• l’année dernière
Transcription
00:00 Nous sommes les éditions Arlea.
00:02 Nous publions 3 livres à la rentrée,
00:07 dont un roman...
00:08 Pas un roman, d'ailleurs,
00:09 un récit littéraire dans la collection Premier Mille,
00:12 un récit littéraire de Xavier Girard.
00:15 Xavier Girard est un critique d'art.
00:19 Il a été longtemps conservateur du musée Matisse à Nice.
00:25 Il a écrit pas mal de livres sur des peintres.
00:28 C'est lui qui a fait le "Galimard découverte" sur Matisse.
00:33 Il a écrit un texte sur Soutine.
00:36 Et il a écrit aussi...
00:39 Son dernier livre a été publié au Seuil,
00:41 dans la collection Fiction et compagnie.
00:43 C'était "Une rencontre avec Louise Bourgeois".
00:47 Donc, en fait, je ne sais pas vraiment
00:50 comment vous parler de ce texte.
00:52 C'est un récit
00:55 plein de lumière,
00:58 de beauté, de peinture,
01:01 de musique.
01:03 Et en même temps, c'est un texte avec des moments déchirants.
01:08 Le père de Xavier Girard, c'est le narrateur,
01:13 meurt.
01:15 Et Xavier Girard se rend compte
01:17 à quel point il ne connaissait pas son père.
01:22 Ca, c'est plutôt banal.
01:24 C'est vrai que beaucoup de livres traitent de ça.
01:28 Il y avait entre eux une impossibilité
01:31 de se regarder en face,
01:33 de se parler, de se toucher.
01:36 Mais le père, dans cette absence,
01:39 dans cette rétention de lui-même,
01:41 était quand même présent
01:43 pendant toute l'enfance de Xavier Girard.
01:46 Donc, Xavier Girard essaie de cerner
01:50 la personnalité paternelle
01:53 qu'il a beaucoup marquée,
01:54 parce que le père était peintre avant la guerre,
01:58 avant la Deuxième Guerre mondiale.
02:00 Et la guerre l'a asséché.
02:02 Il a décidé de ne plus être peintre.
02:05 C'était un peintre qui aurait pu être coté.
02:08 Enfin, disons que ça démarrait bien pour lui.
02:10 Mais après la guerre, il s'est marié.
02:13 Il a eu cinq enfants.
02:15 Et il a descendu toutes ses toiles
02:18 et surtout des autoportraits dans la cave de leur maison,
02:23 qui est une maison très belle sur les hauteurs de Nice,
02:26 dans la lumière de la rivièra,
02:29 mais où le père ne parle plus de peinture.
02:32 Il se reconvertit, il devient architecte d'intérieur,
02:36 il travaille pour la maison Nobilis,
02:38 il dessine des papiers peints,
02:41 il dessine aussi des meubles,
02:44 des meubles de chambre d'enfants.
02:46 Donc, il reste quand même dans cet univers-là,
02:50 mais plus de peinture.
02:52 Et Xavier Girard, petit,
02:55 s'ouvre, lui, justement, à la peinture.
02:58 Il s'ouvre à tous les peintres dont on ne parle pas chez lui,
03:03 Matisse, Bonnard, tous les auteurs Dufy,
03:07 tous les auteurs qui se sont réfugiés sur la côte d'Azur.
03:11 Il fait son éducation contre son père,
03:16 mais finalement, il l'a fait avec son père.
03:20 Il essaie, lorsque son père disparaît,
03:23 de retrouver cette figure paternelle,
03:27 non pas dans les souvenirs qu'il a partagés avec lui,
03:31 parce que, finalement, il y en a assez peu,
03:34 mais plutôt dans les...
03:37 C'était un grand collectionneur de choses assez pauvres,
03:41 de jouets d'enfants.
03:44 Il avait des lubies.
03:45 Par exemple, il aimait les tortues.
03:50 Il aimait...
03:53 Toute la famille part sur la côte d'Opal tous les étés.
03:57 Il dit à son fils, "Tu vas aller en bas des falaises
04:03 "et tu vas me ramener des galets à un trou."
04:07 Et donc, c'est une espèce de troc étrange,
04:09 un peu gratuit, comme ça.
04:11 Donc, il se replonge dans tous ces moments,
04:17 en fait, de son père,
04:19 et il nous raconte une enfance,
04:23 une enfance, mais vraiment baignée de beauté.
04:28 Il s'ouvre à la musique, il s'ouvre à la peinture.
04:31 Le personnage de la mère est extrêmement important,
04:36 parce qu'en contrepoids du père, finalement,
04:38 elle est là, un peu fantasque, légère.
04:42 Elle apporte de la légèreté dans cette famille.
04:46 Et la fin du livre, finalement, c'est...
04:50 Ce n'est pas très grave qu'il y ait un mystère paternel.
04:53 L'essentiel, c'est peut-être justement
04:55 de ne pas vouloir le résoudre.
04:58 Et le livre se termine sur cette réconciliation
05:02 entre un fils et son père.
05:05 Et on est assez heureux de cette fin,
05:09 parce qu'on souffre quand même pour lui pendant tout le livre.
05:12 Le père se garde.
05:14 Il ne veut jamais regarder son fils dans les yeux.
05:17 Il lui parle très peu.
05:19 C'est quelqu'un de très sévère.
05:23 Il a des rituels, il a des horaires.
05:26 Et ce petit Xavier en face de lui
05:28 essaie de lui plaire désespérément.
05:31 Il essaie d'attraper le fil
05:34 qui fera que quelque chose va se passer.
05:37 Et en fait, quelque chose s'est passé à son insu,
05:40 puisque ce livre existe.
05:42 Voilà, ça s'appelle "Inconvénients de la perfection".
