Les artistes actuels ont-moins de liberté d’expression qu’auparavant ?

  • l’année dernière
Les Vraies Voix avec Corinne Tapiero, Jean Doridot et Jean-Marc Governatori

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##LE_GRAND_DEBAT_DES_VRAIES_VOIX-2023-07-17##

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Transcript
00:00 carrefour.fr.
00:01 Les vraies voix de l'été Sud Radio, 17h20, Frédéric Brindel, Judith Beller.
00:07 Vous avez choisi Sud Radio, merci de votre fidélité chers auditeurs, ce sont les vraies
00:11 voix de l'été qui sont là pour vous.
00:13 Vous continuez à nous appeler au 0826 300 300, surtout n'hésitez pas à voter sur Twitter.
00:17 Et on est toujours avec nos éditorialistes Frédéric.
00:19 Nos trois vraies voix, ça y est, nous sommes au complet Jean Dorido, le docteur en psychologie,
00:24 celui qui fait rêver tous ses patients.
00:26 Corinne Tapiero, la conseillère d'arrondissement, celle qui fait grincer tous les automobilistes
00:32 de Paris, et elle-même d'ailleurs.
00:33 Et puis Jean-Marc Gouvernatori, celui qui fait grincer tous les écologistes, coprésident
00:38 d'Ecologie au centre.
00:39 Oui oui, paraît-il, ça marche aussi au centre.
00:41 - Vous êtes écologiste et au centre ? - Eh ben, c'est pas mal !
00:44 - Allez, le grand débat du jour.
00:45 Les vraies voix Sud Radio, le grand débat du jour.
00:49 On vous pose la question sur Twitter, chers auditeurs, Gene Birkin nous ayant quitté,
00:53 on est tous un peu tristes aujourd'hui.
00:54 Alors, on parle de ces grands artistes de l'époque, Pierre Desproges, Zaz Gainsbourg,
00:58 Serge Gainsbourg, Coluche.
00:59 Les artistes actuels, selon vous, ont-ils moins de liberté d'expression qu'auparavant ?
01:03 N'hésitez pas à voter sur Twitter et à nous appeler au 0800 26 300 300.
01:07 Alors, effectivement, la liberté d'expression, est-ce qu'elle place les artistes au-dessus
01:10 des lois ? Il y a une idée couramment admise dans le débat public, ils considèrent généralement
01:14 que l'artiste doit bénéficier d'une sorte d'exception au tribunal.
01:17 Cependant, une seule grande loi, celle sur la liberté de la presse de 1881, qui régit
01:22 l'expression en France.
01:23 Est-ce que c'était mieux avant ? Peut-être plus libre en tout cas, c'est bien la question
01:26 qu'on vous pose sur Twitter.
01:27 - Ah oui, la bonne dame, c'était mieux avant.
01:29 Tiens, allez, faisons-nous plaisir, enfin, ça dépend de quel côté on se place.
01:32 Michel Leib et son légendaire sketch "L'Africain".
01:35 Aujourd'hui, il serait taxé de racisme.
01:38 Dans les années 80, il a fait un carton de vente et de diffusion.
01:41 - L'autre jour, l'autre jour, je me promenais dans la rue avec mon père, lorsque soudain,
01:48 sous nos yeux exorbités et carculs, apparut une blonde pulpeuse là-dedans.
01:54 Je dis à mon père "Alors, on la bouffe tout de suite ?"
01:58 Il me dit "Non, imbécile, on la ramène à la maison et on bouffe ta mère."
02:04 - Voilà, autour de la table, personne n'ose rigoler finalement.
02:09 Avant, tout le monde rigolait, la personne n'ose rigoler.
02:12 - Mais est-ce que c'est drôle ?
02:14 - Jean-Marc Gauvernatori.
02:15 - Il fut un temps où la couleur de peau, l'orientation sexuelle,
02:20 où la religion ne posaient aucun problème aux humoristes.
