SMART JOB - Le cercle RH du mercredi 28 juin 2023

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Mercredi 28 juin 2023, SMART JOB reçoit Sophie Lœuilleux (Directrice de projet, Le Lab RH) et Antoine Poincaré (Directeur Climate School, AXA Climate)
Transcript
00:00 (Générique)
00:11 Le Cercle RH, notre débat quotidien,
00:13 avec la place des DRH, vous, donc,
00:15 qui nous regardez dans la transition écologique.
00:18 Oui, c'est un sujet où on vous a demandé
00:20 de gérer il y a 20 ans les payes, l'organisation du travail.
00:23 On vous demande aujourd'hui de gérer le bien-être,
00:25 la qualité du travail, et on vous redemande en plus
00:29 d'avoir aussi une réflexion sur cette transition écologique.
00:32 On en parle, elle est partout, elle est politique,
00:34 il y a des grands enjeux, évidemment, qui arrivent,
00:37 français et européens,
00:38 parce qu'il se passe beaucoup de choses aussi en Europe.
00:40 Et une étude passionnante va venir nous éclairer, justement,
00:42 sur cette relation que vous avez, vous, DRH,
00:45 avec cette transition.
00:46 On en parle avec mes invités.
00:48 Sophie Leyeux, ravie de vous accueillir.
00:50 C'est la première fois que vous venez sur le plateau.
00:52 C'est un plaisir.
00:53 Directrice de projet au LabRH,
00:56 et on va parler de cette étude passionnante
00:58 que vous avez construite avec d'autres acteurs,
01:01 dont Antoine Poincaré.
01:03 Bonjour, Antoine. C'est pas la première fois
01:04 que vous venez sur le plateau ?
01:05 - Bonjour, Arnaud. - Vous êtes un peu chez vous.
01:07 Vous êtes le vice-président d'AXA Climate School.
01:10 Et vous faites, on en parlera, mais de la pédagogie,
01:13 et vous évangélisez sur tous ces sujets qui sont essentiels,
01:17 avec une étude que vous avez évidemment sous le bras.
01:20 Paige Renaud, LabRH, AXA Climate,
01:24 pour une étude passionnante.
01:26 D'abord, revenons aux origines.
01:27 Qu'est-ce qui fait qu'une entreprise industrielle de l'automobile,
01:31 le LabRH, AXA Climate et Paige,
01:33 se disent "Tiens, on va bosser pendant un an sur ce sujet."
01:37 Comment c'est né ?
01:38 On avait fait un premier tour il y a un an.
01:39 Donc, nous, notre métier côté AXA Climate,
01:41 c'est de montrer comment on opérationnalise
01:42 la transformation durable dans les métiers.
01:44 Ça change quoi au métier d'acheteur, d'informaticien,
01:46 de marketer et évidemment de RH.
01:48 On avait fait une première étude avec Paige et le LabRH,
01:51 il y a un an, ça faisait une dizaine, une douzaine de pages,
01:54 les grands enjeux de la transfo, sur les compétences,
01:56 sur la qualité de vie au travail, ou plutôt la sécurité au travail.
01:59 On a voulu aller un peu plus loin,
02:00 parler à des gens dans les métiers,
02:01 et surtout s'associer à un acteur comme Renault,
02:04 qui, en tant que constructeur automobile,
02:05 faisait face à un choc de compétences
02:07 quand on passe du moteur thermique au moteur électrique,
02:09 qui est assez massif.
02:11 Et puis, ça permettait de mettre un peu les mains dans le cambouis
02:12 par rapport à... On a toujours une focale un petit peu métier du service,
02:15 grosso modo, et nous, on l'a bossé...
02:17 Et mettre le pas côté acteur industriel,
02:19 ça nous semblait intéressant.
02:20 Sophie Leyeux, c'est ça, l'esprit du LabRH,
02:23 c'est aussi de se connecter au sujet d'avenir,
02:26 parce que là, on parle d'un sujet
02:27 sur lequel les DRH se sentent un peu embarrassés.
02:29 Il faut quand même le reconnaître, c'est pas si simple à traiter.
02:32 C'est pas simple, effectivement.
02:33 C'est bien dans l'ADN et dans l'esprit du LabRH.
02:35 En fait, le LabRH, c'est un acteur
02:37 qui fédère l'innovation RH en France.
02:39 Et on est convaincus que s'intéresser au sujet de la transition écologique,
02:42 c'est s'intéresser à un sujet qui sera facteur d'innovation,
02:45 voire même le facteur d'innovation numéro un demain
02:49 pour les RH en entreprise.
