La camorra, histoire de la mafia napolitaine

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La camorra, histoire de la mafia napolitaine
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00:00 [Musique]
00:08 Scampia, dans la banlieue de Naples.
00:11 Ces immeubles en forme de voile sont célèbres dans le monde entier,
00:16 depuis que la série Gomorrah a raconté l'histoire de ce quartier sous l'emprise de la mafia au début des années 2000.
00:24 Ces bâtiments sont aujourd'hui devenus le symbole de la mafia napolitaine, la Camorra.
00:31 [Musique]
00:38 Au départ, Scampia devait être un quartier moderne de Naples, qui devait offrir des habitations populaires de qualité.
00:46 Après la construction de ces voiles en particulier, on n'a pas créé d'infrastructures ni de services.
00:56 Alors qu'a fait la Camorra ?
00:59 Elle a profité de cette pauvreté et du manque de travail pour mettre en place des trafics.
01:08 De cigarettes d'abord, et d'héroïne ensuite.
01:17 Petit à petit, ces bâtiments ont été modifiés pour répondre aux exigences de la Camorra.
01:22 Ils ont blindé les immeubles, construit des passages souterrains,
01:25 et avaient des équipes d'artisans, de soudeurs, d'électriciens à leur disposition 24 heures sur 24.
01:32 À la fin des années 90, début 2000, Scampia est devenue une forteresse de la drogue.
01:40 À l'époque, le quartier est la plaque tournante de la drogue en Europe.
01:44 À la tête de ce trafic, un homme.
01:47 Paolo di Lauro. C'est son histoire qui a largement inspiré la série Gomorra.
01:53 Le clan naît avec Paolo di Lauro, un personnage très énigmatique qui appartient à la vieille Camorra.
02:01 Officiellement, c'est un commerçant qui parcourt toute l'Italie pour vendre des vêtements.
02:06 Il décide de passer des accords avec tous les clans de la zone et commence à centraliser le trafic.
02:12 Si tu veux dealer, tu dois passer par lui.
02:15 Scampia devient le centre de ce trafic,
02:17 et la dose de cocaïne et d'héroïne coûte ici moins cher que dans tous les autres quartiers de Naples.
02:29 Scampia devient alors un supermarché de la drogue, ouvert 24 heures sur 24 avec toute une organisation.
02:36 C'est-à-dire avec des transporteurs, des guetteurs, des distributeurs,
02:41 ceux qui doivent réapprovisionner les stocks, ceux qui surveillent l'arrivée de la police,
02:46 et il y a même des goûteurs.
02:53 Avant de mettre la drogue en vente, il faut que quelqu'un la goûte,
02:56 car on ne peut évidemment pas mettre sur le marché une drogue qui n'est pas bonne ou qui est mal coupée.
03:02 Trois ou quatre personnes mourraient d'overdose et ça attirerait l'attention de la police.
03:08 Alors qu'est-ce qu'ils font ?
03:10 Il y a des toxicomanes sans argent, mais qui ont quand même besoin de se droguer.
03:15 Le clan ne les chasse pas. Au contraire, il leur demande de rester et leur donne des doses gratuitement.
03:22 Encore en vie, après 24 ou 48 heures, la drogue peut être distribuée en grande quantité.
03:31 Durant toutes ces années, toute la vie de la population est organisée autour du trafic de drogue.
03:38 Même celle des enfants, comme Davide qui est né ici.
03:45 Je transportais d'un endroit à un autre la drogue et parfois même des armes.
04:00 J'ai commencé à l'âge de 10-11 ans.
04:04 J'ai grandi avec cette mentalité, avec l'idée de devoir être, mais aussi de vouloir devenir un camorriste.
04:15 Je voyais ces criminels et ils me plaisaient.
04:20 Parce qu'ils avaient beaucoup d'argent, parce qu'ils étaient respectés.
04:26 Ils avaient tout, ça me fascinait.
04:32 Mon premier bravo, je l'ai reçu du boss.
04:37 Parce qu'un jour, alors qu'ils étaient en train de fuir la police, ils m'avaient confié des pistolets.
04:42 Je les avais mis sous mon t-shirt et je m'étais enfui avec.
04:45 Je leur ai rendu un bon service et ils m'ont félicité.
04:48 C'était très gratifiant. Et le soir, j'ai reçu une paire de chaussures neuves.
04:54 Je n'avais pas conscience du risque, de la prison, de la mort.
04:59 Je n'avais aucune culpabilité non plus.
05:04 Pourtant, je vendais la mort. Je vendais de l'héroïne, de la coke, du hash.
05:11 Même en voyant des morts d'overdose, ça ne me faisait rien.
05:18 À Scampia, je n'ai pas eu la chance d'être un enfant.
05:25 Pendant près de dix ans, le quartier va vivre ainsi, entre drogue et argent facile.
05:33 Mais en 2004, Scampia va sombrer dans la violence.
05:38 Le commandement de la police de Scampia
05:43 Le commandement de la police de Scampia
05:48 Le commandement de la police de Scampia
05:53 Paolo Di Lauro est contraint de partir en cavale.