02:23 Aujourd'hui, oui, c'est sans doute bien.
02:25 Je pense que c'est une question d'évolution.
02:27 Et je pense que les réseaux sociaux qui n'existaient pas avant et qui existent aujourd'hui
02:30 permettent quand même aux artistes de s'exprimer.
02:33 Moi, j'ai en mémoire encore une vidéo de Vincent Lindon
02:36 qui était très franche, très engagée, très large.
02:39 Donc je pense que lorsque l'artiste veut, il peut encore s'exprimer sur tel ou tel sujet.
02:43 - Sans tomber dans, on va dire, le racisme, c'est ça ?
02:45 - Par exemple.
02:46 - Oui, mais la vidéo dont vous parlez, c'est une vidéo sur laquelle il s'exprimait sur un problème sociétal.
02:50 Là, on parle de l'artiste dans son art.
02:52 Est-ce que, selon vous, l'artiste dans son art aujourd'hui, un coluche aujourd'hui,
02:54 est-ce qu'il n'aurait pas été condamné finalement ?
02:56 - Ah, mais effectivement, comme je le disais, il y a des sujets sur lesquels il est aujourd'hui difficile de surfer.
03:01 Mais je pense quand même que la liberté d'expression demeure, y compris pour l'art, y compris pour l'artiste,
03:08 avec certains éléments softs sur lesquels il doit faire attention.
03:13 - D'accord. Corine Tapiron ?
03:15 - Oui, je pense qu'autrefois, d'abord, les gens étaient moins procéduriers,
03:17 avaient moins facilement recours à la 17e chambre correctionnelle.
03:21 Aujourd'hui, ce serait quasi systématique.
03:24 Ce qu'on peut regretter, c'est qu'il y a un tas de sujets qui sont préemptés,
03:29 sur lesquels on doit s'exprimer, et tout le monde doit penser la même chose.
03:32 Donc ça, je trouve que c'est quand même extrêmement gênant.
03:35 Je pense que ça a été le cas avec #MeToo.
03:38 Alors, bien évidemment, je ne défends pas les personnes qui ont commis des exactions,
03:43 mais il n'était pas possible d'exprimer une opinion différente.
03:46 D'ailleurs, Maïwenn a été épinglée parce qu'elle avait une opinion différente.
03:51 - Catherine Deneuve aussi.
03:53 - Catherine Deneuve, un certain nombre de femmes qui n'ont pas pu exprimer un point de vue différent.
03:56 - Oui, notre Brigitte Lahaye, effectivement.
03:58 - Je trouve que c'est extrêmement dommage de ne plus pouvoir parler,
04:02 qu'on ne puisse pas attaquer les uns et les autres sur des composantes qui sont très sensibles à religion,
04:07 l'appartenance sexuelle, etc. Il n'y a pas de problème.
04:09 Mais je crois qu'on doit pouvoir encore exprimer un point de vue différent,
04:12 sans pour autant être taxé, être facho, puisque c'est le terme à la mode.
04:16 - On n'a plus le droit de ne pas être d'accord, Jean Dorédeau, finalement, c'est ça ?
04:18 - Écoutez, je ne sais pas si on a plus le droit d'être d'accord.
04:21 - Vous parlez comme Jacques Chirac.
04:23 - Écoutez, je ne sais pas.
04:25 - Il était très fort, l'humour, à sa façon.
04:28 Il était très bon. Un jour, quelqu'un l'avait traité de connard.
04:33 Et il avait eu envie de lui enchanter. Moi, c'est Jacques Chirac.
04:36 - C'est Cyrano de Bergerac, c'est le cas.
04:38 - Ah oui, c'est vrai ?
04:40 - On embrassait de mon rostant, d'ailleurs, face à mémoire.
04:43 Et donc, c'est vrai que vous mettez vraiment le doigt dessus avec ce sketch de Michel Leib.
