BE SMART - L'interview de Franck Mathais (JouéClub) par Aurélie Planeix

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Vendredi 30 juin 2023, BE SMART reçoit Franck Mathais (Porte-parole national, JouéClub)

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Transcription
00:00 [Musique]
00:05 Et tout de suite je vous propose un focus sur le secteur du jouet, un secteur en pleine consolidation
00:11 avec notamment la reprise de la grande récré par Jouets Club, c'est un entretien enregistré la semaine dernière.
00:17 [Musique]
00:23 On parle maintenant du secteur du jouet qui emprunt un mouvement de consolidation
00:27 et je reçois pour en parler Franck Mathey, bonjour.
00:29 Bonjour.
00:30 Vous êtes porte-parole de Jouets Club, coopérative de commerçants indépendants spécialisés dans le jouet
00:36 et qui vient de reprendre au début du mois une autre enseigne, la grande récré.
00:40 Moi je voulais savoir quels sont les contours d'abord de cette reprise,
00:43 qu'on comprenne bien de quoi on parle exactement, comment ça va se dérouler opérationnellement,
00:48 est-ce que par exemple on va imaginer une fusion des deux marques ?
00:51 Alors notre projet de reprise consistait à dire on prend la marque, la grande récré et elle va continuer à exister demain,
00:58 on reprend près de 90% des magasins pour pouvoir leur redonner une activité saine et profitable
01:04 et on reprend l'ensemble des personnels de ces magasins et aussi du siège.
01:08 Donc en fait le projet de Jouets Club c'est de faire en sorte que la grande récré continue en tant qu'enseigne,
01:13 elle est indépendante de Jouets Club et pour garantir cette indépendance,
01:16 en fait on a deux centrales de pilotage qui vont pouvoir chacune,
01:21 pouvoir exprimer les forces de chaque enseigne auprès des consommateurs.
01:25 Donc notre projet c'est effectivement d'avoir acheté cette enseigne qui était en difficulté,
01:29 mais de lui continuer son activité, donc les deux marques resteront à l'avenir pour les consommateurs.
01:36 Quel va être le premier chantier, parce que vous le dites très bien finalement, la grande récré était en difficulté.
01:41 Comment on redresse la barre, quelle est la stratégie ?
01:44 Alors la stratégie est à trois niveaux qui doivent se faire en même temps quasiment.
01:48 Le premier niveau c'était d'abord les équipes, les équipes du siège, les équipes du magasin,
01:52 et leur présenter le projet pour leur redonner des perspectives et les remotiver.
01:56 Dans le même temps, il faut réapprovisionner les magasins,
01:59 puisque il y avait des défauts d'approvisionnement des magasins compte tenu des difficultés de l'enseigne.
02:03 Donc là les commandes ont été passées dès le lendemain de la décision du tribunal qui a eu lieu le 9 juin dernier.
02:09 Et puis il y a aussi Noël qui arrive très vite, puisque Noël c'est début octobre,
02:14 ça se prépare maintenant en fait, c'est 55% des ventes annuelles,
02:17 et en réalité ça se prépare un an à l'avance.
02:19 Donc il y a eu évidemment un travail de préparation qui avait été fait par les équipes de la Grande Récré.
02:24 Donc notre travail aujourd'hui consiste à observer un petit peu toutes ces prévisions qui ont été faites
02:29 pour passer les commandes de Noël, parce qu'on engage les commandes de Noël dès à présent,
02:33 et faire en sorte que la marchandise arrive au mois d'octobre tel que le catalogue le permettra,
02:40 et ensuite de travailler un plan de communication spécifique pour renforcer aussi la notoriété de la Grande Récré,
02:45 et dire à tout le monde "on est là, venez chez nous, vos enfants, pour avoir un bon Noël".
02:50 Qu'est-ce qui fait la différence d'une enseigne à l'autre ?
02:54 Parce que moi en tant que consommatrice, je vois les enseignes, j'identifie éventuellement leur design graphique,
03:02 mais après dire si l'une est mieux que l'autre, ou quelle est la force de l'une par rapport à l'autre,
03:06 franchement j'en suis bien incapable.
03:08 En réalité pour saisir la différence il faut être client de ces enseignes.
03:11 C'est vrai que vu de l'extérieur un magasin de jouets c'est un magasin de jouets,
03:13 donc qui s'appelle la Grande Récré, King Jouets ou Jouets Club,
03:17 on va dire vu de l'extérieur c'est pareil, mais en réalité tout est différent.
03:20 Déjà les noms des enseignes sont différents, l'image du magasin est différente,
03:25 donc vous avez une ambiance qui est différente,
03:27 donc vous allez vous sentir plus ou moins bien en fonction de ce que vous êtes,
03:30 et puis ensuite il y a l'offre produit disponible dans le magasin qui va être différente.
03:34 Un magasin Jouets Club c'est 20 000 références disponibles à peu près,
03:38 la Grande Récré c'est 10 000, donc vous voyez il y en a deux fois plus chez Jouets Club,
03:42 et pour autant les grands standards que tous les enfants veulent sont là,
03:47 mais on vend aussi plein d'autres jouets.
03:49 Et puis ensuite ça va être la relation client qui va se faire différemment,
03:54 c'est-à-dire la façon dont on va accueillir le client,
03:57 on va le conseiller, on va lui proposer des services,
