• l’année dernière
10 ans de présentation météo dont 6 sur France 2. Fin 2022, Chloé Nabédian a choisi de quitter la chaîne publique pour aller sur le terrain, au contact de celles et ceux qui subissent au quotidien les conséquences du dérèglement climatique et oeuvrent pour empêcher ou du moins limiter le phénomène qui menace la survie des populations. Le 4e numéro du magazine documentaire « A la vie, à la terre » sur TV5Monde, diffusé ce jeudi 22 juin à 21h et en ligne sur la plateforme TV5MondePlus, est consacré au Cameroun, où la montée des eaux représente un grand danger. A la rentrée, direction la Suisse pour un focus sur la fonte des glaces. Chloé Nabédian est l’invitée médias de Célyne Baÿt-Darcourt

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Transcription
00:00 Bonjour Céline Bahid Darcourt, l'invitée média de France Info va répondre à vos
00:04 questions dans un instant.
00:05 Elle a longtemps présenté la météo, notamment sur France 2, et elle incarne maintenant
00:08 un magazine documentaire sur TV5Monde intitulé « A la vie, à la terre », quatrième et
00:14 dernier numéro de la saison ce soir.
00:16 Bonjour Chloé Nabilian.
00:17 Bonjour.
00:18 C'est un magazine consacré à l'environnement, vous partez à la rencontre de celles et ceux
00:20 pour qui le dérèglement climatique est très concret.
00:23 Ils le vivent et même ils le subissent au quotidien.
00:26 Après le Québec, le Congo, le Maroc, vous êtes allée au Cameroun où la montée des
00:30 eaux inquiète les habitants et le phénomène est aggravé par les coupes sauvages du bois
00:33 des forêts.
00:34 On écoute un extrait, vous êtes auprès d'une militante écologiste.
00:37 « Regardez, regardez, ça c'est frais.
00:40 Ça c'est fraîchement coupé.
00:41 » « Ça te fait quoi quand tu vois ce bois coupé comme ça ? »
00:46 « Moi ça me donne la chair de poule.
00:48 Ça me gêne parce que nous sommes dans une zone insulaire.
00:53 Bientôt on va regagner la mer.
00:56 D'ici peu on est à l'océan.
00:58 Si on coupe toute la mangrove, la ville va disparaître.
01:01 » « Pourquoi ? » « Parce que c'est elle qui sert de protection naturelle contre
01:06 la montée des eaux.
01:07 Douala est toujours inondée.
01:09 Pourquoi ? Parce que l'urbanisation n'a pas été bien pensée.
01:13 Parce qu'on a détruit là où on ne devait pas détruire.
01:15 » Vous avez choisi, Chloé Nabédian, pour ce numéro, l'angle des femmes qui se battent
01:19 pour la protection de la nature.
01:21 Pourquoi ? Elles sont en première ligne.
01:22 Elles sont en première ligne et ce sont surtout elles qui sont les grandes défenseuses de
01:27 cette nature et qui peuvent la guérir et la reconstruire.
01:30 Il faut savoir qu'au Cameroun, ce sont vraiment les femmes qui travaillent la terre.
01:32 Ce sont elles qui nourrissent leur famille avec parfois leur production.
01:36 Elles peuvent vendre aussi leurs légumes, leurs fruits pour permettre aux enfants d'aller
01:40 à l'école.
01:41 Donc c'est elles qui sont vraiment en contact direct avec cette terre nourricière.
01:44 Et aujourd'hui, elles sont face à un vrai problème avec des notions même de famine
01:48 qui nous ont été très explicitement dites.
01:52 Et ça, ça nous a vraiment beaucoup marquées parce qu'elles ne savent plus quoi faire
01:54 aujourd'hui.
01:55 Avec cette pluie qui devient plus intense, on a des fruits qui sont en train de pourrir
01:59 ou alors avec une chaleur trop forte, ce sont les bananes plantins qui n'arrivent plus
02:02 à mûrir.
02:03 Vous avez voulu ce programme comme porteur d'espoir et de solution, pas alarmiste du
02:08 tout.
02:09 Effectivement, c'était vraiment Françoise Joly qui a créé ce magazine « À la vie
02:12 et à la terre » pour TV5Monde, qui avait vraiment cette envie et cette idée de vouloir
02:16 mettre en avant les solutions.
02:17 C'est vraiment retrouver sur cette idée ensemble parce que c'était important aujourd'hui
02:20 de ne pas montrer uniquement le côté apocalyptique mais bien le côté solution car elles existent
02:25 et montrer aussi que les conséquences sont déjà visibles sur d'autres pays dans
02:28 le monde.
