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Mathieu Bock-Côté : «Une bonne partie de la jeune génération est neutralisée (...) On l'entretient dans une forme de désespoir subventionné»

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Transcription
00:00 dans la voie politique n'est pas privilégiée par tous,
00:02 Mathieu Bocote, n'était-il pas même marginal,
00:06 du moins minoritaire, justement, dans la jeunesse?
00:08 - Alors, vous savez, oui, mais les minorités font l'histoire.
00:10 Les minorités, quelles qu'elles soient,
00:12 par minorité, j'entends les minorités idéologiques.
00:14 Quel que soit le camp, en dernière instance,
00:16 les minorités organisées, capables d'agir,
00:18 capables de peser, qui sont résolues,
00:20 ont une influence sur l'histoire.
00:22 Mais, vous noterez, vous avez tout à fait raison de dire,
00:24 une bonne partie de la population,
00:25 de la jeune génération, est neutralisée.
00:27 Il faut bien le dire, c'est comme s'il y avait
00:30 un système de régulation des affects et des émotions
00:32 et des psychologies qui entretient
00:35 cette jeune génération dans une forme
00:37 de désespoir subventionné.
00:39 Je donne quelques exemples de cet effondrement
00:41 psychique de la jeunesse occidentale.
00:43 On se compromet la zombification de la jeunesse,
00:45 Marc en parlera plus tard.
00:46 Donc, une jeunesse, c'est un exemple,
00:48 on en parlait dans le point tout récemment,
00:50 avec de moins en moins de libido.
00:51 C'est quand même pas un détail, ils sont tout jeunes.
00:53 La jeunesse, normalement, c'est le moment conquérant.
00:55 Si on ne pense qu'à ça, puis quand on n'y pense pas,
00:57 on est bien en train de l'apprendre.
00:59 - Calmez-vous, Marc.
01:01 - Il est heureux.
01:03 - Il y a un bagage.
01:05 - Il est encore jeune.
01:07 - Maîtrisez-vous. Il y a que Charlotte
01:09 qui a un bon comportement.
01:11 - Mais j'y reviens parce que c'est intéressant.
01:13 C'est une jeunesse qui est coupée de sa libido.
01:15 C'est intéressant. Dans le point, c'est sérieux
01:17 comme documentation. Lorsqu'il y a une pulsion
01:19 en ces matières, elle trouve dans la pornographie
01:21 le mode de régulation des affects et du désir.
01:23 Moi, je trouve ça désespérant.
01:25 C'est une jeunesse qui est mise à la publicité des marques,
01:27 absolument branchée sur la consommation,
01:29 qui devient l'expression de son instinct de survie,
01:31 mais déréglé. On peut penser à l'écranisation.
01:33 Moi, j'ai une société complètement colonisée
01:35 par l'écran. Combien d'heures peuvent-ils passer
01:37 dans une semaine? Combien de journées peuvent-ils passer
01:39 comme ça devant leur portable en espérant
01:41 que quelque chose se passe? Évidemment, il ne se passe
01:43 jamais rien, sinon quelque chose sur le portable.
01:45 Une jeunesse qui fait l'expérience aussi
01:47 de la régulation pharmaceutique des émotions.
01:49 Et ça, c'est fondamental.
01:51 La régulation pharmaceutique des émotions,
01:53 c'est-à-dire les troubles de l'existence,
01:55 les déchirements de l'existence, l'angoisse, le désir,
01:57 le spleen, tout ça, c'est la régulation
01:59 par les médicaments. Et ça, c'est véritable.
02:01 Ça nous fait penser à Aldous Huxley,
02:03 parmi d'autres, qui avait... - Absolument.
02:05 - Exact, qui avait eu l'intuition de cela.
02:07 Donc, devant ça, désespoir pour certains,
02:09 angoisse, chaos. Ce qui est certain,
02:11 c'est qu'il y a toujours une forme de redressement
02:13 individuel possible, la reprise en main de sa propre vie
02:15 et de redressement collectif. Et ça, c'est la politique.
02:17 Et de ce point de vue, peut-être reste
02:19 la véritable note d'espoir, parce qu'en se disant
02:21 "Tout ne peut pas continuer d'aller comme ça,
02:23 je dois faire quelque chose individuellement,
02:25 collectivement", c'est le début du redressement.
02:27 Reste à voir dans quelle direction.
02:29 ♪ ♪ ♪
02:31 [SILENCE]

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