Avec Loïk Le Floch Prigent, industriel et Nicolas Meilhan, Ingénieur sur les sujets du transport et de l'énergie, conférencier.
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NewsTranscription
00:00 9h04 sur Sud Radio et on ouvre le grand débat du matin.
00:03 Alors on a tous entendu vous dire "C'est pas Versailles ici"
00:05 mais à partir d'aujourd'hui il va vraiment falloir faire attention à sa consommation d'électricité.
00:10 Car après une hausse en février de 15%, le tarif réglementé bondit de 10% à partir d'aujourd'hui.
00:15 Selon vous, et c'est la question qu'on vous pose ce matin, faut-il sortir du marché européen de l'électricité ?
00:21 0826 300 300 pour témoigner et réagir et puis voter et commenter sur nos réseaux sociaux.
00:26 On compte sur vous pour nous éclairer. On reçoit ce matin Loïc Lefloch-Prigent, industriel et Nicolas Meillon,
00:32 ingénieur sur les sujets du transport et de l'énergie et conférencier. Bonjour messieurs.
00:37 Bonjour messieurs, merci d'être avec nous ce matin sur Sud Radio pour débattre de ce sujet bien sûr avec nos auditeurs.
00:44 0826 300 300, Maréline nous parlait de cette hausse, ça y est c'est fait, +10%.
00:50 Après une première hausse de +15% en février dernier, Nicolas Meillon, déjà ça concerne qui exactement cette hausse ?
00:59 Ecoutez, juste que pour l'instant les particuliers, les français, les consommateurs étaient plutôt épargnés
01:06 alors que les entreprises, elles, beaucoup souffèrent de hausses allant jusqu'à x3, x4, x5 de leur facture.
01:13 Et là cette hausse arrive maintenant chez les particuliers, puisque le gouvernement a annoncé
01:19 qu'à partir de l'an prochain, il mettra fin aux boucliers tarifaires.
01:23 Donc si nous n'avions pas eu de bouclier tarifaire, la hausse n'aurait pas été de 10%, mais de 75%.
01:30 Ça veut dire que le prix de l'électricité aurait été multiplié par 2 en 2 ans.
01:35 Oui, c'est ce que préconisait en l'occurrence la commission de régulation de l'énergie, c'est ça.
01:40 Loic, Lefloch-Prigent, finalement c'est tout sauf une surprise, cette augmentation.
01:46 On avait Bruno Le Maire qui nous disait que l'idée c'était quand même de limiter la hausse.
01:51 Elle est quand même conséquente en tout cas pour les ménages là.
01:54 Disons que les entreprises ont déjà souffert, c'est-à-dire comme le dit Nicolas,
01:58 on a eu un facteur 3, 5, donc le véritable prix pour les entreprises
02:06 et un prix différent pour les particuliers.
02:10 Maintenant, tant qu'on ne sort pas du marché de l'électricité, il est clair qu'on va continuer à avoir une électricité chère.
02:18 Mais ce qui est important de comprendre, c'est que le coût de l'électricité,
02:24 le coût de nos centrales nucléaires et nos centrales hydrauliques n'a pas varié.
02:29 Par conséquent, nous sommes toujours à un coût bas, le meilleur coût de l'Europe.
02:36 Et à cause du marché de l'électricité, nous nous retrouvons avec les plus chères d'Europe.
02:42 C'est-à-dire que nous payons les plus chères d'Europe pour les industriels aujourd'hui
02:46 et demain ça va être pour les particuliers.
02:49 Les particuliers ont été effectivement préservés artificiellement d'un marché artificiel.
02:54 Nous sommes toujours dans ce marché artificiel en tant qu'entreprise,
02:58 nous souffrons énormément et maintenant c'est l'ensemble de la France qui va souffrir.
03:04 Tout simplement parce que le gouvernement n'a pas voulu sortir du marché d'électricité
03:09 sans raison vraiment explicable.
