Mardi 23 mai 2023, SMART JOB reçoit Bruno Choix (Membre, groupe des employeurs, CESE) , Odile Chagny (Économiste, co-animatrice réseau, IRES institut de recherches Economiques et sociales, Sharers & Workers) et Raphaëlle Bertholon (Coordinatrice projet SECOIA deal, CFE-CGC)
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00:11 Le Cercle RH est notre débat quotidien pour vous parler d'un rapport dont on a peu parlé ou pas encore parlé dans les médias.
00:18 Rapport européen remis justement et travaillé avec plusieurs acteurs.
00:22 On va faire le point sur l'intelligence artificielle et le monde du travail et le dialogue social qui est un élément supplémentaire.
00:29 Comment l'IA peut bousculer, transformer le dialogue social ?
00:33 Et c'est un travail extrêmement approfondi qui a été porté par mes invités.
00:37 Je salue Raphaël Bertollon. Bonjour Raphaël.
00:40 Coordinatrice de ce projet, l'une des coordinatrices parce que vous avez été très nombreux mais je commence par vous,
00:45 de ce projet SECOIA qui est un jeu de mot, SECO-IA, comme intelligence artificielle.
00:50 Vous étiez il y a encore peu secrétaire nationale à la CFE-CGC
00:55 et vous avez rendu le tablier après près de 20 ans de bons et loyaux services.
00:59 Merci en tout cas d'être avec nous.
01:01 Aude Il-Chani, l'une des coordinatrices, dans le rapport on appelle ça le consortium en tout cas, de ce groupement d'acteurs.
01:08 Vous êtes économiste à l'IRES, l'Institut de Recherche Économique et Sociale
01:11 et vous suivez les organisations syndicales, les syndicats salariés.
01:16 Vous y tenez beaucoup. Ça vous va comme présentation ? C'est important.
01:19 Bruno Choua, merci d'avoir répondu à notre invitation.
01:22 Le concret, on va en parler avec vous, vous êtes membre du CESE européen
01:26 et vous êtes le groupe des côtés groupe employeur au CESE
01:30 et vous êtes le président de la branche réparation-vente FNA, Fédération Nationale de l'Automobile.
01:35 Pour être extrêmement concret et on sera concret avec vous.
01:38 D'abord Aude, commençons, parce que ce rapport, d'abord il a été remis à qui ? Vous l'avez remis à qui ?
01:45 C'est un rapport européen qui a été remis à la Commission européenne.
01:49 Donc la Commission est en train d'examiner votre travail et va venir nourrir une réflexion,
01:54 j'imagine dans le cadre de directives, de textes en préparation.
01:58 Alors ce type de rapport et le guichet auquel on a été,
02:01 puisque c'est comme ça qu'il faut parler dans le jargon européen,
02:04 c'est un guichet qui vise à soutenir le dialogue social et les partenaires du dialogue social.
02:09 Donc finalement, la Commission européenne dédie des fonds aux acteurs
02:15 pour qu'ils s'enrichissent et qu'ils soutiennent en matière de dialogue.
02:18 Et c'est à ce guichet là qu'on a été.
02:19 Le fameux guichet et un mot quand même sur la méthode Aude,
02:21 parce que ça fait presque trois ans de travail, 2020, vous répondez à un appel d'offres.
02:26 Et là ce qui est intéressant, c'est que beaucoup d'acteurs,
02:28 et pas que des acteurs du syndicalisme salarial,
02:31 les acteurs aussi du syndicalisme patronal disent "nous on y va,
02:35 parlez-nous de cette méthodologie et de la manière dont vous avez travaillé qui est assez originale".
02:39 Alors ça c'est vrai que vous avez raison de le souligner,
02:43 un ingrédient essentiel de notre projet,
02:46 ça a été d'élaborer une méthodologie, une méthode de travail innovante
02:53 qui repose vraiment sur l'idée qu'il faut impliquer et associer les parties prenantes
02:59 à co-construire et réfléchir ensemble aux réponses qu'on va apporter.
