7 MINUTES POUR COMPRENDRE - Quel moyen de transport privilégier pour des vacances moins chères?
Clément Beaune, ministre des Transports, a demandé aux sociétés d'autoroutes de faire un geste pour les automobilistes. Il souhaite une ristourne de 10% aux péages. La voiture reste en effet le moyen de transport favoris des voyageurs, plus économique malgré une hausse du prix de l'essence.
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00:00 Le 7 minutes pour comprendre combien nos vacances d'été vont finalement nous coûter.
00:04 Cher, a priori cher, on va en parler avec Arnaud Aimé, spécialiste des transports chez SiaPartner, cabinet de conseil.
00:17 On est aussi avec Francis Pouce, président de la branche carburant du syndicat Mobilians, ex-CNPA, le conseil national des professions de l'automobile.
00:24 Merci d'être avec nous Francis Pouce. Et puis on est avec Cécile Denré, grand reporter BFM TV, service économie.
00:30 L'inflation est évidemment partout, même si la tendance commence à se stabiliser.
00:35 C'est plutôt la hausse qui ralentit en réalité. Et nos vacances d'été ne vont pas être épargnées non plus par cette tendance.
00:42 Les vacances, c'est dans moins d'un mois. Et alors la nouveauté, c'est qu'hier, le ministre des Transports, Clément Beaune,
00:47 a mis un coup de pression aux sociétés d'autoroutes pour leur demander de faire un geste commercial.
00:51 Parce que c'est le premier moyen de transport pendant les vacances, c'est la voiture.
00:55 Et que demande Clément Beaune, Cécile ? Il demande 10% de ristourne au péage aux sociétés d'autoroutes. Elles vont le faire ?
01:01 Elles ne vont pas le faire aussi simplement que ça. Et donc on peut douter du nombre de bénéficiaires à l'issue de ce geste proposé par deux sociétés d'autoroutes.
01:12 D'une part, Vinci, qui propose... Alors attention, il s'agit des bénéficiaires des chèques vacances.
01:18 Déjà, on est sur 5 millions de personnes. Ensuite, ceux qui ont le télépéage, qui vont être capables aussi de télécharger leur carte vacances sur leur compte télépéage.
01:28 Et avec tout ça, on leur donnera 20%. On abondera, Vinci, on abondera de 20%.
01:34 C'est vraiment une usine à gaz. Et la société APRR, donc les autoroutes Paris-Rhin-Rhône, ont dit qu'elles feraient pareil à hauteur de 25%.
01:44 Franchement, ce n'est pas la ristourne de 10%, toute simple. En fait, les tarifs d'autoroutes ont augmenté de 4,75% en début d'année.
01:53 Clairement, ça coûte cher, le péage. C'est à peu près le tiers du prix d'un trajet.
01:57 Et donc, pour le ministre des Transports, il fallait faire un geste, mais il n'a pas moyen d'agir sur des sociétés privées qui font ce qu'il va faire.
02:04 D'ailleurs, vous avez fait un comparatif, Cécile, entre l'avion, la voiture et le train sur un trajet Paris-Marseille un 15 juillet. Qu'est-ce que ça donne ?
02:12 Ça donne, sans trop de surprises, que pour une famille, parce que je suis partie du principe qu'on parlait d'un foyer de 4 personnes, ça coûte moins cher de voyager en voiture.
02:22 Parce que là, on est sur 700 km, ça coûte 206 euros de ce trajet en comptant qu'il y a 66 euros de péage.
02:31 Paris-Marseille en avion, c'est 491 euros. Là, on ne parle que de l'aller pour 4 personnes. C'est considérable.
02:38 Sachant que sur place, on arrive à distance du centre-ville, il y a encore des frais de transport à envisager.
02:45 Et puis, un trajet en train pour 4 personnes, c'est 276 euros, 69 euros par personne.
02:52 Ça reste une somme qui, néanmoins, n'est pas la pire dans le trio.
02:59 Francis Pouce, puisqu'on parle des carburants, après une légère baisse à la fin avril-début mai, les prix au litre des principaux carburants vendus en France,
03:06 c'est-à-dire le Sanplon 95, E10 et le Gazol, marquent un plateau.
03:11 Avant-hier, le prix du pétrole brusque a commencé à grimper sous l'effet de la décision de l'Arabie saoudite de procéder à une nouvelle coupe de production.
03:19 Ça veut dire qu'il faut redouter une nouvelle hausse du prix des carburants d'ici les vacances d'été ?
03:24 Bonjour d'abord. Je n'ai toujours pas de boule de cristal, mais par contre, au contraire d'autres annonces de ce type,
03:33 je suis plutôt serein parce qu'effectivement, c'est un tout petit peu augmenté mercredi, mais on s'aperçoit qu'on en est plutôt stable.
03:40 D'habitude, ce genre d'annonce a un effet plus important sur la hausse du prix du baril de pétrole.
03:45 Donc ça veut dire quand même que l'économie n'est pas au meilleur de sa forme, je parle d'un point de vue international.
03:52 Et à l'heure actuelle, on a peu de variation quand même du baril de pétrole.
03:57 Aujourd'hui, le brut est à 76 dollars le baril. On a l'impression que désormais, le prix du brut est décorrélé du prix qu'on paye à la pompe.
04:09 Ce n'est pas tout à fait ça. C'est-à-dire que depuis, malheureusement, cette fameuse guerre en Ukraine,
04:14 il a fallu se réorganiser pour les canaux d'importation de pétrole brut ou de carburant raffiné.
