Assises des Finances publiques : «Chaque année, il faut qu'on ait cette visibilité totale sur les dépenses», estime Jean-René Cazeneuve

  • l’année dernière
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Jean-René Cazeneuve, rapporteur général du budget à l’Assemblée nationale et député de la 1re circonscription du Gers, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Ensemble, ils reviennent sur les Assises des Finances publiques qui se sont tenues ce lundi.

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Transcription
00:00 - Il est 7h12 sur Europe 1, très bon début de journée. Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le député Renaissance du Gers, Jean-René Cazeneuve.
00:07 - Bonjour Jean-René Cazeneuve. - Bonjour. - Bienvenue sur Europe 1, député du Gers, donc rapporteur général aussi du budget à l'Assemblée nationale.
00:13 Le gouvernement organisait hier les assises des finances publiques, un premier exercice du genre
00:19 en six ans pour Emmanuel Macron, après une forte envolée des dépenses et de la dette publique ces dernières années.
00:24 Alors vous avez évidemment assisté à ces assises. Que doit retenir
00:29 justement de ces assises des finances publiques le citoyen contribuable, Jean-René Cazeneuve ?
00:34 - Justement derrière chaque euro de dépenses publiques,
00:38 il y a un contribuable. Et donc la moindre des choses c'est de rendre compte
00:43 à ce contribuable de la manière dont on dépense l'argent public. Et l'objectif de ces assises qui a été
00:50 organisé par Bruno Le Maire, c'est de systématiser
00:54 la revue de l'ensemble des dépenses publiques. Aussi incroyable que ça puisse paraître, cet exercice n'existe pas aujourd'hui.
01:01 - Voilà, ça va se renouveler en fait. - Absolument, il faut que ça s'inscrive dans le temps, chaque année,
01:05 chaque année, on est cette revue systématique, on l'a voté dans le projet de loi de finances l'année dernière, il faut qu'on ait cette
01:13 visibilité totale sur nos dépenses et qu'on se repose à chaque fois la question.
01:17 - Mais il n'y a pas un contrôle budgétaire exercé par le Parlement justement, ça vient se rajouter en plus ?
01:21 Quelle est la nécessité de ces assises ? C'est du marketing ? C'est de la com ? Jean-René Cazeneuve ?
01:26 - Non, on est un peu
01:28 dos au mur en matière de dépenses publiques. Pourquoi ? Parce qu'on veut soutenir notre croissance, on veut
01:34 réindustrialiser notre pays, on veut soutenir la transition écologique.
01:39 D'une part, on veut viser le plein emploi, donc tout ça demande des moyens considérables,
01:42 des marges de manœuvre supplémentaires. Or, on ne les a pas, puisque notre dette est assez élevée, le coût de la dette
01:50 va monter jusqu'à 71 milliards en
01:52 2027, donc il faut absolument retrouver des marges de manœuvre. Vous savez, dans le privé,
01:58 tout le monde le fait, dans chaque entreprise, chaque année, on se pose la question
02:01 comment on peut faire un peu différemment ? Pourquoi on peut faire différemment ? Parce que l'organisation a changé, parce que vous avez
02:07 la digitalisation qui est arrivée, il y a des innovations...
02:10 Il y a toujours mille raisons.
02:12 - Alors, on vit quand même en France, Jean-René Cazeneuve, et je pense que vous serez d'accord avec moi, on a quand même un double
02:17 paradoxe. Le premier paradoxe, c'est qu'on a des dépenses publiques qui sont toujours plus élevées,
02:21 mais les usagers sont de moins en moins satisfaits. Ils se demandent s'ils en ont pour leurs impôts, c'est le slogan aujourd'hui de Gabriel Attal.
02:28 L'autre paradoxe, c'est que vous avez supprimé des impôts, effectivement, l'ISF, la taxe d'habitation, la redevance télé, etc., mais
02:35 on voit que la charge fiscale et sociale des Français, elle ne cesse d'augmenter. Je regardais le taux de prélèvement obligatoire rapporté
02:40 au produit intérieur brut, à la richesse nationale, on est à
02:44 5,4%. C'est un record absolu, on n'a jamais autant payé d'impôts, Jean-René Cazeneuve.
02:48 - Prélèvement et impôts, c'est pas tout à fait la même chose, mais oui, vous avez raison.
02:51 - Le fait est quand même que les impôts progressent plus vite que les revenus. - On sort d'une période absolument exceptionnelle,
02:57 vous le savez, avec deux crises majeures successives qui ont amené une intervention de l'État
03:02 pour les entreprises, pour les collectivités territoriales, pour les Français, tout à fait exceptionnelle, qui explique
03:09 effectivement cette montée exceptionnelle des dépenses. - Donc à vous entendre, la dépense publique, elle devrait naturellement rebaisser.
03:16 - Absolument. Ces assises, là, aussi, entérinent la sortie du "quoi qu'il en coûte".
03:20 - On en a dit dix fois, ça, que "quoi qu'il en coûte", c'était terminé. - Oui, on en sort quand même, on en sort. Le bouclier