05:58 Le commandement revient naturellement à son fils aîné, Cosimo Di Lauro.
06:02 Que fait Cosimo ? Il rajeunit les clans.
06:06 Il change tous les boss qui géraient la drogue dans la zone nord de Naples
06:09 et les remplace par des plus jeunes.
06:13 Les vieux camorristes sont chassés pour laisser la place à des plus jeunes assoiffés de pouvoir.
06:20 Ça va mettre en colère les anciens, qui ont encore du poids au sein de la camorra.
06:26 Ils créent leurs clans et font sécession, ce qui provoque une guerre.
06:31 Et quand ils se font la guerre, c'est vraiment la guerre.
06:36 La guerre va durer un an et faire plus de 80 morts.
06:57 Cette guerre se caractérise par la cruauté de ces meurtres.
07:02 À travers les assassinats, ils envoient un message symbolique.
07:06 On ne se contente pas de tuer, on défigure.
07:10 Les visages sont littéralement gommés par les rafales de balles.
07:15 Je veux te rendre méconnaissable, même aux yeux de tes proches qui ne pourront pas t'identifier à la morgue.
07:25 Dans cette guerre, il y a une autre nouveauté.
07:29 On commence à s'attaquer aux proches-parents des camorristes.
07:33 Les camorristes doivent se cacher quand il y a une guerre.
07:37 Alors pour les faire sortir de leur cachette, que font leurs ennemis ?
07:41 Ils vont les provoquer.
07:44 Ils commettent des actes qui vont à l'encontre de toutes les conventions de guerre.
07:48 Ils tuent des cousins, des parents, des amis, des amis de la famille.
07:52 Ils tuent des cousins, des beaux-frères, des parents plus ou moins proches.
07:56 Ils créent un climat de terreur.
08:00 C'est comme cela que Gelsomina Verde, une jeune femme de 22 ans, a trouvé la mort.
08:11 Elle a été assassinée, puis brûlée dans sa voiture.
08:20 Son seul tort, avoir été la compagne d'un jeune camorriste.
08:25 Quelques mois plus tard, Cosimo Di Lauro est arrêté et condamné à perpétuité,
08:36 entre autres pour sa responsabilité dans le meurtre de Gelsomina.
08:40 Son père, Paolo Di Lauro, sera lui arrêté la même année.
08:48 Ces deux arrestations vont marquer la fin du règne mafieux à Scampia.
08:53 Mais à Scampia seulement.
08:57 Scampia, c'est l'exemple de clans qui se sont alliés autour d'une activité économique, la drogue.
09:03 Mais à Naples, il n'existe pas uniquement les clans de Scampia.
09:07 On compte plus de 200 clans dans la ville et sa province.
09:11 Chaque quartier, chaque ruelle a sa propre organisation,
09:15 où ils font de l'extorsion, de l'usure, des paris sportifs et de petits trafics de drogue.
09:21 On peut décrire la structure de la camorra comme un filet dont les mailles sont plus ou moins serrées
09:31 et qui se posent sur le terrain pour se débrouiller.
09:35 Ils l'étouffent d'un point de vue économique, ils le privent d'oxygène.
09:41 Et ces clans tissent entre eux des accords horizontaux,
09:47 contrairement à la Cosa Nostra sicilienne, dont la structure est pyramidale,
09:53 c'est-à-dire avec un seul et unique chef qui commande plusieurs sous-chefs.
09:59 Pour moi, il n'existe pas une camorra, mais plutôt des camorras,
10:05 c'est-à-dire des bandes criminelles autonomes qui n'ont aucune stratégie commune.
10:11 Donc je préfère parler de camorras au pluriel.
10:15 Pour comprendre l'histoire des clans mafieux à Naples,
10:19 tels qu'on les connaît sous leur forme actuelle,
10:23 il faut remonter au lendemain de la guerre.
10:27 Il faut remonter au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
10:33 Naples, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, est une ville à genoux,
10:46 parce qu'elle a essuyé les bombardements les plus lourds.
10:52 Tout l'appareil industriel est saccagé par les bombes,
10:58 et la plupart des quartiers sont en grande difficulté.
11:04 Partout, les gens vivent dans la rue.
11:08 Donc Naples, à cette époque, est une ville en grande souffrance.
11:15 Le Marché noir
11:19 Quand les Américains arrivent, ils installent leurs dépôts dans le centre,
11:30 dans le quartier de Forcella.
11:34 Ils ont des rations plus importantes que leurs besoins,
11:38 donc tout ce qu'ils ont en trou, ils le vendent sur le marché noir.
11:44 Les habitants de Forcella commencent à soudoyer les Américains
11:51 pour s'approprier leurs marchandises.
11:55 De là naît une espèce d'économie de guerre,
11:59 et Forcella devient le premier poumon économique de la ville.
12:05 Quoi que tu cherches, tu le trouves dans ce quartier.
12:09 Et aujourd'hui encore, c'est comme ça pour les Napolitains.
