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Alors que l’action de Rolls-Royce Holdings culminait à 1292 livres en 2014, elle évolue aujourd’hui autour des 150 livres. Mais comment a-t-elle perdu plus de 85 % de sa valeur en moins de 10 ans ? On décrypte la stratégie et les grandes erreurs du groupe.

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00:00 Alors que l'action de Rolls-Royce Holdings culminait à 1292 livres en 2014, elle évolue
00:08 aujourd'hui autour des 150 livres.
00:10 Mais comment a-t-elle perdu plus de 85% de sa valeur en moins de 10 ans ?
00:14 Rolls-Royce est un groupe britannique qui construisait avant des voitures de luxe, maintenant
00:18 produites par BMW, et qui fabrique aujourd'hui des moteurs pour l'aviation, pour près
00:22 de la moitié de son chiffre d'affaires, et à la marge des turbines pour la marine.
00:26 Avant 2013, Rolls-Royce affiche une croissance solide. Les réacteurs RB211, puis la gamme
00:31 de turbo-réacteurs Trent sont de véritables succès, adoptés par Lockheed Martin, Airbus
00:36 et Boeing pour une grande partie de leurs appareils commerciaux.
00:39 Puis vient le temps des erreurs stratégiques.
00:41 Dans les années 2000, Rolls-Royce décide de se concentrer sur les gros porteurs et
00:45 de sortir petit à petit du marché des monocouloirs.
00:48 En 2011, il quitte même l'alliance qu'il formait avec le constructeur américain Pratt
00:52 & Whitney depuis 1983.
00:53 Une décision à contre-courant du marché. En effet, les gros porteurs quadrimoteurs
00:57 ne séduisent plus. Trop gourmands en énergie, peu agiles et plus difficiles à remplir,
01:02 ils sont peu rentables.
01:03 A la place, les compagnies leur préfèrent les monocouloirs. Surtout que depuis peu,
01:07 et grâce au progrès technologique, ils sont capables d'assurer les vols long-courrier,
01:11 transatlantique ou transcontinentaux, qui étaient auparavant assurés uniquement par
01:15 des avions à fuselage large, et tout ça pour 15% de kérosène en moins.
01:18 La part des avions à fuselage étroits dans la flotte mondiale augmente, et cette tendance
01:22 va perdurer.
01:23 Conséquence, Rolls-Royce plombe ses résultats. En 2014, pour la première fois depuis 10
01:28 ans, le volume des ventes n'est plus en croissance. A partir de ce moment-là, le
01:32 groupe enchaîne les ennuis, les avertissements sur résultats, les pertes et les vagues de
01:35 licenciements.
01:36 En 2016, la livre se déprécie fortement à la suite du vote sur le Brexit, coup dur
01:40 pour le groupe qui enregistre une perte semestrielle record de 2,3 milliards d'euros.
01:44 Dans la foulée, les défauts de corrosion des moteurs 30 000 clouent plusieurs dizaines
01:48 de Boeing au sol, les turbines sont renvoyées à l'atelier et les compensations aux compagnies
01:52 se chiffrent en dizaines de millions.
01:54 2019, la livre plie de nouveau, le groupe avec. Et là, coup de grâce, Airbus annonce
01:59 qu'il arrêtera la production de la 382 ans plus tard. 245 millions de livres perdus,
02:04 auxquels s'ajoutent les monstrueuses pertes liées au problème de Trent, près d'un
02:08 milliard de livres entre surplus de stock et compensation financière.
02:11 2020, le Covid finit d'enfoncer le clou. Pour rappel, Rolls-Royce gagne de l'argent
02:16 sur les heures de vol des avions et au moment des révisions, le trafic aérien et surtout
02:19 celui des gros porteurs est à l'arrêt, c'est la débâcle. Notons que le Covid
02:23 a aussi accéléré le retrait d'un grand nombre de quadri-réacteurs en service et
02:27 la fermeture des chaînes de production des 747 et des A380.
02:30 Est-il possible de retourner la situation ? Oui, mais c'est complexe. Les gammes d'avions
02:35 sont déjà motorisées, il faut donc attendre que Boeing ou Airbus lance de nouveaux modèles
02:39 et ça n'est pas pour tout de suite. La conception d'un moteur dure plusieurs années
02:42 et coûte plusieurs milliards, il faut donc se positionner sur des programmes qui vont
02:46 remporter le succès et donc avoir un sacré flair pour espérer atteindre la rentabilité.
02:50 Notons que les compagnies optent parfois pour des motoristes capables d'équiper et d'entretenir
02:54 l'ensemble des modèles de leur flotte, fuselage large ou étroit.
02:58 Enfin, Rolls-Royce dit vouloir nouer un partenariat pour revenir sur ce segment, encore faut-il
03:02 le trouver et passer outre les problèmes d'approvisionnement persistants.
03:05 Alors quelle piste pour redresser la croissance sans les monocouloirs ?
03:08 Le groupe peut miser sur l'Ultrafan, son moteur de dernière génération, conçu pour
03:12 les gros porteurs mais qui pourrait être adapté aux monocouloirs.
03:16 Il peut capitaliser sur le succès de ses vols d'essai réalisés avec 100% de SAF,
03:20 le carburant durable, car l'industrie doit atteindre le net zéro d'ici 2050.
03:24 Le groupe peut compter sur la croissance de l'aérien en Asie et surtout en Chine, pays
03:29 encore demandeur de gros avions. Rolls-Royce peut aussi tirer profit des ambitions de Comac,
03:33 l'avionneur chinois.
03:34 Et enfin, Airbus dit vouloir se relancer sur le segment des gros porteurs pour concurrencer
03:38 Boeing, leader sur ce segment. Une aubaine pour Rolls-Royce car les problèmes d'approvisionnement
03:42 sont moindres sur ce segment.
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