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“La flèche”, émeutier de 18 ans, témoigne sur BFMTV. Ce dernier reconnaît notamment avoir “tiré sur les policiers au mortier” au cours des émeutes, au nom d’un “ras-le-bol général”.

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Transcription
00:00 Merci beaucoup d'être avec nous.
00:02 La Flèche, c'est évidemment votre surnom.
00:03 Vous témoignez anonymement ce soir.
00:06 Vous avez 18 ans.
00:09 Vous avez décroché votre bac hier.
00:11 Bien sûr.
00:12 Mais la semaine dernière, comme quelques milliers de jeunes en France,
00:15 entre 8 et 12 000, disait aujourd'hui Gérald Darmanin,
00:18 vous êtes descendu dans la rue pour casser dans la foulée de la mort de Naël.
00:23 Et on a évidemment beaucoup de questions à vous poser ce soir.
00:26 Bonsoir, David Declos.
00:27 Bonsoir.
00:28 Merci beaucoup d'être avec nous également.
00:30 Vous êtes médiateur.
00:30 Vous êtes intervenu ces derniers jours auprès de jeunes,
00:33 notamment du côté de Nevers.
00:34 Vous allez nous raconter pour essayer de raisonner ces jeunes qui étaient dans la rue.
00:39 Vous êtes aussi humoriste, Jamel Comedy Club, ancien détenu.
00:43 Voilà pour votre présentation.
00:46 La Flèche, vous assumez d'avoir cassé ?
00:48 Je dirais pas cassé.
00:49 Je n'utiliserai pas ce terme parce que c'était un ras-le-bol général.
00:54 Et ce n'est pas à cause de la mort de Naël que tout ça est provoqué.
00:59 C'est à cause de tout ce qui se passe dans nos quartiers,
01:03 ou ce qui se passe dans tous les quartiers de France.
01:06 Et la situation de la France aussi, au niveau de l'argent,
01:12 il n'y a pas, dans les quartiers, vous savez très bien,
01:14 il n'y a pas énormément d'argent.
01:16 On se débrouille comme on peut, les parents se débrouillent comme ils peuvent.
01:19 Et c'est ça qui fait qu'il y a eu un soulèvement général.
01:24 Vous dites que vous ne voulez pas employer le terme de "cassé".
01:29 On a parlé de casseurs, d'émeutiers depuis la semaine dernière.
01:32 Vous concrètement, qu'est-ce que vous reconnaissez avoir fait la semaine dernière ?
01:37 Moi, principalement, je n'ai fait qu'observer.
01:42 Mais ça m'est arrivé de tirer sur les policiers au marché, par exemple.
01:47 De leur jeter des pierres, par exemple.
01:49 Mais rien de plus, rien de bien méchant.
01:51 Je n'ai touché aucun policier, je n'ai fait aucun mort, je n'ai blessé personne.
01:55 Pardon, vous ne dites rien de bien méchant,
01:56 vous vous rendez compte de la dangerosité de ce que vous faites ?
01:58 Oui, mais si on parle de ce que j'ai fait
02:00 et de la dangerosité de l'acte du policier qui a tué Nahel,
02:02 c'est rien par rapport à ce qu'il a fait.
02:04 Si on parle concrètement, je n'ai rien fait par rapport à ce qu'il a fait.
02:07 Il a ôté une vie, je n'ai rien fait, j'ai cassé une vitre.
02:10 Allez, à la lumière.
02:11 Ce que vous avez fait, alors je le précise, vous ne l'avez pas été arrêté ?
02:13 Non, pas du tout.
02:14 Depuis la semaine dernière ?
02:15 Non.
02:16 Si vous aviez été arrêté, le fait d'avoir tiré sur un policier avec un mortier,
02:21 d'avoir visé, je parle sous le contrôle de Guillaume Farnes,
02:23 d'avoir visé les policiers avec des projectiles, etc.,
02:26 c'est répréhensible, vous pourriez être condamné pour ça.
02:28 La loi refuse cela.
02:30 Bien sûr, et ça m'aurait peut-être coûté 10 ans de prison, peut-être même 15 ans.
02:35 Alors que, par exemple, on va prendre l'exemple d'un violeur qui viole un enfant
02:40 qui va prendre quelques mois de prison.
02:42 Un violeur d'enfant prend plus que quelques mois de prison, ça ne se passe pas.
02:45 C'est ce que je suis en train de vous dire.
02:47 Je suis en train de vous dire qu'une personne de couleur noire,
02:49 une personne d'origine maghrébine, d'origine africaine,
02:53 qui fait certaines choses comme ce que j'ai fait,
02:55 va prendre plus d'années de prison qu'un blanc de quartier riche,
03:05 qui a fait quelque chose de bien plus répréhensible que moi.
03:08 Voilà.
03:09 David Declos, vous étiez dans la rue la semaine dernière.
03:14 Vous avez entendu ces discours-là.
03:17 Et je précise une chose, parce qu'évidemment,
03:20 la simple présence de La Flèche ce soir sur notre plateau va faire sans doute réagir,
03:25 mais tout le monde parle des émeutiers depuis la semaine dernière,
03:27 Germain a dit lui-même qu'il y en a entre 8 000 et 12 000,
03:31 et tout le monde se demande ce qu'il y avait,
03:34 pardon de parler comme ça à La Flèche,
03:35 mais ce qu'il y avait dans la tête de ceux qui sont descendus dans la rue.
03:37 Comprendre pourquoi est-ce que vous êtes descendus,
03:39 vous commencez à l'expliquer, comment vous, vous l'expliquez.
03:41 Qu'est-ce que vous avez entendu, David Declos ?
03:43 Alors ce que j'ai entendu, c'est que des témoignages forts
03:46 qui nous paraissent incompréhensibles, on cautionne pas.
03:51 Quand on entend tous les cassages, les visées des policiers, tout ça,
03:56 on est contre, totalement contre, on essaye de les faire revenir,
03:59 de les ramener à la raison, on les ramène à la raison.
04:03 Moi, j'ai connu les émeutes des années 90,
04:05 j'ai connu les émeutes de 2005,
04:08 j'ai été en prison, j'étais un délinquant,
04:11 pas que moi, moi, les éducateurs,
04:15 comme vous l'avez dit, avec la ville de Nevers,
04:18 ce que la ville de Nevers a mis en place,
04:20 M. Turiot, Amandine Boudjila, avec Passy, Stomy, du ministère,
04:25 on a fait un gros travail, on a fait un travail
04:28 pour justement les empêcher d'aller casser,
04:30 les empêcher d'aller tirer sur les policiers avec des arguments forts.