03:03 Et donc on a été en permanence en déséquilibre de ce point de vue,
03:07 parce qu'on était en permanence en exploration de notre méthode
03:11 et aussi de l'intelligence collective,
03:13 mais l'idée était de constituer une sorte de communauté,
03:16 on va l'appeler une communauté agissante, d'acteurs tous parties prenantes,
03:20 qu'ils soient en entreprise, représentants des éditeurs,
03:23 représentants d'organisations de patronat, de la république...
03:26 – Tous les acteurs et les trucs qui fabriquent l'IA.
03:28 – Tous les acteurs et les trucs qui fabriquent l'IA,
03:30 qui est essentiel pour réfléchir ensemble au sujet qu'on voulait regarder.
03:35 – Odile, juste une question de Béossien,
03:37 parce que moi je suis confronté à cette problématique,
03:38 je m'attelle à ce sujet sur le plateau, je veux que les téléspectateurs comprennent,
03:43 mais vous l'économiste, vous êtes aussi loin que moi de l'IA,
03:46 c'est quelque chose qui semble tellement loin de nous.
03:49 – Alors, on est tout à la fois tous très éloignés et très impactés tous les jours par l'IA,
03:54 parce qu'il y en a partout chez nous, quand vous répondez à votre mail,
03:57 vous avez une aide qui est par une intelligence artificielle,
04:00 et c'est justement ça qui était notre volonté.
04:03 – C'est lever le capot pour faire un...
04:04 – Lever le capot et puis de prendre cette conscience que nous sommes tous travailleurs,
04:11 chefs d'entreprise, de petites entreprises, parce que dans le consortium,
04:14 ce qui est très important c'est qu'on a des représentants
04:16 justement des petites entreprises de proximité,
04:19 on est tous nos citoyens, on est tous concernés.
04:24 – Je précise Raphaël Bertelon, parce que je ne l'ai pas dit,
04:26 mais c'est un élément important, quand on lève le capot,
04:28 moi quand j'essaie de lever le capot, objectivement je ne vois rien,
04:30 je vois des fils partout et je ne comprends pas.
04:32 Je précise que dans votre histoire personnelle, vous êtes statisticienne,
04:34 vous avez, je dirais, une vision très mathématique des choses,
04:37 non mais c'est important de le dire,
04:39 qu'est-ce que vous avez découvert à travers ces trois ans de travail ?
04:42 Parce qu'on arrive à des conclusions assez concrètes,
04:45 on voit que l'IA est très évolutive et que c'est une technologie qui bouge tout le temps
04:49 alors que globalement les structures du dialogue social sont un peu figées,
04:53 et que tout ça peut avoir une incidence.
04:55 Dites-nous ce qui ressort fondamentalement de ce travail.
04:57 – Ce qu'on a essayé, c'est avec cette communauté,
05:00 de pouvoir tous collectivement monter en compétences
05:04 et identifier aussi véritablement les spécificités de l'IA
05:08 par rapport à des technologies sur lesquelles on a éventuellement l'habitude de travailler.
05:14 Et là on a identifié en fait trois grandes thématiques,
05:20 enfin spécificités, c'est la temporalité,
05:23 avec l'idée qu'on est toujours dans un outil jamais fini et itératif,
05:30 et donc toujours en mouvement.
05:33 Ensuite il y a la question des relations et des interactions,
05:39 c'est pour ça aussi, je ne sais pas si on va peut-être aborder après,
05:42 mais aussi les outils qu'on a proposés,
05:46 mais là-dessus ça change radicalement les relations
05:51 parce qu'on va vers une sorte d'hybridation.
05:55 Une des caractéristiques de l'IA c'est que par nature elle est un petit peu invisible.
06:00 – Exactement, et pourtant nous impacte.
06:02 – Vous ne savez pas ou pas, voilà, donc c'est important.
