Chitchat makeup Drag - Keiona

  • l’année dernière
Keiona participe à la nouvelle saison de Drag Race France ! Pour l'occasion on parle clichés, identité et drag dans un Chit Chat Makeup spécial Drag Race !

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😹
Fun
Transcript
00:00 comment il peut être de banlieue, être noir,
00:03 en même temps être queer, être efféminé,
00:05 avoir un look totalement différent de ce garçon
00:07 et ça se met en tant que tel.
00:08 Hello, c'est Kevna et on va faire un petit
00:12 chitchat make-up avec Frech.
00:14 J'ai grandi entre ici, Paris, la France et la Côte d'Ivoire.
00:19 Donc j'ai eu l'opportunité d'être éduqué dans une double culture.
00:22 Je me suis découvert un goût pour le déguisement,
00:25 le drag, les costumes.
00:26 Le premier costume,
00:28 j'avais emprunté des affaires à un petit de serre
00:32 pour me déguiser pour le mardi grad dans mon lycée.
00:34 C'est vraiment mon premier vrai kiff
00:35 où je me suis senti vraiment exister en fait,
00:38 en tant que Kevna,
00:39 même si à l'époque elle n'avait pas encore ce nom.
00:41 Faut savoir que quand même,
00:41 j'étais allé en lycée de banlieue dans 91,
00:43 malgré la réputation que peuvent avoir les banlieues et tout ça,
00:47 franchement c'était assez bien reçu je pense.
00:48 L'image dans la banlieue,
00:49 je pense dans l'imaginaire français,
00:52 elle est assez fausse,
00:54 d'autant parce que les médias vont vous relayer en fait
00:56 toutes sortes d'informations
00:57 et ils ne vont pas forcément relayer que le positif.
01:00 Donc ça c'est un peu dommage.
01:01 C'est beaucoup plus tolérant et beaucoup plus vert
01:03 que ce qu'on pourrait penser.
01:04 Je n'ai pas eu forcément le déclic
01:05 parce qu'en fait avec qui je suis
01:07 et qui j'ai toujours été,
01:08 je n'ai jamais pu vraiment cacher ça.
01:10 J'ai commencé à me maquiller à 15 ans je pense.
01:15 Ce n'était pas encore rien de vraiment féminin,
01:17 de drag et tout ça.
01:18 À l'époque, oui ça cache un peu certaines imperfections
01:20 mais c'était vraiment aussi par envie,
01:23 je voyais sur YouTube
01:25 les premiers youtubeurs, youtubeuses,
01:26 qui faisaient du make-up.
01:27 Donc ouais, moi j'étais un peu influencé par ça
01:29 et du coup ça m'a donné envie en fait.
01:31 À cette époque, le maquillage c'était un peu un échappatoire
01:35 au quotidien, l'école, les devoirs, les notes et tout ça.
01:39 C'était un peu le petit moment,
01:41 comme on a maintenant, le petit moment qui tchate.
01:43 Ça m'a aidé non seulement à m'assumer encore plus,
01:47 mais surtout à envoyer le message que voilà, c'est moi,
01:50 c'est comme ça que je suis.
01:51 Je n'ai pas peur de prendre la lumière,
01:52 de prendre la place et d'occuper l'espace.
01:54 Je pense que c'est hyper important de se dire
01:55 que dans le monde du drag noir et queer,
01:58 il y a plein d'espaces dans lesquels on n'existe pas vraiment,
02:01 où les gens n'ont pas l'habitude de nous voir.
02:03 Et en fait, il faut prendre ces espaces-là.
02:04 Ça, je l'ai dit moi depuis assez jeune.
02:07 Elle ou lui, elle a rien de plus que moi.
02:09 Pourquoi elle peut avoir ce privilège d'occuper ces espaces-là et pas moi ?
02:12 J'ai découvert le monde du drag au travers de la ballroom.
02:15 La ballroom, ça vient du monde du pageant.
02:17 Donc c'est vraiment le drag fastueux à l'américaine,
02:22 les grandes robes, les grands chignons et tout ça.
02:24 J'ai toujours été attiré par le voguing, par la danse.
02:28 Et ensuite, à l'intérieur, j'ai découvert le drag.
02:29 Je me suis dit que c'était trop bien,
02:30 c'est des trucs que j'aime bien.
02:32 J'étais déjà familier avec le make-up.
02:34 Donc en fait, je savais déjà qu'il y avait quelque chose là-bas pour moi,
02:38 mais je ne savais pas encore quoi.
02:39 Donc au tout début, c'était un peu timide.
02:41 Et de fil en aiguille, je suis de plus en plus attiré par ça
02:45 et je commence à créer un personnage.
02:47 Et à Halloween 2012, là, je fais un full look drag,
02:51 mais encore très baby drag, je n'ai pas encore trop de moyens.
02:53 Je sors en soirée avec mes amis, avec une perruque, maquillée, la robe et tout.
02:59 Je me suis senti grave vivante.
03:00 Je me suis senti grave moi-même.
03:03 Ce n'est pas que ce n'était pas moi-même avant,
03:04 mais je sentais que j'avais encore autre chose à raconter,
03:07 autre chose à offrir à moi-même.
03:09 Et ce n'était pas pour une performance, pour un booking ou quoi,
03:10 c'était vraiment juste sortir en drag et me dire,
03:12 le temps d'une nuit, je peux être quelqu'un d'autre.
03:14 Quand j'ai commencé le drag, j'habitais encore chez mes parents,
03:16 j'habitais encore chez ma mère.
03:17 Donc voilà, je ne savais pas comment ça allait être pris.