04:34 Et parce que leurs arguments, les questions qu'ils posaient,
04:37 on avait du mal à… fallait essayer de contrer.
04:40 Parce que ce qu'on entendait le plus, c'est "ça y est, on en a marre",
04:44 c'est la goutte d'eau qui avait débordé le vase,
04:46 plus jamais ça, on veut plus.
04:47 La mort de Naël a été l'éternel.
04:48 Voilà, la mort de Naël, mais il n'y avait pas que ça,
04:50 c'était la mort de Naël, c'est la goutte d'eau,
04:52 il y a eu tous les autres morts,
04:53 ils parlaient de tous les autres morts,
04:54 ils parlaient aussi de leurs conditions,
04:56 les conditions dans lesquelles,
04:58 j'en parlais avec mon pote Mike,
04:59 qui m'aide aussi à intervenir dans tous les quartiers,
05:02 c'est le retour, c'est les conditions financières,
05:04 les conditions financières, les conditions du quartier.
05:06 Donc, c'est un tout, ils n'arrivent plus à vivre là-bas.
05:09 - Pardon, il y a plusieurs choses.
05:13 D'abord, La Flèche, quand vous nous expliquez ce soir
05:16 que finalement, vous n'avez pas fait grand-chose,
05:18 alors que vous avez tiré au mortier d'artifice contre des policiers,
05:21 que des gens qui nous regardent ce soir doivent se dire,
05:23 mais c'est insupportable en réalité,
05:27 de prendre ce risque-là, d'ôter la vie, de blesser un policier, etc.
05:32 C'est insupportable.
05:35 - Mais nous, quand on sort, les jeunes de Carcher,
05:37 quand on sort dans la rue et qu'on a cette peur constante
05:39 de se faire arrêter par la police et de se faire tuer
05:41 parce qu'on fait un refus d'obtempérer,
05:43 c'est une peur constante aussi.
05:46 Quand on est là, on revient du lycée paisiblement,
05:48 on ne fait rien du tout, on ne fait rien de mal.
05:49 On revient du lycée, on se fait contrôler, pourquoi ?
05:51 Au faciès, on se fait contrôler parce qu'on est des Arabes et des Noirs.
05:54 On est habillé en noir, peut-être en jogging, etc.
05:57 On se fait contrôler. Pourquoi ? Pour rien.
05:59 Vous voyez ce que je veux dire ou pas ?
06:02 - J'aurais une question pour vous, La Flèche,
06:05 parce que quand on voit les dégâts considérables qui ont été commis,
06:08 un millier de commerces, 150 bureaux de poste,
06:12 ce sont des commerçants finalement qui vivent dans ce quartier,
06:15 qui sont vos voisins, peut-être des membres de votre famille,
06:17 qui sont finalement les premières victimes
06:19 et qui vont avoir des mois et des mois de difficultés.
06:22 Ce sont des travailleurs de vos quartiers
06:23 qui seront au chômage technique pendant longtemps.
06:25 Quand vous vous regardez finalement le matin devant la glace,
06:29 vous ne dites pas que vous avez gâché en partie la vie de vos voisins ?
06:33 - Non, mais bien sûr, je ne suis pas totalement d'accord avec les casseurs,
06:36 parce que certains casseurs sont juste des personnes
06:38 qui profitent de la situation pour voler,
06:40 pour se faire un peu d'argent, pour subvenir à leurs besoins.
06:45 - Vous n'avez pas pillé ?
06:46 - Non, je n'ai pas pillé.
06:47 J'ai montré mon mécontentement en tirant sur la police, par exemple.
06:55 Mais en aucun cas, je n'ai pillé.
06:57 Et les pilleurs, on peut les comprendre d'un certain côté,
06:59 mais on ne doit pas être forcément d'accord avec eux.
07:02 - Mais il y a des incendies de voitures,
07:03 ce sont les voitures de vos voisins,
07:06 il y a les mairies des écoles, les écoles de vos petits frères.
07:08 - Mais bien sûr, je suis d'accord avec vous,
07:09 ce n'est pas forcément quelque chose de bien.
07:11 Mais aussi, si au bout d'un moment,
07:13 les rappeurs ne se font pas entendre,
07:14 les cinéastes ne se font pas entendre,
07:15 comment on va se faire entendre ?
07:16 Et on est obligé de casser pour aujourd'hui être au plateau de BFM.
07:20 - C'est vraiment ça qu'on a.
07:21 Nous, vraiment, on a essayé de faire en sorte,
07:24 on s'est vraiment mobilisé avec les éducateurs,
07:27 les médiateurs comme nous, pour essayer vraiment qu'il y ait...
07:31 On ne voulait pas de violences,
07:31 on ne voulait pas qu'ils s'attirent sur la police,
07:34 on ne voulait pas qu'il y ait de casses, on ne voulait pas...
07:37 Voilà, une manifestation, leur revendication,
07:40 on revendique, mais sans casser, sans tirer sur la police.
07:43 Je suis moi-même un ancien délinquant,
07:45 j'ai des amis policiers,
07:47 dans tous les corps de métier, il y a des bons.
07:49 On peut dire, on peut le dire, on peut tous se l'avouer
07:51 que dans tous les corps de métier,
07:53 il y a aussi peut-être un petit pourcentage d'imbéciles.
07:55 Et ce n'est pas...
07:56 Voilà, on sait que peut-être il y a des imbéciles,
08:00 un petit pourcentage d'imbéciles dans la police, peut-être,
08:02 tu vois, pour ne pas dire sûr,
08:04 je ne vais pas non plus faire la fausse couche à jouer avec les mots.
08:08 Oui, il y en a, mais il ne faut pas que le mauvais travail
08:12 de certains imbéciles gâche le gros travail
08:14 de tout ce corps de métier qu'est la police.
08:17 Pareil pour les jeunes des quartiers,
08:19 vous avez des jeunes des quartiers qui sont étudiants,
08:22 qui travaillent, qui se bougent et tout.
08:24 Donc, ce qu'on avait comme message dans les jeunes
08:28 quand on leur disait qu'on essayait de les canaliser,
08:30 ils nous disaient, dans une émeute,
08:32 quand les quartiers se soulèvent, une émeute, c'est du cassage.
08:36 C'est du...
08:38 Vous l'avez vu avec les Gilets jaunes,
08:39 ils sont attaqués à l'Arc de Triomphe,
08:41 ils sont attaqués au Fouquet's.