02:51 Commençons à aborder le sujet.
02:52 La transition écologique,
02:54 c'est ce qu'on appelle ici sur ce plateau et ailleurs,
02:57 la RSE, responsabilité sociétale et environnementale,
03:00 ou sociale et environnementale.
03:02 J'ai lu quelques papiers qui disent que, globalement,
03:03 le social est plutôt traité, la responsabilité, un peu.
03:06 Mais alors, l'environnemental,
03:08 on sait pas trop comment le prendre.
03:09 Est-ce que c'est vrai, ça ?
03:11 Alors, on commence à le prendre.
03:13 Le sujet, c'est que la RSE, historiquement,
03:14 c'était quand même quelque chose qu'on faisait
03:16 à côté de l'activité de l'entreprise.
03:17 J'ai mon activité, qu'elle soit polluante ou pas polluante...
03:19 - On fait un peu de RSE. - Et je fais du "forgoon",
03:22 entre guillemets, c'était l'idée.
03:23 On faisait de l'abondement à des dons de collaborateurs,
03:25 des choses comme ça. Et c'est normal,
03:27 parce que c'était la grille de lecture des années précédentes.
03:29 L'environnement est en train de devenir le cadre
03:31 dans lequel on opère. C'est ce fameux concept
03:33 de limite planétaire, comment je ré-encasque
03:35 ma boîte à l'intérieur.
03:36 Donc, c'est pas tant qu'on sait pas comment le prendre,
03:38 c'est qu'on a changé de nature.
03:39 Le sujet est pas nébuleux sur le climat,
03:42 c'est très numérique, on sait faire.
03:43 On se fixe des émissions de carbone, on réduit,
03:44 on donne des objectifs.
03:45 Le sujet, c'est que ça vient interroger
03:47 le business model de l'entreprise.
03:48 Il y a des activités qui sont éco-compatibles,
03:50 d'autres qui ne le sont pas, et ça amène à prendre
03:52 des décisions de gouvernance qui sont radicalement différentes.
03:55 C'est un enjeu pour les entreprises,
03:57 parce que vous l'amenez au niveau des entreprises,
03:58 mais c'est évidemment un enjeu politique,
03:59 c'est le Green Deal, c'est la révolution industrielle,
04:01 et savoir comment, vous, entreprise,
04:03 êtes accompagnées quand même par la puissance publique,
04:07 parce qu'il y a un vrai sujet.
04:08 Concrètement, les RH, parce qu'on a 90 % des RH
04:13 qui estiment qu'ils seront, à l'avenir,
04:15 toujours intéressants.
04:16 On n'a jamais eu aussi chaud,
04:17 on n'a jamais eu d'orage aussi violent,
04:19 on n'a jamais eu un dérèglement climatique
04:20 aussi fort que ces derniers temps,
04:23 et ils nous disent, à l'avenir,
04:24 on sera peut-être, globalement, je mets le "peut-être" en plus,
04:27 amenés à parler de ces questions RSE.
04:30 Mais on n'a plus le temps, là, et c'est maintenant, non ?
04:33 Oui, effectivement.
04:34 En fait, il y a un vrai paradoxe,
04:35 et c'est ce qu'on a mis en exerce dans ce rapport,
04:38 c'est qu'il y a une prise de conscience, certes,
04:40 et c'est un peu à l'image de la société,
04:42 on a une prise de conscience écologique,
04:43 on voit ce qui se passe.
04:44 - On le vit, en fait. - On le vit, en fait,
04:45 tous, individuellement,
04:47 mais ce qu'on constate aussi vis-à-vis des DRH,
04:49 c'est qu'il y a une vraie difficulté à passer à l'action.
04:51 - Marie ? - En fait...
04:52 - Et comment passer à l'action ? - Exactement.
04:53 C'est tout le sujet, effectivement, du rapport.
04:56 Et c'est là, vraiment, le paradoxe
04:57 auquel sont confrontés aussi les DRH en entreprise,
05:00 c'est de se dire, en fait, il y a des actions
05:03 qui sont intéressantes, des initiatives intéressantes
05:04 en entreprise, mais aujourd'hui, elles ne sont pas assez fortes,
05:07 d'une ampleur suffisante pour faire face aux enjeux
05:10 et à l'urgence climatique auxquelles on est confrontés.
05:13 Peut-être que le sujet court terme le plus facile à prendre pour un DRH,
05:15 ça doit être celui de la sécurité au travail.