02:29 Parce que vous trouvez que les sujets environnementaux à la télé sont justement trop anxiogènes ?
02:33 Oui, apocalyptiques souvent.
02:35 Donc ça fait un sentiment un peu de blocage, de rejet d'une population et puis aussi
02:39 un côté trop militant.
02:40 Je pense qu'on a du mal aussi à se projeter avec des visions un peu trop radicales de
02:44 l'écologie.
02:45 Il est temps aujourd'hui de montrer une nouvelle voie.
02:46 On ne serait pas passé d'un extrême à l'autre, c'est-à-dire dans le déni pendant
02:49 des années et puis aujourd'hui peut-être un peu trop, tout ce que vous venez de dire.
02:53 Oui, c'est possible.
02:54 De toute façon, quand on est dans des extrêmes comme ça, c'est qu'il y a vraiment un
02:55 sentiment de peur qui est extrêmement fort parce qu'on est face à une situation où
02:59 malgré tout, même si on nous dit qu'on a des petits gestes à faire au quotidien,
03:02 le ratio c'est vraiment 80/20.
03:04 80 où l'État peut changer les choses au niveau systémique et 20 au niveau de la population
03:08 réellement.
03:09 La bonne nouvelle quand même, c'est que désormais tous les jours dans les médias,
03:11 on parle du dérèglement climatique.
03:13 Alors ça, ça a été un changement radical depuis les incendies de l'été dernier
03:16 et j'en suis vraiment très heureuse.
03:18 Aujourd'hui, on ne peut pas nous zapper sur une chaîne et ne pas entendre parler
03:22 du changement climatique.
03:23 C'est le cas aussi en radio, c'est le cas en presse écrite et c'est extrêmement
03:26 important que les médias s'emparent de ce sujet et puissent vraiment le décrypter
03:29 pour que les citoyens puissent réapproprier l'information.
03:32 Vous vous battiez pour avoir ce genre de format depuis des années parce que vous avez passé
03:36 alors six ans à France 2, mais ça fait 10 ans, voilà, vous avez présenté la météo
03:40 sur différentes chaînes et vous demandiez d'avoir plus de place et plus d'espace
03:45 pour ces sujets-là.
03:46 Bien sûr, ça a été un combat au quotidien sur toutes les chaînes de pouvoir vraiment
03:49 en parler, de prendre le temps d'en parler.
03:50 Je suis hyper heureuse de voir que France Télévisions a fait ce virage avec ce journal
03:54 Météo Climat parce qu'on en parle tous les jours et ça, on se battait vraiment pour
03:57 qu'on parle tous les jours du climat.
03:58 Pas uniquement qu'il y a une catastrophe, mais vraiment pour apporter du décryptage
04:02 et ensuite des magazines beaucoup plus complets, beaucoup plus longs, commencent à se mettre
04:05 en place et c'est essentiel aujourd'hui.
04:07 Mais ce journal Météo Climat est arrivé après votre départ.
04:10 Vous vous avez quitté France 2 il y a à peu près six mois.
04:11 Vous ne le regrettez pas ?
04:12 Non, c'était déjà dans les tuyaux quand j'avais pris ma décision de partir.
04:17 Ma décision de partir était vraiment liée au fait que je voulais partir sur le terrain,
04:21 faire du documentaire, du reportage et partir sur des sujets beaucoup plus longs et pas
04:24 uniquement cinq minutes.
04:25 Le journalisme, Chloé Nabédian, vous y êtes venue un petit peu par hasard, non ?
04:29 Oui, c'était une vraie découverte d'un stage quand j'étais en école de commerce.
04:33 J'ai eu un coup de cœur énorme pour ce métier, mais j'avais déjà 27 ans, donc
04:35 j'ai vraiment commencé sur le tard.
04:37 Et ça a été une opportunité incroyable quand j'ai découvert ce domaine de la
04:41 météo, ça a été mon deuxième coup de cœur.
04:43 Et là, j'ai tracé ma route parce que j'ai compris que ce sujet était très transversal,
04:47 touchait absolument tout le monde et qu'il y avait vraiment des choses incroyables à
04:49 faire.
04:50 Ça, c'est venu avec les années ou alors vous étiez sensibilisée aux questions climatiques
04:54 depuis toute petite ?
04:55 Non, je n'étais pas sensibilisée aux questions climatiques depuis petite.
04:58 On en parlait d'ailleurs assez peu.
