Dans son édito du 23/10/2024, Mathieu Bock-Côté revient sur [thématique de l'édito]
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00:00Il y a dans toute société, je le disais, des éléments chaotiques.
00:04La nature humaine est ainsi faite.
00:06On n'est pas tous équilibrés à peu près de la même manière.
00:08On n'a pas tous la psychologie d'un non-être contribuable de classe moyenne.
00:11Il y a des gens qui, fondamentalement, ne sont heureux que dans le chaos.
00:14Et, fondamentalement, une société qui est bien construite sait qu'ils existent,
00:19ne les étouffe pas, mais ne les place pas au cœur du jeu.
00:22Aujourd'hui, on les place au cœur du jeu.
00:24À quoi rêve la gauche aujourd'hui?
00:26À quoi rêve la gauche qui n'est plus civilisée par la social-démocratie?
00:29À quoi rêve la gauche qui a renoué avec la révolution?
00:31Elle rêve de submersion migratoire.
00:33Elle rêve du pillage de l'épargne et des biens.
00:35Elle rêve de censure, du désaccord.
00:37Elle rêve de l'encasernement de nos sociétés,
00:40avec l'imaginaire apocalyptique autour de l'écologie.
00:43Elle rêve d'une forme de grand confinement général
00:45auquel on devrait être soumis dans les années à venir.
00:49Elle rêve de la dissolution des sexes.
00:52Elle rêve de la normalisation de toutes les drogues
00:54au nom d'une société qui trouverait, dans une forme de divertissement permanent,
00:57une manière de fuir les questions fondamentales de l'existence.
01:00Prenons le portrait de ce monsieur Kerouac,
01:03qui est au cœur de l'actualité aujourd'hui.
01:05J'ai cité Marx, maintenant je vais faire encore pire.
01:08Je vais citer Wikipédia.
01:10Comment est-il présenté sur Wikipédia?
01:12Après avoir obtenu le baccalauréat d'art dramatique,
01:19le jeune étudiant se lance en faculté d'histoire,
01:22sans succès sans doute,
01:24il enchaîne ensuite différents CDD et emplois de saisonniers.
01:27Il devient ensuite salarié dans un centre d'appels téléphoniques.
01:31Rien de tout cela n'est déshonorant, on le comprend.
01:34Mais rien de tout cela ne le préparait à devenir représentant de la nation.
01:37Sinon, ce sera un hasard, ce sera un malentendu,
01:39comme on aurait dit en honneur d'un homme qui vient de nous quitter.
01:41Donc, il s'est fait élire sur un malentendu.
01:44Et le problème est le suivant, la figure du post-ado jouisseur
01:47qui se retrouve à l'Assemblée nationale,
01:49qui ne cesse pas pour autant d'être un post-ado jouisseur à ce moment-là,
01:52qui se fait prendre en achetant les drogues,
01:54qui ne sont pas les drogues du désespoir,
01:56mais ce sont les drogues de l'orgie.
01:58Les drogues de... il peut faire ce qu'il veut de sa vie, ça ne me concerne pas.
02:01Mais là, quand il décide de faire pitié,
02:03c'est terrible ce qui m'arrive.
02:05On sait exactement ce que vous avez fait, mon cher ami.
02:07Donc, il prend cette drogue de l'orgie,
02:09et ensuite, il est protégé par son clan.
02:11Et Mme Rousseau, comme d'habitude,
02:13qui a la stratégie de l'amplification de l'absurde,
02:15nous dit en fait, ce n'est pas une victime,
02:17ce n'est pas un criminel, ce n'est pas un délit, c'est un héros.
02:20C'est le héros des temps présents.
02:22Et là, on pourrait se poser la question,
02:24pourquoi la gauche ne s'excuse jamais?
02:26Jamais, jamais.
02:28Eh bien, fondamentalement, on peut dire qu'être de gauche,
02:30en soi, c'est moral.
02:32Peu importe ce que vous ferez ensuite,
02:34peu importe, le simple fait d'être de gauche
02:36vous met à l'abri du péché.
02:38Le simple fait d'être de gauche vous met à l'abri du délit et du crime,
02:40parce qu'être de gauche, ça veut dire qu'au fond de vous-même,
02:42vous êtes quelqu'un de bien.
02:44En Mme Rousseau, sa stratégie, elle est connue.
02:46C'est l'attaque, l'attaque, l'attaque,
02:48la circonstance, l'attaque.
02:50Je me permettrais une citation de Jean-François Revel,
02:52vous savez, le philosophe, l'intellectuel libéral,
02:54qui, au XXe siècle, avait cette belle formule,
02:56« Les socialistes ont une si haute idée
02:58de leur propre moralité qu'on croirait presque
03:00à les entendre qu'ils rendent
03:02la corruption honnête en s'y livrant. »
03:04Fin de la citation.
03:06Ça ne s'applique pas aux hommes dont nous parlons en ce moment,
03:08mais ça nous donne un certain état d'esprit.
