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Le 21 juin, la maison de vente aux enchères Sotheby's organise la première partie de la dispersion de la collection Hélène Leloup, estimée à près de 20 millions d'euros.

Dans l'éventail des possessions de l'aventurière française, accumulées depuis les années 1960, un certain nombre d'œuvres dogon dont le Mali aimerait aujourd'hui voir la couleur.

L'analyse de François Soudan, au micro de RFI.

Pour en savoir plus : https://www.jeuneafrique.com/1454196/culture/enquete-du-mali-au-quai-branly-les-millions-du-jackpot-dogon/

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00:00 A la une de Jeune Afrique cette semaine, la vente aux enchères des trésors de l'art
00:04 d'Ogon au Mali. Vente qui a lieu à Paris dans trois jours. Des œuvres souvent
00:08 spoliées qui valent des millions d'euros. Alors comment le Mali peut espérer
00:13 récupérer ce patrimoine national ? Norbert Navarro en parle avec François
00:17 Soudan, le directeur de la rédaction de Jeune Afrique.
00:19 François Soudan, bonjour. Cette semaine dans Jeune Afrique, les bonnes affaires
00:23 des marchands d'art africains. Alors que va se tenir mercredi chez Sotheby's à
00:28 Paris ? La vente aux enchères de la collection Hélène Leloup. Comment ont
00:33 été acquis ces trésors de l'art d'Ogon du Mali ?
00:36 Alors tout juste avant, Norbert, quelques chiffres pour que nos auditeurs aient une
00:40 idée du prix et donc des plus-values parfois mérifiques engrangées par les
00:44 marchands d'art. Par exemple la statuette d'Artfang du Gabon qui sera l'une des
00:47 stars des enchères de Sotheby's le 21 juin dans trois jours. Elle est estimée
00:51 entre 4 et 6 millions d'euros. Les œuvres d'Ogon entre 150 et 300 mille euros et la
00:56 valeur totale de la collection Leloup qui sera dispersée entre Paris et New York
00:59 c'est 20 millions, plus de 20 millions d'euros. On a un fer à marché opaque,
01:03 dérégulé, extrêmement lucratif pour tout le monde mais pas pour les africains.
01:07 Hélas ! Alors en ce qui concerne ce bon filon d'Ogon, le péché originel si on
01:11 peut dire remonte au début des années 30 et à la fameuse expédition d'Akhar
01:15 Djibouti menée par Marcel Griot et Michel Berry. C'est une expédition qui a
01:19 rapporté en France plus de 3500 objets d'art africains acquis par tous les
01:23 moyens imaginables. L'achat à vil prix, le troc, la ruse, le vol, la période
01:27 coloniale on le sait autorisé tous les abus. Le problème c'est que tout cela a
01:30 continué bien après les indépendances jusqu'au début des années 90.
01:33 - Alors vous vous intéressez au parcours de la marchande d'art Hélène Leloup que
01:39 vous qualifiez d'aventurière au pays de Cocagne.
01:41 - Alors cette dame c'est à la fois une marchande d'art, une commissaire
01:44 d'exposition qui a écumé le Mali, la Guinée, la côte ivoire dans les années 60-70
01:49 avec un côté effectivement aventurière et qui profitant du vide légal qui
01:53 existait à l'époque dont CPI a entassé dans la benne de son camion des
01:56 centaines d'objets d'art en particulier de goût en les achetant souvent pour une
01:59 bouchée de pain aux trafiquants locaux ou aux chefs de village en les échangeant
02:03 contre des postes radio ou des bicyclettes.
02:05 Ce qu'elle dit c'est qu'elle a parfois sauvé ses objets la destruction ce qui
02:08 n'est pas faux puisqu'il y avait effectivement à l'époque des campagnes
02:11 récurrentes d'autodafés et de fétiches ordonnées par des imams en lutte contre
02:15 le maraboutisme. Mais ce qu'elle ne dit pas ce sont les très substantiels
02:19 bénéfices qu'elle en a retirés et dont les enchères Sotheby seront en quelque
02:23 sorte lacmées. C'est une affaire de plusieurs millions d'euros.
02:28 - Aujourd'hui on ne voit plus du tout les choses du passé de la même manière.
02:32 Alors à l'heure où la question des restitutions se pose avec acuité que peut
02:37 faire le Mali pour récupérer ne serait-ce qu'une partie de ce patrimoine ?
02:41 - C'est très compliqué. Le Mali a commencé à réguler le commerce de ses
02:45 biens culturels au milieu des années 80 mais le mal était fait. Le seul musée du
02:49 Quai Vendée à Paris recèle dans ses collections près de 7000 oeuvres d'aubon,
02:53 je crois 6911 très exactement. C'est une hémorragie qui a été stoppée depuis
02:57 une trentaine d'années. L'exigence de restitution de ce patrimoine à ses
03:01 véritables propriétaires est à l'heure du jour. Mais c'est au niveau des musées.
03:05 Le problème c'est que la sphère privée, tout ce petit monde hermétique des
03:09 marchands où on se protège les uns des autres et qui profitent d'un marché sans
03:13 vraie règle, ne se sent absolument pas concerné par cette exigence.
03:16 Le problème aussi, il faut le dire Norbert, c'est que les autorités maliennes
03:19 jusqu'ici ne s'y sont pas intéressées. La défense de leur patrimoine passe
03:23 manifestement après celle de leur territoire. On peut peut-être le
03:26 comprendre mais il s'agit pourtant bien là d'une affaire de souveraineté culturelle Norbert.
03:31 - François Soudan, merci.

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