03:12 Et que personne, monsieur le maire, pas plus que madame Agnès Renachier,
03:16 ne nous a expliqué pourquoi il ne voulait pas en sortir.
03:18 On va revenir sur cette question-là bien sûr, elle est très importante notamment aussi pour nos auditeurs,
03:23 tous les français également qui se posent cette question de la sortie, oui ou non,
03:27 du marché européen de l'électricité.
03:30 Vous nous avez dit quel était votre avis.
03:31 J'aimerais juste d'abord Nicolas Méhian,
03:34 on parle ici d'une hausse pour les particuliers en moyenne de 60 euros annuels.
03:40 Si je vous suis bien, on est sur une forme de rattrapage par rapport aux prix
03:44 effectués, imposés du côté des entreprises, c'est ça un petit peu ?
03:48 - Alors c'est plutôt 150 euros par an.
03:53 Il y a un mot qui est important à comprendre, c'est le mot "artificiel".
03:58 Nous avons un marché artificiel de l'électricité, puisque nous avons EDF
04:03 et ensuite des producteurs de factures qui ne produisent pas d'électricité.
04:07 Nous avons un prix artificiel de l'électricité qui est décidé par un calcul artificiel de la Creux.
04:13 Nous avons donc un bouclier artificiel sur un prix artificiel
04:17 et nous avons EDF qui a fait aussi des bénéfices artificiels,
04:20 10 milliards d'euros, 10 milliards d'euros au premier semestre,
04:23 pour compenser la différence entre le prix auquel nous vend l'électricité
04:27 et ce prix artificiel décidé par la Creux. Donc la hausse est artificielle.
04:31 Nous avons un problème avec un calcul qui a été fait par des hauts fonctionnaires français.
04:36 Ce calcul a marché pendant 8 ans, il ne fonctionne plus depuis que nous ne sommes plus copains
04:41 avec M. Poutine, puisque les prix de gaz ont explosé, donc il faut changer le calcul.
04:46 Nous avons publié une tribune avec Loïc d'ailleurs, il y a deux mois,
04:49 où on disait "c'est prévu dans la loi, on peut simplement,
04:54 Agnès Pannier-Runacher et Bruno Le Maire peuvent signer un décret,
04:57 ils signent un décret, ils suspendent le mécanisme, tout est prévu dans la loi".
05:01 Et donc la question qu'on se pose c'est "pourquoi ne le font-ils pas ?"
05:04 Et revenons, pour revenir à la situation précédente,
05:08 juste pour un petit contexte historique...
05:09 - Est-ce qu'on peut aussi le réformer, réformer ce marché européen de l'électricité,
05:14 justement en ayant d'un côté l'électricité, de l'autre côté le gaz,
05:17 ça pourrait être une option ou pas ?
05:19 - Si vous voulez, le marché de l'électricité il existe depuis 20 ans.
05:22 Et en fait, qu'est-ce qui s'est passé ?
05:24 Il s'est passé que nous, pour nous protéger de ce marché,
05:27 et pour garder un prix qui est proche de notre coût de production
05:30 qui est le plus faible d'Europe,
05:31 nous avons mis en place des tarifs régulés.
05:33 Le tarif régulé était là pour protéger les consommateurs et les entreprises.
05:38 Sauf que la Commission européenne, à partir de 2006,
05:40 nous a dit "bon, les tarifs régulés pour le consommateur, peut-être,
05:44 mais pas pour les entreprises, car c'est de la concurrence déloyale".
05:47 Et donc elle nous a menacé d'une amende de 20 milliards d'euros pour les entreprises.
05:51 Et elle nous a dit "si vous ne voulez pas payer les 20 milliards d'euros,
05:54 vous faites deux choses.
05:55 Un, vous créez des concurrents pour EDF,
05:58 deux, vous supprimez les tarifs pour les entreprises".
