Sécheresse : faut-il stopper les nouvelles constructions dans les Pyrénées-Orientales ?

  • l’année dernière
Depuis plusieurs années, les associations écologistes appellent à limiter les nouveaux projets d'urbanisme dans les Pyrénées-Orientales, pour protéger l'environnement et la ressource en eau. Avec la sécheresse, il devient urgent d'agir selon FRENE 66.
Transcript
00:00 aussi ce matin sur France Bleu Roussillon. Le préfet l'a indiqué hier, il y a du mieux compte tenu de la sécheresse en montagne
00:06 mais la situation toujours très inquiétante dans plusieurs secteurs du département de la Vallée de la Glie.
00:10 Suzanne Chaudjaï, nous sommes pour en parler avec le président de l'association écologiste FREN66.
00:15 Bonjour Marc Maillet.
00:17 Bonjour.
00:17 Est-ce que vous êtes rassuré en un sens par les annonces du préfet hier, c'est-à-dire
00:21 la situation de crise sécheresse qui est maintenue, prolongée jusqu'à la fin du mois de juillet dans la quasi-totalité du département.
00:29 Est-ce que c'était ce qu'il fallait faire selon vous ?
00:31 On ne pouvait pas changer le constat.
00:33 Le constat il est là, le déficit est très important et ne peut pas se rétablir par quelques pluies
00:38 même si en Cerdagne il y a eu une amélioration.
00:40 Donc effectivement il faut continuer à faire les économies et à savoir ce qui se passe.
00:45 Nous effectivement on demande beaucoup d'éléments sur la connaissance
00:49 des forages, la connaissance de la consommation.
00:53 Votre association siège au comité spécial eau, le comité qui est
00:58 consulté régulièrement par le préfet. Il vous écoute le préfet, il prend en compte votre avis ?
01:03 Alors tout d'abord il faudrait dire que cette commission est consultative et que nous souhaitons qu'il y ait des comptes rendus.
01:08 C'est très important que le public puisse savoir ce qui se passe et ce que disent les différents interlocuteurs. Ce n'est pas le cas pour l'instant.
01:15 Ensuite nous avons des demandes, elles sont connues. Les demandes c'est la connaissance de ce qui se passe, je vous l'ai dit,
01:21 en particulier sur les forages qui se multiplient et il ne suffit pas de les déclarer, il suffit de savoir
01:27 quelle est la consommation et quelles sont les possibilités d'économie.
01:31 Donc vous attendez encore que le préfet réponde à cette demande ?
01:34 Beaucoup. Ensuite il y a les zones qui sont
01:36 beaucoup plus critiques et là nous demandons qu'il y ait une attention particulière, il y a des règlements pour que ces zones soient étudiées
01:44 spécifiquement avec des règlements particuliers.
01:48 Vous dites aussi depuis de nombreuses années que
01:50 l'urbanisation dans ce département va complètement à l'encontre des problématiques
01:55 actuelles, autrement dit il y a trop de constructions alors qu'on manque d'eau, c'est ça ?
01:59 N'importe comment, on est en présence d'une politique
02:02 complètement de l'autruche.
02:05 D'abord il y a certainement une méconnaissance,
02:07 alors grande surprise, on découvre que le climat devient un grand problème pour la terre,
02:13 méconnaissance évidemment des enjeux, ensuite négligence sur les réseaux d'eau, mais en fait un déni politique très fort
02:20 sur
02:22 l'avenir de ce territoire. Qu'est ce que vous entendez par déni politique ? Un déni politique qui est de dire il faut accueillir
02:28 encore du monde, il faut continuer le développement de l'urbanisation parce que c'est du développement.
02:33 De nouveaux habitants ? De nouveaux habitants, donc le chiffre de 70 000 a été annoncé non pas par nous mais par les documents.
02:40 Et ces 70 000 habitants, comment va-t-on faire ?
02:43 Comment va-t-on les loger ? En pleine du Roussillon ? En pleine du Roussillon oui, les 77 communes qui constituent le SCOT.