05:17 C'est-à-dire, on rentre dans des périodes
05:18 où on sait qu'il va régulièrement faire,
05:20 et je ne parle que pour la France, plus de 40 degrés l'été,
05:22 est-ce que je suis en mesure d'avoir des collaborateurs
05:24 qui sont en sécurité au travail ?
05:25 Est-ce que j'ai des zones de rafraîchissement ?
05:27 Est-ce que dans mon contrat, il y a marqué
05:28 que quand il fait plus de 45, peut-être que le télétravail,
05:31 j'ai envie de l'autoriser un peu plus ?
05:33 Avec quelques règles, parce que si on est
05:35 dans un appartement de 12 m², je m'autorise à penser
05:37 qu'il vaut mieux l'avoir dans l'entreprise.
05:40 - A l'inverse, dans les modélisations,
05:41 il y a peut-être des collaborateurs qui voudront plus venir bosser
05:43 dans une tour qui, elle, sera climatisée.
05:45 Mais ce sujet-là, c'est peut-être la phase sud de l'Everest,
05:48 celle par laquelle on va réussir à initier des gens
05:50 de manière assez simple, et il devient très concret.
05:52 Et alors, si vous êtes DRH d'une boîte
05:54 qui a des collaborateurs en Inde, autant vous dire
05:56 qu'il y a une urgence à agir aussi de ce côté-là.
05:58 Et je prends l'Inde, mais il y a plein d'autres pays.
06:00 Opérationnaliser la sécurité au travail,
06:01 c'est peut-être le plus court terme par rapport à des choses
06:03 comme l'anticipation des jobs de demain,
06:05 qui, par définition, sont toujours un peu plus moyen-long terme.
06:08 - Donc, très concrètement, c'est la question du comment,
06:11 et c'est aussi question des prérogatives,
06:13 parce que là, on peut parler de DRH du tertiaire,
06:16 qui, quelque part, eux, sont moins impactés.
06:18 Mais dans vos partenaires, rentrons dans le vivifuget,
06:21 il y a Renault, vous l'évoquiez.
06:22 Renault, on a des grandes usines méga-factories de batterie,
06:25 il faut former les salariés, il faut les engager.
06:28 Sauf que quand même, la voiture est toujours pointée du doigt,
06:31 Renault construit toujours des moteurs thermiques,
06:34 jusqu'à preuve du contraire.
06:35 Donc, elle est dans sa structure même d'entreprise impactée.
06:38 - C'est fondamental.
06:39 C'est-à-dire, la question de la transition sociale
06:41 liée à la transition écologique,
06:42 comment je m'assure que les gens qui seront encore en poste dans dix ans
06:45 auront été équipés des bonnes connaissances
06:46 pour pas être complètement hors-jeu, c'est majeur.
06:49 Et ça, ça se joue par la relation avec les syndicats, évidemment.
06:52 L'exemple de Renault, il est intéressant,
06:53 parce que la personne qui travaillait avec nous sur ce rapport
06:57 nous racontait des choses, pas seulement autour des métiers
06:59 de la batterie, auxquels on y pense souvent,
07:01 mais elle, elle s'occupe du site de Flinflein,
07:02 c'est cette ancienne grosse usine...
07:03 - Gigantesque. - Gigantesque,
07:04 qui est devenue le labo pour Renault de l'économie circulaire.
07:08 Et elle nous disait la chose suivante.
07:10 "Moi, j'ai besoin de carrossiers."
07:11 Des gens qui font les carrosseries des voitures.
07:12 - On n'en trouve pas. - Et il y a deux types de carrossiers.
07:14 Il y a ceux qui savent bosser la tôle neuve, à la chaîne,
07:18 et avec une cadence.
07:19 Et ça, c'est des ouvriers Renault depuis toujours.
07:21 Et puis, il y a ceux qui savent bosser la tôle usagée,
07:23 qui est évidemment moins standard.
07:24 - Et la retravailler. - Et la retravailler.
07:25 Et ça, grosso modo, c'est des garagistes
07:27 qui font ça dans leur coin.
07:28 Donc, ils ne bossent pas en cadence.
07:29 Et donc, ça se joue sur des petites subtilités comme ça.
07:30 Mais elle dit "je ne sais pas trouver le carrossier
07:33 qui s'est bossé en cadence sur une chaîne de production
07:35 sur de la tôle usagée."
07:36 Donc, je ne sais pas le trouver. Qu'est-ce qu'il faut ?
07:38 Il faut que je le forme.