04:46 Parce que je lisais, bien sûr, dans l'annonce du débat,
04:49 Pierre Desproges, Coluche, bon, c'était quand même des monuments de l'humour.
04:54 Et Michel Leib, malgré tout, son talent, c'est un fait que c'est incroyablement daté.
04:59 Ce sketch-là qu'on vient d'entendre.
05:01 Et c'est clair qu'il y a eu manifestement une espèce de prise de conscience assez heureuse quand même.
05:07 C'est vrai que c'est toujours touchy, le rire.
05:10 Quelqu'un qui tombe, ça fait rire. Par exemple, Charlot, le plus vieux gars du monde,
05:13 le type, il tombe, on rigole, avant même de se demander si c'est fait mal.
05:17 - La tarte à la crème.
05:18 - Voilà. Et donc, on est toujours quand même sur une espèce de feel comme ça.
05:22 - Entre la vérité et la méchanceté.
05:24 - C'est ça. Et donc, sans doute à l'époque, c'était pas méchant.
05:28 Toutefois, c'est vrai que peut-être le public de l'époque ne réalisait pas
05:32 à quel point ça peut être extrêmement blessant, ce genre comme ça de spectacle.
05:39 Ça veut dire farce en latin, spectacle. Il y a des farces tristes quand même.
05:43 - Vous parlez latin aussi, Jean.
05:45 - Écoutez, je m'entraîne.
05:47 - C'est une histoire d'amour qui commence sur le plateau ce soir, chers auditeurs,
05:50 entre Jean et Frédéric, sachez-le.
05:52 - Auditeurs, justement, 0800 26 300, 300.
05:55 Est-ce que ça vous fait rire encore ce sketch de Michel Leib ?
05:58 - Vous vous détiendrez sur Twitter.
06:02 - Voilà, dites-le, votez.
06:04 Deuxième extrait, Coluche, l'inarrêtable, souvent censuré,
06:07 mais aujourd'hui, que dirait-on de cette blague racontée sur Canal+,
06:12 le bec et le boiteux ?
06:14 - Alors, le bec et le boiteux, puisque t'as une jambe plus courte que l'autre,
06:21 je te donne un conseil pour marcher dans la rue,
06:24 tu mets un pied dans le caniveau et tu...
06:29 tu mets l'autre sur le trottoir.
06:35 Bon, et le boiteux, il dit, ben, puisque j'ai un conseil envers l'autre,
06:39 j'ai un truc pour que tu bagailles plus, ferme ta gueule.
06:42 (Rires)
06:45 - Bon, c'était quand même très très drôle, quoi.
06:48 Franchement, Jean-Marc Auvernatori, c'est quand même très très drôle, ça me fait bafouiller.
06:53 - Je pense que Coluche, c'est vraiment le sommet du talent,
06:56 c'est l'humour à l'état pur, et donc effectivement...
06:59 - Et donc là, c'est ravissant, le bec et le boiteux.
07:02 - Il y a aussi quelque chose qui a changé,
07:05 c'est un fait que les minorités, visibles ou non,
07:10 se sont rassemblées pour se faire entendre précisément.
07:14 Et c'est un fait, je ne serais pas étonné aujourd'hui,
07:17 à ce genre de blague, et ce serait quand même peut-être une réaction tout à fait légitime...
07:23 - Alors il avait eu à l'époque... - Des becs de France...
07:26 - Il avait eu des problèmes avec eux, déjà. - Nous, on est becs,
07:29 et c'est un fait, pour avoir eu des clients qui sont venus me voir pour ce genre de sujet,
07:33 c'est vrai que c'est une souffrance, c'est un handicap, le fait d'être becs.
07:36 Et on peut entendre, après il n'est pas question de censurer,
07:40 quoi que ce soit, toutefois on peut entendre,
07:42 Patrick Timsit avait eu le sujet aussi, sur les handicapés...
07:45 - Stéphane Guillon aussi... - Stéphane Guillon, alors qu'il connaît bien le sujet...
