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Le documentaire « Mensonges en politique » a séduit 688 000 téléspectateurs lors de sa diffusion dimanche soir sur France 5. Il est disponible sur la plateforme France.tv

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00:009h50 sur France Info et votre invité média Céline Baydarkour est un journaliste qui ne fait que bosser sur le plateau de l'émission C'est à vous tous les soirs.
00:08Éditorialiste aussi dans la matinale de France Inter depuis la rentrée et aussi auteur d'un documentaire passionnant sur le mensonge en politique.
00:15Documentaire à découvrir en replay sur la plateforme France.tv.
00:18Bonjour Patrick Cohen. Bonjour Céline.
00:20700 000 téléspectateurs hier soir, c'est vraiment un beau score pour un doc du dimanche sur France 5.
00:25Avant de rentrer dans le détail, expliquez-nous ce choix de sujet.
00:28Vous qui suivez la vie politique depuis bien longtemps, vous savez mieux que personne que le mensonge est un sport national chez nos responsables politiques.
00:37Oui, mais on y est venu au sujet par un biais complètement différent.
00:41Puisqu'il y a un an, on avait fait avec la même équipe, Dimitri Gheffelek, un doc sur le mensonge dans les sciences et en médecine.
00:50Avec quatre grandes histoires de falsifications, de tromperies scientifiques ou médicales.
00:56Et donc, dans la foulée, pour poursuivre, on s'est dit qu'on devrait faire les mensonges en politique.
01:01Donc, il n'y a pas eu un tropisme, un fléchage politique d'emblée.
01:05Il y a eu simplement la continuité d'un filon, d'un doc.
01:10Et l'idée, ce n'est pas de faire une encyclopédie du mensonge en politique.
01:13D'abord, on y sera encore ce matin.
01:15Mais simplement de raconter des histoires emblématiques.
01:18D'ailleurs, il y a trois histoires américaines là-dedans, essentiellement.
01:22On va y revenir. Il y a des histoires françaises.
01:24Il y a des mensonges plus graves que d'autres.
01:26En tout cas, certains ont eu des conséquences dramatiques ou durables aujourd'hui encore.
01:30On écoute.
01:31Je n'ai pas, monsieur le député, je n'ai jamais eu de comptes à l'étranger, ni maintenant, ni avant.
01:38Il est normal que la presse s'intéresse à la santé du président de la République.
01:43L'Irak a déclaré 8500 litres d'anthrax.
01:48Je n'ai pas eu de relations sexuelles avec cette femme.
01:53Jérôme Cahuzac qui ment à l'Assemblée Nationale sur son compte à l'étranger.
01:57François Mitterrand qui cache sa maladie.
01:59Colin Powell qu'on a entendu qui montre à l'ONU de soi-disant fioles d'anthrax qui seraient fabriquées par l'Irak.
02:04Et puis Bill Clinton qui affirme ne jamais avoir eu de relation sexuelle avec Monica Lewinsky.
02:08Pourquoi avez-vous choisi de décrypter ces quatre mensonges-là ?
02:12Pour le plaisir du récit.
02:15Pardon, vous avez oublié les couveuses.
02:17Exactement, alors j'allais y revenir.
02:19Ah pardon, je sabote votre propre intérêt.
02:22Pour justifier aussi la guerre du Golfe, il y a une histoire, une fausse histoire de bébés koweissiens sous couveuse
02:30que j'avais totalement ignorée, qui est même assez peu relatée en France.
02:34Ça fait partie des choses qui restent dans l'imaginaire collectif.
02:40Les Irakiens, les méchants Irakiens de Saddam Hussein ont envahi le Koweït, ont investi les hôpitaux,
02:47ont sorti des bébés dans des couveuses pour en porter les couveuses à Bagdad.
02:51Tout ça était bidon, était faux, avait été fabriqué par une agence de communication américaine
02:56pour faire basculer l'opinion publique américaine en faveur de l'intervention américaine.
03:03Et la jeune fille qui pleurnichait devant l'Assemblée générale de l'ONU pour dire c'est horrible ce qui s'est passé,
03:10c'était la fille de l'ambassadeur koweïti aux États-Unis.
03:14Voilà, ça fait partie des mensonges.
03:17On l'a su à l'époque, on a retrouvé un journaliste de La Croix qui avait enquêté sur place au Koweït,
03:22qui avait fait une pleine page pour dénoncer la supercherie, Alain Hertoghe,
03:26mais ça fait partie des choses qu'on a oubliées.
03:29C'est un mensonge pour une bonne cause, c'est pour ça qu'on l'a oublié.
03:35On ne cherche pas à théoriser, à expliquer le mécanisme, à tirer des leçons.
03:44S'il y a une leçon quand même qu'on tire, c'est que les mensonges finissent toujours par être dévoilés.