12:13 Tu cherches quelque chose, tu vas à Forcella.
12:17 On peut donc dire paradoxalement que la contrebande a été causée par les Américains.
12:23 Pendant 15 ans, cette économie de la contrebande permet à la ville de survivre.
12:28 En 1961, avec la fermeture du port franc de Tangers,
12:32 Naples devient le carrefour de tous les trafics en Méditerranée.
12:36 En particulier le trafic de cigarettes, qui va faire vivre la ville pendant 20 ans.
12:41 On dit même à l'époque que les cigarettes étaient à Naples ce que Fiat était à Turin.
12:47 Quand on arrive à Naples, en voiture, c'est la première chose que l'on voit.
12:53 Des jeunes gens qui vendent des cigarettes de contrebande,
12:56 45% moins chères que dans les bureaux de tabac, au beau milieu de la rue, en plein jour,
13:00 on a l'impression d'avoir peur de la police.
13:02 Les contrebandiers font le signe de croix lorsqu'ils doivent prendre la mer
13:06 pour aller récupérer des caisses de cigarettes apportées par un navire
13:09 qui les attend en dehors des eaux territoriales.
13:12 Chaque année, 4 ou 5 équipages disparaissent.
13:15 La Guardia di Finanza a saisi en un an 562 tonnes de cigarettes.
13:29 David a été l'un de ces contrebandiers pendant plus de 20 ans.
13:33 Au départ, nous les contrebandiers, nous étions tous des pêcheurs.
13:37 Les bateaux arrivaient à 30 000 des îles.
13:41 On prenait ces fameux bateaux bleus.
13:45 On nous donnait un bon. C'était la moitié d'un billet de 1 000 lire.
13:50 L'autre moitié, ce sont les marins à bord qui l'avaient.
13:53 Ils confrontaient les deux parties du bon avant de donner la marchandise.
13:57 - On gagnait bien.
13:59 On ne risquait pas la prison, c'était un métier normal.
14:03 Au pire, tu étais un fraudeur fiscal.
14:06 Tu ne faisais rien de mal, un simple fraudeur.
14:09 Si tu accumulais beaucoup d'amendes, on t'envoyait un peu en prison.
14:14 Mais ce n'était pas un délit grave.
14:17 A l'époque, tout le monde vivait des cigarettes à Naples.
14:24 Le seul danger, c'était l'hiver, quand tu sortais en mer la nuit.
14:28 Il y avait des courses-poursuites.
14:31 On avait des bateaux qui avaient 2 ou 3 moteurs.
14:34 Ils coûtaient très cher et ils allaient très vite.
14:37 Mais la police allait aussi vite que nous.
14:40 Nous, on avait toujours peur, mais que de la mer.
14:44 Car la mer a besoin de plus de respect.
14:48 Petit, on ne mangeait pas beaucoup.
14:52 Nous sommes des enfants d'après-guerre.
14:56 On a connu la faim et la misère.
15:00 On devait se débrouiller.
15:03 Alors quand les cigarettes sont arrivées,
15:06 pendant 20 ans à Naples, nous vivions tous très bien.
15:10 - On a eu des enfants.
15:13 On a eu des enfants.
15:16 On a eu des enfants.
15:19 On a eu des enfants.
15:22 On a eu des enfants.
15:25 On a eu des enfants.
15:28 On a eu des enfants.
15:31 On a eu des enfants.
15:34 - Ce marché très lucratif est dirigé par différentes familles.
15:38 Dans le quartier de Forchella,
15:41 on a une famille qui est la plus emblématique des familles mafieuses de Naples.
15:47 - Dans la famille Giuliano,
15:50 Luigi est le fils qui a le plus de talent d'un point de vue criminel.
15:55 Il a les caractéristiques d'un boss.
15:59 Il faut dire aussi que dans la famille Giuliano,
16:03 ils sont tous très beaux.
16:06 Ils ont des yeux intrigants qui imposent le pouvoir.
16:10 Luigi, on l'appelle le roi de Forchella.
16:14 Parce que c'est lui qui gère les trafics,
16:18 il a donc tous les pouvoirs.
16:22 Et rien ne se passe dans le quartier sans son approbation.
16:36 - Il a des rêves de toute puissance.
16:40 En bas de chez lui, à Forchella, il a un terrain avec des chevaux.
16:45 En plein coeur de Naples, il a ses chevaux.
16:49 Et quand les éboueurs passent,
16:52 il leur offre de très bonnes bouteilles de champagne
16:56 pour qu'il nettoie ses animaux.
16:59 - Dans le quartier, les gens vivent tous de la contrebonde de cigarettes.
17:04 Donc pour eux, celui qui contrôle ce marché
17:08 est un simple entrepreneur, celui qui les fait vivre.
17:12 Et c'est aussi celui qui gère tous les conflits.
17:16 Il est reconnu comme une sorte d'autorité civile.
17:20 Il joue donc à la fois le rôle de boss criminel,
17:24 mais aussi de juge de paix.
17:30 - Il veut développer le quartier.