08:43 Ce n'était pas des gars des quartiers, ce n'était pas...
08:44 Donc, c'est chaque...
08:45 Mai 68, rappelez-vous, mai 68, le général de Gaulle,
08:48 il est parti en hélicoptère tellement la France était...
08:50 Donc là, il ne faut pas qu'on passe à côté du message prioritaire des jeunes,
08:55 du ras-le-bol des jeunes.
08:57 Je voudrais juste...
08:58 On va continuer à en parler,
08:59 mais je vais vous donner la parole, évidemment,
09:01 Guillaume Fard, Christophe Barbier,
09:02 je vois que vous brûlez de l'impatience de rentrer dans le débat, évidemment.
09:07 Mais juste une chose, et pour rebondir aussi sur ce que vous dites, David,
09:09 sur ce que disait à l'instant Pauline Simonnet,
09:11 vous n'avez pas le sentiment, la flèche, que d'employer la violence
09:16 et d'employer une telle violence, c'est totalement contre-productif
09:19 et qu'on oublie le message,
09:20 qu'on oublie aussi, d'une certaine manière, la mort de Nahel,
09:24 parce qu'on ne voit plus que la violence qui va choquer et être insupportable,
09:30 encore une fois, j'emploie ce mot-là, pour une énorme majorité de Français,
09:34 et donc, qui vont oublier tout le reste,
09:35 et ils vont oublier éventuellement le message que vous vouliez passer.
09:38 Oui, d'accord, je vous entends, et vous avez une part de vérité,
09:42 mais au bout d'un moment, vous avez une solution pour nous,
09:45 vous avez une solution pour qu'on se fasse entendre,
09:46 vous avez une solution pour que les choses changent,
09:48 parce que si vous en avez une, dites-le à nous,
09:50 parce que moi, honnêtement, à part le fait que les rappeurs,
09:54 dans leurs textes, fassent passer des messages,
09:55 des cinéastes fassent passer des messages,
09:57 des humoristes, etc., etc., fassent passer des messages…
09:59 Certains jeunes, même, embrassent la politique,
10:02 par la politique, ils essaient,
10:03 pour faire passer des messages.
10:04 Il y a un truc qu'il faut vraiment dire, mettre appuyé,
10:06 c'est que les émeutes, les premières émeutes datent de 79,
10:10 il y a eu des émeutes dans les années 80,
10:12 j'ai connu les années 90, les émeutes des années 80,
10:15 2005, en fait, le message des jeunes qu'on essayait de canaliser,
10:21 c'était "arrête David, c'est quoi la suite ?
10:24 Comment se faire entendre ?
10:26 On a tout essayé, vous avez tout…
10:28 Ils ne nous écoutent pas."
10:29 Donc nous, on a essayé de leur dire,
10:30 et on a trouvé des solutions, je vous assure,
10:32 on a réussi à canaliser des jeunes
10:34 qui voulaient partir avec des Kalachnikovs,
10:36 qui voulaient partir avec des fusillades,
10:37 qui voulaient partir…
10:38 On les a canalisés, on les a retenus.
10:40 Donc moi, ce que je voudrais crier aujourd'hui, ce soir,
10:42 qui est très important, c'est que là,
10:45 rappelez-vous ce que je vous ai dit,
10:46 les émeutes, tous les 10, 15, 20 ans, comment ça se passe ?
10:50 Si on ne fait pas tous quelque chose ensemble, là, maintenant,
10:53 comment ça va être dans 15, 20 ans ?
10:55 Moi, je pense, avec mon expérience et mon passé,
10:58 je pense qu'on arrive sur une des dernières émeutes où,
11:01 encore, bravo aux policiers qui ont réussi à canaliser sans tirer,
11:06 bravo aux jeunes qui n'ont pas…
11:08 Non, ceux qui n'ont pas tiré.
11:10 On ne peut pas dire bravo, c'est que…
11:11 Je parle des jeunes qui n'ont pas…
11:13 Bravo aux jeunes qui n'ont pas tiré.
11:14 Bravo aux jeunes qui ont réussi à…
11:18 Maintenant, ceux qui ont tiré,
11:20 les jeunes qui ont tiré, les jeunes qui ont cassé,
11:23 OK, on est tous d'accord autour de nous,
11:25 même tous ceux qui nous regardent vont dire « ce n'est pas bien ».
11:27 On est tous d'accord pour dire « ce n'est pas bien d'aller casser »,
11:29 il y a des commerçants derrière, il y a des policiers derrière,
11:31 tout ça, c'est des êtres humains, c'est la France qui est derrière,
11:33 on est tous d'accord.
11:34 Moi, ce que je pense, c'est que la justice doit être faite,
11:38 mais il faut aussi leur apporter réponse à leurs questions.
11:40 Si on ne fait pas tous quelque chose,
11:43 dans 10-15 ans, ça va très très mal finir.
11:46 Guillaume Farre.
11:47 D'abord, l'injustice ne justifie jamais une autre injustice,
11:51 la violence ne justifie jamais la violence.
11:53 Et ce que j'entends dans vos propos, monsieur, précisément,
11:55 enfin, je vous appelle monsieur parce que vous êtes venu sous pseudonyme,
11:58 c'est que vous justifiez une violence très grave,
12:00 c'est-à-dire tirer au mortier d'artifice sur un policier,
12:03 ça va à 80 km/h, un mortier d'artifice à courte distance, ça peut tuer,
12:07 par le fait que vous êtes par ailleurs victime.
12:08 Je ne m'y connais pas, le fait que vous soyez victime de certaines choses,
12:11 mais ça ne justifiera jamais le fait que vous deveniez auteur de quelque chose.
12:14 Oui, mais je dois me laisser faire du coup ?
12:16 Mais ce n'est pas ce que je dis,
12:17 mais pour cela, ça s'appelle l'état de droit et il y a un certain nombre de moyens.
12:20 Et il n'y aura jamais la justification et aucune cause ne justifiera jamais
12:24 d'attentat à la vie de qui que ce soit, policier ou non.
12:27 Ensuite, l'excuse sociale, ou en tout cas l'explication sociale, très bien,
12:32 mais ça n'est pas non plus la représentativité
12:37 de la majorité de ceux qui ont été émeutiers.
12:39 Que nous dit le ministre de l'Intérieur aujourd'hui ?
12:42 Il dit qu'il a vu aussi dans les geôles des commissariats des Kevin et des Matteo.
12:46 Je reprends ses propres mots.
12:48 Ce qu'il veut dire par là, c'est que l'ultra-gauche a une part de responsabilité.
