"67, Chemin Lapujade" Un film de Magali Chapelan - extrait

  • l’année dernière
"67, Chemin Lapujade"
61'
Un film de Magali Chapelan
Produit par Argane Production en coproduction avec Dock Films
avec le soutien du Centre National de la Cinématographie et de la région Occitanie, la participation du COSIP et de la ville de Toulouse


Synopsis : La nouvelle est tombée, d’ici peu le squat du 67 n’existera plus. Les pelleteuses sur le terrain mitoyen sont déjà au travail, le chantier se poursuivra par la destruction de cette belle maison aux tapisseries luxueuses et désuètes.

En quatre ans d’existence, plus de deux cents personnes ont vécus là. Ils s’y sont construits, reconstruits, ont inventé et expérimenté une façon d'habiter qui soit collective et prenne en compte les problématiques de logements telles qu'elles peuvent exister dans les grandes villes.

Ils viennent, ainsi, d’horizons variés et sont là pour des raisons différentes ; par nécessité ou par choix : comme Zoé, étudiante danseuse, Lorentziu, travailleur en bâtiment roumain, Ambra, 15 ans jeune fille franco-bosniaque rebelle et extravertie, Yanou et Barbiche, animateurs, éducateurs malgré eux, et d’autres encore….

La fin du squat crée une effervescence propice aux réflexions sur l’expérience vécue. C’est également un déclic qui pousse chacun à profiter pleinement du lieu : deux mois intenses de clôture, car il y a urgence à reloger celles et ceux qui y vivent, ouvrir un nouveau squat, déménager, faire des fêtes, démanteler la maison. C’est aussi un quotidien semblable celui de tous ces autres mois passés, avec des gens qui se lèvent, se couchent, réfléchissent et agissent.

Un chantier humain que les promoteurs immobiliers cherchent à couler dans le béton.
Transcription
00:00 (SILENCE)
00:02 (SILENCE)
00:04 (MUSIQUE)
00:06 - Rentrer.
00:28 Se cacher.
00:30 Se barricader et attendre que les propriétaires se ramènent.
00:34 Nouveau lieu, nouvelle aventure.
00:40 Combien de temps cette fois-ci?
00:44 - Il n'en est pas question.
00:47 Vous prenez vos clips et vos plaques et vous partez.
00:49 - Je crois que c'est net et clair.
00:51 - On propose autre chose.
00:53 - Nous, ça ne nous intéresse pas.
00:55 - Pour l'instant, je pense que si on arrive tous à se calmer...
00:59 - Non, non, on est tous calmés, madame, mademoiselle, excusez-moi.
01:03 On est tous calmés, voilà.
01:05 Nous sommes tous calmés.
01:07 D'abord, je ne vois pas du tout comment vous êtes rentrés.
01:09 Mon mari ne va pas parler comme moi, il ne va pas dialoguer.
01:12 Lui, il va vous envoyer ce qu'il faut.
01:14 - Après, nous, même, légalement, on a le droit de rester dans cette maison.
01:18 - Comment?
01:19 - Que légalement, ça fait plusieurs jours qu'on est dans cette maison.
01:22 - Non, vous n'êtes pas plusieurs jours dans cette maison.
01:24 Je suis passé hier, il n'y avait personne.
01:26 Alors, que demain, vous ne soyez plus là.
01:28 - La précarité, l'instabilité, passer sa life à se défendre,
01:32 essayer de convaincre et espérer que cette fois-ci, ça va durer.
01:36 Un choix.
01:38 Mais quel choix?
01:40 - Moi, ça me fait chier d'être là.
01:51 Au 67, c'était mieux, en vrai.
01:54 Là, ici, il n'y a rien à faire.
01:56 Alors qu'au 67, il y avait du monde et tout.
01:58 Peut-être qu'on se faisait chier des fois.
02:00 Peut-être qu'il y en a qui nous faisaient chier aussi.
02:03 Mais au final, il y avait plein de trucs à apprendre, comparé ici.
02:07 Ici, on est tout seul. C'est de la merde.
02:10 Le 67, c'est le 67.
02:13 - Et finalement, moi, je trouve que ça a été hyper chouette.
02:15 Ça a été dans l'urgence, mais il y a quand même eu trois ouvertures à la fin de la maison.
02:18 Enfin, on a quand même trouvé cette nouvelle maison.
02:20 Alors, oui, c'est différent du 67.
02:22 Mais les gens qui avaient besoin d'une maison, tout le monde avait une maison, quoi.
02:25 - Oui, c'est ça.
02:26 - Même si c'est dérageant.
02:27 Moi, je me souviens qu'à la fin, quand on les voyait faire leurs travaux,
02:29 on était là, putain, mais pourquoi ils ne nous lâchent pas cette maison, quoi ?
02:32 Qu'est-ce que ça leur fait, vu la taille du terrain qu'ils ont ?
02:34 Mais il y avait ce truc de, ben ouais, on n'est pas assez fort, quoi.
02:37 Politiquement, on n'a jamais été un collectif
02:39 qui s'est réuni sur des idées politiques et sur des modes d'action.
02:42 - Des politiques, ça veut dire quoi, enfin ?
02:44 Je ne sais pas. On a bouffé.
02:46 On s'est mis en réseau avec des gens.
02:48 On a réussi à choper de la bouffe.
02:50 Il y avait tout le temps de la bouffe, en fait.
02:53 On a pu héberger des personnes sans jamais leur demander d'où elles venaient,
02:56 quel était leur parcours.
02:58 Sur un accueil un peu inconditionnel, enfin, voilà, juste comment tu t'appelles
03:02 et OK, tu as besoin d'une place.
03:04 Ça, on l'a fait, quoi.
03:05 - La première question en 67, ce n'était pas d'où tu viens.
03:08 Ce n'était pas ça, quoi.
03:09 C'était comment ça va.
03:11 Est-ce que... voilà, quoi.
03:12 Est-ce que tu as envie de dormir ?
03:13 Tu as envie de manger ?
03:15 Tu vois, des trucs réels.
03:18 - Rachetez-nous, virez-nous, expulsez-nous.
03:21 Mais ce qu'on vit ici, on n'arrêtera pas pour vous, non.
03:24 Yeah !
03:28 Ça a commencé, la partie est lancée.
03:34 C'est plus qu'une question de cadence et à la fine.
03:36 C'est ton corps qui va le deviner.
03:38 Mélodie, il est certifié, mais il lésine.
03:40 Tout le monde sait ça, même les élus.
03:42 C'est la vie, c'est la vie.
03:44 C'est la vie, c'est la vie.
03:47 - Ça marche là-bas.
03:48 Montre la lune là où tu regardes le noir.
03:50 T'es trop choqué, tu comprends pas.
03:52 Le dos quoi, c'est devenu un sport de combat.
03:54 Méchant, hippie, n'aime pas le gâchis.
04:06 Tu jettes, je récup', tu laisses vite, je le culpe.

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