02:51 Eh bien nous disons que la politique de monsieur Billès, de monsieur Villa, le président de la communauté de communes,
02:59 de monsieur Parra et consorts, c'est une politique de la terre brûlée.
03:04 Le SCOT c'est le schéma de cohérence territoriale. Voilà, c'est un super document d'urbanisme.
03:09 Vous êtes inquiet aussi pour le littoral comme pour la plaine du Roussillon ?
03:13 Ah bah c'est très fort de café, le document commence là-dessus,
03:16 et il y a une dizaine de pages pour expliquer comment on va faire pour occuper encore les 48% de possibilités
03:24 de construction d'infrastructures et de ZAC etc. dans les zones proches du rivage.
03:30 Eh bien nous, notre demande elle est simple, nous devons arrêter immédiatement la délivrance des permis dans les zones proches du rivage.
03:37 D'une part parce qu'il n'y a plus de rivage, il n'y a plus de paysage, mais surtout parce qu'il y a le problème du biseau salé,
03:45 des constructions qui peuvent mettre en péril la ressource en eau,
03:48 et c'est là où c'est le plus fragile, c'est dans les zones proches du rivage.
03:52 Mais pour ça il y a la loi littoral qui encadre ces nouvelles constructions ?
03:56 Malheureusement cette loi a été modifiée et les élus se sont engouffrés dans des perspectives assez délirantes,
04:03 qui est par exemple de créer de nouvelles zones d'extension et de construction,
04:10 à partir du moment qu'ils définissent des villages et des hameaux.
04:13 Alors vous allez avoir la surprise d'apprendre que Canet c'est devenu un village.
04:18 Comment ça ?
04:19 Eh bien parce que bon on déclare Canet village, Saint-Cyprien village,
04:23 à partir de là dans la loi littoral vous avez des possibilités d'extension dans les zones où...
04:29 Dans le document vous voulez dire que ces communes là sont décrites comme des villages ?
04:33 Oui voilà exactement, oui, parce que la loi le demande.
04:34 La loi demande à ce que le SCOT fasse la liste des villages, des hameaux et des bourgs.
04:38 Et c'est comme ça qu'il y a des dérogations ?
04:40 Oui c'est une sorte de dérogation.
04:42 C'est comme ça que vous allez avoir l'urbanisation de l'étang de Canet du côté de Saint-Nazaire.
04:46 Donc cette loi ne sert à rien ?
04:47 Ah ben la loi est piétinée depuis longtemps et c'est pour ça qu'au niveau des recours,
04:52 ceux que nous avons gagnés jusqu'à présent vont être à nouveau remis en cause.
04:56 Et je pense à Saint-Nazaire, je pense aussi à Saint-Cyprien.
05:08 Il est 8 ans au mois d'ici en France Bleue, aussi on notre invité Suzanne Chaudrier,
05:11 Marc Maillet, président de l'association écologiste FRAN66.
05:14 Accueillir de nouveaux habitants dans les Pyrénées-Orientales,
05:17 vous dites qu'il faut stopper ça, développer le tourisme aussi, il faut l'arrêter.
05:21 Selon vous, est-ce que le département n'en a pas cruellement besoin ?
05:25 C'est quand même l'un de nos moteurs économiques.
05:27 C'est pas tout à fait ça.
05:28 Nous pensons qu'il faut partir des besoins.
05:30 Quand vous savez que des gens sont mal logés, qu'il y a encore des sans-abris,
05:35 vous demandez où sont les besoins ?
05:38 Les besoins sont-ils encore de créer de nouvelles zones d'artificialisation
05:42 et de lotissement pour faire arriver des primo-accidents ?
05:45 Voilà le problème.
05:47 Les besoins sont complètement...
05:49 Il y a une distorsion.
05:50 Donc il faut rénover plutôt que créer du nouveau ?
05:52 Voilà, et alors dans la rénovation, il n'est prévu que 30%.
05:56 70% des aménagements du Scott, pleine de roussillon,
06:00 vont être sur les terres agricoles.