03:19 Donc forcément, quand je devais sortir,
03:21 c'était se changer chez les copains, chez les copines.
03:23 Avant de sortir et rebelote au retour de la sortie,
03:26 ma sœur, elle s'est rendu compte qu'il y a des affaires qu'elle avait portées,
03:28 qui se retrouvaient déjà et au linge sale, et à la machine,
03:31 et au linge propre, qui étaient déjà rangées.
03:33 Et donc, elle se dit, mais bon, attends, mes affaires,
03:35 je vous explique et tout.
03:36 Non, mais moi, je me mande drag, j'aime trop, j'aime bien, machin,
03:39 il ne me reste pas de souci.
03:40 Et voilà, elle savait déjà que j'étais déjà dans la ballroom et tout ça.
03:43 Donc, elle était déjà familière avec mon milieu,
03:45 la culture que j'aimais bien, les choses que j'aimais bien,
03:47 parce que ma sœur, elle est assez proche.
03:48 Et donc, aujourd'hui, elle vient voir les shows et tout ça.
03:50 Donc, ce n'était pas vraiment un moment fatidique,
03:53 la conversation, la discussion, le grand truc où je confesse mes péchés,
03:58 et tout ça, pas du tout.
03:59 Non, c'était vraiment une discussion vraiment normale.
04:02 C'était plus une mise au point, en mode,
04:04 "Mabel, tu vas me prêter des trucs, juste préviens-moi,
04:05 parce que la robe, là, j'en avais besoin."
04:08 Alors, mes parents, c'était plus compliqué,
04:09 parce que eux, je pense qu'ils l'ont vu plusieurs sur les réseaux et tout ça,
04:12 vu que quand j'ai commencé mon Instagram de drag en 2015,
04:17 je pense qu'il y avait déjà les vidéos des bowls qui circulaient.
04:20 Donc, forcément, je pense que plein de vidéos, de choses,
04:23 des performances ont circulé.
04:25 Donc, a priori, je me dis que c'est comme ça qu'ils l'ont su,
04:27 parce qu'on n'a vraiment jamais eu cette conversation.
04:29 Mais en même temps, je me dis,
04:30 est-ce que c'est une discussion que j'ai envie d'avoir avec eux ?
04:32 Il faut savoir que, et je pense que beaucoup de gens,
04:35 dans les commentaires, vous allez me confirmer,
04:36 que dans les familles africaines, il y a un peu ce truc où
04:39 l'enfant a toujours tort ou l'enfant doit toujours s'excuser.
04:42 En fait, converser avec un adulte de sa famille,
04:45 il n'y a pas vraiment de conversation, parce qu'en fait, quand tu réponds,
04:47 ne pas être d'accord et répondre, c'est mal vu.
04:50 Et moi, automatiquement, ça me bloque
04:53 à même vouloir aller vers certaines personnes de ma famille
04:55 ou leur converser, parce que ce ne sont pas des gens
04:56 qu'il faut forcément comprendre.
04:58 Parce que quand tu vas leur dire "non, tu ne peux pas dire ça",
05:00 "non, ça, ce n'est pas bon",
05:02 c'est vu comme quelqu'un d'impoli qui répond.
05:04 Et moi, je veux bien essayer d'éduquer un minimum
05:08 et de vous apprendre un peu des choses de mon monde,
05:11 mais si derrière, c'est vu comme un assaut à flemmes.
05:16 Je pense que les mentalités ont un tout petit peu évolué.
05:19 Il y a encore beaucoup de travail à faire.
05:21 C'est dommage que les gens ne veulent pas ouvrir Google,
05:22 parce que je veux dire que l'info est là.
05:23 Alors, ce n'est pas forcément plus facile ou quoi,
05:26 mais c'est plus vu.
05:27 C'est pour ça que je répète d'accord qu'il faut occuper l'espace,
05:29 il faut prendre la place.
05:30 Parce qu'en fait, si les gens ne nous voient pas,
05:32 on n'est peut-être que des contes de fées et des féritels,
05:34 on n'existe pas. Du coup, quand ils nous voient,
05:35 c'est en mode, mais Berk, qu'est-ce que c'est ?
05:37 Pourquoi tu es habillé comme ça ? Pourquoi tu fais ça ?
05:39 Alors en fait, on existe et pour nous, c'est notre quotidien.
05:41 Sauf que si pour certaines personnes, on n'existe pas vraiment,
05:43 c'est compliqué pour eux que ce soit quelque chose qui est concevable.
05:46 Quand on est une drag queen, et quand on est une drag queen noire surtout,
05:49 c'est hyper, hyper, hyper important de prendre la place
05:52 et d'avoir une voix, parce que moi, je sais qu'il y a d'autres personnes
05:56 qui se commentent, il y a 10 ans, qui étaient dans leur chambre,
05:59 qui faisaient des perruques avec des t-shirts,
06:01 qui se disent, quand je vois cette personne-là exister
06:04 et faire ce qu'elle aime, je pense que ça peut donner aussi de l'espoir
06:07 et même inspirer cette personne aussi à commencer le drag.
06:11 Donc oui, absolument, il faut avoir une voix
06:15 et être engagé dans ces choses-là, bien sûr.
06:17 Voilà, j'ai terminé ce petit look, ce petit make-up.
06:20 C'est trois fois rien.
06:21 Retrouvez-moi dans la saison 2 de Drag Race France cet été.
06:24 J'ai très, très, très hâte que vous voyez tout ce qu'on a fait.
06:28 Bisous !
06:28 [Musique]

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