07:38 Et puis, il faut que j'aille rechercher des compétences
07:40 dans le CV qui sont un peu différentes.
07:42 Ça va être des gens qui font ça aussi dans leur loisir,
07:44 qui aiment bien entretenir leur propre voiture.
07:45 Donc, ça se joue sur des trucs...
07:46 - Excusez-moi si presque, pour une boîte de la taille de Renault,
07:48 on est un peu dans la débrouille.
07:49 Il faut trouver le gars qui vient...
07:51 On en est là.
07:52 On est vraiment aux prémices de quelque chose.
07:54 - Absolument.
07:55 - On est au début de quelque chose.
07:56 - On est au début de quelque chose de majeur
07:58 et qui, surtout, sera très différent industrie par industrie.
08:00 Et c'est ça qui est fondamental.
08:01 Et qui fait que ça va être très dur d'avoir des règles.
08:02 On parlait des secteurs publics.
08:03 Ça va être très dur d'avoir d'en haut une règle
08:05 qui vient de manière un peu Jacobin nous dire
08:07 "ça va se faire comme ça."
08:09 Il va falloir le jouer à la maille locale,
08:10 à la maille des territoires.
08:11 - Ce rapport, le labérage, vous dites,
08:14 vous donnez un laboratoire d'innovation.
08:15 C'est-à-dire qu'on va être à la pointe de tous ces sujets.
08:17 Ensuite, vous allez le déployer.
08:19 Vous le déployez sur ce plateau.
08:20 Mais j'imagine que vous allez faire des conférences
08:22 devant des RH.
08:23 Et vous avez commencé à le faire, j'imagine.
08:25 Quels sont les retours qu'ils vous renvoient ?
08:27 Ils vous disent "oui, évidemment qu'on est conscient de tout ça."
08:30 Les RH qui viennent sur ce plateau, ils en ont conscience.
08:33 Mais on ne sait pas trop comment l'attraper, le sujet.
08:35 Parce que ça touche au domaine industriel,
08:37 ça touche aux finances, ça touche...
08:39 Et le RH, il n'est pas à la tour de contrôle de l'entreprise.
08:41 Comment ils font, là ?
08:42 Effectivement, le RH n'est pas décisionnaire
08:45 sur toutes les décisions de l'entreprise.
08:47 Il faut que ce soit en binôme avec un comité de direction.
08:49 Par contre, ce qu'il nous est dit,
08:51 en tout cas dans les retours qu'on a jusqu'à présent,
08:53 c'est que cette prise de conscience,
08:55 elle nécessite quand même de s'acculturer
08:57 et de sensibiliser au sujet.
08:58 Et il y a une statistique qu'on a mise en avant dans le rapport,
09:01 c'est que seulement 16 % des DRH ont été formés
09:03 dans le cadre de leur formation initiale sur ces enjeux-là.
09:06 C'est ça.
09:07 C'est très peu, effectivement.
09:08 Et donc, c'est un peu le constat de toutes les générations
09:10 qui ont plus de 30 ans, qui n'ont pas été formées
09:12 sur ces sujets-là dans le cadre de leur formation initiale,
09:14 même si on voit que les choses changent.
09:16 On voit qu'il y a beaucoup d'écoles, d'universités
09:18 qui introduisent, en fait, des briques de compétences
09:22 sur le sujet de RSE.
09:23 Il y a des collectifs aussi d'étudiants qui se montent.
09:25 Mais ce que je dirais effectivement au DRH, pour commencer,
09:27 c'est peut-être formez-vous, sensibilisez-vous
09:30 sur ces sujets-là pour pouvoir ensuite devenir,
09:32 après, un véritable acteur du changement.
09:33 Alors, seulement 32 ou 32,
09:35 ça dépend comment on regarde le chiffre,
09:36 c'est pas si mal, mais il y a encore du chemin,
09:39 des salariés élus ou mandatés.
09:41 Donc là, on est sur le dialogue social,
09:43 puisque ils ont un rôle important,
09:45 il faut quand même en dire un mot,
09:47 d'éclat avoir bénéficié d'une formation
09:48 aux enjeux environnementaux.
09:49 Quand on est mandaté, ça veut dire qu'on est membre du CSE
09:52 et qu'on participe, en tout cas, on négocie
09:55 les éléments clés de la vie de l'entreprise
09:57 comme élus syndical.
09:59 Pas beaucoup, côté syndicats.
10:00 Eux aussi, ils ont du chemin à faire.
10:01 Eux aussi, ils ont du chemin. Il y a des syndicats
10:03 qui émergent même sur ce segment.
