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François Hommeril, président de la CFE-CGC, le syndicat des cadres, s'est exprimé, sur franceinfo, après le discours de politique générale de Gabriel Attal, mardi.

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Transcription
00:00 Et nous sommes avec François Omeril, président de la CFE-CGC, Syndicat des cadres.
00:05 Bonsoir.
00:06 Bonsoir.
00:07 Vous venez d'écouter le discours de politique générale du Premier ministre, Gabriel Attal,
00:11 à l'Assemblée.
00:12 Il s'adresse en priorité aux classes moyennes avec un discours axé sur le travail.
00:17 Le chef du gouvernement a raison de vouloir désmicardiser la France.
00:21 Ce sont ses mots ?
00:22 Oui, il a raison.
00:24 Après, pour la méthode, je suis un peu perplexe.
00:27 La CFE-CGC, c'est le syndicat des techniciens, des agents de maîtrise, des cadres, tout
00:32 l'encadrement.
00:33 Et on se sent pour le coup très concerné par les conséquences de ces politiques salariales
00:38 qui nous ont amené aujourd'hui à constater une perte de pouvoir d'achat de l'ordre
00:43 de 15 à 30% suivant la catégorie à laquelle on appartient dans l'encadrement dans la
00:47 classe moyenne.
00:48 17% des salariés sont aujourd'hui au SMIC et ça ne fait qu'augmenter.
00:51 Et ça ne fait qu'augmenter.
00:52 Mais c'est normal quand on a une politique de précarisation d'ouverture de la trappe
00:59 à bas salaire.
01:00 Il ne faut pas s'étonner après qu'il y ait de plus en plus de personnes qui soient
01:03 dans cette trappe.
01:04 Finalement, ce que nous dit Gabriel Attal, ça me fait penser à la campagne électorale
01:08 de Barreaux il y a 10 ans, la Commission européenne.
01:10 Finalement, qu'on n'aurait pu qualifier par le slogan suivant "Nous allons continuer
01:14 à faire de plus en plus ce qui ne marche pas".
01:16 Et donc on en est là aujourd'hui.
01:17 C'est-à-dire que Gabriel Attal se revendique d'un bilan, d'un bilan qu'il dit être
01:22 positif qui en fait est négatif.
01:24 Il le dit lui-même après.
01:25 Il dit "mais en fait le bilan est négatif puisque nous constatons la smicardisation
01:29 de la France".
01:30 C'est son bilan d'une certaine façon.
01:31 C'est le bilan dont il est porteur, dont il dit qu'il est très bon.
01:33 Donc il y a une forme de paradoxe.
01:35 Et il dit "pour régler ça, on va continuer à faire encore plus de ce qu'on a fait".
01:39 C'est très étonnant.
01:40 Non, non, François Omrile, la méthode, vous en parlez, il dit "nous devons faire évoluer
01:45 un système qui a conduit à concentrer nos aides, nos exonérations au niveau du SMIC".
01:50 Donc il dit qu'il ne va pas continuer la même méthode.
01:53 On ne sait pas trop ce qu'il va faire.
01:55 Mais est-ce que vous, vous avez compris ce qu'il dit quand il dit qu'il veut dessmicardiser
01:59 la France ? Non, je n'ai pas compris du tout.
02:02 Moi, je sais comment ça marche.
02:03 Je sais comment marche le phénomène de smicardisation.
02:06 Pour le coup, c'est tout simple.
02:07 C'est simplement de dire aux gens "nous n'allons pas vous augmenter au niveau de l'inflation".
02:12 Je parle bien sûr de l'augmentation générale.
02:14 Et vous allez vous contenter de ça.
02:15 Et petit à petit, comme ça, on déclare ses salaires.
02:18 On parle souvent du privé.
02:19 On parle du salaire au passage.
02:21 Mais il faut quand même rappeler que dans la fonction publique, la perte de pouvoir
02:22 d'achat sur 30 ans est de l'ordre quasiment de 30%.
02:25 Et c'est encore pire dans les organismes qui font comme la Sécu, etc., qui sont encore
02:31 plus décrochés que la fonction publique.
02:34 Donc on a de fait un problème.
02:36 Je crois que tout le monde a vu ces enquêtes de classement dans l'OCDE, par exemple, des
02:40 rémunérations des professeurs des écoles ou des choses comme ça, où on voit que la
02:43 France est quasiment au bon dernier, avec la moitié par élève et par heure, la moitié
02:48 par exemple de rémunération par rapport à l'Allemagne.
02:51 Donc là, on a vraiment un sujet.
02:53 Moi, je ne sais pas si le premier ministre veut vraiment s'attaquer à ce sujet-là.
02:57 Alors, à l'évidence, il faut qu'on y travaille.
02:59 Pour vous, comment on s'y attaque alors ?
03:00 Mais ça ne peut pas être avec les mêmes méthodes, les méthodes qui nous ont amenés
03:03 jusque là et qui, justement, consistent à favoriser les emplois peu qualifiés.
03:08 Je pense que c'est très important d'intervenir dans l'économie.
03:11 Et c'est très important aussi de soutenir en termes d'emploi les personnes qui ont
03:16 peu de qualifications.
03:17 Mais il y a deux choses entre soutenir les personnes qui sont plus fragiles vis-à-vis
03:23 de l'emploi et promouvoir la création d'emplois non qualifiés.