12:51 J'ai échangé pas plus tard que cet après-midi avec le directeur sûreté
12:54 d'une chaîne de grands magasins de prête-à-porter
12:57 qui, exploitant les images de vidéoprotection de ces magasins,
12:59 commence à avoir une idée des profils qui sont venus casser sa boutique et ses boutiques,
13:04 notamment une, rue Drivoli.
13:05 Qu'a-t-il vu ?
13:06 Il a vu des personnes qui sont rentrées, qui ont cassé les vitrines
13:08 et qui ont même parfois brûlé les vêtements.
13:10 Ce n'est pas le comportement de quelqu'un qui est dans une criminalité crapuleuse
13:13 ou d'acquisition ou d'accaparation.
13:15 C'est quelqu'un qui est dans une logique purement anticapitaliste.
13:18 Quant à d'autres, à Strasbourg, même chaîne de vêtements,
13:21 ils ont cassé les vitrines et ils ont mis les vêtements
13:23 dans les bras d'autres personnes qui passaient par là.
13:25 Une jeune femme a été arrêtée par la police, elle n'a même pas fait 100 mètres,
13:28 elle est passée, elle a été jugée en comparution immédiate.
13:30 Elle a dit qu'on lui avait donné les vêtements dans les bras et elle les a pris.
13:33 C'est mal, mais ça veut dire que derrière,
13:35 il y avait d'autres personnes qui avaient d'autres intentions.
13:37 Et ceux-là, ils sont quoi ? Ils sont dans des quartiers sensibles,
13:40 ils sont dans un contexte social difficile.
13:44 Je n'en suis pas tout à fait certain.
13:45 Donc, il y a une variété de profils qui ont participé à ces émeutes.
13:48 Et il n'y a pas que des jeunes de quartiers difficiles,
13:50 il n'y a pas que des jeunes de quartiers sensibles.
13:52 Il y en a qui ont volé, il y en a qui n'ont pas volé.
13:54 Et il y en a qui sont liés à des objectifs
13:56 qui sont des objectifs idéologiques et politiques.
13:58 Et ça aussi, il faut le dire et il faut l'analyser.
14:01 - Que dit votre famille ?
14:04 - Ma mère n'est pas d'accord, pas du tout d'accord même avec ce qui se passe.
14:08 Parce qu'elle aimerait pas que nos frères et nos sœurs se fassent tuer,
14:13 eux aussi, par la police plus tard,
14:16 ou que d'autres choses terribles se passent.
14:19 Et ils ne sont pas d'accord.
14:22 Mon père d'ailleurs, pareil.
14:23 Et les gens de ma famille autour de moi, pareil, ils ne sont pas d'accord.
14:26 - Mais pardon, les soirs où vous êtes sortis pendant ces émeutes ?
14:29 - Oui, si ma mère ne serait pas descendue me chercher,
14:31 je me serais peut-être fait tuer.
14:33 - Elle est venue vous chercher ?
14:34 - Oui, elle est venue me chercher.
14:35 - Et vous êtes rentré chez vous ?
14:36 - Je suis rentré chez moi.
14:38 - Vous voyez, vous dites quelque chose de très important.
14:40 Quand on a intervenu, j'ai dit, on a intervenu avec les éducateurs,
14:43 les médiateurs, on a fait tout ce qu'on a pu.
14:46 Et franchement, il ne faut pas l'oublier, les mamans qu'on critique,
14:50 beaucoup, beaucoup de mamans sont des papas.
14:53 Il y a une vidéo qui a fait,
14:55 où le père prend le fils, il le met dans le corps.
14:56 Mais ça n'a pas été que lui.
14:57 Il y a eu beaucoup de papas qui sont descendus, qui sont ramenés.
14:59 Mais je vais faire, entre guillemets, l'avocat du diable.
15:02 Je sais que j'ai le mauvais rôle, je vais faire l'avocat,
15:04 je vais me faire sûrement défoncer demain sur les dos.
15:07 Mais essayons de comprendre un petit peu les mamans
15:10 qui sont dans quelques mètres carrés,
15:13 qui sont en train de s'occuper des bébés, des soeux,
15:15 qui ont une vie de dingue, et qui voient l'enfant qui est grand,
15:18 et qui lui dit, non, n'y va pas, n'y va pas.
15:19 Et que le gamin claque la porte, il y va quand même.
15:21 Et je cautionne rien, je ne suis pas, je dis juste,
15:24 j'essaye de me mettre à la place de cette maman.
15:26 Est-ce que vous dites que c'est plus compliqué que de dire
15:28 "deux claques et au lit" comme vous l'avez dit cette semaine ?
15:31 Moi, j'ai des enfants, moi aussi je tiens mes enfants.
15:34 C'est quelqu'un qui arrive à tenir soin et "deux claques, au lit, reste ici", tout ça.
15:38 Bien sûr qu'il y en a qui l'ont fait, mais il y en a,
15:39 il y en a, c'est beaucoup, c'est impossible.
15:41 Donc il faut essayer de se mettre à la place.
15:43 Moi, ce que je voudrais vraiment dire, je voudrais,
15:45 je sais qu'on n'a pas beaucoup la parole,
15:46 je prends juste deux minutes pour dire ça, deux petites minutes.
15:49 On a une solution, on l'a la solution, la solution, on l'a.
15:53 Je sais que je vais paraître utopiste,
15:54 les gens vont se dire "il n'y a pas de solution à tout ça".
15:56 Mais ce qu'on a fait, je le répète, dans les quartiers de Nevers, à Saint-Denis, à Sarcelles,
16:00 je ne vais pas tous les citer, Toulouse, Marseille, tout ça,
16:03 ce qu'on a fait avec Stomy, Passy, avec ce qu'on est en train de faire.
16:06 On intervient auprès des mamans, auprès des jeunes, on fait des, on arrive,
16:11 on a créé une chaîne et c'est ça que je voudrais crier à monsieur Macron,
16:15 à nos ministres, à nos ministres.
16:17 Je voudrais le crier, je voudrais savoir si c'est possible,
16:20 si c'est possible de détendre ce qu'on a fait à l'échelle nationale, le médiatiser.
16:25 Vous avez les médias, vous avez un rôle important à faire,
16:27 vous avez un rôle très très important.
16:29 Je le répète, si on ne se bouge pas maintenant, dans 10, 15, 20 ans,
16:33 ça se tirera dessus, tout le monde va se tirer dessus,
16:36 il va y avoir des morts, je vous l'assure.
