Abaya : "Il y a une offensive claire en cours", selon Carine Azzopard, journaliste

Sud Radio

l’année dernière

Avec Carine Azzopardi, journaliste et co-auteure de « Ces petits renoncements qui tuent » aux Éditions Plon

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##C_EST_A_LA_UNE-2023-06-15##

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Transcription

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00:00 - Il est 7h13 à l'écoute de ceux de radio. Que faire face aux lycéennes en abaya ?

00:07 Embarras, je vous le disais, dans l'éducation nationale qui a réuni les recteurs d'académie ces derniers jours.

00:12 Parce que à Lyon, par exemple, dans certains lycées, je vous le disais, il y a parfois la moitié des filles d'une classe qui portent ce vêtement.

00:18 Hier, pour le bac de philo, il y a des filles qui sont venues avec cet abaya.

00:22 Alors, après, choquant ou pas choquant, bien sûr, c'est à chacun de juger, mais tenue religieuse ou non, justement, le Conseil français du culte musulman a jugé cette semaine que l'abaya n'est pas un signe religieux.

00:35 Nous sommes avec Karine Azopardi, qui est journaliste et co-auteur de ces petits renoncements qui tuent aux éditions Plon, co-écrit avec un enseignant qui a tenu à garder l'anonymat.

00:45 Karine Azopardi, est-ce que vous êtes surprise de ce débat, vous qui avez enquêté auparavant, et puis même de cette annonce cette semaine du Conseil français du culte musulman ?

00:57 Que faire face aux abayas ?

01:00 Alors, je pense qu'il faut faire attention déjà à ce qui vient, aux communications qui viennent du Conseil français du culte musulman,

01:07 qui ne représente pas les musulmans, contrairement à l'appellation.

01:13 Et après, moi, ce que je peux vous dire, c'est le constat, puisque j'ai parlé avec mon co-auteur depuis, évidemment, qu'il a écrit le livre, il y a encore sept semaines.

01:22 Le constat, c'est que dans les années 2000, il avait, c'est ce qu'on écrit dans le livre, une quinzaine d'élèves qui venait avec un voile léger sur la tête, et qu'il l'enlevait à l'entrée du lycée.

01:33 Au moment où on a écrit ce livre, il y avait une vingtaine d'élèves dans son lycée, qui compte 2000 personnes, c'est un gros lycée, qui avaient introduit cet abaya.

01:45 C'est plutôt un djelbab, c'est-à-dire un vêtement qui doit couvrir toutes les parties du corps, y compris les poignées, de manière pudique.

01:54 Et aujourd'hui, ce qu'il me dit, c'est qu'il y a, après le pic du ramadan, parce qu'il y a eu un pic au mois d'avril, une centaine à peu près d'élèves qui viennent sur 2000.

02:08 Donc, lui, de son côté, il fait ça dans son établissement.

02:12 Ça, ce sont des faits concrets.

02:15 Ensuite, moi, ce que j'ai fait, c'est que j'ai pris, parce que la communication du ministère, c'est de dire, il faut regarder les choses sur une tendance longue.

02:22 Donc, j'ai pris les chiffres d'il y a trois ans, entre septembre et mars, et les chiffres de cette année scolaire entre septembre et mars, ce sont des chiffres qui sont clairement comparables.

02:32 Et il y a 200% d'augmentation, c'est-à-dire que ces faits d'atteinte à la laïcité, alors ce n'est pas seulement des abayas, mais ont été multipliés par trois.

02:41 Donc, ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'il y a une claire offensive qui est en cours et qu'avait reconnu le ministre depuis le troisième trimestre de l'année dernière.

02:48 Et quelle est la règle dans les établissements, Karine Azopardi, face à ces lycéennes qui se présentent en abaya ?

02:56 Alors, le problème, c'est qu'il y a une claire confusion entre le cultuel et le culturel sur laquelle jouent bien évidemment les entrepreneurs qui sont aux manettes sur les réseaux sociaux derrière cela,

03:11 et qui vont avec quelques dizaines de personnes, avec des comptes très suivis, qui vont encourager à cette mode dite pudique.

03:24 Le problème, c'est que concrètement, la semaine dernière, j'en parlais encore avec le professeur avec qui j'ai écrit ce livre, ça va être une classe où il fait chaud en ce moment, tout le monde l'a remarqué.

03:37 Le professeur va arriver avec les bras nus et elle va prendre une remarque de la part d'une élève en disant "Madame, vous devriez pas".

03:45 C'est ça le problème en fait. C'est ça le problème et si il y a une pression comme ça de la part d'une élève sur une professeure, on imagine la pression qu'il peut y avoir entre élèves.

03:58 Et ça, ça s'appelle clairement du prosélytisme. Donc, il faut arrêter de faire la confusion.

04:04 Le problème, c'est qu'il n'y a personne en face et que les établissements et les chefs d'établissement sont laissés à eux-mêmes.

04:12 J'en parlais encore hier avec le professeur en question qui me disait que comme on donne le spectacle d'un front qui est totalement désuni en face, il y a une offensive.

04:27 Et derrière des salafo-fréristes, je ne sais pas comment les appeler, des islamistes qui prônent une vision rigoriste de l'islam et de la femme, parce que c'est ça une abaya,

04:37 ils vont s'engouffrer dans la brèche et c'est vraiment ça le problème.

04:41 On préconise aux chefs d'établissement de procéder au cas par cas. On leur demande de se déberner.

04:48 En quelque sorte, le ministère n'a pas donné de consignes claires. Donc, on leur refile la patate chaude et ça…

04:55 - Oui, ça c'est un problème évidemment pour les établissements qui ne savent pas comment gérer véritablement la situation.

05:04 Et ce qui montre en conclusion peut-être, Karine Azzopardi, que finalement le problème des abayas, pour certains, montre que nous n'avons rien retenu de la leçon des foulards de Cray.

05:14 Merci Karine Azzopardi, journaliste et co-auteur de ces petits renoncements qui tuent aux éditions plomb d'avoir été avec nous ce matin en direct sur Sud Radio.