03:27 Ce sont deux choses différentes.
03:28 Et Bruno Coquet, qui est chercheur à l'OFCE, a rendu un rapport il y a quelques jours dans
03:32 lequel il dit que finalement, la politique de la France en matière de soutien à l'emploi
03:36 est géniale parce qu'on a soutenu la création d'emplois peu qualifiés.
03:39 On l'a tellement bien fait que maintenant, on n'arrive même plus à les pourvoir.
03:42 Il n'y a plus assez de personnes pour les occuper, ces emplois.
03:45 Alors, il faut que le travail paye plus.
03:46 Il faut aussi inciter, dit Gabriel Attal, à la reprise d'un travail.
03:51 Il confirme que les bénéficiaires du RSA seront soumis à 15 heures de travail hebdomadaire
03:56 à partir de janvier prochain.
03:57 Il annonce également la suppression de l'allocation de solidarité spécifique.
04:02 Est-ce que c'est une bonne mesure ?
04:03 Non, il y a deux choses qui sont vraiment insupportables dans ce discours.
04:05 Le premier qui considère que quand les personnes ne retrouvent pas d'emploi, c'est de leur
04:09 faute.
04:10 Ça, c'est vraiment insupportable.
04:11 C'est un mensonge absolu.
04:12 C'est un mensonge qui dénie toutes les études en la matière.
04:15 Ce qu'on appelle l'aléa moral, c'est-à-dire la faculté qu'a une personne à ne pas rechercher
04:20 activement de l'emploi, combien même il est indemnisé, c'est de l'ordre de moins
04:24 de 10%.
04:25 Toutes les études le montrent.
04:26 C'est-à-dire que plus de 90% des personnes qui sont au chômage aujourd'hui recherchent
04:30 activement de l'emploi.
04:32 Et Gabriel Attal vient nous dire "mais moi, je suis un génie, je sais que si les gens
04:35 ne retrouvent pas de l'emploi, parce que bien sûr il y a des postes disponibles, et
04:39 bien c'est qu'ils ne font pas l'effort suffisant".
04:40 Et ça, c'est insupportable parce que c'est un mensonge et c'est une dénégation de
04:44 la vérité scientifique.
04:45 Maintenant, sur la mesure qui consiste à faire basculer les gens de l'ASS ou RSA,
04:50 il faut savoir, d'ailleurs lui-même ne s'en cache pas, c'est que ça vient les priver
04:54 des trimestres qu'ils accumulent dans le dispositif de l'ASS pour la retraite.
04:59 Vous voyez encore le paradoxe dans le discours quand on nous disait, il y a presque un an
05:04 maintenant sur les fameux 1200 euros de retraite minimum, oui mais ce sont pour les gens qu'une
05:09 retraite complète.
05:10 Alors effectivement, ils ont pu affronter des situations de grande précarité pendant
05:13 l'emploi, mais à la retraite, on va quand même les aider un peu.
05:16 Et là, par cette mesure, il vient dire que les gens qui ont la carrière incomplète,
05:20 en fait ils vont se retrouver encore plus avec une carrière incomplète quand ils seront
05:24 en retraite.
05:25 C'est évidemment inadmissible.
05:26 Alors, dernière mesure annoncée par Gabriel Attal, il demande au ministère d'expérimenter
05:31 le travail, la semaine en quatre jours, il ne parle plus de semaine de quatre jours,
05:36 semaine en quatre jours.
05:37 Alors ça, vous devriez être favorable vous, syndicat ?
05:39 Moi, je vais vous dire quelque chose.
05:41 Quand il y a presque 25 ans, on met en place le forfait jour sans référence horaire.
05:48 Nous, on a alerté la CFECGC en disant attention, attention, la référence horaire, c'est
05:54 important parce que la journée n'est pas extensible à l'infini et il va y avoir
05:58 des conséquences en matière de santé publique.
06:00 On a porté, nous, à la CFECGC, cinq contentieux, y compris devant l'accord de justice européenne,
06:05 pour dénoncer le sur-abus des forfaits jour sans référence horaire.
06:09 Là, c'est ça qui se profile en faisant une semaine de quatre jours.
06:11 On a constaté l'explosion des risques psychosociaux.
06:13 Moi, je dis les risques psychosociaux, c'est la miande de demain.
06:15 Il faut arrêter de se mettre la tête dans le sable.
06:17 Et que vient nous dire Gabriel Attal ?
06:18 Ben, finalement, vous n'en avez pas assez.
06:20 Vous êtes déjà sous pression, ce qu'on parle notamment, je parle de ma fenêtre,
06:25 de l'encadrement des cas des agents de maîtrise, des techniciens.
06:27 On n'en a déjà pas assez d'avoir des journées à rallonge sur cinq jours.
06:32 Il vient dire, vous allez faire la même chose, mais en quatre jours et c'est super, tout
06:37 le monde sera content.
06:38 En fait, tout le monde ne sera pas content.
06:39 La question qu'il faut se poser aujourd'hui, c'est effectivement du sur-abus des tâches,
06:44 de l'organisation, des indicateurs, etc.
06:46 Mais je suis d'accord, c'est un autre sujet.
06:48 Merci beaucoup François Omrile, président de la CFE CGC, syndicat des quatre.
06:53 Vous réagissiez donc au discours de politique générale de Gabriel Attal.

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