Mardi 8 avril 2025, retrouvez Laurent Daudet (Directeur Général Délégué, LightOn) dans SMART BOURSE, une émission présentée par Grégoire Favet.
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Générique
00:00Le dernier quart d'heure de SmartBourse, chaque soir c'est le quart d'heure thématique.
00:13Le thème ce soir c'est celui de l'audace boursière qui nous permet de revenir d'ailleurs sur la nuit des audacieux
00:20qui a été le grand événement organisé par BeSmart4Change la semaine dernière.
00:24La cérémonie est à voir en replay sur notre site si vous l'avez raté, BeSmart.fr
00:28et cette cérémonie a permis de recompenser justement l'audace boursière à travers les équipes de Leighton,
00:35lauréat de l'audace boursière de cette nuit des audacieux et son cofondateur et directeur général délégué est à mes côtés en plateau.
00:41Laurent Dedet, bonsoir.
00:42Bonsoir Jacques.
00:43Merci beaucoup d'être avec nous.
00:44On va parler évidemment de ce qui a changé pour vous le 26 novembre dernier, date de départ de votre aventure boursière.
00:51Mais je voulais qu'on redise un mot quand même de Leighton qui est une assez jeune entreprise qui a été créée en 2016.
00:57Mais qui a déjà connu un pivot stratégique important puisqu'en 2016, vous êtes vous-même physicien je crois Laurent, c'est ça ?
01:04Oui, je suis physicien universitaire au départ.
01:05Voilà.
01:05Et vous partez alors de la recherche dans le domaine de la physique en 2016, société que vous cofondez avec Igor Caron qu'on salue,
01:14vous partez plutôt dans le domaine du hardware, des équipements photoniques, c'est ça Laurent ?
01:18Exactement, exactement. La première direction qu'on a pris à Leighton, c'était de construire des accélérateurs photoniques pour certains calculs de l'intelligence artificielle.
01:27Donc c'était assez prémonitoire parce qu'on voit très bien que l'IA est en train de changer de dimension et requiert du nouveau hardware.
01:34Mais oui, oui, c'était vraiment de la techno pure et dure là.
01:36Et qu'est-ce qui a amené ce pivot vers, alors on va en parler, vers le développement de modèles de langage et d'agents d'IA ?
01:43En fait, on cherchait vraiment les applications de notre hardware qui étaient bonnes pour les très gros calculs.
01:49Et en fait, on a eu vraiment notre révélation en mai-juin 2020 quand on a vu arriver GPT-3.
01:55GPT-3, c'est l'ancêtre de tchad GPT.
01:59Donc on a vu arriver cette ovni là et on s'est dit, mais waouh, ce truc-là, c'est absolument génial.
02:06Non seulement c'est des énormes calculs et c'est exactement là où on est bon, mais c'est aussi quelque chose qui va révolutionner l'IA.
02:12Et non seulement révolutionner l'IA, mais du fait que ça s'utilise en français, en anglais, dans la langue de tous les jours,
02:19ça va sortir du petit monde des ingénieurs et ça va devenir utilisable par tout le monde.
02:22Et on a compris qu'il y avait un avant et un après, que c'était l'IA générative qui arrivait là, ça allait être le futur.
02:29Et on a fait pivoter l'entreprise en disant, mais ça va tellement vite là absolument qu'on met tous nos efforts là-dessus.
02:35Et c'est ce qu'on a fait.
02:36Très intéressant parce que moi, je me souviens très bien du moment de tchad GPT, c'est octobre 2022.
02:40Donc là, on parle de la révélation au monde entier, au grand public de tchad GPT.
02:45Mais pour vous, pour des professionnels de la profession, si je puis dire, le moment révélateur, c'était deux ans auparavant.
02:51C'est ça, 2020 avec le GPT.
02:54Un temps 2020, GPT 3 pour nous, c'était vraiment le tournant qui nous a fait comprendre qu'il y avait un avant et un après.
03:00Et partant de là, comment est-ce que vous mettez en place une stratégie et quelle stratégie est-ce que vous choisissez justement pour plonger dans ce grand bain de l'IA générative, des modèles, des grands modèles de langage et des agents d'IA ?
