ÉDITO - Petite phrase sur le chômage: "Il y a toujours ce mélange de 'monsieur Je-sais-tout' et de super-héros chez Emmanuel Macron"

  • l’année dernière
Le chef de l'État est dans la cité phocéenne ce lundi, à l'occasion d'une visite de trois jours, pour présenter l'acte II de son plan "Marseille en grand". Il s'est offert un premier bain de foule, dans la cité des Campanules, lors duquel il a notamment échangé avec une dame sur la situation professionnelle de son fils.

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Transcription
00:00 Mathieu Croissando, la politique, Emmanuel Macron donc à Marseille, c'est le deuxième jour de sa visite,
00:04 visite marquée d'ores et déjà par plusieurs annonces, on en a beaucoup parlé, et aussi par un échange.
00:09 Échange avec la mère d'un demandeur d'emploi, cet échange a fait beaucoup réagir, on l'écoute.
00:15 Je vous promets, je fais le tour du Vieux-Port ce soir avec vous, je suis sûr qu'il y a dix offres dans le plan de jeu.
00:24 Ça nous rappelle quelque chose ?
00:25 Oui, une autre petite phrase qui avait fait polémique, c'était le 15 septembre 2018 à l'Elysée, face à un demandeur d'emploi, regardez.
00:31 Dans l'hostellerie, le café, la restauration, dans le bâtiment, il n'y a pas un endroit où je vais, où ils ne me disent pas qu'ils cherchent des gens.
00:38 Hôtel, café, restaurant, je traverse la rue, je vous en trouve, il y a simplement des gens qui sont prêts à travailler.
00:44 À croire que c'est plus fort que lui.
00:46 Il y a un paradoxe dans cette petite phrase, c'est que sur le fond, Emmanuel Macron a plutôt raison,
00:50 le taux de chômage est descendu à 7,1% en premier trimestre, c'est le plus bas depuis 40 ans.
00:56 Et puis, d'après l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie,
00:59 entre 200 et 300 000 emplois ne trouveraient pas preneurs dans la restauration,
01:03 où les besoins explosent, en particulier pendant les vacances.
01:06 Ça, c'est sur le fond, mais sur la forme, ce n'est juste pas possible.
01:08 Car enfin, dire à cette interlocutrice, si je fais le tour du Vieux-Port, je vous trouve dix offres d'emploi,
01:13 ça revient à lui dire, soit qu'elle ment, soit qu'elle s'y prend comme un manche.
01:16 Ce n'était pas elle, c'était son fils au RSA qui ne trouvait pas d'emploi.
01:19 Bien sûr, mais elle parlait de son fils précisément.
01:21 Et ça aurait été très différent s'il lui avait dit, est-ce que vous avez pensé à la restauration ?
01:26 S'il avait fait comme tous les présidents avant lui, un conseiller va prendre vos coordonnées, on va vous aider.
01:30 Oui, mais voilà, il y a toujours ce mélange de monsieur je-sais-tout et de super-héros chez Emmanuel Macron.
01:34 Alors vous me direz, c'est que de la forme, mais comme on le sait, la forme, c'est le fond du moment à la surface, comme disait Victor Hugo.
01:39 - Mathieu, mais pourquoi ? Il est bien conscient de ça, Emmanuel Macron, pourquoi il ne change pas ?
01:42 - D'abord parce qu'il est convaincu d'avoir raison et que sur l'emploi, son bilan est bon.
01:46 Et s'il y a bien un sujet où il ne mérite pas d'être apporté d'engueulades, c'est bien celui-là.
01:50 Ensuite, parce qu'il y a un côté bravache et provocateur, Emmanuel Macron, il n'a jamais regretté sa phrase sur traverser la rue.
01:55 Le 12 mai dernier, tiens, lors d'une visite dans une usine d'aluminium à Dunkerque, il déclarait, il y a quelques années, je disais qu'il suffisait de traverser la rue.
02:01 Aujourd'hui, là, il faut faire un mètre.
02:03 Et puis enfin, il y a peut-être quand même un petit peu de méconnaissance, lui qui n'a jamais connu les affres du chômage,
02:08 parce que tous les acteurs de terrain savent que le retour à l'emploi, c'est loin d'être toujours évident.
02:12 Et là, ce n'est pas aussi simple que de traverser une rue ou de pousser une porte.
02:15 Pour les personnes qui sont éloignées du marché du travail depuis longtemps, ça ne se résout pas seulement comme cela.
02:20 C'est une erreur d'avoir parlé de ça ?
02:22 En termes de communication, oui, puisque ça brouille un peu son déplacement.
02:25 Et puis, ça ne va pas arranger son image.
02:27 Ça en met une couche sur les reproches d'arrogance et de déconnexion.
02:30 Alors, ça flattera peut-être la frange de son électorat ou de la population qui considère que les chômeurs sont des fainéants ou qu'ils ne font pas ce qu'il faut faire.
02:37 Mais cela ne plaide pas forcément pour l'apaisement.
02:40 Parce qu'il peut y avoir des offres, et c'est sans doute le cas, comme vous l'avez dit,
02:43 mais le profil des candidats ne correspond pas nécessairement à l'offre.
02:47 Il y a le profil des candidats, il y a les problèmes de formation.
02:49 Exactement, il y a les problèmes de formation, il y a les problèmes de transport qui ont été soulignés aussi pendant l'échange.
02:53 Quand on habite loin, ce n'est pas toujours évident de se rendre sur le lieu de travail.
02:56 Puis aussi, quand vous discutez avec les acteurs de terrain, il y a des problèmes d'estime de soi,
02:59 il y a des problèmes de reprise d'habitude de travail, il y a des problèmes de rapport avec l'employeur.
03:03 Bref, c'est complexe.
03:04 Ce n'est pas quelque chose où il suffit de claquer des doigts.
03:07 Sans doute à ce que Marie-Élise Léon fera un commentaire tout à l'heure.
03:09 La nouvelle patronne de la CFDT qui est l'invitée d'Apolline de Malherbe dans le Face à Face,
03:13 à 8h30 sur BFMTV et RMC.

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