07:48 - Il dit que c'est les handicapés finalement qui rient le plus à ces blagues, en général.
07:51 - Les blagues sexistes, il y en a qui ont été censurées,
07:54 bannies des émissions de télé pour des blagues sexistes,
07:58 qui sont en fait des blagues qui se sont véhiculées depuis...
08:01 C'est pas très malin, je suis d'accord avec vous, mais quand même...
08:04 - Et aujourd'hui Corine, Coluche fait ça, on sait qu'il peut tout se permettre,
08:08 qu'il pouvait tout se permettre, mais c'était un programme, je l'ai choisi exprès,
08:11 parce que c'était son émission sur Canal+,
08:14 et qu'aujourd'hui sur une chaîne de télé, on prend le risque comme ça...
08:17 - Tout de suite, une remontrance du CSA, ça passerait pas du tout,
08:20 et je pense que la chaîne, on l'accepterait pas.
08:23 Tout simplement, parce que ça coûte trop, c'est beaucoup d'énergie,
08:27 c'est prendre des avocats, c'est se défendre, c'est arriver à répondre de façon claire,
08:32 et en fait, un humoriste, il a son texte, il le dit,
08:35 je pense pas qu'il soit tous animé par les pires intentions,
08:38 c'est simplement pour certains, de l'humour qui tombe à plat, bien sûr, parfois,
08:42 mais voilà, je pense...
08:44 - C'est ça qui change tout, Jean-Marc, gouvernatorisme,
08:46 c'est qu'aujourd'hui, il y a un procès à tous les coins de rue.
08:48 - A noter quand même que l'humour contre les politiques continue de subsister,
08:52 comme c'était le cas il y a quelques décennies,
08:55 donc on se souvient tous de ce que faisait Thierry Luron,
08:57 et encore aujourd'hui, les politiques emprunent pour leur grade par tous les humoristes.
09:01 Donc il y a des domaines sur lesquels ça perd du noir.
09:03 - Beaucoup moins, je trouve, quand même.
09:05 - On se souvient Guy Benoist, Sarah Vux-Cress, Thierry Luron, Jean Amadou,
09:09 et j'ai l'impression qu'aujourd'hui, c'est plutôt un terrain...
09:11 - C'est quand même plutôt plat.
09:13 D'abord, il faut une culture politique pour pouvoir se moquer des politiques, déjà,
09:16 il faut une culture historique qui manque pas mal,
09:19 et puis il faut un intérêt, une appétence pour ce qu'ils ont à dire,
09:21 parce que finalement, sur les réseaux sociaux,
09:24 vous en voyez certains s'exprimer,
09:26 franchement, vous avez même plus besoin d'aller au spectacle, je vous le dis franchement.
09:28 - Mais Jean-Marc Gouvernatori, c'est aussi un homme politique, c'est pour ça que vous tiquez un peu, là.
09:33 - J'observe que par rapport à Macron, à Ciotti,
09:37 bon, ils emprunent pour leur grade par les humoristes de notre pays,
09:40 et c'est bien, et c'est rigolo, et c'est comme avant,
09:43 sur ce domaine-là, à mon avis.
09:45 - 0,826, 300, 300 !
09:47 - Et puis vous votez sur Twitter, alors quand même, je vous donne un petit peu les résultats,
09:50 chers auditeurs, on vous rappelle la question,
09:52 les artistes actuels ont-ils moins de liberté d'expression qu'auparavant ?
09:55 Eh bien, vous nous dites oui, tout de même, à 84%.
09:58 - Ah oui !
09:59 - Donc, a priori, globalement, vous pensez qu'effectivement, on manque de liberté.
10:03 D'ailleurs, Paul, notre cher auditeur du Lot et Garonne, Paul, vous êtes là ?
10:08 - Oui.
10:09 - Alors, Paul, vous entendez ce que disent un peu nos vrais voix ?
10:12 - Oui, mais moi je pense que...