04:59 Parce que je date maintenant, ça remonte dans les années 80, ma naissance.
05:03 Donc à l'époque, on n'en parlait pas forcément beaucoup.
05:05 Mais en revanche, quand moi, je me suis intéressée à ce sujet, j'ai vu à quel point il y
05:09 avait une difficulté des choses qui étaient en train de se mettre en place.
05:11 Il y a la COP21 qui est arrivée, donc on a pu commencer à mettre en place des sujets
05:14 autour du climat.
05:15 Et ensuite, ça devient un combat personnel qui commence à se mettre en place parce que
05:19 vous vous rendez compte de ce qui est en train de se passer.
05:20 Vous voyez qu'il y a des inactions totales qui ne se font pas.
05:24 Donc, c'est vraiment compliqué de gérer cet entre deux.
05:27 Et donc, vous vous dites à mon niveau, qu'est ce que je peux faire ?
05:30 Moi, je travaille dans les médias.
05:31 Je suis journaliste.
05:32 Peut-être que je peux apporter ma pierre à l'édifice de cette façon là.
05:34 Et c'est pour ça que je me suis engouffrée dans la brèche.
05:36 Sans militantisme ?
05:37 Sans militantisme, c'est le côté un petit peu compliqué de la chose parce qu'effectivement,
05:40 lorsqu'on voit ce qui se passe, on a envie effectivement d'aller dans l'action et
05:44 d'être un petit peu plus proactif.
05:46 Mais moi, je suis vraiment convaincue, et ça c'est une conviction profonde, que les
05:51 gens ne vont pas changer en étant touchés par la grâce du jour au lendemain en se disant
05:55 il faut que je fasse quelque chose parce qu'effectivement, le changement climatique.
05:57 En revanche, si on arrive à les intéresser au sujet par rapport à ce que ça pourrait
06:01 leur apporter, là, à mon avis, on a vraiment un déclencheur qui pourrait se faire.
06:05 Et donc, il faut parler à chaque catégorie.
06:07 Vous ne parlez pas de la même chose à quelqu'un qui touche au SMIC, à un milliardaire, à
06:09 un industriel, à un journaliste.
06:11 Vous parlez différemment de ce sujet là, mais vous pouvez les toucher selon ce que
06:14 ça pourrait leur apporter.
06:15 Vous ne portez pas une écologie très radicale ?
06:17 Non, je...
06:18 Vous ne portez pas la décroissance par exemple ?
06:20 Alors, la décroissance à sobriété, c'est des choses sur lesquelles on va devoir aller.
06:24 Mais en revanche, moi, c'est plutôt sur les termes choisis de décroissance et sobriété
06:27 où j'ai vraiment envie de retravailler parce qu'aujourd'hui, on nous dit ce qu'on va perdre.
06:30 Donc, vous n'allez peut-être plus pouvoir manger de viande rouge, plus circuler comme
06:33 vous voulez, etc.
06:34 Mais on ne dit pas toujours ce qu'on va gagner.
06:35 Donc, on aura peut-être une meilleure santé, on aura une meilleure justice sociale, on
06:38 va avoir des meilleurs logements qui nous protégeront, des températures à 40 degrés
06:41 l'été.
06:42 Il faut parler de tout ce que ça va nous apporter et finalement de ce mieux vivre qu'on aura
06:45 à la fin.
06:46 Est-ce que ce magazine de TV5MONDE, "A la vie à la terre", va revenir à la rentrée ?
06:49 Oui, il revient à la rentrée.
06:51 On a un numéro qu'on va tourner cet été en Suisse pour parler justement de la fonte
06:55 des glaces.
06:56 Est-ce que vous avez d'autres projets ?
06:57 Oui, il y a une chronique sur France Bleu d'ailleurs qui va démarrer chez vos confrères
07:01 cet été à partir du 3 juillet.
07:03 Ça s'appelle "Les mots de la météo".
07:04 Et on va décrypter justement ces mots qu'on entend dans nos bulletins météo qui paraissent
07:08 un petit peu compliqués.
07:09 Et après, on va montrer leur évolution par rapport au changement climatique et on va
07:11 parler des solutions.
07:12 Et donc, vous n'avez pas de vacances cet été ?
07:14 Non, pas de vacances.
07:15 Alors, bon courage et merci d'être venu, Chloé Nabédian.
07:19 "A la vie à la terre" au Cameroun.
07:21 C'est donc ce soir à 21h sur TV5MONDE, Chloé Nabédian.
07:25 Et c'est l'inbyte d'Harkour, on vous réécoute sur franceinfo.fr

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