Lomepal : "J'ai vécu mon ascension dans la musique sans pause"

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Lomepal, auteur, compositeur, rappeur, est l'invité de 7h50, à l'occasion de la Fête de la Musique qui a lieu ce mercredi. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-du-mercredi-21-juin-2023-5184994
Transcript
00:00 - Et bien Salamé, votre invité ce matin est auteur, compositeur et rappeur.
00:03 - Et bonjour Lempal ! - Et bonjour.
00:05 - Merci d'être avec nous ce matin, merci de vous être levé tôt un jour de concert
00:09 puisque vous serez ce soir à l'Olympia pour le grand concert qu'organise France Inter
00:12 en ce jour de fête de la musique.
00:14 Pas trop dur d'enchaîner ? - Non, je dormirai au milieu, c'est bon.
00:18 - C'est ce qu'on fait tous les matins.
00:20 Ça représente quoi pour vous la fête de la musique Lempal ? C'est une fête importante,
00:25 c'est Jack Lang pour toujours ? - C'est vrai que c'est Jack Lang, je suis
00:28 né bien après, en tout cas, moi j'ai un souvenir avec mon père de descendre quand
00:32 j'étais petit dans la rue, c'était la fête donc j'ai un très bon souvenir d'enfance.
00:35 Ça représente ça, un truc très libre, très spontané, j'ai l'impression que tout
00:40 le monde peut faire un peu ce qu'il veut, même si c'est pas forcément le cas.
00:43 Du coup c'est ça le souvenir que j'ai à la base.
00:46 Après, avec le fil des années, moi j'ai un peu lâché prise un peu sur la fête et
00:51 tout ça, donc je crois que les dernières fêtes de la musique je les ai pas forcément
00:53 vues passer, mais ça reste pour moi une fête très libre comme ça.
00:57 - Vous vous souvenez, la dernière fois que vous êtes venu nous voir ici dans ce studio,
01:00 c'était il y a deux ans, vous vous en rappelez ? Est-ce que vous vous rappelez, c'était
01:02 votre première prise de parole publique depuis ?
01:05 - Je m'étais beaucoup trop avancé, ouais.
01:07 - Et depuis votre pause, vous aviez fait une pause de trois ans quasiment, et vous vous
01:11 souvenez de votre état d'esprit dans ce studio il y a deux ans ?
01:14 - L'état d'esprit, non, mais je me rappelle de ce que j'ai dit, ouais.
01:16 - Vous aviez dit quoi ? - Que j'allais sortir un disque dans les
01:19 mois qui arrivaient.
01:20 - Et en fait vous vous étiez avancé.
01:22 - Je m'étais avancé, ouais.
01:24 Juste après ça, en fait, à ce moment-là j'étais au jury au festival de Deauville,
01:29 donc ça m'avait un peu occupé l'esprit, et je me rappelle qu'en revenant du festival,
01:33 je me suis remis dans l'album, et là tout d'un coup j'ai eu un recul que j'avais pas
01:36 du tout au moment où je vous ai parlé, et je me suis dit, il faut vraiment presque
01:40 repartir à zéro.
01:41 - Ouais c'est ça, vous avez quasiment jeté tout ce que vous aviez fait, et vous avez
01:44 repris les choses.
01:45 Vous aviez donc eu besoin de cette pause de presque trois ans après le succès de vos
01:49 deux premiers albums, après des centaines de dates de concerts.
01:52 Vous dites "j'étais au bout d'un truc", c'était quoi ?
01:55 - Bah je me répétais, j'avais l'impression de...
01:59 En fait j'ai vécu une ascension, je sais pas comment je peux dire ça comme ça, mais
02:05 je veux dire, ça marchait de mieux en mieux dans la musique, mais en fait du coup sans
02:08 pause, parce qu'à chaque fois que ça marchait un peu mieux, on essayait autre chose, et
02:11 donc c'est comme ça que je suis passé de faire des petits EP à un premier album,
02:15 puis ensuite à une tournée, puis à un deuxième album, et en fait y'a pas eu vraiment de
02:19 pause entre tout ça, et quand le deuxième album a été fini d'être travaillé avec
02:24 un an de tournée, bah là tout d'un coup...
02:26 - Vous vous êtes senti vide en fait ?
02:28 - Ouais, c'est là où j'ai eu la nécessité d'arrêter.
02:31 - Vous n'êtes pas le seul artiste à avoir connu ce besoin de pause, on a les exemples
02:36 récents de Stromae qui a mis fin, qui a suspendu sa tournée, y'a Harlow Parks également.
02:40 Comment vous l'expliquez ? C'est la pression de l'industrie musicale, c'est la pression
02:44 du public, la pression des réseaux sociaux, ou tout simplement les artistes aujourd'hui
02:47 aiment plus qu'avant leur fragilité ?
02:49 - Je pense que c'est un mélange de tout ça, ça dépend après c'est du cas par cas, mais
02:53 je pense que c'est que des bons paramètres, des vrais paramètres.