06:06 – Allez-y Raphaël.
06:08 – Et la troisième spécificité c'est notamment au regard de l'espace en fait,
06:13 on voit que l'IA fait "bouge", fait bouger et explose les frontières.
06:22 Donc c'est cette notion-là et notamment on l'a vu avec Bruno
06:27 dans le cadre de l'expérimentation sur la filière automobile.
06:31 – Dans une partie des conclusions de ce rapport,
06:33 l'interface du dialogue de l'IA doit permettre des explications,
06:36 des notifications du raisonnement de l'IA permettant aux salariés
06:39 d'être acteurs de la décision et non un simple résultat demandant une exécution.
06:45 C'est un peu ça la philosophie, au lieu de subir en permanence,
06:48 et j'ai envie de dire d'en avoir très peur,
06:50 objectivement ça génère beaucoup d'angoisse,
06:52 faire en sorte que le salarié devienne acteur.
06:55 Bruno, côté Fédération Nationale Automobile,
06:57 concrètement comment l'IA vous impacte et comment vous dites,
07:02 moi j'ai lu le rapport, vous êtes tous énormément impliqués,
07:06 vous avez tous beaucoup travaillé, comment l'IA impacte votre secteur ?
07:10 – En fait, je m'en suis rendu compte il y a 3 ans aussi à l'initiative du projet,
07:15 j'étais ravi qu'on me sollicite au titre de l'U2P et de la FNA justement
07:19 pour évoquer les sujets automobiles parce que nous sommes en plein dedans
07:22 et très impactés aujourd'hui.
07:24 Sur des problématiques d'assurance,
07:27 qui aujourd'hui veulent faire de l'intelligence artificielle
07:31 un mode économique encore plus qu'il n'est aujourd'hui,
07:33 c'est-à-dire qu'aujourd'hui avec votre téléphone vous avez un accident…
07:37 – Photo.
07:37 – Photo, qui est envoyé à une intelligence artificielle,
07:41 qui vous calcule un montant de réparation sur un prix forfaitaire toujours au plus bas,
07:46 sans avoir la notion de l'expertise contradictoire,
07:49 sans avoir la notion de la réparabilité dans la…
07:51 – Ce que vous dites là existe déjà, il faut le préciser.
07:53 – Ça existe déjà et c'est là où j'interpelle un peu les États,
07:58 enfin tout le monde et j'étais ravi de partager avec Diller et Raphaël sur le sujet
08:01 parce que nous sommes au début du balbutiement et le monde des assureurs,
08:06 vous savez comment ils sont, ce sont des économistes avant tout.
08:09 Et voilà, et moi ce que je crains au plus,
08:12 que ce soit au détriment de la qualité des réparations…
08:15 – Excusez-moi Bruno, vous vous immergez dans ce sujet, vous bossez,
08:18 vous vous réunissez dans cette méthodologie si particulière,
08:21 est-ce que concrètement vous dites maintenant, c'est à la Commission européenne
08:25 de recréer de nouvelles règles parce que pour l'instant tout vous échappe là,
08:28 ce que vous décrivez là, ça vous échappe ?
08:30 – Ça nous échappe, sauf qu'il y a des réglementations européennes
08:33 comme le libre choix du réparateur,
08:35 réparation aussi vue par un expert et compagnie.
08:38 – Exact.
08:38 – En fait à partir du moment où l'assurance a chiffré à travers l'IA,
08:44 envoie un règlement direct à l'assuré,
08:47 il sait désengager tout, quel que soit, réparer ou pas, accidenter ou pas.
08:51 – Je vous envoie l'argent, je ferai ce que vous voulez monsieur.
08:53 – Je vous envoie l'argent, c'est ce que vous voulez,
08:54 et l'assurance c'est fini pour lui.
08:56 Et je trouve ça, pour moi c'est le particulier,
09:00 vous êtes assuré, vous payez votre assurance,
09:02 vous devez faire une réparation en bonne et due forme.
