Des logements pour les fonctionnaires de première ligne : un projet porté par David Amiel

  • il y a 5 mois
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David Amiel, député Renaissance de Paris, répond aux questions de Dimitri Pavlenko.
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00:00 7h, 9h, Europe 1 Matin. Il est 7h12 sur Europe 1.
00:04 Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le député Renaissance de Paris, David Amiel.
00:08 Bonjour David Amiel, bienvenue sur Europe 1.
00:10 Et si l'on réservait des logements sociaux aux surveillants pénitentiaires, aux infirmiers, aux profs, aux policiers,
00:17 tous ces agents publics de première ligne, comme on dit, qui peinent à se loger là où on a besoin d'eux.
00:22 C'est l'idée que vous portez, David Amiel, dans un rapport que vous avez remis hier
00:25 au ministre de la fonction publique Stanislas Guerini et au ministre du logement Guillaume Casbarian.
00:30 On ne va pas perdre de temps, expliquez-nous comment fonctionnerait ce système de réservation.
00:35 Est-ce que l'idée, c'est de sortir des locataires actuels du parc de logements sociaux pour y mettre des fonctionnaires ?
00:40 Qu'est-ce que vous avez imaginé, David Amiel ?
00:42 Non, pas du tout. Il s'agit de pouvoir produire des logements supplémentaires.
00:44 On a aujourd'hui en France une pénurie de logements et qui pèse très durement sur ces travailleurs de première ligne
00:49 qui habitent de plus en plus loin des centres-villes, des endroits où ils sont amenés à travailler
00:54 parce qu'ils n'ont pas les moyens de se loger dans le secteur privé qui est devenu trop cher.
00:58 Ils n'arrivent pas à se loger dans le parc social où les files d'attente peuvent être extrêmement longues, durer des années et des années.
01:04 Donc vous dites que les nouveaux logements qu'on va sortir de terre, réservons-en une partie à ces fonctionnaires
01:09 qui ont des difficultés à se loger près de là où ils travaillent.
01:11 Oui, ce que je propose, c'est que les employeurs publics, les hôpitaux par exemple, qui font travailler ces aides-soignantes,
01:16 ces infirmières, ces personnels médicaux et paramédicaux,
01:19 investissent pour produire de nouveaux logements qui serviraient à loger ces personnels dont on a tant besoin
01:25 et qui sinon, et c'est ce qu'on voit aujourd'hui, quittent l'hôpital, ce qui crée une crise très grave dans beaucoup de territoires.
01:30 Donc c'est-à-dire que vous proposez à la puissance publique, aux hôpitaux,
01:34 de contribuer financièrement à la production de nouveaux logements sociaux, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
01:39 Tout à fait, en tout cas d'accentuer ce que certains commencent à faire, de simplifier les règles qui permettent de le faire
01:45 et de permettre d'avoir par ce système-là des logements qui sont associés à une fonction.
01:49 L'idée est très simple, un hôpital investit pour produire un nouveau logement,
01:53 pour par exemple une infirmière, cette infirmière y a accès,
01:56 le jour où elle décide d'aller exercer dans un autre secteur, et après tout ça peut être parfaitement légitime,
02:01 elle rendra ce logement qui pourra bénéficier à un ou une autre infirmière qui viendra lui subséder.
02:06 - Oui, alors c'est intéressant comme proposition, vous nous direz comment vous avez été reçus dans les deux ministères où vous avez remis ce rapport.
02:12 Je donne deux, trois chiffres quand même pour constituer les enjeux.
02:15 On a 5 300 000 locataires HLM en France, on sait qu'à peu près à la location,
02:19 le mètre carré en HLM c'est à peu près trois fois moins cher que dans le parc privé,
02:24 mais ça pose quand même une question sur cette problématique que vous ciblez, le fait de vivre loin de son travail,
02:29 parce qu'on ne gagne pas suffisamment pour des questions de revenus, on ne gagne pas assez pour vivre à côté.
02:34 Quand vous pensez à tous ces salariés de première ligne également, qu'on a applaudi pendant le Covid,
02:40 je pense, vous savez, les agents de sécurité, les agents d'entretien, etc.,
02:43 ils sont exactement dans la même situation que les fonctionnaires que vous avez envie d'aider.
02:47 Vous ne risquez pas d'introduire une forme de discrimination entre public et privé, David Damiel ?
02:51 - Absolument pas, moi je demande simplement une chose, c'est que les employeurs prennent leur responsabilité.
02:55 Les employeurs du privé ont aujourd'hui un instrument pour aider leurs salariés,
02:59 c'est Action Logement, c'est le 1% Logement, comme on disait avant, qui permet d'avoir un accès au logement social.
03:04 - 1% Logement, c'était cette idée qu'on verse 1% de ses bénéfices,
03:09 c'est les bénéfices, si je ne dis pas de bêtises, je crois bien, pour le logement social.
03:13 - Tout à fait, et ça permet à beaucoup de salariés d'avoir accès au logement social.
03:16 Est-ce que c'est suffisant ? Non, et moi je crois que c'est très important,
03:19 y compris dans le secteur privé, que les organisations syndicales,
03:23 que les mobilisations sociales se fassent autour de cette question du logement.
03:27 Je crois qu'en revanche, le secteur public doit prendre ses propres responsabilités
03:30 pour les agents qui dépendent de lui, et c'est ce que je propose dans ce rapport.
03:33 - Donc il faut que l'État contribue d'une certaine manière à Action Logement,
03:35 c'est ce que vous suggérez, David Damien, vous chiffrez,
03:37 quels seraient les forts budgétaires que vous préconisez ?