06:01 Donc aujourd'hui, si nos entreprises souffrent,
06:03 si on est à un niveau de défaillance le plus élevé depuis 8 ans sur nos PME,
06:07 c'est parce qu'elles n'ont plus accès, depuis le 1er janvier 2016,
06:11 à ce qu'on appelait le tarif jaune qui protégeait les PME.
06:14 Donc première chose, il faut revenir à ces tarifs régulés
06:17 que l'on avait avant, qui étaient des tarifs indexés sur le coût de production
06:21 et pas indexés sur un calcul artificiel.
06:24 Et deuxièmement, il faut réformer ce calcul,
06:28 parce que le but d'un tarif régulé, c'est pas de saigner les entreprises,
06:32 c'est pas de saigner les consommateurs, c'est de les protéger.
06:35 Or, ce n'est plus le cas.
06:36 Donc acceptons que cette ouverture du marché à la concurrence n'a pas marché.
06:41 Les fournisseurs alternatifs, qui sont au nombre de 125,
06:43 n'ont pas joué le jeu, n'ont pas investi dans la production d'alternatives.
06:47 C'est pas grave, d'autres actes, on supprime ceux qui produisent les factures,
06:50 ceux qui produisent l'électricité, on les garde.
06:53 Et on revient à la citation précédente.
06:55 Tout simplement, car en France, nous avions l'électricité la moins chère d'Europe,
06:59 et aujourd'hui, sur le marché, il faut regarder le marché spot par exemple,
07:02 on la paye deux fois plus cher que les Allemands.
07:04 - Loïc Lefloch-Prigent, d'une part, sur ce marché européen d'électricité,
07:09 vous n'avez dit pour vous aussi l'importance,
07:12 effectivement vous avez signé une tribune en ce sens,
07:14 l'importance d'en sortir.
07:16 Vous dites que vous ne comprenez pas pourquoi aujourd'hui
07:19 les dirigeants français ne le font pas.
07:22 Allez, au bout de votre réflexion, pour vous...
07:24 - C'est simple, c'est simple, ça fait un an et demi que je leur demande
07:27 pourquoi ils n'en sortent pas, ils ne répondent pas.
07:29 Au direct, ils me répondent des choses, disons, inexactes.
07:33 C'est-à-dire qu'on a dit "oui, c'est de la cause de l'interconnexion".
07:36 Vous comprenez, nous sommes déficitaires à certains moments en électricité,
07:40 et par conséquent, il faut que nous achetions l'électricité.
07:44 Il n'y a pas de problème, l'interconnexion existe depuis l'origine de l'électricité.
07:49 En Europe, ce n'est pas le sujet.
07:52 Donc les réponses qui sont données sont des réponses inexistantes.
07:57 Donc il n'y a pas de réponse.
07:58 Il n'y a pas de réponse à cette question.
07:59 - Donc on accepte de jouer le jeu de l'Allemagne au final, c'est ça ?
08:03 - Peut-être, mais c'est à vous de leur poser des questions.
08:07 Vous les avez, qu'en face de vous souvent, dans le journalisme.
08:10 Pourquoi est-ce que vous ne faites pas le travail qui protège les Français ?
08:14 Et c'est simple.
08:16 Pourquoi est-ce que nous restons dans le marché de l'électricité,
08:19 alors que nous savons que rester dans le marché de l'électricité
08:22 nous met en difficulté structurelle par rapport à tous nos concurrents ?
08:26 Aujourd'hui, mes concurrents paient deux à trois fois moins cher que moi l'électricité.
08:31 Or, nous la produisons deux fois moins cher que l'Allemagne.
08:35 Pourquoi vous faites ça ? Pourquoi ?
08:36 - Ce qui est effectivement assez incroyable sur le papier,
08:40 Loïc Lefloch-Prigent, c'est-à-dire qu'il faut revenir là-dessus.
08:43 On a eu l'exemple, il est souvent noté, de l'Espagne, du Portugal,
08:48 qui ont obtenu, alors je précise, de manière temporaire...