16:38 Donc, et la solution, je termine là-dessus, promis je termine là-dessus.
16:41 La solution, elle est assez simple, elle paraît,
16:44 c'est de créer cette chaîne qu'on a créée nous à notre petite échelle,
16:48 c'est-à-dire avec des anciennes victimes, ça s'appelle la justice restaurative,
16:51 ça fait plus de 5 ans que je me suis à le crier haut et fort.
16:55 J'en appelle à monsieur Macron et ses ministres de nous écouter,
16:57 de venir voir ce qu'on fait avec cette justice restaurative,
17:01 des anciens bandits, le peuple, des policiers, des juges, des gens du peuple,
17:07 mais les anciens bandits, on leur place.
17:08 Tout le monde ensemble pour dialoguer.
17:10 Et je vous crie un grand message à vous aussi, aux médias,
17:13 c'est une cause qui concerne autant l'écologie que la guerre en Ukraine.
17:17 Ça nous concerne, c'est là, c'est devant nous, ouvrez vos yeux,
17:20 voyez ce qu'ils ont fait ces derniers jours.
17:22 Quand les quartiers se révoltent, là, retourne à France.
17:24 Donc, la solution, c'est de vous unir tous les médias ensemble pour cette cause.
17:28 Qu'il n'y ait plus de...
17:30 C'est tous ensemble de dire, voilà, on est un petit groupe,
17:33 on est un petit groupe, on montre l'exemple sur ce qu'on a fait à Nevers, tout ça.
17:36 Venez, penchez-vous juste, je termine là-dessus et j'arrête.
17:40 Venez voir, là, par exemple, je suis à Sarcelles, à Salle Malraux, dimanche, là.
17:44 Je suis à Frennes le 18.
17:45 Venez au moins, même organisé, même à l'Élysée,
17:48 venez organiser une intervention à l'Élysée devant vos ministres.
17:52 Je vous montre ce qu'on fait avec ces victimes, nous, cette chaîne humaine.
17:56 Venez voir, venez juger par vous-mêmes.
18:00 Si c'est un début de solution, vous allez voir les résultats qu'on a auprès des détenus,
18:04 auprès des jeunes.
18:05 - Elle l'appelle en tout cas, elle est dans ses avis.
18:07 - Il faut intervenir, je termine là-dessus,
18:08 il faut intervenir dès les écoles primaires et auprès des mamans,
18:11 des papas, les aider à éduquer.
18:13 - Il faut que tout le monde puisse parler, David Declos.
18:15 Christophe Barbier, vous ne l'avez pas encore parlé,
18:17 et Pablo Ange, je suis très sort.
18:18 - J'avais deux questions pour vous, d'abord sur votre pseudonyme, "La Flèche".
18:22 Est-ce que c'est une référence au personnage de Molière dans "La Var"
18:24 qui veut la casser de la Var,
18:25 ou est-ce que c'est parce que vous courez plus vite que vos camarades ?
18:28 - Pas du tout, aucun des deux.
18:29 C'est juste un nom qui m'est venu à l'esprit, et voilà.
18:32 - Au moment, c'est pseudonyme d'occasion.
18:33 L'autre, tout à l'heure, dans une phrase, vous avez rapproché deux réalités.
18:36 D'abord, les contrôles d'identité qui vous sont insupportables,
18:38 et on voit bien que là, il y a un problème de méthodologie,
18:41 et il faut en effet que discutent tous les acteurs de la ville
18:43 pour savoir comment on peut contrôler efficacement,
18:45 parce qu'il en faut des contrôles, sans tomber dans le harcèlement.
18:48 Et dans la même phrase, vous avez parlé des refus d'obtempérer.
18:50 Est-ce que vous reconnaissez que le refus d'obtempérer, c'est un problème,
18:53 et qu'il faut que les jeunes,
18:55 quoi qu'ils conduisent un scooter ou un véhicule alors qu'ils n'ont pas le permis,
18:59 quand un policier fait signe d'arrêter, on s'arrête.
19:01 On assume derrière, on voit ce que ça donne, un PV, un rappel à la loi, une amende,
19:05 mais on doit arrêter d'appuyer sur le champignon
19:07 pour essayer d'aller plus vite que la police.
19:10 - Oui, forcément, mais il faut comprendre aussi ces jeunes.
19:12 Il faut les comprendre.
19:13 - Pourquoi ils fuient ? Pourquoi ce refus d'obtempérer ?
19:15 - Il faut se dire aussi que s'ils se prennent une amende,
19:17 s'ils se prennent des jours de garde à vue,
19:19 c'est qui qui va prendre ? C'est leurs parents.
19:22 C'est qui qui va prendre l'amende ? C'est leurs parents.
19:23 - Mais c'est moins grave que de risquer de se faire tirer dessus.
19:26 - Mais oui, c'est moins grave.
19:27 - Si on accélère, on peut mettre en danger un cycliste, un piéton.
19:29 - Oui, c'est moins grave.
19:30 Mais là, vous dites ça en tant que père de famille, peut-être,
19:33 en tant que com', mais ces jeunes-là, c'est des jeunes encore.
19:37 Ils n'ont pas encore eu le bac, peut-être.
19:39 Ils sont jeunes, ils ne pensent pas comme vous.
19:41 Peut-être qu'ils vont se dire, oui, nos parents, etc.,
19:44 ils vont payer des amendes.
19:45 Moi, je ne veux pas que ma mère reçoive une amende et qu'on se retrouve à la rue.
19:49 - Donc, il y a une action pédagogique peut-être à mener,
19:50 peut-être très tôt, en effet, pour leur dire, voilà,
19:53 ça peut arriver de faire une bêtise, ça peut arriver de faire quelque chose.
19:55 - Exactement. - Mais il faut assumer derrière.
19:58 - Pablo. - Les actions pédagogiques,
20:01 c'est vrai que c'est très important, mais ce n'est pas ça qui résoudra
20:03 le problème du racisme de la police.
20:06 Moi, j'aimerais vous poser une question... - Ou dans la police.
20:08 - De la police. - Vous ne serez pas d'accord là-dessus.
20:10 On va y revenir dans un instant. C'est lui l'invité.
20:12 Vous ne serez pas d'accord là-dessus.
20:13 - Moi, j'ai une question.
20:15 Ça fait une semaine qu'a eu lieu la mort de Nahel.
20:21 Il y a eu beaucoup de réactions politiques.
20:24 Si j'enlève les réactions des racistes, comme maintenant,
20:28 il y en a trop souvent, beaucoup ont appelé à des solutions politiques.
