Attaque chez le maire de L'Haÿ-les-Roses : «On ne peut pas baisser les bras », confie David Lisnard

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David Lisnard, président de l’association des maires de France, répond aux questions de Dimitri Pavlenko.
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Transcript
00:00 7h, 9h, Europe 1 Matin.
00:04 7h11, Dimitri Pavlenko, vous recevez le maire de Cannes et président de l'association des maires de France.
00:10 Bonjour David Lissnard.
00:12 Bonjour.
00:13 Merci à vous de prendre quelques minutes pour partager votre parole ce matin avec les auditeurs d'Europe 1.
00:18 À Laili Rose, à Pontoise, à Sanois, à Charleville-Mézières, Cholet, Saint-Pierre-des-Cors, Monsieur ou Madame Le Maire
00:25 a subi la violence des émeutiers ces derniers jours et ce ne sont là que quelques exemples.
00:30 Il y en a malheureusement beaucoup, beaucoup d'autres.
00:33 Ce matin, David Lissnard, vous représentez, vous, tous ces maires de France, vous en êtes un, vous-même.
00:40 Comment vous sentez-vous, David Lissnard ? D'abord, vraiment une question de ressenti.
00:44 Vous savez, on reste très très mobilisés.
00:48 C'est ce qui m'a frappé hier en ayant beaucoup de mes collègues.
00:50 Il y avait évidemment beaucoup de révolte et de colère, après notamment la situation extrêmement grave à Laili Rose.
01:00 Et on reste très mobilisés parce qu'on est des habitants parmi les habitants et on ne peut pas baisser les bras.
01:06 On ne veut ni baisser les bras, ni baisser les yeux.
01:09 Et on ne veut pas donner le plaisir à tous ceux qui haïssent la France et qui méprisent la République de nous plaindre.
01:18 Donc on est mobilisés. On croit encore en notre pays.
01:21 Tous les jours, on est libre du service public et c'est ce qu'on veut affirmer aujourd'hui, notamment par ce rassemblement à midi.
01:27 Vous avez cité Vincent Jambrin, votre collègue de maire de Laili Rose,
01:31 qui est devenu bien malgré lui le symbole de tous ces élus qu'on attaque jusque chez eux.
01:35 Sa maison a été attaquée à la voiture bélier, sa fille, sa femme blessée.
01:40 Combien de maires et de mairies ciblées depuis une semaine, David Lissner ? Est-ce qu'on en a une idée ?
01:45 Oui, on en a une idée. Il y a eu 147 mairies qui ont été attaquées en cinq jours,
01:51 et bâtiments communaux, donc beaucoup d'incendies.
01:55 Et c'est d'ailleurs ce qui est très significatif, très nouveau.
02:00 À ma connaissance, dans l'histoire du pays, ornis en 1970, pendant la Commune de Paris,
02:05 où l'hôtel de ville de Paris avait été incendié par des émissiers, jamais dans notre histoire, on a eu des mairies attaquées.
02:12 Et ce qui est quand même très très significatif, c'est que la mairie, c'est souvent le dernier symbole,
02:19 et au-delà du symbole, c'est la dernière expression effective de la République française localement.
02:26 Donc l'enjeu il est là, aujourd'hui. Je pense que l'immense majorité de la population veut, comme nous, le retour à l'ordre.
02:33 L'immense majorité de la population en a assez d'assumer, de payer les conséquences des meutiers et des gens qu'ils détruisent.
02:42 Il faut bien comprendre qu'on n'est pas simplement derrière des émeutes d'opportunités,
02:46 c'est-à-dire des gens qui pillent pour des gains particuliers, etc.
02:49 On est véritablement vers l'expression d'une haine du pays. Et c'est ça qu'il faut qu'on combatte.
02:55 - Alors justement, vous vous appelez à une mobilisation civique de tous les Français devant les mairies aujourd'hui à midi.
03:01 Emmanuel Macron, lui, va recevoir demain 220 maires de communes victimes d'exaction.
03:06 Il a dit, le président de la République, quelque chose qui m'a interpellé hier. J'aimerais votre réaction.
03:10 Le président dit "nous devons d'abord qualifier les événements avant d'en tirer les conclusions".
03:15 Comment vous les qualifiez, vous, les événements ? Qu'est-ce qui se passe en France ?
03:18 Vous parlez quand même, vous avez cité 1870, c'est du jamais vu. On est dans l'historique en ce moment ?
03:24 - Oui, oui, moi je crois. Malheureusement, ce qui arrive ne me surprend pas.
03:28 Ça fait des années et des mois qu'on voit monter cette pression.
03:34 On sait qu'il y aura d'autres émeutes. Alors, est-ce que c'est dans trois ans ? Est-ce que c'est dans dix ans ?
03:38 Et qu'on passera encore à une nouvelle étape. Parce que si on regarde très honnêtement ce qui se passe aujourd'hui,
03:43 il y a eu un travail admirable des policiers et des gendarmes, comme souvent dans notre pays, pour rétablir l'ordre.
03:51 Mais les dealers remettent de l'ordre. Nous en sommes là.
03:56 C'est-à-dire qu'on sait très bien, on savait très bien qu'au début des émeutes, il y avait trois formes, si vous voulez,
04:02 d'émeutiers, de casseurs, de pilleurs. Il y a l'immense majorité des émeutiers qui étaient sur l'opportunité
04:09 pour se mettre en avant sur les réseaux sociaux, pour piquer une voiture, des vêtements, etc.
