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Regardez L'invité de RTL du 25 juillet 2023 avec Stéphane Carpentier.

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00:02 RTL Matin
00:06 Merci de nous rejoindre à 7h43. L'invité de RTL Matin est donc procureur de la République de Béziers, président de la conférence nationale
00:13 des procureurs de la République en colère après le soutien de Frédéric Vaud,
00:17 le patron de la police à un fonctionnaire de la BAC actuellement en détention car soupçonné
00:22 d'avoir frappé un homme en marche des émeutes de fin juin début juillet. Bonjour à vous Raphaël Balland.
00:29 Bonjour. Merci d'avoir choisi RTL pour prendre la parole ce matin. Vous êtes assez rare dans les médias, c'est rare de vous entendre.
00:35 Les propos de Frédéric Vaud ont fortement agacé la justice. D'abord est-ce que ces propos, ce soutien, vous ont sidéré,
00:43 indigné ? Quels sont vos propos à ce sujet ?
00:46 Je crois que tout a été dit hier en synthèse par le président de la République lui-même ainsi que le ministre de la justice
00:55 lorsqu'ils ont déclaré que nul n'est au-dessus des lois de la République et donc y compris les policiers.
01:01 Le conseil supérieur de la magistrature a ajouté également, il a rappelé le principe de séparation des pouvoirs
01:06 en rappelant que seule l'autorité judiciaire pouvait apprécier la nécessité de placer quelqu'un ou pas en détention provisoire et que cette
01:14 possibilité s'appliquait dans le respect des droits qui s'applique à tous sans exception.
01:21 Personnellement, à titre personnel, je pense que les serviteurs de la loi que sont les policiers tout comme d'ailleurs les magistrats,
01:27 tout comme autorités publiques,
01:29 se doivent d'être exemplaires dans le respect de la loi et puisqu'ils doivent la faire appliquer et parfois même l'incarner.
01:35 Et à l'inverse d'ailleurs si des policiers ou des magistrats sont victimes d'infractions pénales, au contraire ils sont particulièrement respectés par la loi
01:44 avec des mesures qui sont prises beaucoup plus ferme contre les auteurs.
01:48 Raphaël Balland, le patron de la police, affirmait dans la fameuse interview que savoir un policier en prison, ça l'empêche de dormir.
01:54 Ça suscite quoi comme commentaire de votre part ?
01:56 Il faudrait ajouter que dans cette même interview
02:00 aux parisiens, à vos confrères,
02:03 M. le directeur général de la police nationale a déclaré qu'il ne connaissait pas le contenu de la procédure judiciaire de Marseille.
02:09 Il a même ajouté qu'il se garderait donc de toute appréciation sur cette affaire là.
02:13 Tout comme moi et tout comme magistrats, tout comme personne qui connaît pas le dossier.
02:17 S'il y a bien une chose dont je suis convaincu depuis 20 ans, plus de 20 ans que j'exerce ce métier,
02:23 c'est que tant qu'on connaît pas exactement le dossier, on peut pas savoir exactement ce qu'il faut en penser
02:30 et que les collègues le font au cas par cas et c'est extrêmement compliqué.
02:34 Donc je parlerai pas du tout du dossier de Marseille. Ce que je sais aussi c'est que le directeur
02:39 général de la police nationale est un immense serviteur de la république depuis de très nombreuses années.
02:44 Alors il connaît évidemment parfaitement le fonctionnement de la police,
02:48 mais c'est aussi un très fin connaisseur de la justice et je suis bien certain qu'il a jamais eu l'intention de
02:53 discréditer une décision de justice et de créer une polémique qui est née derrière
03:00 sur l'opposition entre police et justice,
03:02 qui n'y a pas lieu d'être parce que nous travaillons toujours au quotidien ensemble pour
03:08 essayer de faire appliquer la loi et de faire vivre ensemble le mieux possible nos concitoyens. C'est pas des formules, c'est du quotidien.
03:15 Magistrats et policiers travaillent tous les jours ensemble dans tous les points du territoire national.
03:19 - Si je comprends bien vos propos et cette prise de parole de Frédéric Vaud,
03:24 selon vous ça remet pas en cause l'indépendance de la justice ?
03:27 - Ce qui est certain c'est que cette opposition qu'on voudrait faire naître entre l'indépendance de la justice d'une part, d'une autre côté
03:36 l'action des policiers n'a aucun sens. C'est d'abord inexact,
03:41 c'est stupide et c'est dangereux. Et je redis, c'est parce que sans doute à vous le dire, M. Vaud, j'en suis bien certain. Par contre les commentaires
03:48 derrière se sont développés sur cette thématique là. Pourquoi je dis que c'est que c'est dangereux ? Parce que les seuls qui
03:53 sortent grandis de l'opposition entre police et justice, c'est les ennemis de la démocratie et même de la République.
04:00 Je le redis, mais chaque jour, chaque instant, et c'est pas un slogan, on travaille ensemble.
04:04 On a fait face ensemble aux violences urbaines.
04:08 Alors certes c'est les policiers, les gendarmes qui sont sur le terrain et c'est ô combien difficile d'être face à ces violences,
04:14 mais ça a été fait sous l'autorité des magistrats et les procédures judiciaires.
04:17 Pas plus tard, après, au-delà même des violences urbaines, tous les jours, ce week-end j'étais de permanence dans ma juridiction,
04:23 du matin jusqu'au soir, la nuit, on a travaillé ensemble pour
04:28 des affaires très différentes, de conduite en état alcoolique jusqu'à le viol sur mineurs dans un camping, en passant par les trafics de stupéfiants,
04:34 en passant par des violences conjugales.
