ÉDITO - Fonds Marianne: "C'est à coup sûr un scandale politique"

  • l’année dernière
Devant la commission d’enquête du Sénat, Marlène Schiappa a tenté de clarifier ce mercredi son rôle dans la gestion controversée du fonds Marianne qu’elle a lancé en avril 2021 pour lutter contre le "séparatisme".

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00:00 Mathieu Croissondeau, vous vouliez revenir sur l'audition de Marlène Schiappa.
00:02 On évoquait hier matin cette affaire, l'affaire autour du fonds controversé, la gestion du controversé du fonds Marianne.
00:10 Donc la ministre était entendue, vous avez écouté avec attention. Qu'est-ce que vous en retenez ?
00:15 J'ai regardé les trois heures d'audition de la ministre devant les sénateurs hier et c'est une plongée dans ce qu'il ne faut plus appeler une affaire, mais un scandale.
00:23 Alors je ne parle pas du côté judiciaire des choses, une enquête a été ouverte.
00:26 La justice dira clairement quelles ont été les responsabilités des uns et des autres, mais c'est à coup sûr un scandale politique.
00:32 Alors je rappelle pour le téléspectateur le contexte.
00:34 Au lendemain de l'assassinat de Samuel Paty, la France est sous le choc.
00:36 Marlène Schiappa, elle est ministre déléguée à la citoyenneté et elle prend la décision de créer un fonds, ce fonds Marianne,
00:42 pour lutter contre la propagande antirépublicaine et les discours de radicalisation sur le web.
00:46 Vous savez, Samuel Paty avait été notamment pris, qui a parti beaucoup sur les réseaux numériques.
00:52 Il y a donc une volonté politique qui est forte. Il y a de l'argent aussi, 2,5 millions d'euros.
00:57 Et deux ans plus tard, que découvre-t-on ?
00:59 Eh bien que toute cette affaire a débouché sur un flop calamiteux, que des fonds ont été versés à deux associations notamment,
01:04 qui n'en ont rien fait ou presque, se contentant de poster quelques tweets ou de faire des vidéos lunaires contre Anne Hidalgo ou Jean-Luc Mélenchon.
01:12 Que s'est-il passé ? C'est ce qu'on cherchait à comprendre des sénateurs hier.
01:14 Or que répond Marlène Schiappa ?
01:16 Qu'elle ne sait pas, qu'elle ne sait plus, qu'elle s'est contentée de lancer l'idée, mais qu'elle ne sait pas m'aider de l'intendance.
01:21 On a assisté hier à trois heures de défauts. Regardez par exemple.
01:25 Je ne sais pas ce qui se dit entre mon cabinet et M.Sypha.
01:28 Oui, je ne peux qu'imaginer qu'il parle de lutte contre l'islamisme, contre le cyber-islamisme.
01:33 À ma connaissance, vous deviez faire partie du comité de sélection.
01:37 Je n'en ai pas à souvenir. Je n'ai pas de traces dans mes éléments du fait que je dois en faire partie.
01:43 En tout cas, je n'en fais pas partie.
01:44 Du comité de sélection qui devait choisir les associations, qui devait bénéficier d'une enveloppe.
01:50 Certaines ont bénéficié d'une très grosse enveloppe.
01:53 Oui, et alors la défense de Marlène Schiappa, qui est une défense classique, n'a convaincu personne.
01:57 C'est d'autant plus ennuyeux que Marlène Schiappa n'est pas la seule à avoir été auditionnée.
02:00 Et que certaines de ses déclarations sont contradictoires avec celles de son ancien directeur de cabinet et du préfet Gravel qui était en charge de ce dossier.
02:07 Qu'est-ce que ça veut dire ? Parce que je vous rappelle que tout ce monde-là témoigne foussièrement.
02:10 Ça veut donc dire que quelqu'un ment.
02:12 C'est un scandale sur le plan financier, vous le disiez Christophe, parce que des subventions de plusieurs centaines de milliers d'euros ont donc été versées à des associations,
02:18 en dépit des règles de bon sens, de prudence et même de transparence.
02:22 Et pas des petites sommes.
02:23 D'ailleurs, quand elle apprend qu'une association demande 300 000 euros, la ministre s'en étonne dans un mail, elle l'a dit hier, où elle juge cette somme énormissime.
02:31 Et alors qu'est-ce qui se passe ?
02:32 Alors rien.
02:33 Le comité de sélection siège trois membres de son cabinet.
02:35 Qu'est-ce qu'il va faire ?
02:36 Il va même gonfler cette somme en la passant à 355 000 euros.
02:39 Et tout est à l'avenant.
02:40 On a des réunions sans des documents préparatoires ni relevés de conclusion.
02:43 Des arbitrages rendus dans le secret de son bureau selon son bon vouloir.
02:46 Elle supprime par exemple 100 000 euros de subventions à SOS Racisme.
02:50 Elle ne se souvient plus.
02:51 C'est presque un vieux content.
02:51 Non, alors c'est ce que dit son directeur de cabinet, mais ce n'est pas sa version à elle.
02:56 Franchement, hier, je vous le disais, c'était lunaire.
02:59 Ça a jeté une lumière crue sur le mode de fonctionnement de cette ministre.
03:03 Ça va lui coûter cher politiquement ?
03:05 Oui, car au-delà de tous ces dysfonctionnements, la défense de Marlène Schiappa revient à dire
03:08 qu'elle a lancé ce fonds à grand renfort de communication, mais qu'elle n'en avait plus rien à faire ensuite.
03:12 Ça s'appelle de l'irresponsabilité politique.
03:15 L'affaire pourrait faire sourire de la part d'une ministre qu'on s'est habituée au coup de comme si le sujet n'était pas si grave.
03:20 Parce que je peux vous dire qu'avec une armée de pieds nickelés pareils, tous les islamistes,
03:24 tous ceux qui menacent de la République sur eux et prônent la radicalisation en ligne, peuvent dormir sur leurs deux oreilles.
03:30 Merci Mathieu.

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