Le 14 juillet 2022, Gabriel 7 ans et Meggy 24 meurent alors qu'ils regardent le feu d'artifice du 14 juillet de la ville de Cholet. Ce soir-là, le dysfonctionnement du tir d'une fusée brise la vie de Sébastien et Sandra, leurs parents.
Ils témoignent ce matin au micro de Stéphane Carpentier. e.
Regardez L'invité de RTL du 10 juillet 2023 avec Stéphane Carpentier.
Ils témoignent ce matin au micro de Stéphane Carpentier. e.
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00:02 Nous sommes alors le 14 juillet 2022, soir de fête nationale et de feu d'artifice.
00:08 La foule est réunie au parc de Moines, mais peu après 23h, un dysfonctionnement d'un des blocs de tir cause un départ d'artifice vers le public.
00:16 Maggie Mandotte, 24 ans, et son petit frère Gabriel, 7 ans, sont morts, percutés par une fusée.
00:22 Nous avions beaucoup suivi ce drame sur RTL avec notre reporter Julie Brault.
00:26 L'oncle de la famille avait témoigné, mais jamais encore les parents des deux victimes s'étaient exprimés.
00:33 Sandra et Sébastien n'ont jamais parlé à un média, et ils ont donc choisi RTL pour briser ce silence.
00:39 Bonjour à tous les deux.
00:40 Bonjour.
00:41 Merci d'être avec nous sur RTL.
00:43 Un an après ce terrible drame et la perte de vos deux enfants, je vais d'abord me permettre de vous demander comment vous allez.
00:50 Il faut faire aller. Il y a des jours avec et des jours compliqués.
00:58 C'est difficile pour moi. Comme il dit, c'est au jour le jour.
01:06 On va revenir ensemble sur cette soirée-là, sur cette nuit qui devait être une fête en famille.
01:11 Vous arrivez à nous faire revivre les faits, ce qui s'est passé, les images gardées en mémoire ?
01:16 Vous arrivez à y mettre des mots ce matin ?
01:18 Tout se passait bien. Et cinq minutes après, c'est le chaos, c'est le trou noir. Il n'y a plus rien.
01:25 On nous a arraché nos enfants. D'un coup, il n'y a plus rien.
01:28 On l'a toujours en tête. Il y avait moi, ma fille, ma femme, mon petit garçon et mon gendre.
01:35 Et alors, qu'est-ce qui s'est passé ?
01:37 D'un coup, une boule de feu et puis boum.
01:40 Et là, c'est le chaos. On a couru partout, crié.
01:43 Et puis, on n'a plus personne. Et on voit les images, toujours.
01:48 Sandra, vous étiez positionnée où en famille pour suivre ce feu d'artifice ?
01:52 On était à l'entrée du parc, mais pas côté spectateur.
01:58 On était de l'autre côté, puisqu'il y avait trop de monde.
02:00 On s'est dit qu'on allait du côté où il y a moins de monde, parce qu'on est des gens qui n'aiment pas trop la foule.
02:06 Donc, on a été se mettre de ce côté-là. Il y avait déjà des gens de placés.
02:11 Et puis, il n'y avait rien qui interdisait l'accès.
02:15 Donc, nous y sommes allés. On s'est installés deux fois, je crois.
02:20 On s'est installés une fois. On s'est reculés. Et puis, c'était passé.
02:27 On n'aurait pas dû être là, de toute façon.
02:29 Quand vous dites que vous n'auriez pas dû être là, ça veut dire quoi ?
02:32 C'est-à-dire que c'était un endroit qu'on n'aurait pas dû être ouvert ?
02:35 Oui, c'est ça. On aurait dû être là. La zone de sécurité, personne ne devait être ici.
02:42 De toute façon, on devait être barrés. C'était trop près.
02:45 Mais bon, il n'y avait rien. Comme tous les gens, on y était.
