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François Soudan livre au micro de RFI son analyse sur le futur des activités économiques du groupe, au lendemain de la tentative de rébellion d’Evgueni Prigojine.
La Semaine de Jeune Afrique, à retrouver sur RFI.
Plus d’informations : https://www.jeuneafrique.com/1457300/politique/le-mali-et-la-centrafrique-peuvent-ils-se-passer-de-wagner/

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Transcription
00:00 François Soudan, bonjour. Cette semaine dans Jeune Afrique, les activités minières du groupe russe Wagner au Mali et en Centrafrique,
00:07 la mutinerie de son désormais ex-chef Evgeny Prigojin ayant fait long feu.
00:13 Penchons-nous sur les activités africaines de Wagner. Sont-elles compromises ?
00:17 Si on en croit le ministre Sergei Lavrov, russe des affaires étrangères,
00:22 qui a très tôt tenu à rassurer ses interlocuteurs centrafricains et maliens sur ce point, les hommes de Wagner continueront leur travail.
00:29 Dit-il, en tant qu'instructeur militaire et pour assurer la sécurité du dirigeant, il aurait pu ajouter qu'ils continueront aussi leurs activités économiques.
00:37 Alors, sous quelle forme ? On ne le sait pas encore précisément, même s'il est clair que le contrôle du Kremlin sur le groupe va se renforcer.
00:45 Ce qu'il faut savoir, Norbert, c'est que tant à Bangui qu'à Bamako, les diplomates russes et les agents de Wagner marchaient déjà main dans la main.
00:51 Il n'y a pas sur le terrain africain, sauf peut-être un petit peu en Libye, les divergences que l'on a pu observer en Russie même.
00:59 Sur le plan sécuritaire, Wagner, c'est essentiel pour le président de Toadera en Centrafrique, il assure une partie de la sécurité,
01:06 il contribue surtout à maintenir les groupes rebelles à distance de Bangui.
01:09 Au Mali, ils sont surtout présents dans le centre, mais aussi à Tombouctou, Mbori, Gao et Ménaka.
01:14 Dans un cas comme dans l'autre, Wagner dépend de la logistique aérienne de l'armée russe, y compris pour effectuer les relèves.
01:20 Donc très important pour Moscou d'assister sur cette osmose et de minimiser l'impact de la tentative de rébellion afin de continuer à apparaître comme un partenaire fiable et solide.
01:30 Alors un grand trait, le diamant en Centrafrique, l'or au Mali contre des scalpes de djihadistes, est-ce que c'est à peu près ça le plan marketing de Wagner en Afrique ?
01:41 Un peu ça, sur le plan économique, ça fonctionne un petit peu comme un fonctionnement de crime organisé.
01:47 On s'est intéressé effectivement dans le cadre de notre enquête au diamant et à l'or.
01:51 On aurait pu le faire aussi sur le bois, le café ou le sucre.
01:53 À chaque fois, Wagner s'appuie sur un réseau d'entreprises et d'intermédiaires locaux qui leur permettent d'exporter leur production vers Dubaï principalement,
02:02 mais aussi vers Anvers et parfois directement vers Moscou.
02:04 En Centrafrique, le groupe contrôle le principal bureau d'achat de diamants, qui est le BADICA, depuis environ deux ans,
02:11 ainsi que les principales zones productrices de la Haute Coteau.
02:14 Et pour exporter, Wagner s'est associé à un système mis en place par plusieurs grandes familles de commerçants libanais chiites de Bangui,
02:21 qui sont très proches de la présidence centrafricaine, ce qui permet aux zones de compagnie de découler leurs marchandises en contournant la traçabilité imposée par le processus de Kimberley.
02:31 Mais pourquoi des Libanais, Wagner ne pouvait pas se débrouiller tout seul ?
02:35 Il lui faut des intermédiaires. Il lui faut, dans le cadre du blanchiment de cette usine à blanchiment, qu'est Dubaï,
02:41 avoir des intermédiaires qui maîtrisent les circuits d'exportation, c'est quelque chose que ne savaient pas faire les hommes de Prigojin.
02:48 Et le tout se passe sous l'œil bienveillant non seulement des autorités centrafricaines,
02:51 mais il faut bien le dire, d'Anvers, des casques bleus qui n'ont jamais dénoncé officiellement, en tout cas, et étrangement, ce trafic.
02:57 Alors au Mali, c'est un peu plus complexe.
02:59 L'agent au pouvoir ne semble pas disposer à ouvrir en grand l'accès à ces mines d'or,
03:04 ce qui n'empêche pas Wagner d'essayer de s'implanter dans ce secteur.
03:08 Ils ont d'abord tenté de récupérer certains permis d'exploitation appartenant à des opérateurs étrangers,
03:13 un petit peu sur le modèle de la mine d'or de Ndacima en Centrafrique,
03:16 qui a été préomptée à présent d'avoir éjecté les Canadiens d'Axmin.
03:20 Et cela via des sociétés. Et quand manifestement, ça n'a pas marché,
03:24 alors Wagner s'est tourné vers les sites d'orpaillage au sud de Bamako, le long de la frontière avec la Guinée,
03:30 en s'associant avec des négociants en or connus à Bamako.
03:34 François Soudan, merci.

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