10:04 La dernière fois que j'étais ici, c'était avec quelqu'un
10:06 du Printemps écologique.
10:07 Tout à fait.
10:08 Donc, évidemment qu'ils ont du chemin à faire.
10:10 Évidemment qu'ils veulent avoir le bon degré de conversation
10:11 en disant "mais c'est quoi les jobs qui vont être
10:13 très pourvoyeurs d'emplois dans 10 ans ?
10:15 Et c'est quoi la photo de compétence à un instant T
10:17 du débat ?"
10:18 Évidemment qu'ils doivent avoir un avis.
10:20 L'autre peut-être sujet sur lequel on peut attraper les DRH,
10:22 je pense que c'est la marque employeur.
10:23 Ils sont aussi un peu soulagés quand on leur dit
10:25 "Ces vendeurs, ces gens qui arrivent en vous disant
10:29 "votre boîte n'en fait pas assez, est-ce que vous êtes capables
10:30 "de leur expliquer ce que fait la boîte ?"
10:32 Avec un discours qui est à la fois humble,
10:33 parce que si évidemment vous vous levez le matin en disant
10:35 "la boîte, tout ce qu'elle fait, c'est super, vous n'êtes pas audible",
10:36 et en même temps précis sur les sujets,
10:38 c'est un bon sujet de formation aussi pour les recruteurs,
10:41 je dirais, au sein des DRH.
10:42 Et la jeune génération.
10:43 Quand même, basculons pour cette dernière partie
10:45 d'émission sur les métiers, parce que vous l'évoquiez,
10:47 c'est un peu comme ça, on jette la pièce, on dit "mais là,
10:50 il y a une réalité dans ce rapport, il y a des nouveaux métiers".
10:52 Médiatrice ou médiateur sur les enjeux climatiques,
10:55 conseiller en reconversion verte, enfin c'est des métiers,
10:59 évidemment, des termes qu'on ne connaissait pas,
11:00 responsable des avantages sociaux climatiques,
11:03 responsable des scores sociaux et environnementaux,
11:05 là on passe du côté des élus,
11:07 c'est-à-dire qu'il y a concrètement le médiateur ou la médiatrice.
11:09 Vous le placez où, vous, le DRH ?
11:11 Il a un petit bureau au fond du couloir,
11:13 porte gauche vers la sortie,
11:15 ou il est près du directeur général ?
11:17 Moi, je dirais que c'est même un bras droit du DRH.
11:20 L'idée, c'est qu'ils puissent échanger,
11:23 dialoguer sur le sujet de la transition écologique
11:26 pendant la phase de transition au sein des entreprises.
11:28 Et donc ces métiers, on les a imaginés
11:31 sur vraiment l'idée d'ouvrir les perspectives,
11:33 les compétences, en tout cas, possibles pour les DRH.
11:36 On n'est pas sûrs qu'ils vont tous exister,
11:37 on n'a pas la boule de cristal, mais l'idée, en tout cas,
11:39 c'est venir amener cette réflexion-là en disant
11:41 "Le métier de DRH évolue, c'est une nouvelle évolution,
11:43 une nouvelle ambition."
11:45 Fiche de poste, parce que ce qui est intéressant dans notre rapport,
11:46 vous vous êtes ainsi un peu amusé, c'est sympa,
11:48 parce que c'est un job board.
11:50 Alors, il doit être véritable diplomate,
11:51 vous ferez dialoguer les différents partis prenantes,
11:54 interne, mais aussi externe, profil du poste,
11:57 expert du dialogue social.
11:59 On voit quand même, je reviens à notre histoire
12:00 de dialogue social, qu'il y a la place des citoyens,
12:03 le printemps écologique, mais il y a aussi la place
12:05 des syndicats.
12:06 Il faut dialoguer, en fait, là.
12:08 C'est vital.
12:10 On est obligés de dialoguer, parce qu'en tout,
12:12 c'est des sujets qui vont être des chocs tectoniques
12:13 sur l'emploi, c'est sûr.
12:14 Et du coup, en lien avec la question
12:16 "Est-ce qu'il est au fond du couloir ?"
12:17 la vérité, c'est que dans certaines boîtes,
12:18 il sera au fond du couloir, soyons pas non plus naïfs
12:20 sur le fait que... Et du coup, se poser la question,
12:22 tous les jobs dont on parle, la réalité,
12:24 c'est que c'est des jobs, des zones d'expertise, en tout cas,
12:26 qui existent déjà et qui viennent se verdir.