02:56 Moi par exemple la pression de l'industrie musicale je l'ai pas du tout parce que j'ai
02:59 un modèle qui est très différent de plein de gens, où je suis entièrement indépendant,
03:05 j'ai une équipe, une structure de management avec qui je discute, c'est presque comme des
03:09 amis avec qui on met en...
03:12 Enfin la priorité c'est que je me sente bien, ils veulent que je me sente bien, donc si
03:15 à un moment il y a un truc qui va pas on l'annule, j'ai jamais ressenti de pression
03:19 par rapport à ça.
03:20 La pression que je ressens elle vient de moi-même, du fait que j'ai peur de faire quelque chose
03:25 qui marche pas, de faire quelque chose qui soit pas bien, et du coup ça ça peut rendre
03:28 fou, moi c'est comme ça que j'ai bien galéré à faire le dernier disque, parce qu'à chaque
03:32 fois je me disais mais en fait à quoi ça sert de revenir après trois ans si c'est
03:35 pour sortir quelque chose qui est pas très bien, et du coup est-ce que vraiment j'ai
03:39 une légitimité à faire un nouveau disque, sous prétexte que j'en ai vendu beaucoup
03:43 avant, s'il est pas à la hauteur, et en fait on a l'impression de repartir à zéro à
03:47 chaque fois.
03:48 Vous aviez peur de l'échec, vous l'aviez exprimé d'ailleurs à ce micro, il y a deux
03:50 ans, peur que les gens vous aient oublié, peur qu'ils aient zappé en fait.
03:53 Ouais, puis d'avoir marché sur un coup de chance, quand le temps passe après tout
03:56 à coup on se dit est-ce que j'ai pas fait exprès peut-être ?
04:00 Ah, c'est intéressant ça, vous avez deux heures.
04:04 Non non non, plus sérieusement vous aviez peur de la réception, que le public vous
04:08 ait oublié, ben c'est raté.
04:10 Au final, super agréable accueil.
04:14 Mauvais Ordre est sorti en septembre, vous avez vendu près de 300 000 albums, vous avez
04:18 lancé une tournée hors norme, 370 000 billets vendus, 6 Bercy plein à craquer, il y en
04:24 a trois qui arrivent à l'automne, on appelle ça Accor Arena, maintenant vous êtes rassuré ?
04:28 Oui oui oui, ça fait un moment là déjà.
04:30 Vous disiez dans Le Parisien "je suis quelqu'un d'ambitieux, je voulais réussir quelque
04:34 chose de fort dans ma vie et me dire que j'ai marqué un petit peu ma génération".
04:37 Quelle marque vous laissez ?
04:40 Bon, j'en sais rien ça, je peux pas le savoir.
04:43 Quelle marque ? Vous imprimez en tout cas.
04:46 Celle que je voudrais laisser, c'est celle de quelqu'un qui...
04:49 En fait j'ai envie d'être à ma place, faire mon travail, et je pense pas que...
04:53 En fait mon travail c'est de faire de la musique, donc je pense que la priorité, vraiment
04:58 le centre de ça c'est de divertir les gens d'une certaine manière.
05:01 Mais en fait le mot du divertissement il est souvent mal utilisé parce qu'on a l'impression
05:05 que ça veut dire que c'est forcément quelque chose de léger et de stupide, alors qu'en
05:08 fait le divertissement ça peut être un divertissement émotionnel très important, et moi je suis
05:13 très à l'aise avec ça, et pour moi ma place c'est ça, c'est faire rêver les gens ou
05:17 les rendre tristes ou les libérer de quelque chose quand ils passent leur journée, les
05:21 accompagner dans plein de choses, et si je peux leur faire se poser des questions avec
05:24 ce que je dis dedans, ça reste pour moi du divertissement, je voudrais jamais me placer
05:28 comme autre chose en fait, j'adore ce truc-là de...
05:30 En fait quand je monte sur scène j'ai l'impression d'avoir cette responsabilité quoi, en tout
05:34 cas, de faire vivre un vrai moment aux gens quoi, en tout cas c'est ça moi que je veux
05:41 laisser comme trace.
05:42 - Et quand vous montez sur scène, et bien maintenant vous chantez, sur mauvais ordre
05:45 ce nouvel album, vous chantez, ce qui n'était pas le cas avant, vous êtes sur une scène
05:49 avec des musiciens qui viennent avec leurs instruments, avec un vrai groupe, du coup
05:52 dans les portraits on est passé de l'homme pâle rappeur à l'homme pâle chanteur, l'homme
05:56 pâle rockeur, et même j'ai vu l'homme pâle crooner.
05:59 Vous êtes quoi en fait ?
06:01 - C'est les noms qu'on me donne, ça me fait rire mais...
06:04 Non, j'ai essayé de m'appliquer, j'étais hyper content d'avoir un groupe sur scène,
06:07 c'était un rêve, et c'était un pari aussi parce que je viens pas du tout de ce monde-là
06:11 en fait, avec le rap il y a toute une culture qui vient du DJ, de la boucle etc.