03:50Il n'y a pas d'impunité en matière de mensonges et d'une certaine façon c'est un doc anticomplotiste.
03:56C'est de dire arrêtons de penser qu'en permanence on nous manipule, il y a des mensonges qui sont…
04:04– Ils finissent par être dévoilés les mensonges,
04:06mais est-ce que parfois ça ne met pas un peu trop de temps,
04:09notamment quand il s'agit de guerre ou quand il s'agit d'État ?
04:14– Ça met de moins en moins de temps, ça a mis pas mal de temps pour la maladie de Mitterrand,
04:18mais ça met de moins en moins de temps parce qu'il y a une envie,
04:24un besoin de transparence qui est de plus en plus affûté,
04:28parce qu'il y a les réseaux sociaux, parce qu'il y a des lanceurs d'alerte,
04:32parce que la presse fait son boulot aussi, voilà c'est ça le message.
04:35– Arrêtons-nous justement sur la maladie de François Mitterrand,
04:38les Français l'ont appris très tardivement, pourtant les journalistes savaient depuis très longtemps,
04:43et voilà ce que vous raconte Raphaël Baquet du journal Le Monde.
04:46– En fait au Monde par exemple, Claudine Escoffier-Lambiote,
04:49chroniqueuse médicale, sait exactement ce qu'il en est de l'état de santé de François Mitterrand,
04:55elle le dit en conférence de rédaction que le Président a un cancer.
04:59Et elle écrit dans le journal une espèce de message codé,
05:05puisqu'elle écrit qu'il aurait mieux fait d'être hospitalisé à Villejuif,
05:09Villejuif dans l'esprit commun, même d'ailleurs chez les gens
05:13qui ne sont pas du tout spécialistes en cancérologie,
05:15c'est synonyme d'hôpital spécialisé dans le cancer.
05:18Donc elle donne une espèce de code pour les initier,
05:23mais sans dire exactement ce qu'il en est.
05:26– Voilà, Patrick Cohen, pourquoi y a-t-il eu cette omerta ?
05:29– Il y a eu une omerta parce que l'esprit de l'époque voulait que l'état de santé,
05:42ça relève du privé tant que ça n'affecte pas de façon visible
05:49la gestion, la bonne marche de la direction du pays.
05:56Et il y avait assez peu de signes, en tout cas jusqu'en 88,
06:01jusqu'au deuxième mandat de François Mitterrand.
06:04Ensuite, dans les années 82 jusqu'à 88, il y avait peu de signes
06:08qui montraient un affaiblissement physique du président de la République,
06:12un empêchement quelconque, des malaises, des choses comme ça, etc.
06:16C'est arrivé après, c'est arrivé ensuite lors du deuxième septennat.
06:21Donc il y avait l'idée que peut-être il y avait eu un pépin,
06:24mais en tout cas les choses n'étaient pas… il y avait une rémission, bon voilà.
06:28Et puis il y avait une conception qui était effectivement moins intrusive,
06:32moins curieuse, moins exigeante à l'égard des chefs d'État.
06:38Mais ça s'est vérifié aussi pour Chirac, on le dit,
06:42les derniers mois de la présidente Chirac,
06:45elle était visiblement affectée par les conséquences de son AVC
06:50et les journalistes n'ont pas été très curieux ou très intrusifs.
06:55– Aujourd'hui, un secret pareil ne pourrait pas tenir bien longtemps,
06:58est-ce qu'on n'est pas tombé dans l'excès inverse ?
07:00– Peut-être, peut-être non, oui peut-être, évidemment oui,
07:07il y a des choses qui circulent sur la toile,
07:10parfois qui ne devraient pas circuler en tout cas.
07:13– C'est à cause d'affaires comme cela
07:15qu'aujourd'hui il y a une défiance envers les responsables politiques ?
07:18– En tout cas oui, les mensonges ont fait du mal,
07:22on parlait tout à l'heure de l'affaire Cahuzac,
07:25évidemment c'est le mensonge le plus spectaculaire,
07:30le plus grossier, le plus évident, le plus scandaleux, etc.
07:34mais qui a entraîné un mouvement de transparence avec des garde-fous
07:41qui n'ont jamais existé en France
07:43et qui sont supérieurs à beaucoup d'autres démocraties comparables,
07:47la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique,
07:49le parquet national financier,
07:51tout ça c'est des choses qui ont résulté de l'affaire Cahuzac.
07:55– Des conséquences heureuses.
07:56Merci beaucoup Patrick Cohen d'être venu sur France Info.
07:59– Merci à vous.
08:00– Mensonges en politique, c'est donc un documentaire signé Patrick Cohen
08:02à retrouver sur la plateforme France.tv

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