17:34 Tu veux ouvrir un commerce, mais tu n'as pas d'argent?
17:38 Ne t'inquiète pas, je te donne l'argent, moi.
17:42 Car Forchella a besoin de commerce.
17:46 D'ailleurs, il n'impose pas le pizzo, le racket des commerçants.
17:50 Au contraire, il les soutient, car il veut faire en sorte
17:54 que ce quartier historique du coeur de Naples
17:58 soit un lieu de commerce.
18:02 - Avec ses actions paternalistes, Luigi a su imposer son autorité
18:06 à la population du quartier, qui voyait en lui un bienfaiteur
18:10 plus qu'un criminel.
18:14 - Luigi Giuliano était un bel homme.
18:22 On l'appelait le chat ou le tigre, car il avait ses yeux très bleus.
18:26 Il portait un vestiaire, avec des marques.
18:30 Il portait une Rolex.
18:34 C'était un peu le John Gotti de Forchella, le boss américain.
18:38 Si deux familles se disputaient, il rétablissait la paix.
18:42 Si un homme pauvre mourait, il payait ses funérailles.
18:46 Un jour, on a voulu faire un match de foot dans le quartier,
18:50 Forchella Nord contre Forchella Sud,
18:54 mais Forchella interdit. Il nous a appelés et nous a dit
18:58 qu'il n'y a qu'un Forchella, qu'il n'y a pas de division.
19:02 C'est un seul et même quartier.
19:06 Alors on a annulé le match, puisqu'il ne nous a pas donné l'autorisation.
19:10 C'était pas un homme qui était du genre à sortir de chez lui
19:14 pour tirer sans raison. Mais on savait qu'il avait commis
19:18 pas mal de meurtres, donc les gens avaient quand même peur de lui.
19:22 Le respect de la population, Luigi le tire essentiellement
19:26 de la peur qu'inspire cette réputation d'homme ultra-violent.
19:30 Car sous couvert d'actions bienveillantes, la Camorra est
19:34 un système fondé sur la violence, où seules valent les règles
19:38 des clans et où la désobéissance est sanctionnée par la mort.
19:42 Il invente le Totonero, les paris abusifs liés au foot
19:50 et un loto illégal.
19:54 Deux marchés qui ont un immense succès dans les quartiers populaires de Naples.
19:58 Ensuite, il passe au trafic de drogue, de l'héroïne.
20:04 Et c'est là que cette famille va devenir très très riche.
20:10 Une richesse qui ne tarde pas à attirer les convoitises.
20:16 A Ottaviano, à quelques kilomètres de Naples,
20:20 un petit chef local a l'ambition d'étendre son influence
20:24 sur toute la ville. Et c'est d'une cellule
20:28 que Raffaele Cutolo va mettre son projet à l'oeuvre.
20:32 - A cette époque, cet homme est emprisonné pour meurtre.
20:38 C'est un criminel de droit commun, en quelque sorte.
20:42 Mais il va réussir à construire de sa cellule
20:46 la plus grande organisation à Naples d'après-guerre.
20:50 Il réunit des milliers de personnes et en fait une armée.
20:54 Il fait coudre des vêtements aux jeunes qui arrivent en prison.
20:58 Il envoie de l'argent à leur famille. Il leur procure un avocat.
21:02 Donc Cutolo recrute ces jeunes qui sont à la dérive.
21:06 - Il va presque jouer le rôle d'un prêtre.
21:10 Certains l'appellent d'ailleurs le grand prêtre.
21:14 Il fait du social, il écoute, il travaille sur la psychologie
21:18 des détenus, il s'occupe des membres de leur famille.
21:22 Il crée en fait pour la 1re fois un réseau d'assistance
21:26 dans les prisons.
21:30 - Cutolo a investi dans la misère de ces jeunes prisonniers
21:34 et a créé une véritable armée.
21:38 - C'est une politique de lui pour se réaffirmer et lui affirmer son nom.
21:42 - Je n'ai pas d'argent, je ne suis pas un fils de prêtre.
21:46 Je suis fier de mon argent.
21:50 Si je n'avais pas d'argent, je me serais envoyé en prison.
21:54 - Comment vous définissez-vous ?
21:58 - Je suis un homme qui lutte contre l'injustice.
22:02 Moi et mes amis.
22:06 - Vous êtes un homme qui lutte contre l'injustice.
22:10 - Oui, un homme qui lutte contre l'injustice.
22:14 - Une modestie et des bonnes actions
22:18 qui cachent une fois encore un but purement criminel.
22:22 - Il crée une vraie idéologie criminelle
22:26 qui présente d'ailleurs certains points communs
22:30 avec celle de Daech aujourd'hui.
22:34 - Alors Coutolo se fait passer pour Robin des Bois,
22:38 celui qui prend aux riches pour donner aux pauvres.
22:42 On peut imaginer l'effet que ça fait sur cette population prolétaire dépourvue de tout.
22:46 On leur explique que celui qui vole,
22:50 celui qui extorque,
22:54 le fait dans un but noble.
