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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son “Voyage en absurdie”, du lundi au jeudi.
Retrouvez "Voyage en absurdie" sur : http://www.europe1.fr/emissions/chronique-en-absurdie

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Transcription
00:00 - 8h39 sur Europe 1, Emmanuel Ducrox du journal L'Opinion.
00:03 Alors la dissolution du collectif des soulèvements de la terre, on en parlait tout à l'heure,
00:07 va être examinée en Conseil des ministres ce matin.
00:09 Cela faisait plusieurs semaines que c'était dans l'air.
00:13 - Cette dissolution s'appuie sur un article du Code de sécurité intérieure
00:16 qui permet au Conseil des ministres de dissoudre par décret toutes les associations ou groupements de faits
00:21 qui constituent des menaces pour la sécurité.
00:23 Alors l'écologie n'est absolument pas le sujet de cette affaire,
00:26 le ministre de l'Intérieur estime que les manifestations violentes à l'égard des personnes ou des biens
00:30 à Saint-Sauline, dans la région nantaise, constituent des menaces
00:33 et puis ils retoutent des rives terroristes.
00:36 Depuis l'invasion et les gros dégâts faits à la cimenterie Lafarge de Bouc-Belaire en décembre dernier,
00:41 ce sont les services antiterroristes qui sont mobilisés sur le cas des soulèvements.
00:45 Une des raisons c'est que l'un des inspirateurs du mouvement, le suédois Andreas Malm,
00:50 appelle ouvertement, je cite, à "dépasser le pacifisme et à user de tous les moyens
00:54 pour abattre le capitalisme responsable de la catastrophe écologique".
00:58 - Pardonnez-moi, est-ce qu'on peut dissoudre un mouvement comme les soulèvements de la terre
01:03 qui en fait factuellement ne sont pas une association dédéclarée, c'est une galaxie d'associations ?
01:10 - Effectivement, les soulèvements c'est un mouvement protéiforme sans structure légale,
01:14 on pourrait dire quasiment gazeux, il n'y a pas de dirigeants connus,
01:18 personne pour endosser les responsabilités, pas de statut déposé, pas de bureau, pas de comptabilité non plus,
01:23 il y a quelques porte-parole qui sont la vitrine, tout ça, ça attire des éléments violents
01:29 au milieu des sympathisants qui applaudissent parce que la cause est bonne.
01:32 Pour autant, pour le ministère de l'Intérieur, c'est un groupement de faits, comme une ligue,
01:36 c'est le mot qui est employé, qui poursuit un but commun.
01:39 - Ah donc il y a quand même une définition juridique.
01:41 Les défenseurs des soulèvements de la terre contestent la définition justement de "groupement de faits".
01:46 - Oui, parce que pour eux la décision est politique et pas sécuritaire.
01:49 Ce qui fédère les soulèvements, selon eux, ce ne sont pas des cartes de membres,
01:53 c'est l'adhésion intellectuelle à une déclaration, un texte qui s'appelle "Nous sommes les soulèvements de la terre"
01:57 qui a été rédigé en 2021 par les historiques de Notre-Dame-des-Landes
02:01 et qui depuis a recueilli près de 110 000 signatures.
02:03 Alors il y a des syndicats, des groupes politiques, des formations militantes, des particuliers,
02:06 ces gens-là on ne peut pas les dissoudre.
02:08 Potentiellement, les soulèvements de la terre c'est tout le monde et c'est personne,
02:11 c'est une volonté de lutte, c'est un état d'esprit.
02:14 Et c'est ce qui permet aux défenseurs de l'organisation d'affirmer qu'on ne dissout pas un soulèvement,
02:18 pas plus qu'on ne fait rentrer de force une rivière qui déborde dans son lit.
02:21 - On peut trouver le texte d'ailleurs sur le site internet des soulèvements de la terre pour ceux que ça intéresse.
02:25 Alors le paradoxe c'est que les SLT, comme dit Éric Ocrel, vont quand même faire appel à de la décision.
02:30 - Bah oui, parce que tout impalpable, tout insaisissable que soit le mouvement,
02:33 il a quand même des avocats qui ont dit qu'ils contesteraient la dissolution devant le Conseil d'État.
02:38 Ça signifie qu'il y a bien des personnes pour endosser une action en justice.
02:41 Ce n'est d'ailleurs pas le seul indice qu'il y a en fait une tête à cette structure qu'on ne connaît pas.
02:45 Une organisation comme celle-ci qui monte des manifs d'ampleur, ça ne se finance pas tout seul.
02:49 Les soulèvements font appel aux dons, perçoivent des subsides,
02:52 tout ça aussi est informel et pourtant c'est quand même bien réel.
02:55 - Mais avec la dissolution, ce sera la fin de partie vous pensez ?
02:57 - Eh bien si les soulèvements dissous devaient réapparaître même sous une autre forme apparentée,
03:02 ceux qui en seraient reconnus coupables ou responsables
03:04 seraient passibles de 3 ans de prison et de 45 000 euros d'amende.
03:08 Mais le collectif appelle déjà à des actions de désobéissance civile ce soir
03:11 pour la fête de la musique, des repousses comme on dit.
03:14 Alors tout ça, ça pose quand même une question.
03:16 Dissoudre le gazeux, il faut quand même se sentir vraiment solide sur ses arguments
03:20 et si ça ne fonctionne pas, l'État passera des années à jouer au chat avec des souris fantômes.
03:25 - Signature européen Emmanuel Ducroix. Merci beaucoup Emmanuel.