06:02 Et donc de ce côté-là, il y a un enjeu très fort d'équilibre entre l'urbain et l'agriculture,
06:07 et l'agriculture abandonne.
06:09 Pourquoi ?
06:10 Parce qu'on voit la Chambre d'agriculture se mettre en avant des solutions d'agrivoltaïque,
06:16 d'agrivoltaïsme, pour des raisons économiques.
06:19 - Mais c'est pas bien ça, c'est pas le futur ?
06:21 - Ah ben c'est pas le futur de l'agriculture.
06:22 C'est pas le futur, effectivement, de nourrir la population.
06:26 Donc on va importer la nourriture, et on va exporter le surplus d'électricité.
06:33 Donc actuellement, c'est pour ça que nous luttons aussi contre des infrastructures
06:38 de panneaux photovoltaïques et de lignes à haute tension.
06:43 Le pays va être couvert de lignes à haute tension.
06:45 Il faut rapatrier toute cette électricité pour aller la vendre ailleurs.
06:49 C'est un développement curieux.
06:51 - Si je vous comprends bien, vous dites en gros qu'il y a un gros décalage
06:54 entre les restrictions d'usage de l'eau liées aux restrictions,
06:59 parce que crise sécheresse dans le département,
07:01 et en même temps le développement de l'urbanisme qui continue sa course, c'est ça ?
07:04 - Évidemment.
07:06 On n'a pas de garantie sur la pérennité des nappes phréatiques.
07:12 - Donc il y a un risque selon vous que les habitants dans quelques années,
07:14 les habitants de Rio, les nouveaux habitants...
07:16 - Il y a 26 communes qui sont menacées de coupure d'eau potable.
07:18 26 communes, on n'en donne pas la liste, mais on sait à peu près où ça se passe.
07:22 Ces 26 communes, est-ce qu'il y a l'un des maires de ces 26 communes
07:25 qui a décidé d'arrêter de délivrer des permis ?
07:28 - Ils ont besoin aussi de nouveaux habitants,
07:32 ils ont besoin de développer le territoire ?
07:34 - Non, ils ont besoin de finances, c'est tout.
07:36 Ils ont besoin de faire travailler peut-être le BATP et les travaux publics,
07:40 mais c'est surtout les finances communales qui sont en cause.
07:43 - Vous reprochez à la préfecture de ne pas tirer le frein à main ?
07:45 - Mais n'importe comment, ils ont complètement abandonné.
07:47 Il n'y a plus aucun contrôle de légalité sur les documents d'urbanisme.
07:50 Ça ne les intéresse plus, et ça se comprend,
07:53 puisque les pouvoirs politiques, les partis politiques
07:56 ont lâché l'aménagement du territoire aux élus locaux.
07:59 Aux 300 000 élus locaux, c'est aberrant.
08:02 Il faut absolument qu'il y ait des associations citoyennes
08:06 qui reprennent la situation en main pour contester effectivement
08:10 ce pouvoir de monopolie qui a été distribué à des élus locaux.
08:14 - Et comment alors ? Vous vous mobilisez ?
08:16 - Alors, on se mobilise, mais ce n'est pas suffisant.
08:18 On fait des mobilisations évidemment au cas par cas,
08:20 et dans certains villages, ça peut peut-être gagner,
08:23 mais au niveau politique, on ne voit aucune force politique
08:27 mettre en cause cette pseudo-décentralisation
08:30 qui est finalement mortifère.
08:33 Il faut absolument changer cette orientation.
08:35 - Pas assez d'eau pour tout le monde,
08:36 et pourtant les projets d'urbanisme continuent de se développer,
08:39 et il faut que ça s'arrête.
08:40 C'est ce que vous nous dites ce matin, Marc Maillet,
08:42 le président de l'association écologiste FREN66.
08:45 Merci d'avoir été en studio ce matin.
08:47 - Merci à vous aussi. - Bonne journée à vous. Au revoir.
08:49 Et les 7 obstacles de sanction.

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