22:58 Ou pire encore, que si on vend de la cocaïne,
23:02 c'est pour nuire aux jeunes bourgeois.
23:06 C'est ainsi qu'il crée une organisation avec une idéologie.
23:10 - De sa cellule, Coutolo réussit un tour de force.
23:14 Il crée la nouvelle Camorra organisée,
23:18 une véritable armée composée d'environ 10 000 soldats.
23:22 Son but, bâtir une mafia similaire à la Cosa Nostra sicilienne,
23:26 une structure pyramidale ultra-puissante
23:30 qui ne peut être construite par quelqu'un d'autre que lui-même.
23:34 C'est le but de la Camorra.
23:38 - C'est un plan de guerre.
23:42 C'est un plan de guerre.
23:46 C'est un plan de guerre.
23:50 C'est un plan de guerre.
23:54 C'est un plan de guerre.
23:58 - C'est naturellement autour de Luigi Giuliano
24:02 que se fédèrent les différents clans mafieux de Naples.
24:06 En exigeant une taxe sur chaque caisse de cigarettes
24:10 qui rentre en ville, Coutolo déclare la guerre
24:14 à Luigi Giuliano et ses alliés.
24:18 (musique)
24:22 (musique)
24:26 (musique)
24:30 (musique)
24:34 (musique)
24:38 - Pendant 3 ans, Naples va connaître une véritable guerre civile.
24:42 Pas un jour sans que la ville ne se réveille
24:46 avec de nouveaux corps sur ses trottoirs.
24:50 - Finalement, c'est la nouvelle famille
24:54 qui gagne contre Raphael et Coutolo.
24:58 Entre-temps, les forces de l'ordre arrêtent beaucoup de monde.
25:02 - Pour Coutolo, la guerre est perdue.
25:06 Ses hommes de main, quand ils ne sont pas morts,
25:10 finissent en prison par centaines.
25:14 (bruit de moteur)
25:18 (musique)
25:22 - Coutolo ne comprend pas que dans la réalité sociale
25:26 et criminelle de Naples, il est très difficile
25:30 d'organiser une seule et unique structure.
25:34 La Camorra napolitaine a sa propre anarchie
25:38 que Coutolo ne va pas pouvoir résoudre.
25:42 C'est une tentative d'unifier quelque chose
25:46 qui n'a jamais été unifiée auparavant.
25:50 Cette tentative échoue parce que la Camorra
25:54 est une organisation criminelle désorganisée.
25:58 - Raphael et Coutolo sont encore en prison
26:02 et condamnés à une perpétuité réelle.
26:06 Après lui, plus personne n'a tenté de réunir
26:10 les grands clans de la Camorra en une seule organisation.
26:14 (bruit de moteur)
26:18 (musique)
26:22 Le 23 novembre 1980, la région va connaître
26:26 le pire tremblement de terre de son histoire.
26:30 Près de 3 000 morts, 9 000 blessés
26:34 et 300 000 sans-abri.
26:38 Un drame humain qui va pourtant donner naissance
26:42 à une nouvelle entité mafieuse dans la région.
26:46 - Le tremblement de terre de 1980 a bouleversé
26:50 l'histoire de notre terre avec la reconstruction.
26:54 - Toute la structure urbaine est affectée.
26:58 Il y a des milliers de sans-abri, des milliers de gens
27:02 qui dorment pendant des semaines dans des containers
27:06 et qui sont touchés par la terre.
27:10 - La Camorra comprend qu'il y a une chance à saisir.
27:14 Ils se disent que ce n'est pas très compliqué
27:18 de devenir entrepreneur dans le bâtiment.
27:22 - Si la ville de Naples est peu touchée,
27:26 le reste de la région est entièrement à reconstruire.
27:30 Des millions vont être consacrés à cette reconstruction,
27:34 mais la vie est toujours à l'arrêt.
27:38 - Beaucoup d'argent est arrivé, bien plus que ce qu'ils
27:42 ne pouvaient imaginer. Et tous les marchés publics
27:46 sont allés aux mains des entreprises alliées des clans.
27:50 - Dans les années 1980, la Camorra passe d'une Camorra
27:54 parasitaire et prédatrice à une Camorra d'entrepreneurs.
27:58 C'est le tremblement de terre qui a provoqué ce changement.
28:02 - Pour la première fois, l'activité criminelle de la Camorra
28:06 va devenir plus sophistiquée en s'infiltrant dans l'économie
28:10 légale et en tissant des liens avec les politiques locaux.
28:14 La corruption devient alors la base de ce système mafieux.
28:18 - Après le tremblement de terre, la Camorra s'intéresse
28:22 aux déchets. Jusqu'en 1984 et 1985, dans le nord du pays,
28:26 dans le Piémont ou en Lombardie,
28:30 les déchets industriels étaient jetés sur place,
28:34 dans les zones industrielles mêmes.
28:38 Mais à partir de 1987-1988, il n'y a plus de place
28:42 dans les décharges de ces régions.