04:16 Mais il y avait aussi des émeutiers d'intérêt. C'est-à-dire que c'était des dealers qui en ont profité pour casser des caméras,
04:21 pour faire reculer la police et accroître leur autorité locale sur un territoire.
04:27 Et puis il y avait la minorité de ce que j'appelle les incendiaires idéologiques de certaines personnes extrême-gauche
04:32 qui se jettent sur tout pour détruire la société française. Mais le point commun de tous ces gens-là,
04:37 et c'est évident, c'est véritablement, je le répète, le mépris de la démocratie de la République,
04:43 qui est considérée comme faible. Il faut montrer que ce n'est pas faible, la démocratie de la République,
04:47 tout en respectant le droit, et c'est ce qui nous renfort. Et c'est la haine du pays.
04:51 Et le prochain coup, je vais arrêter là, les dealers rétablissent l'ordre, mais le jour où on va vraiment s'attaquer aux trinités,
04:57 qu'il le faudra bien, la prochaine émeute, malheureusement, on verra beaucoup plus d'armes automatiques tournées vers la police
05:03 et vers la population. Donc il va falloir, oui le président veut qualifier tant qu'il veut,
05:09 mais il va falloir travailler en profondeur pour rétablir l'ordre et sortir de ce délitement civique
05:16 dans lequel nous sommes depuis une trentaine d'années.
05:18 C'est un tableau très sombre que vous dressez ce matin sur Europe 1.
05:22 David Lissnard, je rappelle, vous êtes président de l'Association des maires de France.
05:25 Il y avait trois mesures à prendre là tout de suite pour, en urgence, rétablir l'ordre.
05:30 Je ne vous parle pas des mesures à long terme que vous avez commencé déjà à évoquer.
05:34 Quelles seraient-elles ces mesures, David Lissnard ?
05:36 Les mesures, c'est celles qu'ils ont prises, c'est-à-dire mettre la police, surveiller les bâtiments, arrêter les délinquants.
05:43 Ensuite, il faut réarmer l'état régalien. On voit bien qu'il y a une nécessité de faire évoluer la législation,
05:50 notamment sur le code pénal des mineurs. Avec Alexandra Martin qui est députée,
05:55 nous avions proposé il y a quelques mois une proposition de loi pour que l'excuse de minorité
06:02 ne porte plus sur 50% des peines de 10%, pour qu'elle puisse être rabaissée à présent,
06:07 et surtout qu'on engage la responsabilité des parents. Dans les émutiers qui ont été interpellés,
06:11 c'est une proportion majoritaire de mineurs délinquants, avec un sentiment et une effectivité d'impunité.
06:18 Donc, si vous voulez, les mesures, elles vont de la mesure immédiate de surveillance et d'interpellation et d'ordre public,
06:24 ce que font les forces de l'ordre, mais elle va aussi dans le fait de réarmer l'état régalien.
06:30 On n'a jamais autant eu de détente publique par rapport à la richesse produite.
06:35 On a le record du monde, il nous manque 20 000 places de prison et il nous manque des centres fermés pour mineurs.
06:41 Alors, vous disiez, moi je ne suis pas pessimiste, je suis simplement lucide sur la situation,
06:45 mais je crois que le pays peut et doit rebondir. Le problème là-dessus, on y croit encore, autrement on ne sait plus ce qu'on fait.
06:50 – Mais je pense, David Lissner, il y a beaucoup de gens ce matin qui vous écoutent sur Europe 1
06:55 et qui sont à la fois inquiets de la situation et en colère, à savoir qu'ils en veulent aux casseurs,
06:59 mais aussi aux pouvoirs publics qui promettent déjà, Elisabeth Bandl a dit ce week-end,
07:04 de répondre à la crise par toujours plus d'argent public pour les banlieues. Est-ce que c'est la solution ?
07:09 – La réponse est un peu dans votre question, parce que non, ce n'est pas la solution.
07:15 Il faut évidemment mener des politiques d'aménagement du territoire et d'aménagement de quartiers difficiles,
07:23 mais on voit bien que les violences ont été presque proportionnelles à l'argent qui a été injecté.
07:28 Donc le mal-être, il est bien plus profond que ça. C'est le problème qui…
07:35 on regarde les choses en face, l'effondrement éducatif depuis une quarantaine d'années
07:40 est certainement le plus grave problème du pays.
07:42 Le dévarmement de l'État régalien que je viens d'évoquer est certainement un des problèmes majeurs.
07:48 L'immigration non maîtrisée est évidemment une des causes du problème.
07:52 L'inefficacité de l'action publique par la sur-bureaucratie est le nœud gordien qu'il nous faut trancher.
07:58 Donc avant de toujours dire qu'on va mettre de l'argent des contribuables,
08:02 il faut qu'on regarde l'efficacité de cette dépense, il faut qu'on arrive à retravailler localement
08:07 pour que la population respecte la République française.
08:11 Et quelle que soit nos sensibilités, aujourd'hui je crois que ça transcende les clivages,
08:16 on en a assez de tout ça, on en a assez de payer pour les autres.
08:19 – Merci.
08:20 – C'est une évidence.
08:21 – Merci beaucoup David Lissnard.
08:23 Merci de nous avoir consacré quelques minutes ce matin sur Europe 1.
08:26 Je rappelle que vous êtes le maire de Cannes et le président de l'association des maires de France.
08:30 C'était l'invité d'Europe 1 Matin.

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