68% des nappes phréatiques "toujours en-dessous des normales de saison", affirme Christophe Béchu

  • l’année dernière
Le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires annonce également le lancement d'une application pour mieux consulter les restrictions d'eau en cours sur un territoire.

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00:00 7h48, bonjour Christophe Béchu. Bonjour, c'est mon cadet. Ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, merci d'être avec nous ce matin.
00:08 La fournaise dans l'Est du pays aujourd'hui et la crainte du manque d'eau, vous dévoilerez tout à l'heure ce que vous appelez une plateforme eau, c'est une application sur laquelle on pourra retrouver les restrictions en cours dans sa commune, dans son département.
00:23 Comment est-ce que ça va fonctionner Christophe Béchu ? Nous mettons en ligne aujourd'hui, à la fois directement à partir d'une plateforme internet et depuis l'application Météo France, un site Vigio qui vous permet de rentrer une adresse,
00:36 celle où vous habitez, celle du lieu dans lequel vous allez partir en vacances, celle d'un endroit où vous passeriez 48h et vous aurez instantanément les restrictions qui s'appliquent là où nous sommes.
00:45 Et le rappel des gestes qui vous permettent d'éviter de gaspiller l'eau puisque chacun d'entre nous c'est 148 litres d'eau par jour et par personne, on le rappelle sur le site.
00:55 Mais plus largement, ça permettra à chacun de savoir ce qui est autorisé et ce qui ne l'est pas dans cette période de sécheresse.
01:00 Donc accès facilité à l'information via l'application et le site de Météo France, vous pensez que ça va avoir un effet sur la consommation des français cet été ?
01:09 On a vécu un été 2022 hors normes. 700 communes privées d'eau potable, une sécheresse qui a atteint des niveaux records à cause en particulier d'un mois de juillet qui a été catastrophique avec près de 90% de déficit hydrique.
01:21 Depuis l'été dernier, les nappes ne se sont pas rechargées. Je vais indiquer les chiffres. En milieu de matinée, on est toujours à 68% des nappes phréatiques en dessous des normales de saison.
01:30 Par rapport au mois dernier, on a globalement une situation qui est meilleure en Bretagne, qui est plus mauvaise dans le bassin parisien, qui est préoccupante dans le couloir odanien et sur une partie du pourtour méditerranéen, même si elle est un peu meilleure du côté des Alpes-Maritimes.
01:42 Mais on est aujourd'hui dans une situation de vigilance qui fait que si on a à nouveau un mois de juillet comparable à celui de l'année dernière, on ira vers des jours qui seront compliqués.
01:51 La différence, c'est que les français ont compris que l'abondance, le gaspillage, ça ne pouvait plus être quelque chose de possible en matière d'eau.
01:59 Et cette prise de conscience, on l'accompagne à la fois avec cette information et avec plein de conseils pour baisser sa consommation.
02:05 Tous les étés, il y a des communes françaises qui sont privées d'eau. Est-ce qu'il y a une menace, une crainte cet été pour des grandes agglomérations ?
02:13 On a conduit 500 travaux depuis l'été dernier d'interconnexion.
02:18 Concrètement, ce que vous dites est juste, c'est-à-dire qu'on a des endroits dans lesquels on a une fragilité et notamment là où il n'y a que un ou deux captages.
02:24 Parce que si le principal cours d'eau dans lequel se fait le captage est trop bas, il y a un problème sur l'agglomération.
02:30 Comme on le règle, en faisant en sorte d'interconnecter les territoires pour que vous ayez une source de sécurité.
02:35 Grâce à ces 500 travaux, on devrait limiter ou juguler les risques pour les plus grandes agglomérations.
02:40 Mais on ne peut évidemment pas exclure, vu le nombre de communes qu'il y a dans le pays, qu'on ait à nouveau des difficultés.
02:45 Et on a devant nous, dans le cadre du plan eau présenté par le président de la République à Serre-Ponçon,
02:49 des années de travaux de sécurisation et de lutte contre les fuites.
02:52 Alors, les Français, mieux informés sur les restrictions dans leur commune, encore faut-il les respecter ?
02:58 Je vous soumets le témoignage la semaine dernière dans le journal Le Monde d'une maire du département de Leraux.
