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Mercredi 21 juin 2023, Florence Duprat reçoit dans SMART LEADERS Pierre De Montlivault (Fedene).

Fedene :
Fedene. Fédération professionnelle des entreprises de services du secteur de l'énergie et de l'environnement, qui regroupe 6 syndicats professionnels

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Transcription
00:00 La chaleur représente près de la moitié de l'énergie consommée en France,
00:04 mais elle est la grande oubliée du débat énergétique.
00:06 On va justement en parler avec mon invité, Pierre de Montlivaux.
00:09 Bonjour, vous êtes le président de la FEDEN.
00:12 Bonjour. Bienvenue sur ce plateau.
00:13 Alors, un mot de la FEDEN, tout d'abord.
00:16 Vous l'avez dit, ce sont des entreprises en lien avec la chaleur.
00:18 Nous sommes 500 entreprises, 60 000 salariés répartis sur tout le territoire.
00:22 Et les deux grands métiers de mes adhérents, c'est d'abord d'économiser l'énergie,
00:26 chauffer moins, chauffer moins cher et aussi chauffer vers.
00:31 Et ça, c'est le deuxième métier, développer toutes les sources de chaleur renouvelable
00:35 et de récupération. Les deux termes sont importants, renouvelable et de récupération.
00:40 Et oui, en la matière, vous proposez un plan Marshall.
00:43 Vous êtes au cœur de l'actualité.
00:44 C'est quoi l'idée ? C'est transformer la chaleur en énergie renouvelable ?
00:49 C'est ça, c'est sortir du gaz fossile.
00:51 On s'est rendu compte avec la guerre en Ukraine qu'on était dépendants,
00:55 qu'on foutait en l'air le climat et qu'on mettait en difficulté énorme le pouvoir d'achat.
01:01 Donc la solution pour répondre à ces trois enjeux, c'est de développer des alternatives,
01:07 des substituts au gaz fossile en reposant sur ce qui est autour de nous.
01:12 Donc il s'agit de chauffer pas cher, de chauffer vers, mais ce faisant de chauffer local,
01:17 en allant chercher du solaire quand on est dans le sud, du bois quand on est au milieu du massif central,
01:24 de la géothermie quand on est en Ile-de-France et ainsi de suite.
01:28 Aller chercher la meilleure ressource au meilleur endroit et qu'il soit renouvelable ou de récupération.
01:34 Alors la récupération de la chaleur, ça se fait déjà, mais là, vous dites, il faut aller plus vite, il faut accélérer.
01:39 Il faut passer la surmultiplier.
01:42 C'est facile, entre guillemets, parce qu'on maîtrise ces techniques.
01:46 Vous l'avez dit, ça existe.
01:47 Ça fait une vingtaine d'années qu'on a, par exemple, lorsqu'on brûle des déchets,
01:51 on a des incinérateurs de déchets non recyclables.
01:54 Plutôt que de chauffer les petits oiseaux en ne récupérant pas la chaleur,
01:59 on a mis un échangeur de chaleur et ce faisant, on chauffe des villes entières.
02:03 C'est le cas de Paris, par exemple.
02:04 Il faut savoir que Paris est chauffée par les trois grands incinérateurs juste derrière le périphérique.
02:10 C'est ce qui permet d'économiser énormément de gaz pour chauffer les Parisiens.
02:14 Et quelle proportion de chaleur peut-on récupérer ?
02:18 Alors aujourd'hui, ce qu'il faut avoir en tête, c'est que 75%,
02:23 je dis bien 75% de la chaleur dans notre pays, c'est du gaz ou du fioul.
02:29 Donc c'est des énergies fossiles.
02:31 Avec le plan Marshall que nous avons présenté et qui a été, il faut le dire,
02:35 on en est très content, vraiment repris par le gouvernement la semaine dernière.
02:39 Il y a un très, très bon accueil.
02:40 Je crois qu'ils ont vraiment compris l'enjeu.
02:43 En huit ans, on s'est passé de 25% d'énergie renouvelable et de récupération à plus de 50%, 54, 55.
02:51 C'est massif.
02:53 Il n'y a vraiment pas de levier aussi rapide pour la décarbonation à horizon 2030 que la chaleur.
02:59 Et oui, l'Union européenne prévoit de doubler l'énergie renouvelable d'ici 2030.
03:02 En quoi la récupération de chaleur, ça peut aider justement à atteindre cet objectif ?
03:07 Il y a des secteurs qui sont aussi très émetteurs de carbone,
03:10 qui ne sont pas faciles à décarboner, je pense notamment au transport.
03:13 L'objectif, effectivement, vous l'avez dit, européen,
03:16 c'est de passer à 44% d'énergie renouvelable et de récupération.
03:19 Nous, on n'a pas de souci à aller à 55%.
03:22 Donc, on va aider l'équation générale française.
03:26 En France, l'électricité, elle est déjà largement décarbonée.
03:29 On a le nucléaire et puis on rajoute régulièrement de l'éolien, du photovoltaïque.
03:33 Donc, ce n'est pas trop le sujet pour les émissions de carbone.
03:36 En revanche, les transports, c'est vraiment un sujet.
03:39 Les Anglais disent "hard to abate", difficile à réduire.
03:44 Donc, profitons du fait que la chaleur,
03:46 là, il y a un gisement d'économie de carbone facile à attaquer.