28:46 Il y a donc la nécessité de trouver d'autres endroits
28:50 pour se débarrasser de tous les déchets,
28:54 ménagers, industriels, mais aussi toxiques.
28:58 - La Camorra voilà l'opportunité de se faire beaucoup d'argent.
29:02 Elle met alors à disposition des terrains dans la région de Naples
29:06 pour enterrer ces déchets.
29:10 Les propriétaires des terrains ne pouvaient se refuser à la Camorra,
29:14 d'autant plus qu'ils étaient payés.
29:18 Tous ceux qui protestent aujourd'hui pour savoir ce qu'il y a
29:22 sous leur terre sont les mêmes qui ont pris de l'argent
29:26 et qui ne savaient pas que ces déchets allaient fuir et s'infiltrer dans les sols
29:30 en les polluant. C'est pourtant bien ce qui est arrivé.
29:34 Et ce système a permis à beaucoup de gens de s'enrichir.
29:38 - La Camorra a mis en place un système de collecte des déchets
29:42 à la fois ménagers, industriels et toxiques.
29:46 Ils les ont enfouis n'importe où, sans se soucier des conséquences.
29:50 Ils ont réussi à transformer ces déchets en or
29:54 bien plus qu'avec la drogue. Mais à quel prix ?
29:58 Aujourd'hui, tous les terrains agricoles de leur région sont pollués
30:02 et la santé de la population gravement menacée.
30:06 La faute des clans de la région de Caserta,
30:10 le bastion de ce que l'on nomme l'écomafia.
30:14 - Il existe une Camorra qui se développe dans le centre-ville de Naples
30:18 et une autre qui se développe en périphérie.
30:22 Ce sont deux organisations qui n'ont en commun que le nom.
30:26 Elles ont des mentalités différentes, une structure différente
30:30 et des canaux d'approvisionnement différents.
30:34 Les grandes organisations camorristes de la région de Naples,
30:38 la Campania, sont structurées de la même façon
30:42 que la Cosa Nostra sicilienne.
30:46 Avec un commandement central qui s'intéresse uniquement
30:50 aux business les plus juteux, comme la construction,
30:54 l'industrie, le recyclage. Ce ne sont pas des affaires
30:58 de petits délinquants, car il faut une solide organisation,
31:02 des contacts avec l'école blanc et des relations à l'international.
31:06 - Pendant que prospère cette nouvelle Camorra grâce aux déchets
31:10 et aux bâtiments, dans le centre de Naples,
31:14 les clans se concentrent sur le trafic de drogue locale.
31:18 - Forcela était le quartier de la contrebande,
31:22 le quartier du faux. Puis il s'est devenu un des premiers
31:26 quartiers de la drogue. Alors j'ai dit,
31:30 on mettait un garçon là et un autre là-bas.
31:34 Et ils nous prévenaient s'ils voyaient la police.
31:38 C'était des guetteurs. Quand ils voyaient la police,
31:42 ils criaient "Carmela, Carmela". C'était un nom de code
31:46 et un nom typiquement napolitain.
31:50 - Au sein de la Camorra, Pietro va passer de dealer
31:54 à trafiquant international et passer 22 ans de sa vie en prison.
31:58 - Comme tous les jeunes, je rêvais de devenir footballeur.
32:02 J'étais d'ailleurs très bon au foot. Puis la drogue
32:06 est arrivée ici et on est tous devenus dealers.
32:14 Le foot, c'est la vie ici. Le foot te fait oublier
32:18 ce que tu es, les mauvaises choses de la vie.
32:22 Pour nous, Napolitain, c'est une passion.
32:26 Une passion qui atteint son paroxysme en 1986
32:30 avec l'arrivée de Diego Maradona. Grâce au joueur argentin,
32:34 le club de Naples devient pour la première fois de son histoire
32:38 la meilleure équipe d'Italie.
32:42 - Quand Diego Maradona est venu à Naples, ça a été un grand moment
32:46 de libération et d'émancipation pour la ville qui s'est toujours
32:50 sentie dominée et écrasée par le Nord.
32:54 Ses victoires de l'équipe de Naples ont été une vraie revanche.
32:58 - C'est également une aubaine pour l'historique clan des Giuliano
33:02 qui trouve en Maradona son meilleur ambassadeur.
33:06 - Il s'intègre très bien à Naples car il fait usage
33:10 de cocaïne. Et qui peut lui fournir cette cocaïne?
33:14 La famille Giuliano de Forcilla. Donc le clan Giuliano
33:18 se lie d'amitié avec Maradona. Il y a d'ailleurs des photos
33:22 qui sortent où on les voit ensemble dans la baignoire des Giuliano
33:26 en forme de coquillage. Mais on le voit aussi
33:30 dans les cérémonies d'anniversaire des boss.
33:34 Pourquoi? Parce que Maradona est un toxicomane et qu'il consomme
33:38 beaucoup de cocaïne.
33:42 Mais Maradona sert aussi au clan qui peut se vanter d'accueillir
33:46 Diego Maradona, l'idole de Naples. Nous sommes au même niveau
33:50 que Maradona. Et donc le message qu'ils envoient à la population
33:54 est que les Giuliano peuvent avoir tout ce qu'ils veulent.