08:53 - Il n'y a jamais eu de traité européen de l'énergie, jamais.
08:58 Les traités européens ne concernent pas l'énergie.
09:02 Les traités européens disent "chaque pays fait son énergie comme il veut"
09:07 puisqu'il n'y avait pas accord sur la manière de...
09:10 - L'Espagne et le Portugal faisaient bien partie, en l'occurrence,
09:13 de ce marché européen de l'électricité, depuis 2014-2015.
09:17 - Le marché européen d'électricité n'est pas un traité.
09:20 - Bien sûr.
09:22 - On rentre dans le marché européen volontairement,
09:24 ou on en sort volontairement, il n'y a pas à avoir l'autorisation dans son tir.
09:28 C'est pour ça que je reprends votre propos.
09:30 Ils ont simplement dit "nous en sortons parce que nous avons le droit d'en sortir"
09:34 et nous, nous pouvons en sortir parce qu'il suffit de dire
09:38 "voilà, nous en sortons parce que ça ne nous convient pas".
09:40 Point. Il n'y a pas de traité.
09:42 Vous voyez la différence entre des sujets sur lesquels il y a traité
09:46 et quand il faudrait revenir à la table de négociation
09:50 pour dire "on s'en traite", ce qui est compliqué.
09:53 Là, il n'y a pas de traité européen de l'énergie.
09:54 - Et pourquoi une sortie temporaire, en l'occurrence, avec le fleuve président ?
09:57 C'est-à-dire qu'ils ont intérêt à revenir ?
10:00 - Ils ne savaient pas quel était leur avenir et leur intérêt.
10:03 Si jamais leur intérêt était d'y rentrer de nouveau et de rentrer de nouveau,
10:06 chacun sont... Nous sommes libres de rentrer ou de sortir.
10:10 C'est ça qu'il faut savoir.
10:11 Et par conséquent, sortie, sortie, on dit temporaire,
10:14 bon ben temporaire parce qu'on a peut-être envie d'y rentrer de nouveau.
10:19 Ça déregarde.
10:20 Nous, en l'occurrence, être dans le marché de l'électricité aujourd'hui
10:24 pénalise nos entreprises à un point exceptionnel
10:28 puisque le nombre de défaillants d'entreprises
10:31 augmente de façon erratique actuellement.
10:33 Donc il faut vraiment en sortir pour nos entreprises.
10:36 Et je ne comprends pas pourquoi ce n'est pas une priorité
10:40 pour les organisations professionnelles.
10:43 Alors, c'est un peu pour la CEPME qui tonne beaucoup sur le sujet,
10:48 mais ça n'est pas pour les autres organisations patronales.
10:51 Je pense qu'il est temps de dire maintenant, ça suffit.
10:54 Pour les entreprises, sa situation est insupportable.
10:57 Oui, pour les entreprises et puis il ne faut pas oublier aussi les Français,
11:00 les ménages, bien sûr, on en parle.
11:01 Les monnaies, les Français, ils seront dans la même situation.
11:06 On a protégé les Français en leur disant,
11:08 peu importe ce qui arrive aux entreprises, vous êtes protégés.
11:11 Maintenant, avec cette hausse de 10% le 1er août,
11:14 on s'aperçoit que les Français, dans leur ensemble, ne vont plus être protégés.
11:18 Donc c'est l'intérêt de tous les Français aujourd'hui
11:20 de sortir du marché de l'électricité le plus tôt possible.
11:23 Loïc Lefloch, président industriel, Nicolas Méhion, ingénieur
11:26 sur les sujets du transport, de l'énergie, conférencier.
11:28 Vous restez avec nous, on revient dans un tout petit instant sur Sud Radio.
11:32 On poursuit les débats.
11:34 Selon vous, faut-il sortir du marché européen de l'électricité ?