03:03 Un arrêté préfectoral interdisait de remplir les piscines dans sa commune.
03:07 Et elle dit "l'eau continue à goûter normalement, ces piscines-là sont dans une habitation sur deux,
03:12 je ne peux pas empêcher le remplissage, sinon je stigmatise le propriétaire".
03:17 Est-ce qu'ils sont appliqués ces arrêtés, Christophe Béchu ?
03:19 Deux choses. Vous donnez un témoignage en disant "une maire, je ne mets pas en œuvre parce que je n'ai pas envie de stigmatiser".
03:26 Stigmatiser celui qui ne respecte pas les règles, ce n'est pas stigmatiser.
03:28 C'est faire en sorte de s'assurer que la règle est la même pour tous.
03:31 Mais le ressenti sur le terrain, c'est celui-là.
03:32 Et que ceux qui font des efforts ne se retrouvent pas plombés par ceux qui n'en font pas.
03:37 L'Office français de la biodiversité, l'année dernière, ça a été 13 000 contrôles.
03:41 Combien d'amendes ?
03:42 Environ 10% d'infractions qui ont donné lieu à des amendes.
03:46 Nous rappelons sur le site et sur cette information que pour un particulier,
03:50 le risque encouru, c'est 1500 euros d'amende.
03:52 Donc il y a des amendes pour les Français qui remplissent leur piscine quand ils n'ont pas le droit de le faire ?
03:57 Si vous lavez votre véhicule à domicile alors que vous êtes dans une situation de crise,
04:01 encore une fois, vous avez un arrêté qui rappelle les règles, plus personne ne pourra dire qu'il n'était pas au courant.
04:05 Et entre les polices municipales et les gendarmes de l'Office français de la biodiversité,
04:10 l'enjeu c'est bien de faire appliquer les règles.
04:12 Il y aura plus de contrôles dans les semaines qui viennent compte tenu de la gravité de la situation ?
04:15 Nous aurons un été avec plus de contrôles que l'été dernier.
04:18 Autre sujet, Christophe Béchu, on vient de parler de l'eau.
04:22 La pollution de l'air, 47 000 morts prématurées par an dans notre pays.
04:27 En 2018, Elisabeth Borne avait lancé les zones à faible émission pour interdire progressivement
04:33 aux véhicules les plus polluants de circuler dans les centres-villes.
04:35 Cette mesure a été très critiquée.
04:37 Beaucoup de Français ont expliqué qu'ils n'avaient pas les moyens d'acheter un véhicule plus propre.
04:41 Et vous avez annoncé hier que seules cinq agglomérations, Paris-Marseille, Lyon-Strasbourg et Rouen,
04:46 seraient finalement concernées par l'interdiction des véhicules classés critères 3.
04:51 Ces cinq villes dépassent encore aujourd'hui les seuils réglementaires de pollution au dioxyde d'azote.
04:56 Pour les autres, plus d'obligations sur ce type de véhicule, critères 3.
05:00 Est-ce que c'est une manière d'enterrer finalement ces ZFE ?
05:03 Non, c'est une manière de redire la loi.
05:05 Depuis un an, LFI, le RN, une partie des LR disent "vous créez des zones à forte exclusion".
05:12 Et c'est relayé, y compris par les écologistes dans un certain nombre de territoires, en disant "ça va trop vite,
05:17 les gens n'ont pas le temps, le reste à charge est trop élevé".
05:19 Que dit la loi de 2019 et de 2021 ?
05:21 Elle dit "l'interdiction des critères 3, c'est si vous dépassez les seuils".
05:25 Combien de villes dépassaient les seuils ?
05:26 En 2019, au moment du vote de la LOM, c'était 11.
05:30 C'est combien hier, après la publication des chiffres de 2022 ?
05:33 C'est 5. C'est pas moi qui le dit, c'est le "cité pas" dans le cadre de la mesure de pollution atmosphérique.
05:38 Donc, ce que j'ai dit hier, c'est que la loi telle qu'elle a été votée en 2019 et 2021,
05:43 elle conduit à restreindre à ses seuls 5 territoires l'interdiction des critères 3.