09:04 – Exact.
09:05 – Surtout avec l'époque à laquelle on vit.
09:07 – Cet exemple concret là, c'est exactement ce que vous nous disiez
09:09 au début de cet échange, c'est, on est impacté quotidiennement par l'IA
09:15 et finalement on arrive, un, on n'a pas la clé pour ouvrir le capot
09:18 et puis quand on l'ouvre on ne comprend rien.
09:20 Comment les salariés, comment les acteurs,
09:21 puisque vous vous représentez aussi des organisations salariales,
09:24 comment ils peuvent se réapproprier, je dirais presque démocratiquement
09:27 cet outil qui semble si technique, si complexe,
09:30 qu'on a le sentiment qu'il nous échappe en permanence,
09:33 il nous glisse des mains ce sujet.
09:35 – Ça a été le cœur de notre réflexion, comment outiller les acteurs
09:40 et comment aussi mettre au service des acteurs des outils en termes de dialogue.
09:47 Un point qui est important à souligner, et Bruno représente tout à fait ça,
09:53 c'est que notre réflexion n'a pas porté que sur le dialogue social
09:57 au sens strict du terme.
09:58 – C'est pour ça qu'on reste pas…
09:59 – Ce qui est vraiment important, dans notre projet c'est vraiment de dire,
10:02 en fait il faut faire bouger aussi les objets, les périmètres et les lieux du dialogue.
10:08 – Et les parties prenantes autour de la table.
10:10 – Les parties prenantes, tout à fait.
10:11 – On est d'accord.
10:12 – Absolument.
10:13 – Raphaël, quand on dit les parties prenantes,
10:14 c'est que quand on parle de l'IA, tout ça est très évanescent
10:16 pour le commun des mortels que je suis, mais derrière il y a des entreprises,
10:20 il y a de la technologie, il y a des ingénieurs, il y a beaucoup d'argent.
10:24 Comment, excusez-moi de vous reposer la question,
10:26 mais comment on se réapproprie tout cela ?
10:28 Comment vous nous rendez quelque chose de très opaque, de très transparent ?
10:33 C'est l'enjeu du rapport.
10:34 – C'est pour ça qu'on a prévu dans le rapport,
10:39 on a fait un atelier de design thinking, on a dessiné plusieurs outils
10:44 qui sont des briques à disposition des différentes parties prenantes
10:49 et qui viendront, je dirais, alimenter le nouveau règlement
10:56 qui vient d'être voté par le Parlement.
10:58 – Sur l'IA.
11:00 – Sur l'IA, où il est prévu justement une consultation,
11:05 mais justement une fois en amont.
11:10 – Et après, terminé.
11:11 – Voilà, donc nous, on a prévu un certain nombre d'outils
11:14 issus des fruits de notre réflexion par rapport à ce qui se changeait.
11:18 Par exemple, on prévoit une clause de revoyure en disant,
11:22 comme il y a ce système interactif…
11:25 – Et qui évolue technologiquement.
11:26 – Et qui évolue technologiquement.
11:28 Après, on a mené aussi une expérimentation qui était très intéressante
11:34 et qui nous a permis aussi de voir comment on peut former aussi
11:40 et quel type de formation.
11:42 Et là, on a imaginé les formations avec des regards croisés,
11:47 salariés, dirigeants d'entreprises, experts métiers…
11:52 – Acteurs et parties prenantes.
11:54 – Parce que la perception de l'IA n'est pas la même
11:57 et de pouvoir échanger avec une technique aussi un peu particulière,
12:01 on a développé une méthodologie développée par le cabinet Estaca Data
12:06 qui nous a accompagnés sur le sujet.