11:37 On se pose la question alors qu'aujourd'hui, en ce 1er août,
11:40 nouvelle hausse des prix d'électricité, +10%, après +15% au mois de février.
11:46 Vous nous appelez, vous les réagir, 0, 826, 300, 300.
11:50 On vous attend sur Sud Radio.
11:51 C'est Aude qui vous attend au Standard.
11:53 A tout de suite.
11:53 Bonne matinée sur Sud Radio.
11:55 Il est 9h18, on continue le débat autour de l'augmentation de 10%
11:58 des tarifs de l'électricité à partir d'aujourd'hui.
12:01 La question qu'on vous pose, ce matin, faut-il sortir du marché européen de l'électricité ?
12:06 Pour l'instant, 98% de nos auditeurs disent oui.
12:09 Continuez de nous appeler et de voter sur nos réseaux sociaux, 0 826 300 300.
12:15 Et on retrouve nos invités pour ce débat, Loïc Lefloch, président industriel,
12:19 et Nicolas Méhion, ingénieur sur les sujets du transport et de l'énergie, et conférencier.
12:23 Rebonjour messieurs.
12:24 Avec ses auditeurs, vous l'entendez, ils sont plutôt d'accord avec votre position,
12:29 celle de sortir du marché européen de l'électricité.
12:33 Nicolas Méhion, j'interrogeais tout à l'heure Loïc Lefloch, président,
12:36 sur les raisons qui auraient pu pousser la France, en l'occurrence,
12:40 à ne pas sortir de ce marché européen de l'électricité,
12:44 à ne pas plier, à y rester.
12:46 Pour vous, quelle en serait la cause, les raisons ?
12:49 Les raisons, ce sont les mêmes que celles qui nous ont permis d'arriver à cette situation ubuesque.
12:55 C'est-à-dire que nous l'avons fait sous la contrainte de la Commission européenne,
12:59 qui nous menaçait d'une amende de 20 milliards d'euros.
13:02 Pourquoi est-ce qu'aujourd'hui le gouvernement ne veut pas mettre fin à ce mécanisme,
13:05 et entre guillemets sortir du marché ?
13:07 C'est parce qu'ils ont peur qu'à nouveau,
13:10 on soit sous la contrainte d'une nouvelle amende de la Commission européenne,
13:12 entre guillemets de l'Allemagne, pour aide d'État.
13:16 C'est pour ça qu'on avait des procédures,
13:17 c'est pour ça qu'on a monté ce mécanisme ubuesque qui n'a pas fonctionné.
13:22 Et donc, pour dire les choses clairement et franchement,
13:25 c'est simplement parce qu'on est couché face à l'Allemagne.
13:28 Donc l'Allemagne nous a dit,
13:31 l'Allemagne qui est notre principale concurrente en Europe industrielle,
13:34 ne voulait pas ces frontières d'un pays qui avait une électricité deux fois moins chère qu'elle,
13:40 et nous, nous n'avons pas assumé cet avantage compétitif,
13:43 nous avons laissé... - Avec le nucléaire.
13:45 - Exactement, donc il faut revenir, il faut assumer,
13:48 et il faut assumer un bras de fer avec les Allemands.
13:51 Nous avons l'électricité la moins chère d'Europe,
13:53 deux fois moins chère que l'Allemagne.
13:55 Si le gouvernement, comme il l'annonce à tout va,
13:59 souhaite réindustrialiser ce pays,
14:02 ça se fera avec une électricité deux fois moins chère que l'Allemagne.
14:06 - Mais après, Bruno Le Maire dit que lui, il ne pliera pas face à l'Allemagne,
14:09 mais en fait, c'est ce qui est en train de se passer.
14:11 - Il ne plie pas, vous savez, c'est toujours le problème,
14:13 la différence entre les paroles et les actes.
14:15 Parce que Bruno Le Maire, moi je me souviens même des déclarations,
14:18 si vous voulez, en septembre 2021,
14:21 donc on est presque il y a deux ans,
14:23 il nous disait "ce marché est aberrant, il faut absolument en changer".