05:47 Mais j'ai dit dans le même temps que les seuils pouvaient bouger,
05:51 que s'il y avait dans les années qui viennent des évolutions...
05:54 Vous savez qu'ils vont bouger, puisque la Commission européenne travaille là-dessus
05:57 et qu'a priori ces seuils pourraient être divisés par 4 d'ici 2030 pour le dioxyde d'azote.
06:01 Je sais, c'est ce que j'ai dit hier.
06:03 J'ai dit que l'interdiction, elle était liée au dépassement ou au non-dépassement de seuils,
06:08 mais que faire agiter tout le monde avec des interdictions théoriques
06:12 qui ne sont même pas prévues dans la loi, puisque c'est ce que faisait une partie de la classe politique,
06:16 ça n'aide pas le débat et ça ne permet pas de se focaliser sur les véritables sujets.
06:20 On ne peut pas interdire aujourd'hui quand on est responsable politique.
06:23 On ne peut plus contraindre, quel que soit le sujet d'ailleurs.
06:26 Mais c'est amusant ce que vous me dites.
06:29 Je suis à la fois en train de défendre le fait que contrairement à certains qui demandaient un moratoire,
06:33 y compris sur l'interdiction des critères 3, on a rappelé ce qu'étaient les règles en disant
06:36 « dépassement de seuils = interdiction »
06:39 et dans le même temps, les mesures qui ont été annoncées dans le cadre du plan,
06:42 ou plus largement dans le cadre du paquet européen sur l'interdiction de la vente de véhicules thermiques à partir de 2035,
06:48 c'est radical.
06:49 C'est peut-être pas populaire, mais en tout cas je peux vous assurer que c'est efficace pour le climat.
06:53 Est-ce que vous allez élargir le nombre de Français qui sont éligibles aux aides, notamment les petits rouleurs ?
06:59 Alors, la Première Ministre a annoncé ce week-end, 7 milliards d'euros pour la transition écologique d'argent nouveau,
07:06 dans le cadre du budget à venir.
07:08 Ces 7 milliards, ils vont servir à financer une transition ambitieuse et solidaire.
07:13 C'est-à-dire qu'une partie de ces crédits, ils vont aller sur la rénovation énergétique,
07:17 on sait qu'on a des besoins, et une autre partie sur la transition du parc,
07:21 et très clairement, l'attention qui sera faite à la fois aux petits rouleurs, à la conversion aux véhicules économiques,
07:26 à la réalité dans les ZFE des changements de véhicules, ce sera au cœur du rendez-vous budgétaire de l'automne.
07:33 Un dernier mot, Christophe Béchu, Yael Gauze, en a parlé il y a un instant,
07:37 demain, vote très important au Parlement européen, le projet de loi de restauration des espaces naturels.
07:43 Vous soutenez ce texte, mais le groupe Renew, auquel appartiennent les députés Renaissance au Parlement européen,
07:50 ce groupe à l'échelle européenne est divisé, c'est la clé de l'adoption de ce texte demain ?
07:56 Ce texte, j'ai bien aimé l'édito de Yael Gauze, parce que je pense qu'il résume assez bien les choses.
08:01 Normalement, on ne devrait même pas avoir de débat.
08:04 L'érosion de la biodiversité, c'est une espèce sur huit aujourd'hui menacée à l'échelle de la planète.
08:08 C'est une pollution qui s'est répandue partout, et il faut bien se rendre compte que quand on fragilise la nature,
08:12 on se fragilise nous-mêmes, y compris notre capacité à produire d'un point de vue agricole.
08:15 Le mois dernier, j'ai défendu ce texte au sein du Conseil européen, il est passé à un chouïa.
08:20 En commission la semaine dernière, c'était 44 contre 44.
08:23 Je veux croire que les esprits vont se reprendre, parce que la vérité, c'est que même un vote à l'arraché,
08:28 ce ne serait pas une bonne nouvelle sur le signal qu'on envoie.
08:31 Nous avons besoin d'un texte qui mette en cohérence nos ambitions, notre signature,
08:36 la préservation de la nature et de la biodiversité, avec un signal politique fort.
08:39 Merci à vous Christophe Béchut, ministre de la Transition écologique et de la cohésion des territoires.
08:44 Invité d'Inter ce matin.

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