12:08 – Mais Raphaël, très concrètement, vos amis syndicalistes,
12:11 vous ne l'êtes plus ou moins,
12:13 comment ils se réapproprient dans leur discours même de syndicalistes
12:17 des collaborateurs qui, dans la banque, que vous connaissez bien,
12:20 qui dans l'assurance, qui dans les secteurs du tertiaire,
12:22 se sentent eux-mêmes dépossédés de leur travail ?
12:25 Comment un syndicaliste est capable de se réarmer sur ce sujet ?
12:28 Il y a de la pédagogie, il y a de la conférence…
12:29 – Oui, il y a le dialogue, il y a la formation
12:35 et justement la formation avec des regards croisés
12:39 parce que je crois que c'est vraiment important de partager sur la perception,
12:44 ce qu'on a vu au cours de l'expérimentation
12:47 et puis après on a proposé aussi d'autres outils comme le registre,
12:52 un peu à l'identique de ce qui existe pour le RGPD,
12:56 d'avoir un registre sur tous les traitements d'intelligence artificielle.
13:01 – Ils jouent le jeu d'ailleurs les acteurs de l'intelligence,
13:03 ils sont d'accord pour se mettre autour de la table ?
13:04 – Absolument.
13:05 – C'est la question qu'on se pose, on se dit après tout,
13:07 ils n'ont peut-être pas envie de nous voir…
13:08 – Au contraire, au contraire, ils sont d'accord.
13:11 – Au contraire, parce que ça va permettre de justement…
13:13 – Mais excusez-moi Bruno, pour que l'on y voit clair,
13:15 vous, vous perdez de l'argent sur cette opération dont vous parlez,
13:17 c'est-à-dire que c'est parti en IA, je prends la photo,
13:19 tout ça est fait très rapidement parce qu'on a de la data et de la donnée,
13:22 on a eu 50 000 accidents, ils sont compilés, ça fait 600 euros, très bien,
13:26 je reçois l'argent, et vous, votre enjeu financier là ?
13:29 Parce que j'imagine qu'il y a un enjeu business dans ce que vous nous dites.
13:31 – Il y a un enjeu business, mais pour moi ce n'est pas la priorité avant tout,
13:35 la priorité c'est le consommateur, qui au bout du compte a un véhicule…
13:39 – C'est ça.
13:40 – Parce que l'aspect business, on l'aura toujours,
13:42 parce que les accidents un peu plus gros,
13:44 où il y a quand même malgré tout un suivi d'experts et compagnie,
13:46 mais c'est tout ce qui est un peu…
13:48 – Accrochage.
13:48 – Accrochage et compagnie,
13:50 et moi c'est l'aspect sécurité, pour le consommateur,
13:52 qui m'interpelle le plus la profession,
13:54 elle va s'adapter quoi qu'il en soit, elle l'a toujours fait.
13:56 – Ça ne change rien pour vous ?
13:57 – Sur la méthodologie, si, parce qu'il y a les rapports experts assurés,
14:01 qui sont très importants pour sécuriser le client et le professionnel.
14:05 – C'est l'assureur qui dit que c'est plus rapide pour le consommateur,
14:07 il dit la même chose lui, il dit c'est génial, ah bah si !
14:10 – Il dit c'est génial parce qu'il a tiré au prix le plus bas,
14:12 il a sorti le dossier pour lui, le dossier éclos, 8 jours et tout,
14:16 et sans savoir si…
14:18 – Sans avoir le suivi de savoir s'il a fait les travaux.
14:20 – Sans avoir le suivi, et pour lui il a réglé,
14:21 peu importe, il n'y aura plus aucun recours possible après, quoi qu'il en soit.
14:25 – Vous évoquez quand même, je ne voudrais pas qu'on se quitte sans qu'on l'évoque,
14:28 les dangers, je mets des guillemets,
14:30 mais les dangers des risques sur la santé mentale, c'est évoqué dans le rapport.
14:35 Odile peut-être vous voulez en dire un mot, peut-être,
14:37 parce qu'il y a tous les enjeux d'implication qui nous échappent,
14:40 on est impacté mais on ne sait pas trop comment,
14:42 puis après il y a des éléments extrêmement concrets.