05:47 Voilà.
05:48 -Ca va être encore plus difficile pour moi,
05:50 parce qu'il faut que je vous présente le même livre,
05:51 mais de quelqu'un d'autre.
05:53 Donc, ça n'est pas simple.
05:55 Le même livre, pourquoi ?
05:57 Parce que nous avons là aussi une enfance
06:01 au travers d'une disparition.
06:03 "Ma mère en toute chose".
06:05 Ludivine Ribérault raconte...
06:09 Comment vous dire les choses ?
06:10 Quand on choisit un livre dans la collection Cadry chez Arléa,
06:15 quand on choisit un livre, on cherche toujours...
06:18 On jette un marque-page à l'intérieur du livre
06:20 et on cherche toujours une phrase
06:21 qui est finalement le noyau dur du livre.
06:24 On se dit, si ça, ça résiste,
06:26 alors tout le livre va se développer autour.
06:29 Et dans "Ma mère en toute chose",
06:30 on est tombé sur une phrase qui est à l'opposé de Montaigne.
06:34 Montaigne dit "Un seul être vous manque et tout est dépeuplé".
06:38 C'est le contraire pour Ludivine Ribérault.
06:40 On a choisi un marque-page qui dit "Un seul être vous manque"
06:44 et en fait, il est là partout.
06:46 Il est là partout, tout le temps.
06:48 Et de ce "partout, tout le temps",
06:49 c'est à la fois le cauchemar et l'émerveillement.
06:53 Et donc, à la mort de sa mère,
06:54 Ludivine se rend compte qu'il faut déménager la maison.
06:58 Elle se dit que ça va être une chose traumatisante.
07:01 Et puis, elle comprend que non,
07:03 que sa mère vit partout, dans tous les objets.
07:06 Et ça s'étend, ça gagne.
07:08 Et en même temps que ça gagne tout ce qu'elle voit,
07:10 tout ce qu'elle touche, tout ce qu'elle regarde,
07:12 ça agrandit le monde.
07:15 C'est-à-dire qu'on retrouve sa mère dans les couleurs,
07:17 parce que sa mère faisait sans cesse des anniversaires
07:20 avec des thèmes.
07:21 L'anniversaire pouvait être tout en jaune ou tout en bleu.
07:24 On mangeait du bleu, on s'habillait en bleu,
07:26 on riait en bleu, etc.
07:28 Ça peut être aussi dans des émotions,
07:30 ça peut être en traversant des villes.
07:32 Et on revient tout doucement à son enfance.
07:35 La mère, elle est une petite fille allemande
07:37 qui fuit l'Allemagne, qui part en Inde.
07:40 Elle sera habillée en sari.
07:43 Donc, cette petite fille a des souvenirs
07:44 de choses très exotiques.
07:46 Elle côtoie Indira Gandhi à un moment de sa vie.
07:49 Et puis, elle revient, c'est une auteure suisse, Ludivine.
07:53 Donc, tout se mêle.
07:54 Les natures ne sont pas les mêmes,
07:56 les animaux ne sont pas les mêmes.
07:57 Et on a un bruissement de vie qui gagne tout le livre.
08:02 Même le ciel, même la mer.
08:04 Je vois que vous avez une couverture
08:05 qui n'est plus du tout la bonne.
08:07 On avait commencé par les fleurs,
08:08 parce que les fleurs, vous allez voir,
08:11 envahissent le livre, les fleurs et les parfums.
08:14 Ce surcroît de couleurs, on découvre à certains secrets
08:17 que c'est la mort d'un petit frère
08:19 dont la mère ne se consolera jamais.
08:22 Donc, c'est peut-être une trame de noir
08:25 dans lequel on rajoute plein de couleurs.
08:27 Et puis, on est allé vers une silhouette de femme.
08:31 Ne soyez pas surpris pour la couverture,
08:33 vous allez avoir une silhouette de femme en rouge devant la mer,
08:37 mais parce que le principe de la couleur gagne et domine.
08:42 Voilà pour Ludivine Ribérault, "Ma mère en toute chose".
08:44 Mais je voudrais vous parler d'un autre livre
08:46 qui n'est pas...
08:48 Vous n'avez pas de photo,
08:49 parce que c'est dans la nouvelle collection
08:52 qui s'appelle "Guide anachronique".
08:54 Nous avons sorti un livre pour maman
08:56 qui est le "Guide anachronique" de Rome,
08:59 mais nous sortons un deuxième "Guide anachronique"
09:03 qui sera sur Kyoto.
09:04 Et ce "Guide anachronique" de Kyoto,
09:06 c'est écrit par un grand universitaire
09:08 que certains d'entre vous connaissent sans doute,
09:10 c'est monsieur Alan Weiss,
09:12 qui a fait un très, très beau livre autobiographique
09:15 de Teddy récemment,
09:17 mais qui écrit aussi beaucoup, beaucoup sur l'Asie,
09:22 "Comment manger un phoenix", par exemple.
09:24 Donc, c'est un esprit très brillant et très fantasque.
09:29 Et donc, il nous fait une promenade à Kyoto.
09:33 Vous n'aurez aucune adresse.
09:36 Vous ne vous y retrouverez pas.
09:37 Il est conçu pour vous perdre.
09:39 On commence par la cuisine, on continue par la céramique.
09:44 Et tout est traversé,
09:45 on traverse quelques jardins quand même,
09:47 mais tout est traversé vraiment par la fantaisie,
09:52 la beauté, et derrière tout ça,
09:54 une grande, grande rigueur, une grande élégance.
09:58 Voilà, donc, Alan Weiss, "Guide à la chronique de Kyoto".
10:01 (Applaudissements)
10:03 (...)

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