10:13 - Vous avez envie d'ajouter quelque chose ?
10:14 - Oui, je pense qu'il y a beaucoup d'autocensure,
10:16 parce qu'il y a des sujets qui sont quand même épidermiques,
10:19 et il y a des sujets qui deviennent dangereux,
10:21 si vous critiquez certaines religions, vous êtes menacé de mort, aujourd'hui.
10:24 Donc, c'est vrai qu'il y a une autocensure.
10:27 Après, ce qui est dommage, c'est que les gens prennent tout au premier degré,
10:30 de manière épidermique.
10:32 Le gars, il fait une blague, si ça ne plaît pas, ça tombe à plat,
10:34 et puis ça s'arrête là.
10:36 Coluche a fait des blagues, à un certain moment, de mauvais goût.
10:40 Comme c'était Coluche, ça passait.
10:42 Thierry Le Luron s'est permis des sketchs sur Mitterrand.
10:45 Je suis sûr que s'il fait les mêmes sur Macron, il va avoir des soucis, quoi.
10:48 Donc, aujourd'hui, je pense que les gens sont un peu trop épidermiques,
10:52 ils n'aiment pas rigoler, ils prennent tout mal, quoi.
10:55 Alors qu'en fait, il faudrait peut-être être un peu plus cool, quoi.
10:59 Je pense qu'il va falloir qu'ils aillent voir M. Dorido pour s'appréhender la vie un peu plus cool.
11:04 - Alors, parler de gens qui cherchent les limites,
11:06 il y en avait un qui allait très très très loin, quand même, c'est Pierre Desproges.
11:09 Alors, évidemment, il n'était pas antisémite,
11:12 on peut tout témoigner autour de cette table, moi y compris les temps.
11:16 Juif, pas antisémite, mais accrochez-vous quand même !
11:19 - Oh, Julie, t'es saleur !
11:22 - Bon, mais les blagues, elles peuvent...
11:25 - Donc, chers auditeurs, je vous confirme, Julie n'est pas antisémite et elle est juive.
11:29 - Et elle aime beaucoup Pierre Desproges, on écoute.
11:31 - Il est vrai que les Allemands, de leur côté, ne cachaient pas une certaine antipathie à l'égard des Juifs,
11:35 mais enfin, ça n'était pas une raison pour exacerber cette antipathie,
11:38 en arborant une étoile à sa veste, pour montrer qu'on n'est pas n'importe qui,
11:42 qu'on est le peuple élu, et pourquoi j'irais pointer au Vélodrome d'hiver ?
11:47 Et qu'est-ce que c'est que ces wagons sans banquette ?
11:51 Et j'irais aux douches si je veux !
11:54 - Bon, là, ça va loin.
11:57 - Ça va loin, oui.
11:59 - Et moi, alors, je souris, je contais, alors, vous venez de le dire, Judith,
12:02 bon, vous n'êtes pas la seule de confession juive autour de cette table.
12:06 - Mais dans le contexte de l'époque, en l'occurrence, ça passait, je pense qu'aujourd'hui,
12:09 pour le coup, compte tenu aussi de ce qu'on vit tous les jours dans l'actualité internationale,
12:14 ça devient un peu compliqué. Qu'est-ce que vous en pensez, Corinne Tapia ?
12:17 - Moi, je pense que Desbroges, dans la façon de s'exprimer dans ses sketchs,
12:21 il tournait en dérision plutôt le nazisme qu'attaquer les juifs.
12:25 Et je me demande si on n'avait pas plus de recul sur les événements à l'époque qu'aujourd'hui.
12:31 Est-ce qu'on avait peut-être moins le nez dedans ? Est-ce que c'était moins récurrent ?
12:34 Est-ce qu'il n'y avait pas cette montée d'antisémitisme qui fluctue
12:37 de l'antisémitisme viscéral de la vieille France
12:41 à celui du nazisme qui mute aujourd'hui, à celui d'une certaine partie des banlieues
12:47 qui s'est transformée en antisonianisme ? C'est un vaste débat
12:50 et qui devient un débat qui est extrêmement électrique
12:53 et qui perturbe beaucoup d'abord la communauté juive qui se sent de plus en plus mal en France.