12:28 Alors évidemment, pour un bon article,
12:30 on a envie d'en faire des nouveaux jobs,
12:32 comme il y a eu à l'époque les designers
12:34 de réalité virtuelle dans le metaverse.
12:36 - C'est exactement ça. - Évidemment.
12:37 Mais si on regarde la vérité du truc,
12:38 c'est que c'est des jobs verdissants plutôt que verts.
12:40 - Ils existent déjà, mais on les transforme.
12:41 - Ils existent déjà, on doit les twister.
12:42 Et pourquoi c'est important ? Parce que du coup,
12:43 peut-être que la personne qui va être en charge
12:45 de parler avec les syndicats, on va prendre quelqu'un
12:46 qui parle depuis 20 ans avec les syndicats.
12:48 Parce que si on prend quelqu'un qui sort d'études
12:50 purement environnementales... - Un expert, simplement un expert.
12:52 - Un peu jeune dans le métier, sa chance de le faire à l'échelle,
12:55 elle est absolument impossible.
12:56 Donc il y a une question de comment on va apprendre des gens
12:57 aujourd'hui aux manettes, aujourd'hui avec de l'expérience
12:59 et une forme de séniorité, comment on en fait des gens formés
13:01 et des gens engagés qui ont le bon degré de discours.
13:02 - Oui, vous nous dites quand même un truc intéressant,
13:04 il ne faut pas des idéologues forcément militants
13:06 et un peu agressifs, parce qu'il peut y avoir
13:08 un peu de haring sur ces sujets.
13:09 Il faut quelqu'un qui soit capable d'être dans l'échange,
13:11 l'écoute, dans la diplomatie, parce que diplomate,
13:13 c'est être capable de parler avec des gens
13:14 avec qui on ne partage pas les mêmes idées.
13:15 On est bien d'accord, c'est ça, avec diplomate ?
13:17 - L'activisme aura sa place, de même que l'activisme
13:19 a sa place aujourd'hui dans le discours social non green.
13:22 Mais il faudra effectivement aussi à un moment être capable
13:24 de réconcilier ça avec un certain nombre de réalités,
13:26 juridiques, business, et donc il faudra les gens
13:28 qui se sont frottés aux boîtes, c'est sûr.
13:29 - Il y a les nouveaux métiers, et puis pour terminer,
13:31 il y a quand même l'idée que certaines entreprises,
13:32 et vous en faites partie, se disent,
13:34 mais est-ce qu'on est encore là dans 10 ans
13:36 avec les règles d'obsolescence programmée ?
13:40 On oblige aujourd'hui, même avec ce nouveau label,
13:42 de découvrir le taux de réparabilité.
13:45 Tous ces sujets sont sur la table.
13:47 Est-ce que c'est une réflexion que vous portez
13:49 à travers ce rapport, en 10 ans, finalement,
13:50 c'est un peu un signal d'alarme que vous envoyez
13:52 à ces entreprises ? Attention, si vous ne prenez pas
13:54 le virage, dans 10 ans, dans 15 ans, vous serez mort.
13:58 - Clairement, je pense que les entreprises
13:59 ont tout à perdre, effectivement, de ne pas enclencher
14:01 ce sujet de transition écologique.
14:03 Et ce qui est important et vraiment un message
14:04 qu'on veut faire passer aussi dans ce rapport,
14:06 c'est que tous les métiers vont être impactés,
14:07 de près ou de loin, par la transition écologique.
14:10 Et c'est un peu un exemple que tu donnais, Antoine,
14:12 sur la transition digitale, la transformation digitale.
14:15 Si on regarde il y a quelques années,
14:17 en fait, il y a eu 10-15 ans, on a imaginé
14:19 des nouveaux métiers en lien avec le métaverse,
14:21 l'avatar, tout ça. On y est, globalement.
14:23 - Ça n'a pas pris totalement, mais on y est.
14:25 Technologiquement, on y est.
14:27 - Mais ce qui est super intéressant à retenir
14:29 par rapport à la transformation digitale,
14:30 c'est qu'en fait, tous les métiers ont été impactés
14:32 de près ou de loin par la transformation digitale,
14:35 par le digital. Et donc, on est convaincus,
14:36 en tout cas, que ce phénomène va effectivement émerger
14:39 dans le cadre de la transition écologique
14:41 et que tous les métiers seront impactés.
14:42 Et d'où le rôle et l'intérêt pour les RH, en fait,
14:45 d'anticiper ces évolutions.