20:33 Est-ce que vous, ça vous intéresse qu'il y ait des solutions politiques
20:36 qui soient apportées aux problèmes dont vous avez parlé,
20:40 à la fois le racisme de la police et les problèmes financiers ?
20:44 Est-ce que vous attendez quelque chose du politique ?
20:47 - Bah ouais. Par exemple, la loi qui offre à la police le droit de tirer sur les jeunes.
20:54 - Par exemple ? - De quelle loi vous parlez ?
20:56 - 2017. - Cette loi ne devrait plus être là.
21:00 Parce que si elle offre le droit à la police de nous tirer dessus,
21:05 pourquoi nous, on n'aurait pas le droit de se défendre ?
21:06 - Mais ce droit de tirer, comme vous dites, il est régulé, il est conditionné.
21:11 - Oui, mais le policier qui a tiré sur Nahel n'était pas en danger.
21:17 - C'est bien que cette loi est utile puisqu'on voit ceux qui trichent avec la loi
21:20 apparemment envers l'enquête du policier.
21:21 - Cette loi, elle fout dans la merde les jeunes comme les policiers.
21:25 Les policiers, ça les met dans une position ambiguë.
21:28 Ça les met dans la merde cette loi. Il faut la revoir.
21:30 - C'est-à-dire ce que dit la petite avocate du policier.
21:33 - Voilà, elle les fout dans la merde.
21:34 - Donc je suis contrôlé, j'accélère, on peut rien faire contre moi.
21:38 - Voilà, c'est ça. Et ça fout dans l'embarras les jeunes,
21:41 mais ça fout dans l'embarras les policiers.
21:43 - Je monte sur un trottoir pour échapper à un contrôle de police.
21:45 - Regardez ce qu'un policier peut dire.
21:48 Si je ne l'arrête pas, 500 mètres plus loin, il tue une famille.
21:53 On me le reproche. Donc cette loi, elle est ambiguë cette fois.
21:57 Il faut la retravailler au minimum,
21:59 s'ils ne veulent pas la retravailler, ce que j'ai entendu, monsieur Darmanin,
22:02 qu'ils aient leurs trucs, leurs caméras et leurs micros sur eux,
22:04 qu'on voit que ça fout.
22:06 - Et là, ce n'était pas le cas au moment de l'intervention façonnelle.
22:09 Une chose, vous parlez du racisme.
22:11 - Je n'ai pas parlé de ça.
22:13 - Non, c'est moi.
22:14 - Vous avez parlé du racisme dans la police.
22:15 - Vous avez parlé des contrôles au faciès.
22:17 - C'est moi qui ai parlé du racisme.
22:18 - Pour vous, ce n'est pas du racisme.
22:19 - Mais je ne l'ai pas dit directement.
22:22 - Alors, ça me permet de préciser les choses.
22:24 Pour vous, est-ce que c'est la police qui est raciste ?
22:28 Ou est-ce que ce sont certains policiers qui sont racistes ?
22:30 - Certains policiers, bien sûr, parce qu'il m'est arrivé de tomber sur certains policiers
22:34 qui étaient gentils, qui étaient compréhensifs, qui nous parlaient, etc.
22:38 Ça, il n'y a aucun souci là-dessus.
22:39 Les policiers aussi, c'est des pères de famille comme tout le monde.
22:42 C'est des personnes qui veulent rentrer chez eux le soir, etc.
22:47 C'est des personnes comme ça aussi.
22:48 Il ne faut pas se voiler la face.
22:50 - Pardon, mais ceux contre qui vous avez tiré, il y avait aussi des pères de famille ?
22:54 - Oui, mais non, on n'a pas tiré en premier.
22:56 On s'est fait tirer dessus d'abord.
22:58 On a brûlé des poubelles sur la route pour ramener la police,
23:02 pour pouvoir manifester, pour pouvoir nous faire entendre,
23:07 comme là, je suis en train de le faire.
23:09 Mais la police, dès qu'elle arrive, elle essaie de calmer les choses.
23:12 Elle arrive à 200 sur le boulevard,
23:15 ils ouvrent la porte et ils nous tirent dessus.
23:17 On fait quoi, nous ?
23:18 On reste comme ça, comme des potos, on se fait tirer dessus ?
23:20 - Bah non.
23:20 Oui, mais ce qu'on va vous dire, c'est qu'il n'y avait pas au départ
23:23 à créer des barricades, à allumer les poubelles, etc.
23:25 - Alors comment on se fait entendre ?
23:27 - C'est la question dans tous les quartiers.
23:29 - On reste un pays de liberté.
23:31 L'Algérie, la Turquie, l'Iran, ont tous été très promptes
23:33 à nous donner tout un tas de leçons.
23:35 Mais je ne pense pas que dans leurs États,
23:37 la liberté d'expression soit au même niveau que celle de notre pays.
23:40 Et d'ailleurs, votre présence ici ce soir le prouve.
23:43 Vous pouvez vous exprimer librement sur ce plateau et à cette antenne.
23:46 Je ne suis pas certain que dans les pays qui nous critiquent
23:48 de l'autre côté de la Méditerranée ou plus à l'Est,
23:51 vous puissiez le faire avec la liberté.
23:52 - Mais si tout ça ne serait pas passé ?
23:54 - Je ne serais sûrement pas là.
23:55 - Ou siège l'Iran qui n'a pas beaucoup de leçons à donner ?
23:57 - Moi j'ai des jeunes qui sont dehors qui m'ont dit,
23:59 s'ils n'avaient pas tout craint, est-ce qu'ils seraient sur le plateau ?
24:01 Ils me l'ont dit et je ne sais pas quoi leur répondre à ça.
24:03 Je ne sais pas quoi répondre à cette question.
24:04 - Moi je voudrais vous poser une question sur votre rapport à la France
24:07 parce que vous l'avez certainement entendu du côté de l'extrême droite
24:09 mais pas seulement.
24:10 Aussi finalement de plus en plus à droite,
24:13 on a entendu des qualifications contre non pas les émeutiers,
24:18 des casseurs mais l'anti-France.
24:20 C'est l'anti-France qui était dans la rue.
24:22 Ce sont des jeunes qui n'aiment pas la France.
24:23 Sous-entendu, il faut les mettre tous dehors s'ils n'aiment pas la France.
24:26 Donc quel est votre rapport à ce pays ?
24:29 - Pas du tout, ce n'est pas ça.
24:30 Moi je suis né en France, j'ai grandi en France,
24:32 j'ai toute ma vie en France.
