Migraine : des solutions existent !

  • l’année dernière
Selon l’Inserm, la migraine concerne environ 15% des adultes, et
touche plus les femmes que les hommes… Un mal relativement
répandu donc et qui dans sa forme la plus sévère peut aller jusqu’à
provoquer des nausées et une baisse de la mobilité… Une maladie
sous-diagnostiquée aussi et qui pâtit également d’un certain manque de
suivi… Pourtant des solutions existent ! On en parle, justement,
aujourd’hui en compagnie du Dr Christian Lucas, Président de la
Société Française d'Étude des Migraines et Céphalées.

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00:10 Selon l'Inserm, la migraine concerne environ 15% des adultes
00:14 et touche plus les femmes que les hommes.
00:16 Un mal relativement répandu donc, et qui dans sa forme la plus sévère,
00:20 peut aller jusqu'à provoquer des nausées et une baisse de la mobilité.
00:24 Une maladie sous-diagnostiquée aussi, et qui patient également d'un certain manque de suivi.
00:29 Pourtant des solutions existent.
00:31 On en parle justement aujourd'hui en compagnie du Dr Christian Lucas,
00:35 président de la Société française d'études des migraines et céphalées.
00:39 Bonjour docteur !
00:40 Bonjour !
00:41 Alors docteur Lucas, tout d'abord, quelle définition peut-on donner à la migraine ?
00:45 Il est vrai que souvent on dit "j'ai la migraine",
00:48 pourtant j'imagine qu'il y a des intensités différentes
00:51 dans les différents mots de tête que l'on peut éprouver.
00:53 Oui, vous avez tout à fait raison.
00:54 Il y a souvent une confusion entre mots de tête et migraine.
00:57 Il y a une définition vraiment précise de la migraine.
01:00 La migraine sans aura, qui concerne 85% des migraineux,
01:04 il faut avoir fait au moins 5 crises dans sa vie,
01:07 2 mots de tête qui ont au moins 2 des 4 caractéristiques suivantes,
01:11 des mots de tête plutôt d'un côté, plutôt battant, ça tape comme un cœur,
01:15 d'intensité modérée à sévère, c'est de l'anglais mal traduit,
01:20 on est gêné, modéré, on est gêné dans ses activités,
01:24 sévère, on ne peut plus rien faire, on est couché.
01:26 Usuellement, ces mots de tête augmentent aux efforts physiques.
01:29 Et enfin, la migraine n'est pas résumée aux mots de tête,
01:32 il faut au moins un des deux signes suivants pendant les crises,
01:35 accentuation de la douleur à la lumière ou au bruit,
01:38 et nausée ou vomissement.
01:40 Alors, ça me parle un tout petit peu, docteur.
01:43 Est-ce que la migraine s'explique ?
01:44 Est-ce qu'il y a des profits types, par exemple, de personnes
01:47 qui peuvent être plutôt touchées par ce type de mot ?
01:51 Alors, la migraine, vous l'avez dit,
01:53 elle affecte 8 à 10 millions de Français et de Françaises,
01:55 c'est très très fréquent.
01:56 Trois femmes pour un homme, 5 à 10 % des enfants,
01:59 autant de petits garçons que de petites filles.
02:01 Et à la puberté, il y a des facteurs hormonaux
02:03 que nous, hommes, nous n'avons pas,
02:04 ce qui explique la surreprésentation féminine.
02:07 Mais la migraine est d'origine génétique,
02:09 neurologique, et on va y revenir.
02:12 Alors, très bien.
02:13 Alors, on va parler traitement, parce que ça nous intéresse quand même.
02:16 Quand on a ces fortes crises de migraine,
02:18 on peut perdre jusqu'à sa mobilité, être complètement couché.
02:22 Quels sont les traitements qui sont mis à la disposition des patients ?
02:25 Est-ce qu'on peut dire qu'il y a eu des innovations
02:27 ces dernières années dans la prise en charge des migraines, docteur ?
02:29 Oui, alors déjà, pour les traitements,
02:31 il y a des traitements de crise qui concernent
02:33 tous les patients migraineux,
02:34 même celui qui n'a qu'une crise tous les 3 ou 4 mois.
02:36 Les traitements de crise à haut niveau de preuve
02:38 sont certains anti-inflammatoires.
02:40 Et les trip tanks, donc ces traitements à un niveau de grade A,
02:44 donc très élevés au plan médical,
02:46 et globalement bien tolérés.
02:48 Ensuite, dans les traitements traditionnels,
02:50 pour les médicaments qui ont des crises fréquentes, invalidantes,
02:53 nous avons ce qu'on appelle les traitements de fond ou de prévention.
02:56 Donc le but est de réduire d'au moins la moitié
02:59 de la fréquence des crises à l'échéance de 3 mois.
03:01 Certains bêtabloquants, certains anti-épileptiques à faible dose,
03:04 certains antidépresseurs à faible dose,
03:06 et d'autres médicaments encore.
03:08 Et concernant les innovations,
03:09 effectivement, il y a eu vraiment un bond en avant
03:12 avec des médicaments qui ciblent la voie du CGRP.
03:17 CGRP, c'est une petite protéine
03:19 fabriquée par tous les mammifères et donc tous les humains,