14:45 – En fait, c'est la raison pour laquelle ce type de rapport
14:49 et les préconisations qu'on fait, les outils qu'on apporte,
14:51 est essentiel, c'est parce que justement on est dans un contexte
14:54 où on a des technologies impactantes qui ont des effets
15:00 dont on ne mesure pas toute l'ampleur,
15:02 ce n'est pas pour rien qu'on s'inscrit aussi dans la temporalité du règlement IA,
15:06 qui a une approche par le risque, et qui…
15:08 – Il y a un risque donc.
15:09 – Et il y a de nombreux risques, ne serait-ce que parce qu'effectivement
15:14 on a des systèmes qui donnent des instructions, qui interagissent,
15:18 et c'est bien ça leur spécificité.
15:19 – Raphaële, je me tourne vers vous, ancienne syndicaliste mais toujours impliquée,
15:23 qu'est-ce qu'il faut ? Il faut des réglementations d'État,
15:25 il faut une transparence, il faut des réunions,
15:27 qu'est-ce qui fait et comment on peut limiter le risque de l'IA ?
15:31 Parce qu'on a l'impression que c'est tentaculaire,
15:33 la tentacule s'allonge de jour en jour.
15:35 – C'est surtout le dialogue et puis associer l'ensemble des parties prenantes,
15:41 parce que la spécificité aussi de l'IA, c'est qu'avec les données,
15:46 là c'est la statisticienne qui parle, on est tous co-concepteurs en fait.
15:51 – On fait grosse survie.
15:52 – Et ça pose des questions bien évidemment éthiques,
15:58 et donc il faut vérifier tous ces points-là,
16:01 mais ça pose aussi des questions économiques,
16:03 c'est-à-dire que si je reprends l'exemple avec les experts automobiles,
16:08 si on récupère éventuellement toutes les données,
16:11 c'est eux qui constituent toute la base de données,
16:16 et après c'est eux qui apportent la richesse,
16:20 et comment on va répartir tout ça ?
16:21 – Ils doivent rester acteurs et gestionnaires de leurs données,
16:23 parce que c'est un peu comme les données de santé,
16:24 beaucoup de compagnies se disent,
16:26 si on récupérait les données de santé, avec ça on fait des choses.
16:28 Vos données, vous les perdez vous en fait ?
16:30 Vous ne les avez pas encore là ?
16:32 – On les garde mais c'est ouvert à tout, parce qu'en fait on les diffuse.
16:36 C'est l'open data, on enrichit toutes les bases de données externes,
16:39 quelles qu'elles soient.
16:40 – Juste un mot, parce que ce débat est totalement passionnant,
16:43 est-ce qu'à l'aune des trois ans de travail,
16:46 avec tous ces acteurs parties prenantes,
16:48 vous dites, il y a de quoi s'inquiéter,
16:51 et il faut réglementer, ou vous dites, de toute façon,
16:53 je dirais la savonnette est partie, on ne peut plus l'arrêter ?
16:57 En un mot.
16:58 – La savonnette est partie, il faut accompagner,
17:00 il faut outiller, il faut acti-mater, il faut s'y réguler.
17:04 – Réguler ?
17:06 – Bien sûr, en fait il y a une articulation
17:08 des différents niveaux de réglementation,
17:10 et le règlement européen, c'est à force de loi,
17:14 donc c'est comme le RGPD.
17:16 – Avec des transpositions de directives.
17:17 – Avec des transpositions qui vont prendre un certain temps,
17:19 pas de directives, c'est application directe.
17:21 – Application directe, inquiète ou pas inquiète Raphaël Berthelon ?
17:24 Parce que trois ans de travail,
17:25 vous devez avoir une vue panoramique du sujet.
17:27 – Oui, après justement, c'est comment les acteurs vont s'approprier.