24:34 Moi la France, on va dire, c'est mon pays.
24:36 C'est mon premier pays, c'est mon deuxième pays on va dire.
24:38 C'est mon deuxième pays après mon pays d'origine.
24:40 Mais nous, en tant que jeunes de quartier,
24:43 on veut voir notre pays avec des belles rues, des activités,
24:48 notre pays avec des belles infrastructures, etc.
24:50 On veut voir ça.
24:51 Mais au bout d'un moment, quand il n'y a pas d'argent, il n'y a rien.
24:54 Il n'y a pas d'argent, il n'y a rien.
24:55 On vit dans des appartements, on est entassé, etc.
24:58 On fait comment ?
24:59 - Mais quand vous dites que c'est votre deuxième pays,
25:00 quel est pour vous votre premier pays ?
25:02 - Mon pays d'origine.
25:03 - Alors que vous êtes né ici ?
25:04 - Alors que je suis né ici.
25:05 - Mais votre pays d'origine, il est plus riche que la France ?
25:07 Plus pauvre que la France ?
25:08 - Non, plus pauvre que la France.
25:09 - Et pourquoi alors cette pauvreté-là ne vous inspire pas
25:11 les mêmes comportements ?
25:14 - Je n'ai pas très bien compris.
25:15 - Vous dites que la France est un pays pauvre et on manque d'argent,
25:18 donc il faut se révolter.
25:19 - Non, je n'ai jamais dit ça.
25:19 Mais je n'ai jamais dit ça.
25:20 Je n'ai jamais dit que la France était un pays pauvre.
25:23 - Non, il n'y a pas de moyens, donc il faut se révolter.
25:24 - J'ai juste dit que la France ne mettait pas les moyens
25:27 dans les quartiers pour faire changer les choses.
25:29 - Et vous n'avez pas dit que votre pays, que vous appelez votre premier pays,
25:31 met davantage de moyens ?
25:33 - Je n'ai pas dit ça non plus.
25:34 - Je me pose la question.
25:34 - Mais non, mais je ne fais pas une comparaison ici.
25:37 Je ne fais pas du tout une comparaison.
25:38 Quand je dis que la France est mon deuxième pays,
25:40 c'est que mon premier pays, c'est mon pays que j'ai dans le cœur.
25:43 C'est mon premier pays qui m'anime.
25:46 - Mais il ne vous inspire pas la même révolte ?
25:48 - Non, pas du tout.
25:50 Parce qu'au Maroc, par exemple, je prends l'exemple du Maroc,
25:52 il ne se passe pas ce qui se passe en France, je pense.
25:54 - Est-ce que vous envisagez dans les années qui viennent,
25:57 d'aller dans ce pays, votre premier pays, votre pays d'origine,
26:01 soit de vous engager en politique en France pour changer les choses ?
26:03 - Non, moi, je ne me verrais pas m'engager en politique,
26:06 mais je me verrais rester en France.
26:08 Parce que ça reste aussi mon pays, mon deuxième pays, mais mon pays quand même.
26:13 Et moi, c'est un pays qui m'a vu grandir, etc.
26:17 Et j'aimerais bien rester ici et fonder ma vie ici.
26:19 - Mais vous voyez, comme autour de la table,
26:21 on essaie aussi de vous ramener vers la politique.
26:25 C'est ce qu'on disait tout à l'heure.
26:26 - Ou l'action publique.
26:27 - Ou l'action associative, etc.
26:29 D'exprimer ce que vous dites ce soir autrement que par la violence.
26:34 Vous comprenez cette attente-là ?
26:37 - C'est ce que je vous disais tout à l'heure.
26:38 Moi, honnêtement, à mon âge et à l'heure actuelle,
26:40 je ne vois pas d'autre solution.
26:42 Parce qu'on a vu, comme je vous ai dit tout à l'heure,
26:44 des rappeurs, des signataires, etc., qui font passer des messages, etc.
26:48 et personne ne se fait entendre.
26:50 - Et des politiques aussi ?
26:51 - Des politiques aussi, bien sûr.
26:53 Personne ne se fait entendre. On fait comment ?
26:55 Dites-moi, on fait comment ?
26:56 Si vous nous proposez une solution, on peut vous entendre et en discuter.
27:00 Mais il n'y a aucune solution.
27:02 La police, en général, ne change pas.
27:04 Et comment voulez-vous que la police ne change pas et que les jeunes changent ?
27:07 C'est impossible.
27:08 On ne va pas se faire contrôler et fermer notre bouche, etc.
27:11 Ce n'est pas possible.
27:11 - David Desclos, on a beaucoup entendu ces derniers jours,
27:17 dans la bouche de médiateurs, d'intervenants sociaux, d'animateurs, etc.,
27:21 qui nous disaient, par rapport à 2005,
27:23 "les jeunes, ces jeunes-là, ont changé.
27:25 Ils nous écoutaient, ils ne nous écoutent plus."
27:29 - On a dit pareil, moi, je viens des années 90,
27:32 il y a eu des émeutes dans les années 90, des grosses émeutes aussi.
27:35 En 2005, pareil, on disait, ils n'écoutent plus.
27:37 En 2023, oui.
27:39 Là, vous êtes en train de mettre sur ce que j'essaie de crier depuis tout à l'heure,
27:42 c'est que oui, ça évolue, ça évolue.
27:45 Ils nous écoutent encore un petit peu.
27:46 C'est pour ça que je parlais de cette chaîne, que dans cette chaîne de médiation,
27:49 il faut des anciens bandits, il faut des victimes,
27:51 il faut des policiers, il faut des éducateurs,
27:54 il faut le peuple, il faut tout le monde,
27:56 il faut que vous, les médias, vous jouez le jeu, tout ça.
27:58 Parce qu'on va de pire en pire.
28:00 Et je disais, pour moi, c'est mon avis, j'espère me tromper,
28:04 si là, on ne se bute pas maintenant à trouver des solutions,
28:08 à se bouger maintenant, dans 10, 15 ou 20 ans,
28:12 et j'espère me tromper encore une fois, je le sais,
28:14 on va aller vers des faits très, très graves.
28:17 Quand je vous dis qu'on a réussi à les empêcher, à prendre des arts,
28:20 et je félicite encore une fois les policiers qui ont fait un gros travail,
28:24 je félicite les jeunes médiateurs et même jeunes
28:27 qui ont réussi aussi à se compatirer.
28:31 Voilà, on a réussi à canner, il y a eu ce qu'il y a eu.
