Invité 8h15 : Docteur Jean-Michel Delile

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Notre invité ce matin est le Docteur Jean-Michel Delile, président national de la Fédération Addiction

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00:00 En attendant à 8h18, Lydie Laille avec vous, nous accueillons notre invité ce matin sur France Bleu,
00:04 c'est Jean-Michel Delisle, le président de la fédération Addiction.
00:08 Bonjour docteur, vous êtes médecin, psychiatre, les auditeurs, les téléspectateurs,
00:13 voilà vous reconnaissent, peut-être vous intervenez assez souvent,
00:16 vous êtes installé à Bordeaux, vous êtes aujourd'hui à Orléans,
00:19 aujourd'hui et demain pour ce congrès national sur les addictions,
00:23 un millier de participants attendus, du milieu de la santé, de l'éducation aussi on le disait.
00:28 Jean-Michel Delisle, quand on parle d'addiction immédiatement on pense à l'alcool, tabac, drogue,
00:33 potentiellement tout le monde est concerné ?
00:36 Oui, potentiellement tout le monde est concerné, d'autant plus que le champ des addictions se développe,
00:40 c'est-à-dire effectivement, historiquement c'était les produits comme le tabac, l'alcool, les drogues évidemment
00:45 qui occupaient le devant de la scène, mais on se rend compte actuellement que d'autres addictions se développent
00:50 et notamment des addictions comportementales, par exemple les écrans évidemment chez les jeunes,
00:54 mais aussi chez les adultes, parfois les achats compulsifs, le sport, en fait toutes sortes de choses.
00:58 Et on se rend compte que de plus en plus de personnes parfois perdent le contrôle vis-à-vis de ces comportements.
01:03 Elles font des ravages ces addictions, encore une fois si on reste sur l'alcool, la drogue, moins le tabac évidemment,
01:09 mais quand on parle d'accidents de la route, par exemple nous ici, pas tous les jours mais presque,
01:13 quand on évoque aussi les agressions, l'actualité judiciaire, derrière très souvent il y a des problèmes d'alcool, des problèmes de drogue.
01:19 Les addictions sont les déterminants de santé essentiels en fait,
01:22 le tabac est impliqué dans la mort de 70 000 personnes à peu près par an, au travers des cancers, des maladies cardiovasculaires.
01:29 L'alcool également avec des pathologies physiques, mais également ce que vous disiez à l'instant,
01:33 c'est-à-dire les accidents, les troubles du comportement, les drogues également évidemment font des ravages.
01:38 Donc on se rend compte que ce sont des déterminants importants et ce qui est très important aussi,
01:41 ce que ce sont des déterminants sociaux, c'est-à-dire on se rend compte que nous ne sommes pas égaux devant le risque.
01:46 C'est-à-dire que plus on vit dans des situations difficiles, personnelles, sociales, des problèmes de logement, des problèmes d'emploi,
01:53 des problèmes de boulot, des problèmes de rupture, plus on est à risque évidemment de chercher une compensation,
01:56 soit dans un comportement agréable, soit dans la prise de produits qui au moins initialement vont avoir un effet d'appaisement,
02:02 mais ensuite ça va se payer évidemment par un enfermement dans la spirale.
02:04 - Comment on fait pour s'en sortir quand on est tombé dedans ?
02:07 - C'est ce qui a été évoqué tout à l'heure, c'est-à-dire il faut en parler.
02:10 Et en parler c'est important mais c'est difficile,
02:13 parce que généralement quand on commence à repérer qu'on a peut-être un problème d'addiction, on a honte,
02:17 parce qu'on ne se sent pas à la hauteur, on commence à avoir des problèmes personnels, des problèmes conjugaux, des problèmes au boulot,
02:22 on se dit "il faudrait que j'arrête" et puis on n'y arrive pas, donc on se sent nul,
02:26 ce qui fait que cette honte parfois empêche d'en parler à ses proches.
02:29 - À ses proches, à ses amis, à ses collègues.
02:32 - Et c'est sans doute les premiers réseaux qui sont importants.
02:35 D'ailleurs on se rend compte qu'une bonne partie des gens qui basculent durablement dans l'addiction
02:38 sont des gens qui manquent justement de réseaux amicaux, de réseaux de sociabilité, de réseaux qui pourraient les soutenir.
