François Carlier, délégué général de l’association de défense des consommateurs Consommation, Logement et Cadre de Vie, (CLCV), le 22 juin 2023 sur franceinfo.
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00:00 L'aviation commerciale peut-elle vraiment être verte ? 22 associations européennes de défense des consommateurs ont en tout cas décidé
00:06 de porter plainte parmi elles l'UFC Que Choisir et la CLCV. Bonjour François Carlier. Bonjour.
00:12 Directeur général de l'association de défense des consommateurs CLCV donc consommation logement cadre de vie.
00:17 Cette plainte elle vise claire 17 compagnies aériennes. Et notamment Air France KLM où Lufthansa a une plainte déposée auprès de la commission européenne pour
00:25 greenwashing ou éco blanchiment en bon français mais aussi pour pratiques commerciales trompeuses envers les consommateurs.
00:32 François Carlier qu'est ce qui motive cette plainte contre des compagnies aériennes ? Qu'est ce qu'elles font
00:36 de pire que les autres ? Alors il y a beaucoup de publicité verte douteuse c'est vrai mais là le cas du transport aérien est quand même
00:43 vraiment emblématique.
00:44 Parce qu'ils se contentent pas de dire bon notre activité verte, notre activité écologique
00:51 c'est déjà un problème en soi s'agissant de l'aviation. Mais là ce qui se passe notamment c'est qu'ils proposent
00:57 sur les billets d'avion de payer un supplément.
01:00 Un supplément vert en fait qui vient récompenser un
01:03 l'engagement écologique et ce supplément peut être à des montants tout à fait élevés.
01:08 Et il vient supporter une pratique qui en réalité est quand même assez douteuse c'est simplement du carburant durable.
01:14 Alors du carburant durable en réalité c'est un carburant qui n'existe pas pour l'instant.
01:20 Je parle du carburant évidemment aérien qui est en voie de recherche développement.
01:25 Quand il existera ce sera dans des petites quantités.
01:28 Et donc ils proposent
01:29 des suppléments qui peuvent être très élevés parce que j'ai fait une simulation sur un Paris New York à 1000 euros
01:34 en aller-retour au mois de juillet dans un billet de 1000 euros environ.
01:37 On peut prendre un supplément vert à 31 euros donc un petite chose mais aussi à 156 euros
01:45 mais aussi à 623 euros donc 623 euros pour un billet à 1000 où là, la personne aura vraiment l'impression de complètement
01:52 annuler l'impact CO2 de son trajet.
01:57 Mais soyons clair ce carburant durable n'est vraiment pas crédible en ce moment.
02:01 Vous voulez dire qu'on ne peut pas payer pour équilibrer son bilan carbone ?
02:05 C'est ce que proposent certaines compagnies c'est pas possible.
02:06 Exactement en fait elles font croire aux consommateurs qu'il va finalement
02:11 équilibrer son bilan carbone alors que c'est pas le cas il va simplement apporter de l'argent à la compagnie aérienne
02:16 pour développer de la recherche développement.
02:18 La recherche développement c'est une bonne chose mais c'est pas pareil que demander de l'argent pour vraiment
02:22 que ça soit réellement une consommation verte comme par exemple quand on achète un produit bio, une tomate bio
02:27 c'est vraiment une production selon les cahiers des charges du bio.
02:31 Là c'est juste de l'argent qu'on amène à la compagnie aérienne
02:33 principalement pour la recherche et développement.
02:35 Est-ce que vous allez porter plainte aussi contre le gouvernement ?
02:37 Contre Emmanuel Macron qui cette semaine a fait le VRP au bourget de l'avion propre de demain, de l'avion vert en répétant qu'il fallait surtout pas
02:45 arrêter le mouvement ?
02:47 Alors en fait c'est toute la différence entre que l'on réfléchit sur l'avion vert c'est une chose, que l'on se programme
02:52 d'un point de vue industriel, d'un point de vue de l'entreprise c'est une chose mais à partir du moment où ça
02:57 se met dans l'espace commercial du consommateur, c'est-à-dire que là ce que je vous ai cité c'est en faisant
03:02 le chemin pour acheter son billet Paris-New York, à un moment on nous propose ceci.
03:06 C'est à partir de ce moment là que là ça pose vraiment un problème
03:10 et que la question se pose de la pratique commerciale trompeuse.
03:13 C'est pour ça que on saisit le corps de contrôle de la commission européenne.
03:17 Le secteur aérien vise la neutralité carbone
03:19 en 2050, il y aura donc forcément une part de compensation carbone. Or là on sait aussi que ça fonctionne
03:25 très mal, souvent ce sont des arbres qu'on plante au bout du monde et il y avait une enquête assez récente de France 2 qui
03:31 montrait que ces arbres souvent ils sont coupés au bout de deux ans, tout le monde ne s'en rend pas compte.
03:34 Oui tout à fait, c'est-à-dire que en fait c'est pour l'instant des systèmes de compensation
03:38 où il n'y a pas de cahier des charges à créer,
03:41 c'est simplement des échanges privés sur des choses qui ne sont pas très claires.
03:47 Si on prenait ça pour les labels agroalimentaires par exemple,
03:50 aussi peu de sérieux pour les labels agroalimentaires,
03:53 on hurlerait tous. Et là en fait on l'accepte pour un système de compensation carbone qui franchement pour l'instant
04:00 manque de sérieux et qui est d'autant plus problématique si on s'en sert pour faire de l'allégation commerciale.