité aux réseaux sociaux
09:12 quand il y a des drames comme cela.
09:14 - Merci beaucoup Fede. - Merci à vous.
09:16 [SILENCE]