04:22 Et la différence est plus importante qu'avant entre le brut et le prix à la pompe, en l'occurrence, plus précisément le plat,
04:29 ce qui est la cotation à Rotterdam, la cotation internationale des produits finis.
04:34 Puisque quand il faut aller chercher plus loin, forcément, ça coûte un peu plus cher.
04:39 On va se tourner vers vous à présent, Arnaud Aimé, parce qu'il y a pour le coup un poste qui donne le sentiment de beaucoup augmenter.
04:45 C'est le coût des billets d'avion. On ne se trompe pas.
04:50 Les hausses sont parfois considérables. Sur quelle destination en particulier ?
04:55 C'est assez généralisé, en fait, sur tout le secteur aérien.
05:00 C'est encore plus le cas pour les longs courriers, cela dit que pour les vols domestiques.
05:06 Pourquoi ? Parce que ce qui a beaucoup augmenté depuis un an et demi en termes de coûts, c'est le coût du kérosène pour les compagnies aériennes.
05:14 Et dans le prix du billet total, la part qui est liée au coût du kérosène est plus importante pour des longs courriers que pour des courts courriers, des vols domestiques ou en Europe.
05:24 Donc, c'est les vols longs courriers qui ont le plus augmenté. C'est l'effet kérosène qui est plus cher qu'il y a un an et demi.
05:30 C'est aussi un déséquilibre entre l'offre et la demande, c'est-à-dire que le trafic loisir, il a vraiment très fortement rebondi depuis la fin de la crise sanitaire.
05:39 Le trafic à faire a un petit peu moins. Or, les compagnies aériennes, elles en sont un petit peu moins nombreuses, puisqu'on a mis la clé sous la porte avec la crise sanitaire.
05:48 Celles qui ont survécu ont quand même rationalisé leur flotte aussi. Elles ont moins d'avions, elles ont parfois moins de pilotes.
05:55 Et donc, les avions, ils sont très remplis aujourd'hui. Il y a plus de montée d'offres.
05:59 Est-ce que les compagnies aériennes ne profitent pas de la situation pour refaire leur marge, allez dire ?
06:06 Elles profitent effectivement d'une période qui est porteuse, sans mauvais jeu de mots pour elles.
06:13 Déjà, elles doivent quand même effacer toutes les pertes, les dizaines de milliards d'euros qu'elles ont perdus pendant la crise Covid.
06:20 Les aides d'État, c'est souvent des prêts garantis, mais qu'il faut rembourser.
06:24 Donc aujourd'hui, les compagnies aériennes, partout en Europe et en Occident, doivent commencer à rembourser les prêts qu'elles ont contractés pendant la période Covid.
06:32 Et puis aussi, elles doivent faire des bénéfices pour l'avenir.
06:36 C'est-à-dire qu'elles doivent préparer des investissements importants pour renouveler les flottes d'avions, pour avoir des avions plus économiques,
06:42 moins énergivores et aussi plus conformes aux contraintes environnementales.
06:46 Cela dit, j'ai l'impression que ça ne décourage pas forcément les voyageurs. Les avions sont pleins.
06:50 C'est exactement ça. C'est-à-dire que malgré des prix qui sont plus élevés depuis plus d'un an, les avions restent remplis pour l'instant.
06:59 On ne sait pas combien de temps ça va durer. Et donc, c'est vraiment ça qui tire les prix vers le haut.
07:03 C'est-à-dire que les compagnies aériennes arrivent encore à remplir leurs avions malgré des prix plus élevés,
07:08 parce qu'il y a une forte envie de voyager chez les voyageurs loisirs aujourd'hui.
07:12 Si on était logique, Francis Booth, est-ce que le prix du kérosène devrait être moins élevé qu'aujourd'hui ?
07:17 En fait, le prix du kérosène a beaucoup monté l'année dernière. Il s'est stabilisé cette année.
07:23 Mais c'est surtout le déséquilibre offre-demande qui joue aujourd'hui.
07:26 La question était pour Francis, mais j'ai l'impression qu'il acquiesce.
07:29 C'est ça, je suis d'accord.
07:31 Un mot des voitures de location aussi. Là aussi, les prix des voitures de location, Cécile, sont ahurissants.
07:37 Oui. Alors, tous les états, il faut savoir que les loueurs appliquent des tarifs réhaussés de 20 % par rapport au reste de l'année.
07:45 Mais de toute façon, les locations de voiture font encore partie des secteurs qui ont augmenté leurs tarifs suite à la crise Covid,
07:53 parce que le parc de location de voiture s'est réduit. Il y avait moins de voitures que les loueurs pouvaient acheter.
08:00 C'était vendu plus cher également. Résultat, une voiture, une semaine, va coûter 450 euros en moyenne,
08:07 si on part d'un modèle moyen pour une semaine, alors qu'elle coûtait 300 euros en 2020.
08:13 C'est vraiment considérable la hausse des locations de voiture.
08:16 Bonne vacances quand même. C'est bientôt.
08:19 Les voyageurs ne se découragent pas, parce que Bercy a rendu public hier des chiffres.
08:23 Pendant les vacances de printemps, il y avait une hausse des fréquentations de 15 %.
08:26 Les gens sont au taquet. Ils ont envie de partir en vacances.
08:28 Et les entreprises auraient encore profité.