03:26 sur le gaz se termine fin juin, le bouclier sur l'électricité se terminera à la fin de l'année, oui, qu'on éteint les
03:33 dispositifs les uns après les autres, et ça va avoir un impact sur la baisse des dépenses. - Mais regardez, c'est le festival de la dépense en
03:39 continu. Regardez, on a annoncé, je prends les quinze derniers jours,
03:42 revalorisation des fonctionnaires, des profs, il y a un nouveau plan logement qui a été annoncé à 500 millions, le plan vélo, la réforme des lycées
03:49 professionnels, des aides pour l'avion vert, etc, etc, etc.
03:52 Il n'y a pas une semaine sans qu'il y ait de nouvelles dépenses qui s'ajoutent en plus de ce qui a été voté dans le budget,
03:57 Jean-René Cazeneuve. C'est encore où on viendrait.
03:59 - C'est pour ça qu'il faut se poser la question, parce que de la même manière que pendant le logement,
04:04 vous avez raison, il y a de nouvelles priorités pour qu'on ait ces marges de manœuvre, eh bien il faut faire des économies.
04:09 On regarde le logement, c'est je crois au-delà de l'ordre de 35 milliards
04:14 chaque année, avec un résultat... - 90 milliards de rentrées fiscales en face. - Assez moyen, donc, si vous voulez, le logement, l'idée c'est
04:22 d'arrêter le pinel,
04:24 effectivement, de réorienter le prêt à taux zéro.
04:27 Voilà des sources d'économies dans ce logement qui permettent de réallouer les sommes. - Alors je continue à vous challenger un peu à propos du
04:33 pinel. Ça fait partie des mesures ciblant le logement, les mesures d'économie. On arrête ce dispositif
04:38 qui incitait finalement les gens à faire l'investissement locatif parce qu'ils y gagnaient sur leurs impôts. Est-ce qu'il y a une étude d'impact
04:45 qui chiffre l'arrêt du pinel ? Est-ce qu'on sait quel effet ça va avoir sur le marché immobilier ?
04:51 Ou est-ce que c'est à la louche ? Parce que moi j'ai lu que
04:54 voilà, c'était inefficace et trop coûteux. J'attends qu'on m'en apporte la preuve. - Ça coûte 2 milliards.
04:59 Donc vous arrêtez le dispositif, vous économisez 2 milliards entre le prêt à taux zéro et le pinel. Après,
05:06 vous posez une vraie bonne question. Là aussi on en a beaucoup parlé lors de ces assises des finances publiques. C'est-à-dire qu'il faut se poser
05:12 systématiquement la question du
05:15 quel est le bilan ? Il faut que toutes ces dépenses fiscales... - Mais alors quel est le bilan sur le pinel ?
05:18 Vous le savez ou pas ? - Il est négatif aujourd'hui. On considère qu'il est négatif.
05:22 Donc il faut se poser la question, il faut que les dépenses fiscales soient bornées dans le temps, qu'il y ait systématiquement une évaluation. Autrement qu'est-ce qui se passe ?
05:29 C'est sous la pression... - Mais ça fait 40 ans qu'on soutient le secteur immobilier avec des exemptions fiscales et d'un coup ça marche plus.
05:35 On considère que c'est inefficace. - Non mais vous pouvez pas nous reprocher, il y a quelques instants,
05:38 d'avoir des dépenses fiscales très importantes et quand je vous en donne une qu'on va supprimer,
05:44 me sauter dessus. Et d'ailleurs c'est comme ça que ça se passe.
05:46 - Sinon vous me direz "le crédit impôt recherche ça coûte 7 milliards, à ce moment-là tout ce qui coûte on arrête."
05:51 Après il faut voir si c'est efficace derrière ou pas. - Exactement. Et bien cette discipline là,
05:57 aussi incroyable que ça puisse paraître, nous ne le faisions pas systématiquement
06:00 au Parlement et le Parlement veut jouer un rôle moteur sur cette évaluation systématique.
06:04 - Alors un effort va être fait aussi sur les dépenses de soins, les arrêts maladies qui pour le coup ont un coût croissant,
06:09 on est autour de 15-16 milliards sur l'année dernière, c'est énorme, mais aussi baisse du remboursement des soins dentaires
06:15 et on va demander une contribution aussi sur le remboursement de certains médicaments.
06:18 Est-ce que jouer sur la santé, malgré tout, il n'y a pas un enjeu de santé publique derrière Jean-René Cazeneuve ?
06:25 - Ecoutez, on est probablement un peu loin dans le tout gratuit si vous voulez, on l'entend, moi je l'entends sur les marchés,
06:32 les gens me disent "mais c'est gratuit donc ça n'a pas de valeur, donc on ne fait pas attention",
06:36 donc je crois que c'est important qu'il y ait,
06:39 pour un certain nombre de personnes, ce qu'on appelle un ticket modérateur, que les gens soient sensibilisés sur ce que ça coûte
06:44 et que la répartition du coût se fasse peut-être plus équitablement entre l'État et les mutuelles.
06:49 - Merci Jean-René Cazeneuve d'être venu nous voir ce matin sur Europe 1, merci d'être venu nous voir nous annoncer que c'est
06:54 assise des finances publiques, ça va revenir désormais tous les ans.
06:57 - Merci beaucoup.
06:58 - Je vous souhaite une excellente journée.
06:58 7h18 sur Europe 1.

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