02:48 Sébastien, vous parlez d'une boule de feu. C'est-à-dire que tout est allé très vite.
02:52 Oui. Une fois que j'ai vu ce que j'avais vu, il n'y a plus rien.
02:55 C'est la vie totale. On n'a rien compris. On n'a rien pu faire.
02:59 Impossible. En fait, la boule de feu est venue vers eux directement.
03:04 Donc forcément, il n'y a pas eu de chapeau à toi.
03:06 On y est retourné récemment. Il y a eu une stèle de mise à l'endroit où a eu lieu l'accident.
03:13 Et moi, je n'avais jamais remis les pieds là-bas.
03:16 Et quand j'y suis allée, pour moi, ce n'était pas possible qu'on soit là.
03:20 C'était vraiment trop près. Je me disais que ce n'était pas possible dans le noir.
03:23 Ça ne faisait pas comme ça. On avait l'impression d'être beaucoup plus loin.
03:27 Et en fin de compte, dans le jour, on se rend compte.
03:29 On se dit que ce n'est pas possible qu'ils aient pu tirer un feu d'artifice d'ici.
03:32 En tout cas, ne pas laisser des gens ici, à cet endroit, c'était trop dangereux.
03:36 Moi, encore aujourd'hui, je ne comprends pas.
03:39 Un an après, vous êtes dans quel état d'esprit ?
03:41 Évidemment, le drame, la douleur.
03:43 Mais c'est quoi ? C'est de la colère sur ces gens qui ont organisé cette fête-là ?
03:48 En fait, elle revient, elle part. Elle revient, elle part.
03:52 Beaucoup de colère, oui. Après, aujourd'hui, ça dépend.
03:56 Il va y avoir des jours où oui, la colère va revenir.
03:59 Et d'autres fois où je me dis qu'il n'y a rien eu d'organisé correctement.
04:04 Il n'y avait même pas de pompiers de l'autre côté d'où on était.
04:08 Alors que c'était quand même la canicule.
04:10 Déjà, ça m'a marquée dès qu'on est arrivés sur place.
04:12 Puisqu'on nous a dit qu'il risquerait peut-être d'avoir des débris de feux d'artifice.
04:17 Mais on était en canicule. C'était un parc vert avec des arbres et tout.
04:23 Il n'y avait pas un pompier.
04:25 Je me suis dit, s'il y a un truc qui prend feu, il n'y a rien.
04:28 J'ai pensé à ça tout de suite, mais je n'ai pas pensé à...
04:32 Il y a une enquête qui est ouverte depuis ce drame, bien évidemment.
04:36 Qu'est-ce que vous savez, vous, des rapports judiciaires de cette enquête, concrètement, aujourd'hui ?
04:40 De ce qu'on voit dans les journaux. On ne sait pas plus.
04:43 Vous, en tant que parent des deux enfants qui sont morts ce soir-là, vous ne savez rien de l'enquête ?
04:49 Pour l'instant, c'est en cours, tout le temps. On ne sait pas plus.
04:52 À part s'il y a de marqué dans les journaux, on ne sait pas plus.
04:55 Et le maire de Cholet, la mairie, par exemple, vous avez des échanges, vous avez pu dialoguer ?
05:00 On a vu le maire le jour de la pause de la stèle,
05:03 puisque nous avons demandé à Keyen Stel de placer où le drame a eu lieu.
05:08 Donc, ça a été tout de suite accordé. Le maire a été à notre écoute.
05:13 Mais après, non, on n'a pas plus de...
05:17 Il ne vous a rien dit sur l'enquête, lui ?
05:19 Ah non. Il a juste dit que la justice fera son travail.
05:24 La justice fera son travail. Qu'est-ce que vous, vous en attendez de cette justice, justement ?
05:28 Qu'on sache vraiment ce qui s'est passé, pourquoi ça s'est passé,
05:33 pourquoi il n'y a eu rien de mis en place, en tout cas pour l'accès à cet endroit.