14:47 - En tant que TAO, c'est plus gros, vous avez raison,
14:49 c'est que c'est existentiel. C'est là que le parallèle
14:50 entre transfo digital et transfo green...
14:52 On a beaucoup, y compris, j'imagine,
14:54 sur ce genre de plateau, dit que Accor mourrait
14:56 à cause d'Airbnb ou que G7 mourrait à cause du beurre.
14:59 Et 10 ans après, on constate que non.
15:00 - Et que Airbus serait par terre
15:01 alors qu'ils sont en train de se transformer.
15:02 - Il y a des effets de rattrapage.
15:04 Faisons attention aux prédictions.
15:06 En revanche, il y a une possibilité
15:08 dans ce transfo environnemental
15:09 de quelque chose d'existentiel qui est, grosso modo,
15:11 un peu de haine envers un certain nombre d'entreprises,
15:13 des dynamiques de boycott.
15:14 Personne n'en voulait à une boîte
15:15 de ne pas faire sa transfo digitale.
15:16 Au pire, vous passez... - Là, ça se durcit.
15:18 - Là, ça se durcit. Les réactions qu'il y a eues à HEC
15:20 à plusieurs reprises récemment sur la présence
15:22 d'une entreprise pétrolière comme Total sur le corpus
15:24 montrent qu'il y a quelque chose dans HEC qui...
15:26 - Et je ne parle pas de LVMH sur sa clé.
15:29 - Exactement. Il y a quelque chose...
15:31 Ou Total à Polytechnique.
15:32 A nouveau, on n'est pas dans des centres
15:34 de la contestation étudiante historiquement.
15:36 Il se passe quelque chose,
15:37 il se passe quelque chose qui pourra toucher,
15:39 on l'imagine, à l'existence de ces boîtes-là.
15:41 C'est pour ça que, évidemment, c'est des sujets de dirage,
15:43 mais c'est aussi et surtout des sujets de board.
15:45 - Juste, avant de nous quitter, qu'on soit bien clairs,
15:47 parce qu'avec ça, Climate, il y a quand même l'idée...
15:50 L'entreprise continuera à exister dans 10 ans ou pas ?
15:52 Parce qu'il y a aussi ce débat,
15:54 et on l'a vu, là, au Bourget, avec l'ouverture du Bourget,
15:57 avec l'idée d'une sorte de croissance heureuse,
15:58 vertueuse, toute verte, avec des avions qui vont pouvoir
16:01 nous offrir un carburant quasiment propre.
16:04 Quasi.
16:05 C'est ça qu'on nous vend aujourd'hui.
16:07 Puis il y a une autre partie de la population qui dit
16:08 "Attendez, retour à l'âge de pierre, l'entreprise, c'est fini,
16:11 parce qu'on est pas le vent."
16:12 Vous vous situez comment ?
16:14 - La question, elle est majeure.
16:15 Dans 10 ans, il est probable que l'entreprise
16:17 en tant qu'entité existe encore.
16:18 - Je pense, oui.
16:20 - Ce qui n'est pas possible et ce qui est compliqué,
16:22 c'est effectivement de vendre des avions pour dans 10 ans,
16:24 comme on le fait là, en en vendant 600.
16:25 La flotte d'Air France, c'est 200 avions.
16:27 Il faut bien avoir conscience.
16:28 Et là, on vient de vendre 500, pas 600.
16:30 Il faut bien avoir conscience des ordres de grandeur.
16:31 Avec, effectivement, une locoaste indienne.
16:33 Avec, dans le même temps, le CEO de Qatar Airways
16:36 qui déclare "Nous n'y arriverons pas.
16:38 Nous sommes en train de faire un exercice de communication.
16:40 On n'arrivera pas à faire ces fameux sustainable aviation fuel
16:43 en bonne quantité pour 2030."
16:44 Donc, à nouveau, le point, ce n'est pas de dire
16:46 "Supprimons l'entreprise et tout ira mieux."
16:48 Ça ne veut rien dire.
16:49 - Ça veut dire quoi ? Allons plus vite.
16:50 - Ça veut dire, évidemment, allons plus vite.
16:52 Et, en revanche, il existe un certain nombre d'activités
16:54 qui ne seront pas éco-compatibles court terme.
16:56 Comment on fait ?
16:57 Comment on se pose la question d'un démantèlement éventuel ?
17:00 Et comment vont faire les collaborateurs à l'intérieur ?
17:02 On ne peut juste pas...
17:03 - Ils y sont pour rien, objectivement.
17:05 On leur dit "Voilà, ce que vous fabriquez aujourd'hui,
17:06 c'est plus bon."