03:13Oui, oui. Alors notre première incursion dans le monde des grands modèles de langage, c'était de faire nous-mêmes nos propres LLM, comme on dit, nos propres grands modèles de langage.
03:21On a fait une douzaine de LLM.
03:23On a fait par exemple le premier LLM de classe GPT 3 en français uniquement parce que le français était un peu peu présent dans les modèles américains.
03:34On a fait un modèle en arabe, on a fait pas mal de choses.
03:39Et au fur et à mesure qu'on se développait, on s'est rendu compte que la valeur finalement, elle était moins dans les modèles eux-mêmes que dans les couches applicatives qu'on allait mettre au-dessus.
03:46Donc on a développé notre plateforme qu'on appelle Paradigme. Et Paradigme, c'est tout ce que vous avez besoin pour utiliser dans le monde de l'entreprise cette IA générative d'une façon qui soit totalement souveraine,
04:00qui soit totalement sûre pour vos données et qui soit personnalisable pour vos cas d'usage.
04:05Ça veut dire sur souveraineté personnelle, ça veut dire que ce sont des modèles ou des agents qui sont dans l'entreprise ou en tout cas qui se fondent sur les données de l'entreprise, qui sont dans l'entreprise ?
04:21Oui, les deux. Tout à fait. La première chose, c'est qu'on va aller s'installer sur les serveurs de l'entreprise.
04:27Ce qui fait qu'aucune donnée ne sort. On fait vraiment ce qu'on appelle du on-premise.
04:30On est même capable de faire du air-gap, c'est-à-dire des ordinateurs qui sont coupés des accès à Internet pour avoir la sécurité la plus totale.
04:39Donc on est capable de fonctionner en circuit totalement fermé, de pouvoir bénéficier de toute la technologie, des chatbots, de ce qu'on appelle les systèmes RAG,
04:49Retriever l'augmented generation, c'est-à-dire dialoguer avec des corpus documentaires.
04:54Et puis ce qu'on appelle maintenant les agents intelligents qui vont faire des tâches plus complexes dans un cadre d'entreprise.
05:00Donc ça, c'est la première particularité, la sécurité, effectivement. Et le deuxième, c'est la personnalisation.
05:07On va brancher cet IA sur les bases documentaires des entreprises de façon à pouvoir converser, vraiment pouvoir poser des questions sur des corpus documentaires.
05:17Que ce soit... Ça peut être très varié. Ça peut être dans un cadre juridique, ça peut être dans un cadre technique ou dans un cadre financier.
05:23Peu importe. Vous avez des documents, des documents textuels. Et maintenant, on prend en compte la vision, c'est-à-dire des documents peuvent avoir des tableaux,
05:32des graphiques, des schémas. Tout ça peut être compris par l'intelligence artificielle. Vous posez des questions, IA vous répond.
05:39Oui. Alors vous le dites, tout le monde en a besoin. Mais en l'occurrence, votre offre aujourd'hui, à qui elle s'adresse ?
05:44Est-ce qu'il y a quand même des secteurs, des domaines d'activité qui sont plus en demande aujourd'hui de ce genre de solutions ?
05:52C'est ça, oui. On va s'adresser principalement à des sociétés qui ont deux caractéristiques. C'est un, d'avoir beaucoup de données, ce qu'on appelle des données non structurées,
06:00des données qui ne sont pas sous forme de tableau Excel, des données qui sont sous forme de tout autre type de documents.
06:04Éparpillées, quoi.
06:04Éparpillées. Beaucoup de données non structurées. Et le deuxième, des sociétés qui sont très sensibles à ce que ces données restent privées.
06:10Et elles n'aillent pas traîner sur les serveurs à l'autre bout du monde, à Palo Alto, à Shenzhen ou que sais-je encore.
06:16Et donc, assez naturellement, on va s'orienter vers des secteurs tels que la banque assurance, tels que la santé, tels que le manufacturing ou la high-tech, la défense et enfin le secteur public.
06:29Voilà un peu nos secteurs prioritaires où sont nos premiers clients actuellement.
06:32Oui. Alors vous avez levé une quinzaine de millions, je crois, c'est ça, avec l'introduction en bourse ?
06:36Oui, à peu près 13 millions.