06:16 Et puis très souvent, il y a beaucoup de gens qui ont essayé, on tombe dans un truc
06:21 un peu plat, de "ah ben en fait on a mis des instruments et un truc un peu cool".
06:26 C'est pas du tout ça que je voulais, moi je voulais garder l'agressivité, je voulais
06:30 garder ce truc très rue du rap en fait, mais avec des musiciens.
06:36 Donc il a fallu beaucoup s'entraîner, répéter, et essayer de retrouver cette émotion-là.
06:40 - Et l'hommage à Nicoletta dans une de vos chansons, "Il est mort le soleil".
06:44 - Ouais, j'adore ce morceau.
06:47 Quand j'ai écrit le disque, j'avais plein d'influences différentes, dont Nicoletta en
06:50 fait partie.
06:51 - Vous parlez d'amour aussi dans cet album, "T'es l'amour de ma vie mais c'est pas ma
06:54 seule vie".
06:55 Donc c'est pas l'amour de votre vie.
06:57 - Non mais je suis dans la fiction là, quand je fais ça c'est pour rire.
07:00 - C'est pour rire ? Vous vous y reniez en fait.
07:03 - Il y a beaucoup de morceaux qui ne parlent vraiment pas de ma vie.
07:05 - L'amour alors, on en est où la dernière fois ? Vous nous annonciez au micro être
07:09 très amoureux, avoir pris deux chats, vous en êtes où là ? Le Labrador, la maison
07:14 de campagne ?
07:15 - Non, deux chats toujours, toujours les mêmes.
07:17 On croyait qu'il avait une, comment on appelle ça, une cardiomyopathie hypertrophique, et
07:25 au final non.
07:26 On vient d'apprendre il y a une semaine qu'il a un gros cœur mais c'est normal.
07:30 - Donc toujours aussi amoureux et tout va bien quoi.
07:33 - Ouais super bien.
07:34 - Un mot sur l'intelligence artificielle dans la musique, on voit de plus en plus l'intelligence
07:38 artificielle qui est capable d'écrire des chansons, est-ce que ça vous inquiète ? Est-ce
07:41 que vous avez peur du grand remplacement comme vous dites ?
07:43 - Non, pas dans tout ce qui est artistique, je pense qu'on est assez préservé surtout
07:46 dans la musique parce que je pense que ce qu'on aime, ce qui touche les gens, en tout
07:51 cas moi ce qui me touche si je me place en auditeur, c'est l'imperfection, c'est le
07:55 facteur humain, c'est en fait...
07:57 Tous les nouveaux courants, les nouvelles modes viennent de quelque chose qu'au début,
08:01 je pense qu'il y a toujours une part de quelque chose de désagréable, de "ah je suis surpris,
08:05 c'est pas ce que je m'attendais à entendre" et donc c'est improgrammable.
08:08 Et en fait l'intelligence artificielle est basée sur la programmation donc on ne peut
08:11 pas demander à un robot de créer...
08:14 En fait un robot va faire des algorithmes et ces algorithmes vont se baser sur tout
08:19 ce qui a déjà existé alors que je pense qu'il y a toujours une part un peu d'erreur
08:22 et c'est ça qui amène...
08:23 - Et de maladresse.
08:24 - C'est ça qui amène le côté très émouvant et touchant ou stylé et en fait je ne suis
08:29 pas très inquiet, je pense que l'intelligence artificielle servira à plein de choses, je
08:33 ne suis pas déjà en médecine, dans tous ces domaines-là la data et tout ça c'est
08:38 important, ça va amener plein de...
08:39 Ça va sûrement faire plein de progrès mais je crois que dans la musique ça servira,
08:43 on pourra s'en servir pour essayer sur plein de choses mais de là à dire que ça remplacera
08:46 je ne crois pas.
08:47 - Ce soir vous serez autour de 23h sur la scène de l'Olympia à Paris pour la fête
08:51 de la musique mais avant on écoute des crescendos.
08:52 Mon Dieu qu'elle me manque, tout s'éteint des crescendos, ma terre s'arrêtera bientôt
09:01 et c'est la faute de quelqu'un d'autre.
09:04 Oh mon Dieu qu'elle manque, tout s'éteint des crescendos, bientôt plus rien à perdre,
09:13 je vais m'occuper de ce quelqu'un d'autre.
09:15 - L'Homme Pâle à l'Olympia ce soir pour la grande soirée organisée par France Inter
09:20 portée par Laurent Goumard et Marion Guilbeault, vous serez aussi aux Francophonie et aux
09:25 Vieilles Charrues cet été.
09:26 Merci, bonne route, bel été, grosse tournée.
09:29 - Et pour l'Olympia ce soir, ouverture des portes à 19h, entrée libre et gratuite dans
09:34 la limite des places disponibles.
09:35 Merci Léa.

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