17:32 Nous ce qu'on dit, c'est que dans le cadre de la régulation
17:36 du règlement européen qui est avec une approche pas à les risques,
17:40 en catégorisant en fait les IA avec le niveau complètement interdit
17:47 et prohibé et puis avec faible risque.
17:50 – 4 GPT, pour ne pas le citer.
17:53 – Voilà, donc justement sur le sujet, nous ce qu'on dit,
17:58 c'est que les représentants des salariés ont tout à fait un rôle à jouer
18:03 parce qu'on est dans un système d'auto-régulation,
18:07 puisqu'on va faire confiance aux entreprises
18:11 et on dit les représentants des salariés,
18:14 ils jouent le rôle un petit peu de ce que j'ai qualifié,
18:17 qu'on connaît bien en banque, de contrôle de premier niveau,
18:20 de régulateur de proximité et il faut les associer
18:24 parce que l'entreprise aussi pourra se sécuriser,
18:27 c'est-à-dire que s'il y a quelque chose qui va mal,
18:29 tout de suite, notamment on propose la création d'un comité d'éthique,
18:35 ça sera avec un certain nombre de jalons, d'alertes.
18:37 – Donc réappropriation par les citoyens ou par les délégués du personnel,
18:40 enfin du cas les syndicats, vous vouliez conclure parce que je sens
18:43 que vous avez un truc à dire.
18:43 – Oui, je voulais juste conclure et dire que ce projet était sécuriatif,
18:47 très intéressant et notamment au titre de l'U2P aussi,
18:51 pour les PME, les TPE, les petites entreprises,
18:53 l'intelligence artificielle est aussi impactable
18:56 et surtout ne pas oublier le monde des salariés que j'apprécie énormément
19:00 et de pouvoir conserver un dialogue social digne de ce nom et par la valeur humaine
19:04 et là c'est important aussi d'être tous ensemble justement, de pouvoir en échanger.
19:07 – Le dialogue social s'est fait grâce à ce rapport SECOIA,
19:10 à découvrir dans toutes les langues parce que quand on va sur le site,
19:13 vous l'avez en anglais, il y a cinq langues, en italien.
19:16 – En italien parce qu'on a beaucoup travaillé avec nos amis de Chicard.
19:18 – Non mais je précise que c'est un travail qui est assez colossal
19:20 et qui est à mon avis une matrice de réflexion autour de la manière
19:23 dont nous, citoyens, on se réapproprie ou pas ces enjeux d'IA.
19:27 C'était passionnant, merci Raphaël Bertollon, coordinatrice de ce projet SECOIA,
19:31 avec évidemment, mais bien sûr, je ne peux pas citer les deux noms en même temps,
19:35 avec Odile Chani qui a énormément travaillé et qui est coordinatrice aussi,
19:39 économiste à l'IRES, d'ailleurs Raphaël Bertollon,
19:41 vous avez quitté le Secrétariat national pour travailler et accompagner l'IRES aussi,
19:46 vous allez travailler ensemble.
19:47 – Je représente la CFE CGC à l'IRES.
19:48 – Alors représentante de la CFE, donc vous n'avez pas totalement quitté le syndicalisme
19:51 et Bruno Chouard, vous êtes membre du CESEU européen,
19:54 l'UDEP que vous représentez sur ce plateau à travers la branche de réparation-vente
19:58 de la Fédération nationale de l'automobile.
20:00 Lisez ce rapport, vous qui vous intéressez à l'IA, c'est trois ans de boulot,
20:04 c'est un travail colossal, merci à vous trois de nous avoir éclairés
20:07 et on termine notre émission.
20:08 Alors avec un tout autre sujet, parce que je ne pense pas que l'IA puisse encore impacter ce sujet,
20:12 la parentalité, bah oui, ça l'IA ne pourra pas remplacer la naissance des bébés,
20:17 je ne sais pas, on en parle, c'est tout de suite dans "Fenêtres sur l'emploi".