Raconte-moi ton métier : Marie-Laure, ostéopathe
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00:08 -Bonjour, je m'appelle Marie-Laure, j'ai 41 ans et je suis ostéopathe.
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00:14 J'ai toujours fait beaucoup de massages quand j'étais petite.
00:16 Et c'est ma maman qui a travaillé pour moi,
00:18 qui a commandé une brochure d'une école d'ostéopathie.
00:21 Voilà, j'ai lu la brochure, j'ai trouvé ça...
00:24 un peu bizarre.
00:25 J'ai dit que jamais de la vie,
00:26 je tripoterais des gens à poil toute la journée.
00:29 Et puis, le lendemain, au réveil, il y a eu comme un flash.
00:32 Et là, je me suis dit, non, ça a l'air topissime.
00:34 ...
00:37 Alors, j'arrive le matin le moins à la bourre possible,
00:40 après avoir déposé les enfants à l'école.
00:42 Mais l'avantage de ce métier, c'est qu'il n'y a pas de charge mentale,
00:45 inhérente au métier.
00:46 Donc, j'arrive au cabinet.
00:49 Ce qui me prend le plus de temps, c'est d'allumer mon ordinateur
00:52 pour afficher les dossiers patients.
00:53 Et j'enfile ma blouse
00:55 et je reçois le patient qui est dans la salle d'attente.
00:59 Alors, je dois avouer que c'est mon mari qui fait la paperasse.
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01:06 La qualité primordiale, à mon avis, c'est l'empathie.
01:09 Pouvoir se mettre à la place du patient,
01:11 pouvoir essayer de ressentir ce qu'il sent dans ses os,
01:14 dans son corps, dans ses muscles, sans jugement.
01:17 Parce que, quelquefois, vous avez des patients qui arrivent
01:19 avec une douleur atroce, et puis vous, vous touchez,
01:23 et puis, non, ça ne fait pas mal, là.
01:25 Mais lui, il exprime sa douleur.
01:28 C'est pour ça qu'on utilise des échelles de douleur aussi,
01:30 de 1 à 10, combien vous êtes.
01:31 Parce qu'il faut vraiment se mettre à la place du patient.
01:34 Et puis, il ne faut pas avoir peur de donner de soi-même, quand même.
01:37 Parce que ça engage.
01:39 Moi, j'ai une vision, j'ai un regard de soignant,
01:43 c'est-à-dire que je regarde le corps dans son ensemble.
01:47 Et c'est sûr, quelquefois, quand je me regarde de l'extérieur
01:49 et que je me vois prendre des patients dans les bras,
01:51 je me dis, mais ça peut être un peu...
01:54 Enfin, c'est très familier, quand même.
01:57 Maintenant, c'est aussi quelque chose qui est ancré,
01:59 c'est une vraie routine.
02:00 Il y a des gestes précis, il n'y a pas de flottement,
02:03 il y a beaucoup d'explications.
02:05 Donc, voilà, le patient peut être à tout le moins un peu surpris,
02:08 mais il y a rarement des moments gênants.
02:11 Il y a beaucoup, beaucoup de disparités dans les enseignements,
02:17 beaucoup de disparités dans les praticiens.
02:19 Il y en a qui font déshabiller les patients,
02:21 il y en a qui les touchent à peine,
02:23 il y en a qui les craquent beaucoup,
02:25 il y en a qui ne restent que sur la tête.
02:26 Donc, il y a une énorme variété technique.
02:28 Il y a presque autant d'ostéopathiques d'ostéopathes.
02:31 Il faut se fier aux bouches à oreilles,
02:32 mais l'ostéopathe qui est extraordinaire pour une personne
02:35 ne le sera pas forcément pour une autre.
02:38 Parce qu'il faut quand même trouver son praticien,
02:40 c'est quand même un lien.
02:41 Il y a un lien qui se crée, ou pas, d'ailleurs.
02:45 Et voilà, quelquefois, il ne se crée pas.
02:47 Et voilà, il y a quelques personnes comme ça qui sont...
02:51 Non, je ne sais pas si je vais le dire,
02:54 mais des personnes où elles arrivent dans le cabinet
02:56 et vous dites "non, mais alors là, ça ne va pas coller du tout".
02:59 Alors, c'est rare.
03:00 Tu vois, en 20 ans, j'en ai eu, je ne sais pas, peut-être 4 ou 5.
03:04 Tu te dis "lui, je n'aime pas".
03:06 C'est une vieille dame que je suivais,
03:11 qui est petit à petit devenue une amie de la famille.
03:13 Je l'ai vue entre...
03:15 Quand elle avait entre 84 et 91 ans.
03:18 Donc, c'est sûr que plus elle vieillissait,
03:20 plus elle avait besoin.
03:21 Et au final, elle venait tous les 15 jours
03:24 et on déjeunait ensemble tous les 15 jours.
03:26 Donc, je dégageais...
03:27 Alors, déjà, pour elle, je prenais deux consultations.
03:30 Et puis, parce que forcément, à 91 ans, on n'est pas très mobile.
03:33 Donc, tout ça prend du temps.
03:34 Et après, on prenait ce temps pour déjeuner ensemble.
03:37 Et plusieurs fois, elle est venue à la maison,
03:40 on a fêté son anniversaire.
03:42 Rentrée dans la famille, les enfants la connaissent.
03:43 Il y a des photos d'elle dans les albums de famille.
03:46 Et c'était très touchant.
03:48 Elle s'appelait Monique.
03:49 -Monique.
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