33:58 - Affirmer sa présence et sa puissance aux yeux de tous
34:02 à Naples devient essentiel pour la famille Giuliano.
34:06 Car à cette période, la belle alliance des clans napolitains
34:10 née de la lutte contre Raphaël et Coutolo commence à s'effriter.
34:14 Et surtout, au sein même de la famille Giuliano, l'unité du clan
34:18 est remise en cause par des luttes de pouvoir.
34:22 Usé par des allers-retours en prison et par ses luttes intestines,
34:26 Luigi, le roi, décide en 2002, après avoir régné 30 ans,
34:30 de se rendre et de collaborer avec la justice italienne.
34:34 Cet événement sonne la fin d'une époque,
34:38 celle des grandes familles qui tenaient la ville
34:42 et ouvre une phase de grande instabilité.
34:46 - Les chefs de clans historiques sont pour la plupart en prison.
34:50 Beaucoup se sont repentis, ils collaborent avec la justice.
34:54 Les grandes familles historiques ont donc subi de grosses pertes.
34:58 Un espace de commande s'ouvre, un espace de commande est ouvert,
35:02 un espace de commande s'ouvre, mais la transmission du pouvoir
35:06 ne se fait pas naturellement, parce que la succession
35:10 dans la Camorra n'est pas établie d'avance.
35:14 - La jeune génération va alors se battre pour prendre le pouvoir.
35:18 Et bientôt, un événement va définitivement marquer
35:22 la fin du règne de la famille Giuliano.
35:26 ...
35:30 ...
35:34 ...
35:38 - C'est un samedi soir pendant un match de Naples.
35:42 Le quartier est vide car tout le monde est en train de regarder la télé.
35:46 Une jeune fille est devant chez elle avec ses copines
35:50 pour décider de l'heure du rendez-vous pour la messe le lendemain.
35:54 ...
35:58 - Là, deux tueurs arrivent en scooter pour exécuter Salvatore Giuliano.
36:02 Qui est Salvatore Giuliano?
36:06 C'est celui qui est en train de réorganiser un clan
36:10 avec l'aide de son oncle Ciro afin de chasser un nouveau clan
36:14 qui avait pris possession de leur quartier.
36:18 C'est toujours la même histoire. Les coups de feu fusent.
36:22 - C'est la réaction de Salvatore Giuliano qui se cache derrière une voiture
36:26 juste à côté des jeunes filles. Quand elles entendent les coups de feu,
36:30 deux d'entre elles s'échappent. Annalisa Durante, elle, est paralysée par la peur.
36:34 Elle ne sait plus quoi faire. Elle ne peut plus bouger.
36:38 Salvatore Giuliano sort de derrière la voiture.
36:42 Il réplique avec son arme.
36:46 Et en ripostant, l'une de ses balles finit dans l'œil droit d'Annalisa.
36:50 - Annalisa meurt sur le coup. Elle n'avait que 14 ans.
36:54 - C'est l'heure de la mort.
36:58 - C'est l'heure de la mort.
37:02 - C'est l'heure de la mort.
37:06 - C'est l'heure de la mort.
37:10 - C'est l'heure de la mort.
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43:06 - C'est l'heure de la mort.
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43:14 - C'est l'heure de la mort.
43:18 - C'est l'heure de la mort.
43:22 - C'est l'heure de la mort.
43:26 - Une image dont la ville d'aujourd'hui peine à se détacher.
43:30 ...
43:34 - C'est une oeuvre artistique
43:38 qui devrait être évaluée en tant que telle.
43:42 Si on me demande si c'est la vérité, je réponds oui.
43:46 C'est une partie de la vérité, mais ce n'est pas toute la vérité.
43:50 Dans cette réalité, il y a du vrai parce qu'ils opèrent en effet de cette façon,
43:54 mais ils n'ont pas le contrôle de toute la ville.
43:58 La série décrit Naples quand elle était la ville du narcotrafic.
44:02 Si on vient à Naples aujourd'hui, on ne va pas se faire tuer par Chanel
44:06 ou n'importe quel autre tueur dans la rue.
44:10 Naples n'est pas la ville la plus violente du monde.
44:14 Naples n'est même pas dans les 50 villes les plus violentes du monde.
44:18 Naples n'est pas la ville la plus violente d'Europe.
44:22 Il y a des villes comme Paris, Paris, Paris et même Bruxelles.
44:26 Si on parle en nombre d'assassinats par rapport au nombre d'habitants.
44:30 - Bien que la Camorra dans sa forme traditionnelle
44:34 semble avoir disparu, sa culture et ses traditions
44:38 restent elles encore profondément enracinées.
44:42 - La Camorra en tant qu'organisation
44:46 avec une entreprise sur tout un territoire n'existe quasiment plus.
44:50 Par contre, il existe encore une culture camorriste.
44:54 Par exemple, si j'ai un scooter et qu'on me le vole,
44:58 qu'est-ce que je vais faire ?