12:57 Mais elle ne se sentait pas menacée à l'époque par Desbroges.
13:00 - Jean-Marc Governatori ?
13:02 - Le lundi 4 avril 2022, je suis allé à Birkinau et à Auschwitz.
13:06 Et je peux vous dire que quand on a passé plusieurs heures là-bas,
13:09 comme il y a de beaucoup d'entre vous, ça c'est pas de bonne blague je trouve.
13:14 C'est trop énorme le sujet. Il y a trop de souffrance, trop de malheurs,
13:17 trop d'éléments incroyables.
13:20 - Mais justement, Corinne Tapiero dit qu'on savait que Desbroges n'était pas antisémite.
13:25 Déjà on l'a rappelé mais...
13:27 - Mais surtout c'était un fervent attaquant des nazis.
13:30 - Voilà. Donc est-ce que... On ne va même pas parler de deuxième degré Judith là dans ce cas-là.
13:34 C'est du troisième degré. Est-ce que le troisième degré est compréhensible par tout le monde Jean-Marc ?
13:38 C'est ça aussi ?
13:39 - A mon avis, sur ce sujet là précisément, moi je trouve qu'on ne peut pas rire.
13:44 - Mais tout le monde dit "sur ce sujet là" !
13:47 - Chacun avec sa sensibilité, sur ce sujet là, il ne peut pas rire.
13:51 On ne peut pas rire sur le viol des femmes.
13:54 Pas parce que je suis une femme, parce que c'est pas acceptable,
13:56 mais on ne peut pas rire de ta douche, on ne peut pas rire des blondes...
13:59 - Donc on ne peut pas rire de la joie ?
14:02 - Je pense que c'est pas risible.
14:05 Mais je ne pense pas que Desbroges riait de la joie dans ce sketch.
14:09 Il se riait des nazis.
14:11 - Jean Dorédo.
14:12 - Oui, là on a besoin de son analyse, Jean, parce qu'on est dans la psychose.
14:15 - C'est une question, je me garderais bien d'analyser.
14:18 J'étais très petit, je ne suis même pas sûr que j'étais né à l'époque où ce sketch est sorti.
14:23 - Bon ça va, je suis jeune, ça va.
14:27 - Non parce que Michel Lêb...
14:29 - T'es gentil, vous étiez beau, maintenant vous êtes jeune, c'est bon.
14:31 - Je me souviens du sketch.
14:33 - Non parce que ce qui est vraiment surprenant, c'est qu'effectivement ce sketch était très populaire manifestement à l'époque.
14:39 Il avait eu beaucoup de succès.
14:42 On peut même imaginer que des français juifs ont ri à l'époque de ce sketch.
14:47 Et aujourd'hui on voit bien, on est unanime autour de la table, on dit "non mais là il y a un bug, c'est pas possible".
14:53 - Pas même à la Lascaux.
14:54 - Et donc c'est quand même, c'est ça que j'aimerais comprendre.
14:58 Qu'est-ce qui s'est transformé, me semble-t-il, de façon assez heureuse dans la collectivité que nous formons les uns les autres,
15:06 en je sais pas, peut-être en l'espace de 50 ans.
15:09 Parce que c'est quand même, on va pas en penser des portes ouvertes, c'est en fait un vrai sujet.
15:13 Judith l'a rappelé, il y a un sujet avec l'antisémitisme en France.
15:16 On se rappelle de la libre parole de Drummond, on se rappelle quand même de tout ce terreau
15:21 avant l'accès au pouvoir d'Adolf Hitler.
15:26 Et il y avait quand même des hauts fonctionnaires.
15:30 On se rappelle de Papon, Mitterrand était quand même pas très net sur le sujet.