03:10Faisons le portrait des gens rassemblés.
03:12Je disais fédération, il y a une forme de zombification,
03:14quelquefois, de ceux qui se reconnaissent dans l'enthousiasme
03:16à la France insoumise, et plus largement
03:18dans la gauche radicale.
03:20Faisons le portrait de certaines des figures les plus connues.
03:22Mme Rima Hassan, qui est une nationaliste palestinienne
03:24conquérante d'une Europe avachie.
03:26Il y a Mme Pannot, qui a fait l'apologie du Hamas,
03:28ce qui est en passant,
03:30elle refuse de reconnaître le racisme anti-blanc,
03:32rappelez-vous, dans un débat.
03:34Il y a M. Katnaiz, dont la vie privée est devenue publique
03:36pour des raisons qui ne l'honorent pas.
03:38Il y a Mme Kéké, qui n'est plus là aujourd'hui,
03:40mais qui ne parle pas vraiment français,
03:42ce qui ne devrait pas être un détail,
03:44parce qu'il n'y a pas exactement les comportements
03:46d'un homme civilisé.
03:48Il y a M. Coquerel, qui est un taxeur enragé,
03:50qui incarne la tentation spoliatrice de la gauche radicale.
03:52Il y a M. Caron, qui ne l'oubliot pas,
03:54préfère les moustiques aux êtres humains.
03:56Et il y a M. Mélenchon, qui est le grand ordonnateur
03:58de ce chaos, et qui s'épanouit
04:00justement dans le chaos.
04:02Nous sommes devant une caste où les sentiments dominants
04:04sont le fanatisme et la frustration,
04:06animés par un désir d'éradiquer
04:08souvent leurs adversaires,
04:10à tout le moins de les bannir de la vie publique,
04:12et à tout le moins de les censurer
04:14une fois pour toutes.
04:16Voilà les leaders qui se présentent à nous aujourd'hui
04:18comme l'élite de la prochaine révolution.
04:20On vote pour eux.
04:22Vous avez parlé, Mathieu Bocoté,
04:24plutôt d'une crise de l'intelligence,
04:26d'un effondrement de l'intelligence.
04:28Est-ce la cause profonde de ce mouvement?
04:30Oui, je crois. Je crois parce que la gauche idéologique,
04:32je ne parle pas de la gauche sociale-démocrate
04:34qui veut redistribuer par raisonnable
04:36des richesses pour que chacun puisse augmenter son bonheur.
04:38Non, la gauche idéologique,
04:40c'est autre chose. C'est une gauche fanatisée
04:42qui a sectionné le lien entre l'esprit
04:44et le réel, entre l'intelligence
04:46et le réel. Et que se passe-t-il
04:48quand l'intelligence quitte le réel?
04:50Elle se perd dans des fantasmes.
04:52Elle se perd dans des fantasmes destructeurs.
04:54Elle se perd dans des fantasmes qui sont
04:56ceux de l'utopie, de la négation du réel,
04:58qui se révoltent contre le réel.
05:00Mais quand vous vous révoltez contre le réel, c'est le réel qui gagne.
05:02Je vous avance, c'est comme ça.
05:04La vie, on veut ainsi, à tout le moins, dans cette existence
05:06et pour ce monde. Donc l'intelligence se perd
05:08dans des spéculations aériennes
05:10qui poussent vers des fantasmes destructeurs.
05:12Et c'est ce que devient aujourd'hui l'université.
05:14Le nouveau cléricalisme, le plus toxique
05:16en lien souvent avec les médias.
05:18À quoi rêve la gauche
05:20aujourd'hui? En fait, comment, la gauche,
05:22reformulons, pratique-t-elle la négation
05:24du réel aujourd'hui? Elle nie l'existence
05:26des peuples et des civilisations,
05:28ce qui nous empêche de penser le choc des civilisations.
05:30Elle bascule dans un esprit apocalyptique
05:32en matière environnementale, avec la célébration
05:34par exemple d'une dame comme Greta Thunberg.
05:36Elle est dans la négation des sexes
05:38qui apparemment n'existent plus. Elle est dans la négation
05:40des règles élémentaires de l'économie.
05:42Elle est dans l'éloge de la laideur.
05:44Ce n'est pas un détail. Et elle nous explique
05:46aujourd'hui que le
05:48drogué qui achète de la drogue
05:50est en fait la victime d'un système répressif
05:52qu'il faut faire tomber. Autrement dit,
05:54c'est l'héroïsation, encore une fois. La victime
05:56devient héros et le héros est ce homme qu'on doit
05:58porter comme celui qui peut faire tomber
06:00l'étant présent. Tout cela,
06:02et ce sera le point d'aboutissement de ma réflexion,
06:04pour dire que l'élite politique que nous avons
06:06aujourd'hui est assurément la plus misérable
06:08qu'on a pu imaginer depuis un siècle.