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Transcription
00:00 Je suis biographe hospitalière, c'est-à-dire que je recueille des récits de vie de personnes très gravement malades
00:06 et je leur remets leurs livres avant de mourir à eux ou à un proche désigné.
00:11 C'est pas évident, une maman qui va mourir qu'à ses deux petits à côté.
00:16 Il y a une angoisse folle, enfin qui n'a pas de fond.
00:18 Mais quand je vois dans ses yeux un peu de joie, de se souvenir de son enfance,
00:26 comment elle a rencontré le papa, des enfants, ce qui l'anime, parce qu'elle est encore pleine de vie,
00:32 et bien ça, ça me fait du bien.
00:34 Il y a des choses que l'on peut voir qui sont assez notoires.
00:39 Par exemple, des individus qui vont tenir jusqu'à ce qu'ils ont envie de dire et puis mourir le lendemain.
00:47 Ou alors, il y en a d'autres, c'est une vraie indication pour les médecins.
00:50 Si par exemple, à la deuxième séance, la personne biographée me raconte déjà ses propres enfants,
00:56 et bien même si tout va bien au niveau des résultats médicaux,
00:59 et bien c'est une indication que la personne va bientôt mourir.
01:03 Inconsciemment, il y a quelque chose en elle qui sait qu'il y a une urgence
01:06 et qu'il faut qu'elle aille vite dans son récit.
01:08 La biographie hospitalière, il y a plusieurs bénéficiaires.
01:12 Il y a la personne qui fait sa biographie, c'est elle le cœur en fait de la démarche.
01:18 Il y a d'autres bénéficiaires qui sont les soignants.
01:21 Et troisième bénéficiaire, ce sont les familles.
01:24 Je leur explique que le livre est pour eux, mais que je le remettrai pas avant un an, un an et demi.
01:31 J'ai fait pas mal d'erreurs au début.
01:33 Je ne dormais pas la nuit pour pouvoir remettre le livre le plus tôt possible.
01:37 Mais on s'est aperçu en faisant une recherche que, ben oui, les familles étaient ravies.
01:42 Elles plongeaient dedans, mais tout aussi vite, elles le mettaient dans un endroit bien caché
01:48 parce qu'il était le symbole de la mort.
01:50 Et c'est tout l'inverse, nous, que l'on souhaite et que la personne qui s'y est engagée souhaite.
01:56 Je n'ai pas vraiment créé ce métier parce que de tout temps, on a eu besoin de laisser trace.
02:01 On gravait sur les stèles, les nécrologies, les hôpiths, les défunts.
02:05 La particularité effectivement de la proposition que je fais, c'est l'endroit où on le propose,
02:11 c'est-à-dire à l'hôpital ou à domicile et auprès de jeunes et moins jeunes qui vont bientôt mourir.
02:18 Alors bien sûr, la personne va dire "ben non, c'est que pour les stars".
02:22 Et là, mon collègue va dire "il y a des biographes dans le service,
02:25 donc peut-être vous pourriez les rencontrer et qu'elles vous expliquent".
02:29 L'idée, c'est d'aller vers la reconnaissance d'un nouveau métier et d'un nouveau soin.
02:33 On a énormément de demandes et c'est frustrant, bien sûr, de ne pas pouvoir répondre à toutes ces demandes
02:39 quand on sait tous les bénéfices pour les personnes malades, les soignants, les familles et la société.
02:47 Parce qu'une société qui ne s'occupe pas ou qui s'occupe mal de ses mourants,
02:51 ce n'est pas une société qui va bien.
02:53 *Bruit de bouche*
02:55 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]

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