06:3713 millions le 26 novembre dernier. Alors c'est sûr que quand on voit les montants qui peuvent être levés par des sociétés américaines et ou chinoises, on se dit qu'on n'a pas peut-être la même puissance de frappe.
06:53Mais comment on retourne ça ? C'est-à-dire comment on retourne cet argument ou ce contre-argument, Laurent ? Et qu'est-ce qui fait que vous êtes aujourd'hui compétitif, concurrentiel dans ce secteur de l'IA générative ?
07:05Alors nous, on ne va pas aller se battre sur le même terrain que les géants du numérique qui ont effectivement des moyens absolument colossaux.
07:11Eux, leur objectif, c'est de construire des IA énormes, généralistes, qui savent faire beaucoup de choses, mais qui sont des méga-modèles, qui ont des 500 milliards de paramètres, etc.,
07:23qui demandent des semaines sur des supercalculateurs, enfin vraiment des choses absolument colossales.
07:29Notre conviction, c'est qu'on peut trouver un intermédiaire, apprendre des modèles plus petits de taille intermédiaire.
07:35Pour les spécialistes, entre 30 et 40 milliards de paramètres, pour nous, c'est ce qu'on appelle notre sweet spot.
07:42Et ça, ça répond déjà à une immense majorité des cas d'usage, tout en demandant une infrastructure beaucoup plus petite,
07:48et pour les entraîner, et pour les faire tourner après dans l'usage, quand on veut passer à l'échelle, à la production, avec des centaines ou des milliers, ou des dizaines de milliers d'utilisateurs.
07:57Et vous dites, le fait d'être français, et en l'occurrence européen, c'est aussi un avantage ?
08:03C'est un avantage, on voit en ce moment, avec les tensions géopolitiques, évidemment, c'est une technologie française, nos tarifs sont en euros,
08:16ils ne vont pas fluctuer avec des taux de change ou des tarifs douaniers, et c'est aussi une technologie qui entièrement maîtrise,
08:26toute la chaîne de valeur software, on dépend de personne d'autre d'un point de vue technologique,
08:31on utilise des briques open source, ou sinon, c'est que la technologie propriétaire qui donne,
08:36donc on est entièrement souverain aussi du point de vue de la technologie, et ça, il y a beaucoup d'entreprises qui nous le demandent.
08:41C'est ça, c'est un argument positif pour la vente, ça.
08:44Tout à fait, il y a beaucoup d'entreprises, dans le secteur public, c'est une évidence,
08:50mais aussi dans le secteur privé, où les gens se disent, si je vais avec les gros acteurs américains,
08:57est-ce que je suis sûr que dans un an, les tarifs seront les mêmes ?
09:01Est-ce que l'offre sera la même ? Est-ce que ça ne sera pas coupé ?
09:05Le patron de Total Energy, alors évoquant, je pense, plutôt les questions de stockage, de données, etc.,
09:10il le disait il y a encore quelques jours très clairement,
09:13quand j'ai le choix entre Microsoft, Google ou Amazon, je ne suis pas très à l'aise.
09:17Exactement, je pense que sur le cloud, alors la bataille, je ne dis pas qu'elle est totalement perdue,
09:23parce qu'il y a encore une niche pour quelques acteurs type OVH, etc.,
09:26mais par contre sur l'IA, je suis persuadé...
09:28Convaincu qu'elle n'est pas perdue.
09:29Elle n'est pas perdue, il y a des vraies parts de marché à prendre assez significatives
09:33pour des acteurs comme nous, comme Mistral, comme d'autres acteurs de ce domaine-là
09:37qui jouent cette carte de la souveraineté.
09:40Comment est-ce que vous en êtes venu à faire le choix de la bourse ?
09:42Parce que c'est vrai que dans votre univers, il y a quand même,
09:44peut-être qu'en France, c'est moins structuré qu'il y a,
09:46mais il y a quand même une masse d'investisseurs, de VC, de capital risqueurs
09:50qui sont prêts à mettre de l'argent dans les sociétés comme les vôtres.
09:54Peut-être que vous auriez pu continuer d'être financé avec ce modèle-là
09:57pendant quelque temps encore, Laurent.