02:44 Et puis parfois ça ne suffit pas, malgré le ralentourage,
02:46 et il ne faut pas hésiter évidemment à s'adresser à son médecin ou à des centres comme les nôtres.
02:50 On est là pour ça, des centres de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie.
02:53 - Oui c'est ça le slogan de votre fédération, c'est ça, c'est prévenir, soigner,
02:58 et finalement informer et encadrer, parce que vous avez des relais locaux,
03:03 ici à Orléans par exemple c'est l'Apléate, et vous dites "les personnes qui souffrent d'addiction,
03:07 il ne faut pas du tout les stigmatiser, au contraire il faut leur tendre la main, les aider, trouver des solutions".
03:11 - La stigmatisation est perçue aussi comme un déterminant de santé,
03:14 c'est-à-dire que plus on a honte et plus on se sent condamné par le regard des autres et par le regard sociétal,
03:19 plus on va avoir des difficultés à demander de l'aide.
03:21 En fait on va avoir tendance à se cacher, on va être encore plus mal,
03:24 et quand on est plus mal on va avoir tendance à prendre encore plus de produits.
03:26 Donc c'est quelque chose qui est auto-enfermant, donc vraiment il faut arriver à en parler, dépasser la honte,
03:31 et puis surtout il faut que les gens sachent qu'aussi bien auprès de leur médecin que dans les sapas,
03:34 ils seront accueillis avec bienveillance, sans jugement,
03:37 et on les accompagnera pour essayer de se libérer de cette dépendance.
03:41 - Dans le journal de 8h, Camille, évoquer ce HHC, ce dérivé du cannabis,
03:47 dont la vente vient d'être interdite en début de semaine, c'est une bonne nouvelle ?
03:50 - Oui c'est une bonne nouvelle, oui, le ministre avait été sollicité d'ailleurs par un certain nombre d'acteurs,
03:55 dont nous, parce que c'est un produit qui a fait une apparition très récente finalement en France,
03:59 il y a quelques mois, et en très peu de temps il a fait déjà beaucoup de dégâts.
04:02 Donc on se dit quand il y a un pareil profil de toxicité, il faut agir relativement vite,
04:07 de telle façon qu'au moins les jeunes prennent conscience, les jeunes et les moins jeunes d'ailleurs pour le HHC,
04:11 prennent conscience du fait que c'est un produit qui n'est pas banal,
04:13 il est même sans doute un petit peu plus toxique que le THC,
04:16 donc il était important de pouvoir le retirer de la circulation.
04:19 Alors sur internet ce sera difficile, mais déjà qu'il ne soit plus dans toutes les boutiques qu'on a au coin des rues,
04:23 ça serait une bonne chose.
04:24 - Internet évidemment, on pense aussi à l'addiction aux écrans, aux tablettes,
04:28 avec tous les dangers qu'il peut y avoir derrière, de mauvaises rencontres,
04:32 ça c'est des addictions qui sont moins classiques que celles qu'on vient d'évoquer,
04:35 mais qui sont de plus en plus prégnantes.
04:36 - Qui se développent notamment chez les jeunes,
04:38 il y a pas mal d'études qui indiquent, il y a des bonnes nouvelles dans notre domaine,
04:41 que les usages de cannabis, les usages de tabac, d'alcool,
04:45 ont plutôt tendance à diminuer en France chez les jeunes de 17 ans, depuis une dizaine d'années.
04:49 En revanche, leur dépressivité, les troubles anxieux, eux, augmentent.
04:52 Et finalement on a le sentiment qu'il y a un déplacement vers des écrans,
04:56 pour les garçons souvent des paris sportifs, des choses comme ça,
04:58 pour les filles beaucoup de réseaux.
05:00 Et là les réseaux ça peut avoir un effet délétère,
05:02 parce que souvent l'image de soi qui est de retour est souvent un peu négative,
05:06 plus les problèmes de harcèlement, donc il y avait des risques assez sérieux.
05:09 - Donc là aussi l'entourage doit être vigilant.
05:11 - Absolument.
05:12 - Merci beaucoup, merci à Dr Jean-Michel Delis d'être venu,
05:14 et bon congrès à vous.
05:16 - Merci, ça s'annonce très bien, on attend près de 1500 personnes.
05:18 - 1500 personnes, merci.
05:19 - On va remplir, merci.
05:20 - Rendez-vous aujourd'hui à Comète, donc merci à vous deux.

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