45:02 En tant que bon citoyen, je vais dénoncer le vol à la police.
45:06 Mais en sortant du commissariat,
45:10 je vais me renseigner dans le quartier.
45:14 Je vais aborder des gens pour chercher un interlocuteur
45:18 pour m'aider. Je leur dis "regarde, j'ai fait de mal à personne,
45:22 j'ai garé le scooter et il n'est plus là.
45:26 Si tu entends quelque chose ou si tu connais quelqu'un
45:30 qui pourrait m'aider, tiens-moi au courant."
45:34 Il y a 90% de chances qu'après ça, je sois mis en relation
45:38 avec quelqu'un qui, en l'espace de deux jours, me retrouve le scooter.
45:42 Je récupère donc le scooter, mais en échange,
45:46 je dois payer des soldes. Du coup, je retourne au commissariat
45:50 pour retirer ma plainte et je leur dis
45:54 "je suis désolé, j'avais oublié que j'avais prêté le scooter à un ami."
45:58 Et je retire ma plainte.
46:02 Les statistiques sur les retraits de plainte à Naples
46:06 sont affolantes.
46:10 Alors tu peux arrêter
46:14 10 000 mafieux, mais si tu ne changes pas la façon de penser,
46:18 l'approche culturelle face à la criminalité,
46:22 Naples ne vaincra jamais ce mal.
46:26 Scampia peut se vanter d'un triste record, celui du plus grand taux
46:38 d'analphabétisme.
46:42 - Eh, c'est... Non mais... Le gars, je suis en train d'en faire une interview.
46:46 Davidé, l'ancien dealer à Scampia, s'est donné pour mission
46:50 de se battre contre cette culture mafieuse. Son arme,
46:54 les livres. Il a quitté les rangs de la criminalité pour se consacrer
46:58 aux jeunes du quartier en difficulté et a créé une bibliothèque
47:02 où les jeunes peuvent se retrouver après l'école.
47:06 - Les criminels se réunissaient
47:10 dans ce local.
47:14 Ici, il y avait un grand fauteuil.
47:18 Là, un grand écran pour voir les matchs
47:22 de Naples. Il comptait l'argent, il faisait
47:26 les comptes de la journée pour voir combien de drogues avaient été vendues.
47:30 Et maintenant, c'est devenu un endroit d'espoir et de résistance,
47:34 rempli de livres.
47:38 - Rendez-vous compte, les mafias ont plus peur de l'école que des juges,
47:42 donc on devrait investir beaucoup plus dans l'éducation.
47:46 - Mais le problème majeur de Naples reste l'emploi,
47:50 avec près de 50% des jeunes qui sont au chômage.
47:54 Dans ce contexte, la criminalité reste bien souvent la seule alternative.
47:58 Pietro, lui, essaie de leur offrir une autre voie.
48:02 - J'ai fait 22 ans de prison. Ce sont des années gaspillées,
48:06 perdues, des moments de bonheur manqués avec ma famille.
48:12 Ça n'en valait pas la peine.
48:16 Si je pouvais retourner en arrière, je ne referais pas les mêmes erreurs.
48:20 Maintenant, je suis activiste, je n'ai plus peur,
48:24 alors qu'avant, si, quand je dealais, j'avais peur,
48:28 car je fréquentais des criminels, des boss.
48:32 J'étais toujours sous tension.
48:36 Maintenant que j'ai changé de vie, je n'ai plus peur, je suis dans la vraie vie.
48:40 J'aide les ex-détenus à retrouver du travail.
48:44 Je vais rendre visite aux détenus.
48:48 Je fais des choses qu'il y a 15, 20 ans, j'aurais jamais pu imaginer faire un jour.
48:56 J'essaie d'être un exemple pour les jeunes,
49:00 car ils ont besoin d'un modèle, d'un modèle positif.
49:06 De leur côté, les autorités publiques ont pris une décision symbolique.
49:14 À Scampia, les vélés, ces bâtiments en forme de voile,
49:18 emblématiques de la puissance de la Camorra, vont tous être rasés.
49:24 Tous, sauf un.
49:30 Garder la mémoire de ce qui a été, même des choses moches, c'est très important,
49:36 comme on a gardé Auschwitz.
49:40 Car si on ne préserve pas cette mémoire, elle meurt.
49:45 En apprenant du passé, d'une mémoire négative,
49:49 on cherche à construire un futur positif.
49:55 Et je pense que les gens d'ici en sont capables.
50:01 L'histoire de Naples est à l'image de cette ville.
50:07 Chaotique, mais fascinante.
50:10 Attirante, mais effrayante à la fois.
50:14 Cette atmosphère mystérieuse et contrastée fait aujourd'hui son succès.
50:18 Le tourisme est en pleine expansion, amenant avec lui un souffle nouveau.
50:24 Mais dans les ruelles, l'esprit de la Camorra n'a pas totalement disparu.
50:30 Et il est bien difficile de prédire si Naples l'indomptable
50:35 arrivera un jour à se libérer de cet héritage.
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