05:38 Pourquoi c'était ouvert ?
05:40 Pourquoi c'était ouvert ? Pourquoi on nous a laissé nous installer, nous et d'autres personnes, puisqu'on n'était pas tout seuls ?
05:45 Il y avait plusieurs blessés en fait.
05:47 Vous espérez un procès, vous ?
05:49 Oui, il y aura un procès, ça c'est sûr. Il ne faut pas laisser ça comme ça.
05:53 Ce n'est pas possible. Il ne faut pas que ça se reproduise. C'est impossible.
05:56 Surtout, c'est des drames comme ça. C'est deux vies en moins pour un truc de fête.
06:01 Donc, on n'est pas... Ça ne peut pas recommencer. Ce n'est pas possible.
06:04 Sébastien, vous dites deux vies en moins, c'est la vie de vos enfants, c'est la vie aujourd'hui sans vos enfants.
06:10 Comment vous arrivez à vous reconstruire un an après ?
06:14 Reconstruire, c'est plutôt au jour le jour. Mais on continue à vivre pour notre fils qui nous reste, le dernier.
06:22 On se tient tous les deux. On ne se lâche pas tous les deux. On s'aide mutuellement.
06:28 Sandra, vous nous disiez tout à l'heure que c'est au jour le jour qu'il y a des hauts et des bas.
06:32 Vous vous dites quoi ? Que la vie doit continuer malgré tout ?
06:35 Oui, mais c'est difficile.
06:39 Pour moi, j'ai repris le travail. Je suis à 55% parce que j'ai demandé à avoir un petit contrat.
06:45 Parce que j'ai deux travails, en fait.
06:48 Depuis l'accident, c'est vrai que j'ai fait beaucoup de crises d'angoisse.
06:51 Ça m'est arrivé d'être plusieurs fois en arrêt de travail.
06:54 J'essaye de les surmonter par moi-même.
06:57 On ne prend pas de médicaments. Je n'en veux pas.
07:00 C'est dur. Ouais, c'est dur.
07:07 Quelles sont les images qui vous reviennent lorsque vous parlez ce matin ?
07:10 Les visages de mes enfants.
07:12 Les visages de mes enfants qui... Mon fils, surtout.
07:17 Gabrielle qui avait 7 ans.
07:19 C'est lui qui a pris la fusée de plein fouet, en fait.
07:25 Au visage.
07:27 Vous imaginez ?
07:31 Ma fille, au choc, pareil, a été brûlée au niveau du visage, du corps.
07:39 Et puis, mon gendre aussi qui a été blessée, qui s'en est sortie.
07:45 Mais c'est ça. Je vois les visages de mes enfants.
07:50 Et beaucoup de mon bébé d'amour.
07:54 Il n'y a plus de vie à la maison. C'est vide. Il n'y a plus de bruit. Il n'y a plus rien.
07:58 Et ça, c'est dur.
08:01 Quoi qu'on fasse, il est toujours avec nous.
08:04 On est tout seul. Il n'y a plus... C'est vide. Il n'y a plus de vie.
08:09 Est-ce que vous appréhendez, j'imagine, l'anniversaire, c'est-à-dire les 1 an qui approchent ?
08:15 Oui, on a déjà prévu d'aller se recueillir là-bas, à l'hostel, au parc, où ça s'est produit.
08:25 Dès qu'il y a des jours qui arrivent, comme les anniversaires, Noël, c'est dur. C'est très dur.
08:32 Merci à tous les deux d'avoir eu le courage de témoigner, de prendre la parole ce matin sur RTL.
08:37 Sandra et Sébastien Mandotte, on va vous souhaiter beaucoup de courage.
08:41 Et on l'espère de belles choses pour la suite.
08:44 Merci à vous, merci à Mathieu Loupinot d'avoir assuré la liaison technique.
08:48 Et cet entretien n'aurait pas été faisable sans vous.
08:50 sans...