17:07 Mais comment on fait ?
17:09 - C'est là qu'il y a des politiques de reconversion industrielle.
17:10 Enfin, je veux dire, historiquement, en Italie,
17:11 on n'a plus de mineurs de charbon en France.
17:13 On a réussi à faire ça.
17:14 Sur le papier, c'est jouable.
17:15 - C'est un choc.
17:16 - C'est un choc et il faut s'aligner sur des objectifs, des dates
17:19 et que ce soit fait de manière relativement démocratique.
17:21 - D'ailleurs, dans votre rapport,
17:22 vous situez quand même les enjeux européens
17:24 en disant que le continent européen,
17:25 on ne l'a pas dit, mais c'est un des enjeux,
17:28 est quand même le continent le plus en avance,
17:29 le plus en pointe sur ces sujets.
17:31 Donc ça ne se situe plus, j'ai envie de dire,
17:33 sur le plan national.
17:34 C'est un enjeu européen.
17:36 Transférer, réorienter des collaborateurs
17:39 dont on sait que l'industrie va fermer.
17:41 On est d'accord ?
17:42 - Oui, tout à fait. De toute façon, je pense que
17:43 sur ce type de sujet, seul, on ne pourra pas y arriver.
17:45 Une entreprise seule ne pourra pas transformer les choses.
17:47 Je pense qu'effectivement, à un moment donné,
17:49 il faut que ce soit fait au niveau plus global,
17:51 effectivement, européen, au niveau des branches,
17:54 au niveau... En tout cas, il y a quelque chose à faire
17:56 de plus important pour faire bouger, en tout cas,
17:58 les secteurs d'activité.
18:00 - Vous allez vous déplacer, j'imagine,
18:02 pour le vendre, ce rapport, pour l'expliquer,
18:04 j'imagine, non, avec SaClaimed, dès que vous...
18:06 - Bien sûr, on le présente dans des boîtes,
18:08 on le présente aussi sous d'autres formats,
18:09 un peu plus branchés, formation,
18:10 qui permet aux DRH de s'en emparer,
18:12 de former des collaborateurs DRH.
18:13 Peut-être pour finir sur une note d'optimisme
18:15 par rapport à l'Union européenne.
18:16 Vous avez raison, ça se joue en UE.
18:17 La densité intellectuelle qu'on observe en France
18:19 autour de ces débats-là, me semble,
18:22 on va beaucoup en Angleterre, beaucoup en Allemagne,
18:23 où on a des clients, me semble plus riche,
18:25 alors en Europe que dans le reste du monde, c'est sûr,
18:26 mais même en France, au sein de l'Europe,
18:28 il y a quelque chose, je ne dis pas qu'on a toutes les réponses,
18:30 mais il y a quelque chose qui se joue en France.
18:31 - La prise de conscience, elle est là, elle est en France.
18:33 Il y a une densité de...
18:34 - Il y a une densité de choses qui se passent,
18:35 des personnes comme Jean-Marc Jancovici,
18:37 des associations comme le Shift,
18:38 des associations comme la Fresque du Climat, comme D'Automne.
18:40 Je les cherche dans le reste de l'Europe.
18:42 Pour l'instant, je ne les vois pas.
18:43 Il y a un peu un motif de fierté à se dire
18:45 que quelque chose est peut-être en train de s'inventer chez nous.
18:46 - Vous êtes d'accord avec ça ? - Eh bien oui.
18:48 - Cocorico, on est un peu en avance sur ces sujets.
18:51 - Eh bien, il faut en être fier aussi, parfois aussi.
18:53 - Merci à vous deux.
18:54 Antoine Poncaré, vice-président d'AXA Climate School.
18:57 Et ce fit le lieu, avec ce rapport, directrice de projet,
19:01 le Lab RH.
19:02 Je précise que Paige et Renaud ont travaillé d'arrache-pied
19:05 pour qu'il y ait vraiment des séances de travail attentives,
19:07 sérieuses. Lisez ce rapport.
19:10 Et puis, c'est amusant de voir ces fiches de poste
19:12 et des profils. Vous avez fait un petit job board.
19:14 Il y a plein de métiers très, très intéressants
19:16 qui, vous avez raison, sont déjà des métiers
19:17 qu'on est en train de verdir.
19:19 Ça sera peut-être des reconversions internes
19:21 dans l'entreprise. Merci à vous.
19:23 Merci pour ce débat. On termine avec Fenêtres sur l'emploi.
19:25 Et j'accueille mon invité.

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