03:40 - Oui, il faut une sorte d'Action Logement du secteur public, c'est comme ça que je l'appelle,
03:43 et l'effort budgétaire que j'ai identifié, ce serait une centaine de millions d'euros
03:48 en ce qui concerne l'État, mais c'est un investissement, et c'est un bon investissement,
03:51 puisqu'il servirait à la fois à soutenir l'activité dans le secteur du BTP,
03:55 dans le secteur du logement, qui en a tant besoin en ce moment,
03:57 et à trouver une solution pour tous ces personnels qui sinon, et c'est ce qu'on voit aujourd'hui,
04:01 quittent le service public, et c'est bien la raison pour laquelle ça nous concerne tous.
04:04 Ça nous concerne en tant que l'agent, mais ça nous concerne aussi quand on est usager de ces services,
04:08 et qu'on voit des hôpitaux qui se vident, une éducation nationale qui n'arrive plus à recruter.
04:12 - Alors là, je crois que vous touchez du doigt, à mon avis, ce qui est le cœur du sujet,
04:16 c'est-à-dire que les policiers, les profs, c'était quoi ?
04:18 C'était les classes moyennes avant, David Damien.
04:20 Or là, vous êtes en train de nous dire que finalement, ils sont les pauvres,
04:23 puisqu'il faut aller les éparquer dans le logement social,
04:26 c'est la nécessité pour des raisons de proximité.
04:29 Est-ce que le sujet, ça n'est pas la question des salaires, tout simplement ?
04:32 La question du traitement des fonctionnaires ?
04:33 Vous évoquez cette crise aujourd'hui de l'attractivité du secteur public,
04:37 on ne va pas se voiler la face, c'est pour des questions de revenus, David Damien.
04:41 Est-ce que vous ne prenez pas le problème à l'envers en disant "mettons-les dans des logements sociaux" ?
04:44 - Non, je le prends par pragmatisme.
04:46 Il y a effectivement une question qui est celle de la rémunération des agents publics.
04:49 Il y a une question que vous auriez pu aussi me poser,
04:51 qui est celle de la politique du logement de manière générale.
04:54 Dans le pays, on le sait qu'on a besoin de construire davantage,
04:56 de revoir l'aménagement du territoire, de trouver un changement.
04:59 Mais on a besoin, à court terme, de mesures précises, ciblées pour ces territoires
05:04 où aujourd'hui la code d'alerte est atteinte.
05:06 Et je crois qu'on a besoin d'avoir des gestes très forts, très rapides, et c'est ce que je propose.
05:09 - J'entends bien, seulement, je pense que ça risque d'être pris par certains fonctionnaires
05:13 comme une sorte de geste de charité.
05:15 Or, quand vous voyez précisément qu'aujourd'hui, le patron de Michelin, Florent Ménégault,
05:18 lance cette notion dans le débat public de "salaire décent",
05:21 il y a cette idée que la grille de lecture d'un employé aujourd'hui ne doit pas être le salaire minimum,
05:25 ça doit être "c'est quoi le salaire décent pour vivre, pour faire vivre sa famille,
05:29 cette famille de 4 personnes avec 2 enfants, et puis on peut partir en vacances, on peut faire un peu d'épargne".
05:33 Et lui dit "vous voyez, c'est performant parce que mes salariés sont efficaces quand je les paye correctement".
05:37 Est-ce que ça ne doit pas être ça, la logique aujourd'hui du service public, Tami Damiens ?
05:41 - Si, bien sûr, il faut rémunérer plus correctement, et d'ailleurs on s'y atterrait dans le secteur de la santé.
05:44 Puis qu'on prenait comme exemple, on a eu une augmentation très importante
05:47 dans le cadre du Ségur de la santé, pour beaucoup de personnels médicaux et paramédicaux.
05:51 Mais pour autant, les prix du logement sont tellement élevés
05:53 que ça ne permet toujours pas d'y accéder dans ce type de grande ville,
05:55 c'est pour ça qu'il faut jouer sur tous les tableaux.
05:57 Et je précise un point, parce que vous avez beaucoup parlé du privé,
06:00 c'est quand même aussi quelque chose qui est à l'opposé par exemple
06:02 de la politique qui est proposée par le Rassemblement National, qui est celle de la préférence nationale.
06:07 Moi ce que je propose, c'est de... - Quel est le rapport là-dedans ?
06:09 - Eh bien je vais vous dire, c'est de juger les gens pour ce qu'ils font, et pas pour ce qu'ils sont.
06:12 Quand j'entends Jordan Bardella nous dire que les étrangers ne devraient plus avoir accès au HLM,
06:17 c'est une insulte à tous ceux qui travaillent très dur,
06:19 aux aides-soignantes étrangères, aux aides à domicile étrangères, aux éboueurs étrangers.
06:24 Ces personnes-là, quand on les applaudit pendant le Covid,
06:27 on leur a pas demandé leur passeport, il faut qu'on puisse se battre pour que tous
06:30 ceux qui exercent ces métiers et ces emplois très difficiles dont on a tant besoin,
06:34 puissent accéder dignement au logement.
06:36 - Merci David-Daniel d'être venu sur Europe 1 ce matin,
06:38 je rappelle que vous êtes député Renaissance de Paris,
06:40 votre rapport on peut le lire, on peut le trouver en ligne peut-être ?
06:43 - Tout à fait, il est en ligne sur le ministère de la Transformation et de la Fonction Publique.
06:46 - Merci à vous, bienvenue sur Europe 1 ce matin.

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