14:26 Bruno Le Maire nous a dit "il faut revenir avec des prix qui se rapprochent des coûts de production".
14:31 Mais très bien Bruno, on vous a donné la solution,
14:33 il suffit de signer un papier en bas, vous mettez une croix, ça suffit.
14:36 Et on y est.
14:37 Donc on n'assume pas, je pense qu'il y a le mythe français,
14:41 vous savez, du fameux couple franco-allemand qui n'existe que dans notre pays.
14:45 Et donc on veut actuer le prix.
14:47 - Et puis le risque d'être sanctionné aussi financièrement, on vous le dit.
14:49 - Très bien, et bien assumons, discutons avec l'Europe.
14:51 Je rappelle que l'Allemagne a mis 200 milliards d'euros sur la table pour aider ses entreprises.
14:56 Est-ce que ce ne serait pas par exemple de la concurrence déloyale ?
14:59 Donc, tous les pays font la même chose,
15:02 on retrouve notre électricité,
15:04 s'ils ne sont pas d'accord, on discute,
15:06 mais voilà, il faut assumer la discussion, l'échange et la confrontation.
15:10 - Avant de retrouver Loïc Le Floch présent dans un tout petit instant,
15:14 on va au standard, on file au standard avec un auditeur qui est avec nous au 0826 300 300, Marie-Lyne.
15:19 - Oui, on a Samy de Mitrimori. Bonjour Samy, vous voulez réagir sur ce sujet ?
15:24 - Oui, bonjour Sud Radio, merci de donner la parole.
15:26 - Bienvenue. - Avec plaisir, allez-y.
15:28 - Moi je trouve que c'est un peu exagéré,
15:31 parce que surtout quand on dit qu'il faut passer aux voitures électriques,
15:35 ça peut peut-être faire rien à voir,
15:37 mais maintenant on va avoir peur de charger sa voiture,
15:40 parce que d'un côté il faut chauffer, il faut recharger sa voiture,
15:44 toutes les taxes qu'on se prend aussi en plein de figure,
15:49 moi je trouve que c'est aberrant, surtout qu'en février on a déjà subi une augmentation, je crois.
15:53 - Oui c'est ça, de 15% en l'occurrence.
15:55 - Et donc jusqu'où on va aller comme ça ?
15:58 Parce que là franchement, ça pourrit.
16:00 Et puis en premier août en plus,
16:05 c'est pas le premier août pour moi, c'est les vacances, on pense pas...
16:07 - Bah oui mais c'est les changements, c'est vrai, du premier août,
16:10 malheureusement on commence à s'y habituer un petit peu,
16:13 et c'est vrai qu'en tant que journaliste,
16:15 c'est un peu le moment où on annonce souvent les mauvaises nouvelles.
16:18 Samy, un grand merci en tout cas pour votre participation sur Sud Radio,
16:21 on va faire réagir par rapport à ce que vous dites, c'est intéressant,
16:24 notamment sur cette question, voilà,
16:25 on développe effectivement les voitures électriques,
16:28 et en même temps on a cette électricité qui reste chère,
16:31 dans le cadre de ce marché européen de l'électricité,
16:34 Loic, le floc prigent, ça vous fait réagir
16:36 à ce que disait à l'instant Samy justement,
16:39 cette mise en perspective ?
16:40 - Ça fait un certain temps que je réagis à ce sujet,
16:43 c'est d'ailleurs clair que si jamais on est obligé aujourd'hui
16:48 d'augmenter le prix de l'énergie électrique,
16:51 c'est parce que c'est artificiel et qu'on a peur de la pénurie.
16:56 Bon, ça veut dire qu'on est aujourd'hui avec notre
17:00 centrale électrique nucléaire hydraulique
17:03 aux alentours de 400 TWh,
17:06 et on sait que si jamais on veut développer
17:10 encore plus d'électricité, ça va être plus difficile,
17:12 parce que le temps passé pour remettre en or
17:16 les centrales électriques va être long.