28:36 Maintenant, je voudrais vraiment dire ça, je vous donne juste un petit exemple.
28:39 Pourquoi je dis que j'ai la solution et que je le crie à M. Macron,
28:42 au ministre, écoutez-nous, venez vers nous, venez voir ce qu'on fait.
28:45 On est en train de… Vous savez un bateau qui coule ?
28:47 On est en train d'écoper au godet, au godet.
28:49 Alors que si tous ensemble, on s'y met,
28:51 on peut prendre des pompes et remettre le bateau à flot.
28:54 Donc, je dis juste un dernier truc, ce qu'on a fait à Nevers,
28:56 encore félicitations à M. Thériault et Mme Amandine qui ont fait un gros boulot.
29:02 Ce qu'on a fait, ça allait péter.
29:04 Nevers, ce n'est pas des quartiers de gros, grosses délinquances non plus.
29:08 Mais ce qu'on a fait, on a réussi à leur parler, à trouver les mots.
29:11 Ils nous ont écoutés et au lieu d'allécater, on a fait un concert.
29:14 En plein moment, ça cramait dans tous les quartiers.
29:16 - On vous a dit que ça allait cramer de toute façon.
29:18 - Voilà, avec Passy et Stomy Béziers, on a fait un concert.
29:21 Et au lieu, qu'est-ce qu'on a fait ?
29:22 On leur a promis, et c'est pour ça que je vous le dis, c'est très important.
29:25 On leur a dit, avant de faire le concert, on a dit,
29:27 "Vous savez ce qu'on va faire ?
29:28 Mettez sur une feuille, tous, ils étaient tous là les jeunes,
29:31 je les ai les feuilles, ils sont chez moi,
29:33 mettez tous votre colère, mettez-la sur un papier.
29:36 Je vais en faire un grand texte et on fera la restitution en décembre,
29:38 on lira le texte."
29:39 Ce texte, je voulais le lire sur un plateau télé,
29:40 ce texte où il y a toute leur colère.
29:41 - Il fallait l'y amener.
29:42 - Voilà, il est là, il est fait.
29:43 - Il fallait l'y amener, David Descote.
29:45 - Il est trop long, je vous ai déjà dit.
29:46 - Non, mais...
29:47 - Voilà, mais donc voilà, on a applaudi Nevers,
29:50 ils ont montré l'exemple, ça n'a pas cramé.
29:53 Parce qu'on a réussi, on a les mots.
29:55 Donc, pour répondre à vos questions, oui c'est pire,
29:57 mais si on ne fait pas quelque chose maintenant...
29:59 - Ce sera encore pire, c'est ce que vous nous dites.
30:00 - Voilà.
30:01 - Je reviens à vous, La Flèche, et au début de cette interview,
30:04 c'est la première info que j'ai donnée sur vous, c'était les deux infos.
30:07 Vous avez 18 ans, vous avez eu votre bac hier.
30:11 Est-ce que vous avez pris le risque de tout gâcher en réalité aussi ?
30:17 - Le risque, oui, mais je ne pense pas avoir tout gâché.
30:20 J'ai pris le risque, oui, pour me révolter et montrer ma colère, etc.
30:25 Mais je ne pense pas avoir tout gâché, parce que ça, je ne me suis pas fait arrêter.
30:31 Oui, selon vous, c'est grave, etc.
30:34 - Je vous confirme, oui.
30:35 - Mais je n'ai tué personne, je n'ai blessé personne, etc.
30:39 Donc, je pense que mes actes peuvent être pardonnés.
30:42 Donc, voilà, je pense que non, j'ai pris le risque, mais je n'ai rien gâché.
30:45 - Vous vous projetez comment dans l'avenir ?
30:47 Je ne sais pas, l'année prochaine, par exemple ?
30:49 - Moi, l'année prochaine, je me vois continuer à l'école.
30:51 Je me vois continuer à l'école en BTS, etc.
30:54 En train d'apprendre pour mon métier plus tard, etc.
30:57 Et plus tard, fonder une famille en France, comme je le disais tout à l'heure.
31:00 Fonder une famille et avoir des enfants qui vivent en France en toute sécurité.
31:06 - Il y a un message à passer, je sais peut-être utopiste,
31:08 mais toutes les extrêmes, l'extrême droite, les gens qui n'en peuvent plus,
31:11 les gens devant leur téléviseur qui ont peur,
31:13 qui voient toutes ces images qui leur font peur, qui font peur à tout le monde.
31:15 C'est normal, on voit la prise.
31:16 - Le mot, il est important.
31:18 - Il est très important.
31:19 - Je pense que beaucoup de gens ont eu peur ces derniers jours.
31:20 - Mais très important.
31:21 "Mais j'ai de la famille, j'ai mes enfants."
31:24 Ça fait peur.
31:25 Il faut le mettre sur la table, ce mot peur.
31:27 Tout le monde a eu peur.
31:28 Mais si cette peur ne sert pas à quelque chose et qu'on ne fait pas quelque chose,
31:33 dans 5, 10 ou 15 ans, ce n'est pas peur, quand ça va être pire.
31:36 Donc, moi, j'en appelle à tout le monde.
31:39 Je sais qu'on va se faire défoncer sur les réseaux.
31:41 Je sais que beaucoup de gens vont dire,
31:42 "Regardez, c'est un ancien détenu, il ne veut pas la parole."
31:45 - On confirme, c'est déjà le cas.
31:46 - Voilà, je suis en train de me faire défoncer.
31:47 Mais je leur demande sincèrement, je leur demande,
31:49 mettez de l'eau dans votre vin, venez ensemble,
31:52 que tous ensemble, on trouve cette solution.
31:53 Je suis peut-être utopiste, mais voilà, il faut que tous ensemble,
31:56 on avance vers ça, je pense.
31:58 Sinon, on va vers la merde.
32:00 - Ça m'amène à redire ce que je disais au début de l'interview,
32:02 c'est que Gérald Darmanin a dit aujourd'hui qu'il y avait entre 8 et 12 000 émeutiers
32:05 la semaine dernière.
32:06 On a beaucoup parlé de vous, on ne vous avait pas entendu.
32:09 On voulait comprendre.
32:10 On voulait comprendre ce soir aussi, en rappelant évidemment ce que j'ai dit,
32:14 à quel point ce que vous avez fait était condamnable, évidemment.
32:18 Mais voilà, on voulait avoir cette conversation ce soir,
32:20 tous ensemble, en direct sur BFM TV.
32:22 Merci d'avoir été avec nous.

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