15:34 - Il était un peu en avant avec l'affaire Dreyfus aussi.
15:36 - Exactement.
15:37 Donc si vous voulez, c'est quand même, c'est ça que j'aimerais comprendre.
15:40 Il faudrait, je sais pas, un historien, un politologue, quelque chose pour qu'on comprenne ce qu'est-ce qui s'est passé.
15:45 - Corintha Piero évoquait le cas des femmes, du traitement des femmes.
15:49 Il y a eu un cas récemment avec Orelsan, mais bien avant Orelsan,
15:53 Serge Gainsbourg a livré sa vision sadique et machiste de la femme, Love and the Beat.
15:59 * Extrait de Love and the Beat *
16:25 - Je hoche la tête parce qu'il est tellement bon le son, excusez-moi de vous le dire.
16:31 - Quand on pense que les gens dansaient des slow en boîte là-dessus, c'est même pas...
16:35 - Ça c'est les années 90 ?
16:37 - Non, 80.
16:40 - Non, Love and the Beat c'est son album début 90.
16:44 - Il est mort quand même en 91, le pauvre Serge Gainsbourg.
16:47 - Oui, oui, oui, c'est son dernier.
16:49 - Moi, jeur L.
16:50 - Allez, 88.
16:51 - On va le demander à nos assistantes.
16:53 - C'est marrant parce que, bon, moi je souris, tout de suite Judith me dit "mais moi, je suis pas comme vous Frédéric, je danse, je souris".
17:00 Mais c'est vrai qu'on peut pas sourire là-dessus.
17:02 Si aujourd'hui on sourit, on est mal à l'aise, on est mal à l'aise.
17:06 Et pourtant c'est Gainsbourg, c'est Love and the Beat.
17:08 - Il parle de viol, c'est ça en fait ?
17:10 - Non, il parle pas de viol.
17:11 - Il le dit pas clairement.
17:12 - Il dit "bah non, faut écouter les paroles".
17:14 - Non, c'est pas ça, donc qu'est-ce qui met mal à l'aise alors ?
17:16 - C'est de parler de pipi, c'est ça quoi en fait.
17:20 C'est le sexe, et encore une fois, est-ce qu'aujourd'hui sur la question du sexe, on est aussi facile qu'avant ?
17:27 - Non, non, pardon, mais alors c'est un fait, les chansons, c'est spécial, c'est pas comme l'humour.
17:30 Il y a quand même des paroles de chansons, parfois on écoute le son comme des Judiths, sans vraiment écouter les paroles.
17:35 - Mais moi j'ai écouté les paroles, c'est 1984.
17:38 - Ah, merci Judith Baird !
17:41 - Vous aviez encore raison Jean Dorido, vous êtes jeunes, vous êtes beaux, vous êtes intelligents.
17:45 - J'ai appris l'autre jour par exemple, alors que les pluchastes oreilles se bouchent,
17:51 le concert de Mélanne Farmer a été annulé,
17:54 il paraît qu'il était prévu qu'elle ne chante pas pourvu qu'elle soit douce,
17:57 et j'ai appris, vraiment je vous assure que je suis tombé de l'armoire,
18:00 qu'il paraît que "pourvu qu'elle soit douce" fait allusion à une pratique sexuelle interdite dans la Bible,
18:05 pour le coup, je ne savais pas.
18:06 - C'est pour ça la petite bosse, c'est parce que vous êtes tombé de l'armoire.
18:08 - C'était très proné par la mythologie grecque, donc on se plaint dans l'histoire.
18:13 - Voilà, chers auditeurs, c'est un excellent débat n'est-ce pas ?
18:17 - Ah oui, pour prouver, un coup sûr.
18:19 - Alors vous allez rester avec nous parce qu'après tout cela, ce riche débat,
18:22 et bien c'est quoi ? C'est le quiz ?
18:24 - Où on va jouer !
18:25 - Voilà, on va faire joujou.

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