03:59 donc tout cet ensemble permet d'apporter des nuances dans la proposition,
04:04 et c'est sur ces nuances que les consommateurs font leur choix d'enseignes.
04:07 Il y a des synergies possibles quand même entre les deux enseignes ?
04:10 Il y a toujours des synergies, des synergies en amont,
04:12 en réalité des synergies sur par exemple les imports,
04:15 des synergies sur la logistique, probablement sur l'informatique,
04:19 des synergies aussi dans le cadre des relations avec les fabricants,
04:23 peut-être en termes de formation aussi,
04:25 donc là c'est ce qu'on est en train d'étudier, de creuser très profondément,
04:30 pour nous permettre de redéfinir un nouveau plan d'action performant
04:35 pour les années 2024-2027.
04:37 Il y a eu, je disais en tout début, ma première phrase je crois a été
04:41 il y a un mouvement de consolidation dans le secteur du jouet,
04:43 et c'est vrai que si on regarde, il y a deux ans King Jouet a repris Maxi Toys,
04:47 et Smith Toys a repris l'année dernière Pickwick,
04:50 et aujourd'hui c'est vous Jouet Club qui reprenez La Grande Récré,
04:54 qu'est-ce qui explique ce mouvement-là,
04:57 et dans quel état est le secteur du jouet aujourd'hui en France ?
05:00 Alors le secteur du jouet se porte bien,
05:02 parce que sur les dix dernières années, le marché du jouet a accru de 2% en moyenne chaque année.
05:07 Donc ce n'est pas une dynamique de marché aujourd'hui qui est la cause de ces difficultés,
05:12 c'est vraiment des difficultés intrinsèques à chacune de ces entreprises.
05:15 C'est quoi, c'est le modèle du magasin qui perd pas moins versus Internet par exemple ?
05:18 C'est des financements qui suscitent trop d'endettement,
05:21 et qu'avec la crise du Covid on n'arrive pas à faire,
05:24 c'est des actionnaires internationaux qui ne peuvent plus continuer,
05:28 donc du coup l'entreprise en France a besoin d'avoir un nouvel actionnaire,
05:32 parce que dans les exemples que vous avez cités,
05:34 il y a deux opérations de consolidation, et une troisième c'est une reprise.
05:38 Et nous l'avantage c'est que la marque qu'on reprend,
05:41 elle va continuer à exister, alors que pour nos confrères,
05:44 les deux marques ont disparu.
05:46 Donc le paysage en fait s'est reconfiguré,
05:48 mais c'est des développements avec des crises de croissance parfois,
05:53 des problématiques au niveau des actionnaires des entreprises.
05:57 Et puis une crise du Covid, qui a été difficile pour certains,
06:01 parce que quand on prend l'exemple de La Grande Récré,
06:04 une enseigne qui avait une grosse partie de ses magasins dans les centres commerciaux,
06:08 qui ont été fermés beaucoup plus longtemps que les magasins
06:10 qui étaient en périphérie ou dans les centres-villes,
06:13 et bien il fallait quand même payer les loyers,
06:15 donc ça faisait des charges qui ont accumulé les dettes de l'entreprise,
06:18 et qui l'ont placé en difficulté pour arriver finalement
06:21 à avoir un nouveau repreneur en cette année 2023.
06:24 Mais donc le marché du jouet lui va bien ?
06:26 Oui, il va bien. En fait aujourd'hui il y a une dynamique du marché
06:29 qui est apportée par les adultes justement,
06:31 parce que 30% des ventes aujourd'hui sont faites par les adultes pour eux-mêmes.
06:35 Donc c'est une bonne nouvelle pour nous,
06:37 parce que ça veut dire qu'il y a un potentiel énorme.
06:39 Aujourd'hui les adultes sont décomplexés des jeux ou des jouets,
06:43 parce que ce sont des grands joueurs de jeux vidéo depuis leur adolescence,
06:48 et ils continuent en tant qu'adultes.
06:50 Et donc on a plaisir aujourd'hui à voir une figurine de Pikachu
06:53 ou de Dragon Ball Z dans sa chambre, dans son salon, dans sa cuisine.
06:59 Donc ce sont des jouets à forte valeur.
07:02 Le prix moyen d'un jouet pour un enfant, il est inférieur à 20 euros aujourd'hui,
07:06 quand celui pour un adulte il est supérieur à 50 euros.
07:09 Donc vous voyez, en termes de valeur, ça amène un nouveau potentiel à notre marché,
07:14 et ça permet aussi de compenser la baisse de la natalité des enfants.
07:18 Donc globalement les équilibres se font différemment
07:22 de ce qu'on a pu connaître au cours des années précédentes.
07:26 Et grâce à ces nouveaux équilibres, il y a une dynamique du marché qui est là.
07:30 Et puis en 2023, on est sortis de toutes ces années Covid,
07:34 de ces années où il y a eu un ralentissement des développements de création auprès des fabricants,
07:39 et on a des belles nouveautés qui arrivent sur cette fin d'année.
07:42 On a beaucoup d'actualités cinéma avec des super héros,
07:45 et la licence c'est un jouet sur quatre vendu en France.
07:48 Donc c'est un facteur de dynamisation de notre marché.
07:51 Donc on est plutôt confiant sur cette fin d'année.
07:54 Si en plus l'inflation se met à ralentir, voire à disparaître complètement
07:58 dans les produits notamment alimentaires, ça va dégager du pouvoir d'achat
08:02 pour faire des cadeaux aux enfants et à soi-même.
08:04 Merci beaucoup pour votre éclairage, Franck Mathais, porte-parole de Jouet Club.

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