04:36 Tout le week-end, on a fait déférer des personnes, des mineurs pour les placer
04:40 avec les juges qui eux aussi sont venus travailler ce week-end, les greffiers, les éducateurs, les avocats,
04:45 tous les jours, et ça se passe de cette manière là sur le territoire national.
04:49 Donc au quotidien, oui, il y a des difficultés bien sûr, il y a des décisions que les juges peuvent prendre
04:55 avec lesquelles on peut être en désaccord. On peut être en désaccord aussi parfois quand je dirige des enquêtes
05:00 en disant "je suis moi aussi parfois déçu par la qualité de certaines investigations pour
05:05 rechercher la vérité", de même que quand je suis pas en d'accord avec une décision d'un juge, je vais faire appel.
05:09 Quand un avocat n'est pas d'accord, il va faire appel, enfin bref, c'est le fonctionnement normal de la justice, avec des débats contradictoires,
05:15 tout ça, la nécessité, c'est peut-être le bon le plus important, la nécessité c'est de laisser la justice travailler dans la plus
05:22 parfaite impartialité. C'est ce qu'attendent nos concitoyens de la justice.
05:26 Raphaël Ballon, l'exécutif, a dû réagir face à cette affaire. Emmanuel Macron a joué un peu les équilibristes hier pour ne froisser
05:32 personne en déclarant, vous l'avez dit, que nul en République n'est au-dessus des lois. Idem pour le garde des Sceaux sur Twitter.
05:37 Eric Dupond-Moretti, est-ce que c'est suffisant à vos yeux ces prises de parole et ces positions ?
05:42 Je crois que c'est des positions fortes et c'est inutile de répéter à l'infini
05:48 un principe aussi fondamental pour vivre en société qui est effectivement nul n'est au-dessus des lois.
05:52 Après ce qui est important, au-delà des formules, c'est les moyens qu'on veut bien nous accorder pour accomplir cette mission fondamentale
05:58 qui est de rendre la justice et c'est pour ça que la loi de programmation qui est en cours
06:03 d'adoption par le Parlement est aussi importante pour nos concitoyens.
06:06 Pour calmer un petit peu l'affaire et ce dossier, est-ce que le directeur général de la police nationale
06:10 devrait pas, selon vous, Raphaël Ballon, retirer ses propos, s'excuser peut-être ?
06:16 Ecoutez, c'est pas à moi de dire à quelqu'un comme le directeur général de la police nationale ce qu'il a à faire.
06:21 Comme je le disais tout à l'heure, c'est un très grand serviteur de l'État, il a une immense
06:25 responsabilité et une immense expérience, il saura bien ce qu'il a à faire lui-même. Mais je redis,
06:32 l'intérêt peut-être de ce qui se passe depuis quelques jours, c'est de mettre à nouveau le focus
06:36 sur nos missions qui sont de part et d'autre extrêmement complexes, extrêmement difficiles et que pour cela,
06:43 il faut que nous ayons aussi des moyens, notamment humains, supplémentaires pour les accomplir.
06:48 La justice en France, justement, Raphaël Ballon, la semaine dernière, à ce même micro RTL, le ministre, le garde des Sceaux,
06:53 Éric Dupond-Moretti, annonçait un budget record pour la justice. 10 000 embauches, des magistrats,
06:58 1500 greffiers, plus de prison, plus de places en prison. Est-ce que ce sera suffisant ?
07:03 Alors c'est déjà mieux, évidemment. Je peux vous dire que les besoins sont tellement importants dans les juridictions que le moindre emploi
07:13 supplémentaire sera le bienvenu et qu'on saura quoi en faire dans les tribunaux.
07:17 Nos concitoyens peuvent être absolument rassurés de ce côté-là.
07:21 Chaque euro qui sera investi dans la justice sera immédiatement utilisé pour essayer de l'améliorer.
07:26 Mais il est vrai que les besoins sont immenses, alors c'est mieux, mais ça ne sera pas suffisant.
07:30 Il faut être tout à fait clair aussi avec nos concitoyens, ne pas faire croire que la justice sera totalement réparée après cela.
07:36 Il y aura une amélioration, mais on part de tellement loin.
07:39 Si on fait une seule donnée chiffrée, en comparant avec les systèmes européens de justice,
07:46 il faudrait quatre fois plus de magistrats du parquet en France. Quatre fois plus.
07:51 Actuellement, le seul chiffre que je vous donnerai, c'est qu'il y a
07:56 1620 magistrats du parquet en France pour tout le travail qu'ils accomplissent au quotidien.
08:04 Il en faudrait quatre fois plus.
08:08 Le mieux du mieux avec le budget qui nous est annoncé,
08:12 c'est qu'il y aura 400 magistrats de plus dans les parquets en France d'ici cinq ans.
08:16 On est très très loin de quatre fois plus, on est très très loin de doubler nos effectifs.
08:21 On prend les 400 avec beaucoup de satisfaction pour pouvoir mieux travailler,
08:26 mais on ne sera pas en capacité de faire aussi bien de tout ce qu'on peut attendre de nous, même si on fait au maximum.
08:31 Jérémie Dupond-Moretti a assuré que ça allait sortir notre justice de la clochardisation.
08:36 Donc c'est pas fait, c'est pas pour tout de suite.
08:38 La clochardisation, c'est quand même un terme extrêmement fort qui avait déjà été dit par un précédent garde d'Essoe.
08:44 Donc ça va être mieux, mais ça ne veut pas dire que demain nous serons dans une situation de confort, loin de là.
08:49 Merci Raphaël Balland, invité de RTL ce matin, président de la Conférence nationale des procureurs de la République.
08:56 C'est un entretien bien sûr qu'on va pouvoir retrouver.
08:58 [SILENCE]

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