03:50 On sait combien on pourrait économiser de tonnes de CO2 ?
03:54 Ah, mais c'est monstrueux.
03:55 Alors, les tonnes de CO2, ça ne parle pas forcément.
03:59 On va le faire en gaz russe.
04:01 Alors, allez-y.
04:02 En gaz russe, on n'a aucun souci.
04:04 En huit ans, à économiser l'équivalent de notre consommation de gaz russe avant la crise.
04:10 Bon, faut savoir que du gaz russe, soyons pas hypocrite,
04:12 on en consomme encore aujourd'hui.
04:14 Au lieu que ça arrive par pipeline, ça arrive par bateau.
04:17 Donc, il y a un vrai sujet à sortir de cette dépendance économique.
04:22 Un véritable sujet de souveraineté, en fait.
04:24 Mais c'est clair.
04:24 Mais tout ça, tous ces sujets sont liés.
04:27 Si on sort des énergies fossiles, on retrouve notre souveraineté.
04:31 On préserve notre pouvoir d'achat parce qu'on va avoir...
04:33 La chaleur renouvelable et de récupération, c'est des prix stables.
04:36 Donc, il y a une garantie de prix dans la durée.
04:40 Et puis, n'oublions pas, l'enjeu majeur pour l'ensemble de nos sociétés,
04:44 c'est la lutte contre le changement climatique.
04:46 Oui, ça, c'est assez essentiel.
04:48 Ce qui fait que, bon, parallèlement, vous le disiez en début d'interview,
04:52 il faut aussi aller vers plus d'économies d'énergie.
04:56 C'est la première chose.
04:57 Aller vers sobriété énergétique.
04:58 Sobriété et efficacité énergétique,
05:01 qui sont en fait les deux versants de la politique des économies d'énergie.
05:06 La sobriété, j'espère que vous l'avez appliquée l'hiver dernier.
05:09 Vous êtes moins chauffé.
05:10 Vous avez dit "ah bah tiens, il y a une loi qui existait, 19 degrés.
05:13 Pourquoi 19 ? Bon, 19, faut mettre un pull."
05:16 Bon, on a tous appris à le faire et je ne crois pas qu'on en soit morts ni malheureux.
05:19 C'est un premier versant.
05:21 Mais ce versant, c'est quoi le niveau d'économie d'énergie que vous allez atteindre ?
05:25 C'est de l'ordre de 10%.
05:27 10%, ce n'est pas grand-chose.
05:29 Heureusement, il y a des solutions de pilotage de la consommation d'énergie dans les bâtiments.
05:34 Le fait de mieux isoler, par exemple, les tuyaux qui transportent l'eau chaude
05:39 dans une cour de copropriété.
05:41 Tout un ensemble d'actions qui, cumulées,
05:45 vont permettre d'atteindre 30% d'économie d'énergie.
05:48 Et ça, c'est massif.
05:49 Et ça permet, derrière, de moins mobiliser les ressources en énergie renouvelable.
05:55 Par exemple, notre forêt, il faut le dire, notre forêt française, elle est énorme.
05:58 Il y a plein de bois à aller chercher, mais elle est limitée.
06:00 Ce faisant, grâce aux économies d'énergie, il y aura du bois pour tout le monde,
06:04 mais aussi de la géothermie, du solaire et ainsi de suite.
06:07 Et aussi, il faut le dire, c'est créateur d'emplois.
06:10 On va pouvoir créer des emplois.
06:12 Alors, je dirais, c'est ça qui est le plus enthousiasmant dans la période actuelle.
06:16 Il y a un objectif, évidemment, auquel on adhère complètement,
06:19 fixé par le président de la République.
06:20 C'est le plein emploi.
06:22 Alors, nous, on a 60 000, je dis bien 60 000 emplois à créer.
06:28 Et ce qui est intéressant, c'est que ce n'est pas très localisé,
06:30 comme des industriels ou comme des structures plutôt parisiennes.
06:34 Nous, on est dans les territoires.
06:36 On est partout et on offre des perspectives de carrière pour des jeunes
06:41 qui, pour moi, ont réussi leur vie parce qu'ils sont allés en lycée professionnel.
06:45 Ils n'ont pas loupé leurs études.
06:46 Ils sont allés dans des secteurs qui embauchent, où on a besoin de monde
06:50 et où on commence déjà, technicien supérieur.
06:53 Tous les matins, on se lève pour sauver la planète.
06:56 Et en plus, rapidement, on va monter en grade.
06:58 On va diriger des équipes et, pourquoi pas, terminer grand directeur.
07:03 On a plein de parcours comme ça.
07:06 C'est pour ça que j'en parle aujourd'hui.
07:08 C'est parce qu'il faut juste une chose, c'est faire connaître nos métiers.
07:11 Grosse centrale nucléaire, bon, évidemment, ça se voit, tout le monde comprend.
07:16 Aller faire des économies d'énergie dans les bâtiments, chauffer verre,
07:19 c'est moins connu.
07:21 Donc, c'est pour ça qu'il faut qu'on se fasse davantage connaître.
07:24 On va recruter autant que le nucléaire.
07:26 Il faut le dire. Personne ne le dit.
07:27 Nous, on le dit.
07:28 Merci beaucoup.
07:29 En tout cas, ça intéresse les jeunes,
07:30 puisqu'ils sont vraiment très nombreux à être sensibilisés à ces questions climatiques.
07:35 Merci beaucoup, Pierre de Monlivaux, président de la Feden,
07:38 d'être venu sur le plateau de Smart Leaders.
07:40 Merci à vous.
07:40 !

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