03:21 et les migraineux nous en fabriquons trop,
03:23 et cette protéine dilate les artères et fait mal,
03:26 et génétiquement, les migraineux nous en fabriquons trop,
03:28 donc il y a des médicaments qui ciblent cette fois la voie du CGRP.
03:32 Alors docteur, 80% des Français
03:34 ne sont pas suivis pour leur crise de migraine.
03:37 Est-ce qu'il existe des solutions pour ces patients-là ?
03:41 Par exemple, peut-on se rendre à l'officine
03:43 et demander des médicaments spécifiques ?
03:45 Je pense à l'ibuprofène dont on parle beaucoup, notamment.
03:47 Oui, alors c'est quand même important
03:49 que les patients aient vu au moins une fois un médecin
03:52 pour confirmer le diagnostic,
03:54 mais sinon effectivement, certains anti-inflammatoires
03:56 sont disponibles en officine sans prescription médicale,
04:00 donc c'est une solution tout à fait envisageable,
04:03 mais il faudra au moins une confirmation médicale
04:05 une fois dans sa vie que l'on est bien migraineux.
04:08 Alors docteur, vous évoquiez les anti-inflammatoires non stéroïdiens.
04:12 Leur évocation, parfois, peut faire un petit peu peur aux patients.
04:16 Est-ce qu'ils ont raison de s'inquiéter ?
04:18 Et comment au contraire les rassurer, docteur Lucas ?
04:20 Alors oui, dans les têtes reste le risque d'ulcère de l'estomac,
04:23 de troubles digestifs, de reflux, etc.
04:26 Donc globalement, c'est une classe bien tolérée
04:29 et comme mentionné, à haut niveau de preuve médico-scientifique.
04:32 Et donc ces traitements sont d'un apport essentiel
04:36 dans la prise en charge des patients migraineux.
04:38 Et en cas d'échec de ces anti-inflammatoires,
04:40 on a d'autres traitements de crise qui s'appellent les tritans.
04:43 Ok, d'où l'intérêt de la consultation docteur.
04:47 Exactement, puisque les tritans, c'est sur ordonnance.
04:50 Parfait, alors vous restez avec nous,
04:51 on va passer maintenant aux questions de nos internautes
04:54 qui ont été très nombreux à nous écrire
04:55 parce que forcément, 15% de la population adulte concernée,
04:59 ça fait du monde.
05:00 Alors, est-ce qu'il y a des thérapies non médicamenteuses, docteur ?
05:03 Alors, c'est vrai qu'il y a le médicament,
05:05 mais est-ce qu'on peut aussi se soulager par d'autres thérapies ?
05:08 Vous avez raison.
05:09 Alors, pour les patients migraineux qui ont des crises fréquentes,
05:12 donc outre les traitements médicamenteux,
05:14 notamment de fond dont j'ai parlé,
05:16 on peut s'aider de techniques éprouvées
05:18 avec un bon niveau de preuve,
05:20 la relaxation, le neurofeedback au biofeedback,
05:23 les techniques cognitivo-comportementales,
05:26 donc le yoga.
05:28 Et en clair, l'idée, c'est d'avoir aussi des activités exutoires.
05:32 Pourquoi ?
05:33 Les migraines sévères, on sait qu'il y a une comorbidité migraine-anxiété,
05:37 donc il faut pouvoir gérer ça
05:39 et avoir au moins, minimum une fois par semaine,
05:41 une activité pour être dans le lâcher-prise.
05:43 Alors, en cas de migraine, docteur,
05:45 faut-il toujours consulter un médecin
05:48 ou peut-on se référer à son pharmacien conseil ?
05:51 Alors, vous le disiez,
05:52 j'imagine que c'est un petit peu faire les deux, finalement.
05:54 Oui, alors, il faut quand même une confirmation médicale diagnostique
05:57 parce qu'il y a des items,
05:59 il faut que l'examen clinique soit normal
06:01 et puis prendre la pression artérielle,
06:03 c'est quand même utile
06:04 puisque pour certains patients migraineux,
06:06 on va mettre en haut des traitements qui peuvent moduler la pression artérielle,
06:09 donc la vérifier.
06:11 Donc, il faut une confirmation au moins médicale une fois dans sa vie
06:14 mais ensuite, l'interlocuteur peut être tout à fait le pharmacien, oui.
06:17 Et alors, quand on est migraineux, docteur,
06:19 cela signifie-t-il que l'on sera migraineux toute sa vie ?
06:23 Alors là, ça revient à aborder la cause
06:26 ou les causes de la migraine.
06:27 La migraine, il y a 180 gènes impliqués.
06:30 Alors, un individu n'a pas les 180,
06:32 il a une combinaison de gènes qui détermine un seuil
06:35 qui peut fluctuer tout au long de la vie
06:37 et on sait que c'est une courbe comme ceci,
06:39 donc ça débute jeune.
06:41 Le plafond, c'est entre 20 et 40, 50 ans.
06:45 Et l'âge est un facteur d'amélioration.
06:47 Donc, pour 85 % des migraineux,
06:50 avec l'âge, on a beaucoup moins de crise
06:52 voire plus du tout de crise.
06:54 Merci infiniment, docteur, pour toutes ces réponses.
06:57 Merci à vous.
06:58 Merci à vous tous de nous avoir suivis
06:59 et je vous dis à très vite pour de nouvelles expertises santé.
07:03 [Musique]

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