09:59Qu'est-ce qui a fait à un moment que le choix de la bourse s'est imposé à vous ?
10:02C'est un choix qu'on a fait il y a à peu près un an, jour pour jour.
10:07On avait le choix, effectivement.
10:08On a eu des offres d'investisseurs plus traditionnels de capital risque
10:11qui nous proposaient de nous financer.
10:14Mais pour nous, le choix de la bourse s'est imposé
10:17parce que c'est le choix de l'indépendance.
10:18C'est le choix d'être nous-mêmes, effectivement, d'abord libres de notre trajectoire.
10:24On voit que les belles sociétés d'intelligence artificielle,
10:27très souvent, sont allées chercher de l'autre côté de l'Atlantique,
10:29d'ailleurs, leurs capitaux.
10:30Donc, c'est un peu plus difficile de jouer la carte de la souveraineté
10:33quand on a été chercher ces capitaux
10:34et qu'on est parfois devenu une société américaine.
10:37Je pense à des très belles boîtes comme Dataiku, Hugging Face, etc.,
10:41qui sont des boîtes qui sont nées en France
10:42et qui, maintenant, sont devenues, de fait, des boîtes américaines
10:45qui ont une très belle trajectoire.
10:46Mais on s'est dit, nous, sur l'IA générative,
10:49c'est devenu un phénomène de société.
10:51Il y a une carte à jouer.
10:52Les investisseurs et même les particuliers
10:53comprennent l'importance de cette technologie.
10:57On a une carte à jouer.
10:58Il y a aussi une prime au premier.
11:01Quand vous voulez investir dans l'IA générative,
11:03il n'y a pas des...
11:04Premier pure player de l'IA générative.
11:05Premier player de l'IA générative, voilà.
11:07Soit vous achetez du NVIDIA,
11:08mais en tout cas, c'est un peu compliqué.
11:10Mais soit vous achetez du Leighton.
11:12C'est choix d'indépendance et choix de cohérence aussi.
11:16C'est ce que vous dites par rapport au projet
11:18et par rapport à la vision que vous avez
11:19de cette question de souveraineté,
11:21puisqu'aujourd'hui, le mot est partout.
11:23Question de souveraineté, effectivement.
11:25Et c'est aussi un argument de solidité.
11:27Quand on va voir des clients potentiels,
11:30ils veulent savoir, évidemment,
11:32en travaillant avec une petite entreprise,
11:33si elle va être encore en vie,
11:35si elle va être encore indépendante, etc.
11:37Nous, on dit, voilà, on est coté en bourse.
11:38Et tout de suite, ça nous pose
11:40comme des acteurs solides et pérennes.
11:43Du coup, voilà.
11:44C'est aussi un argument commercial.
11:45Là, c'est une carte de visite,
11:46effectivement, d'être une société cotée aujourd'hui.
11:48Merci beaucoup, Laurent.
11:50Félicitations encore, je le redis,
11:51aux équipes de Leighton.
11:53Vous étiez quelques dizaines au départ.
11:55Au moment de l'introduction en bourse,
11:57c'est quelques dizaines de personnes.
11:58Une grosse vingtaine.
11:59Une grosse vingtaine de personnes,
12:02ce n'est pas...
12:02Une grosse vingtaine il y a un an
12:04et on a grossi progressivement
12:06pour être maintenant une cinquantaine.
12:08D'accord.
12:08Merci beaucoup.
12:09Félicitations aux équipes.
12:10Je rappelle que vous avez été lauréat
12:12de l'audace boursière
12:13à l'occasion de la nuit des audacieux.
12:15Grand événement qui a été organisé
12:16par Bismarck Fortune la semaine dernière.
12:18Toute la cérémonie,
12:19y compris la remise du prix de l'audace boursière,
12:21bien sûr, est à retrouver en replay
12:22sur notre site bismart.fr.
12:24Laurent Daudet, cofondateur
12:26et co-directeur de Lighton,
12:27est-elle invité de ce dernier quart d'heure
12:28de Smart Bourse ce soir.
12:42Smart Bourse vous a été présenté par Silex.
12:45Conseil en investissement,
12:46produits structurés,
12:47gestion d'actifs,
12:49technologie.