17:18 Mais pendant ce même temps,
17:20 on est en train de dire "faites de brise électrique,
17:22 faites des vents à chaleur",
17:24 au lieu de choisir le gaz et le pétrole
17:27 qui sont abominables sur le plan du climat.
17:30 Ok, d'accord, mais si jamais c'est pour se mettre
17:33 en déshérence et en paupérisation complète de la France,
17:37 c'est idiot.
17:38 C'est-à-dire qu'effectivement, ce n'était pas le moment,
17:41 parce que l'électricité est un peu moins abondante
17:47 aujourd'hui qu'hier, ce n'était pas fortement le moment
17:50 de faire la voiture électrique et de faire la brise à chaleur.
17:53 Donc il y a une vraie incohérence de la politique gouvernementale,
17:57 incohérence complète.
17:59 C'est-à-dire qu'effectivement,
18:02 une façon de prélever l'impôt, c'est à la pompe à essence.
18:07 Vous savez que 60% de ce que vous payez à la pompe
18:12 aujourd'hui, c'est de l'impôt.
18:13 Et maintenant, on est en train de vous dire
18:16 "il ne faut plus faire ça, il faut faire autrement".
18:19 Mais il faut que l'État, qui n'a pas beaucoup d'argent,
18:22 continue à pouvoir prélever l'impôt.
18:26 Et on va vous le prélever sur l'électricité,
18:28 donc ça va être encore pire.
18:29 – Après sur le nucléaire, il y a des inquiétudes aussi qui subsistent.
18:32 Il y a la peur du manque d'eau,
18:34 il y a la question des travaux de maintenance.
18:37 – Il y a beaucoup de parlotte, mais il n'y a pas d'inquiétude.
18:40 Il y a simplement, il faut faire les choses qu'il faut faire.
18:44 Il n'y a pas de problème d'eau, comme vous le dites.
18:47 C'est des problèmes.
18:48 – Mais sur les travaux de maintenance, en l'occurrence,
18:50 on a eu un certain nombre de centrales effectivement
18:52 dont on n'a pas pu bénéficier ces derniers temps.
18:55 – Oui, mais parce qu'on les avait arrêtées
18:58 par des raisons de contagion technique
19:01 qui n'étaient pas vraiment des raisons réalistes.
19:04 Donc aujourd'hui, elles vont marcher.
19:06 Aujourd'hui, elles sont en train de se mettre en maintenance absolue.
19:12 Il va y avoir Flamanville qui va ouvrir avec,
19:16 qui va être la plus belle centrale d'Europe.
19:19 Et puis on va relancer le programme de nucléaire.
19:22 Donc on a un mauvais moment à passer.
19:24 Ce mauvais moment à passer, il était inutile d'augmenter
19:28 ces difficultés en y rajoutant la voiture électrique et la mangeaveu.
19:33 Je pense que ça c'est incohérent.
19:35 – Vous partagez.
19:37 – Ce que dit ce monsieur est vrai.
19:38 C'est-à-dire que c'est pour le moment où j'ai des problèmes
19:43 pour avoir du beurre que je me mets à dire
19:45 "non, je vais tout te cuisiner au beurre".
19:47 C'est stupide.
19:48 Il y a le mille.
19:49 Donc vous voyez, c'est exactement ce qu'on est en train de faire.
19:52 – Nicolas ?
19:53 – Et ça c'est idiot.
19:54 – Oui, Nicolas, m'ayant vous partagé,
19:56 ce diagnostic d'une certaine manière, incohérence là très clairement ?
20:00 – Si vous voulez, au niveau européen,
20:01 nous on avait publié un rapport avec France Stratégie l'anvier 2021.
20:06 On avait dit "attention, on risque d'avoir des pénuries d'électricité".
20:09 C'était avant la guerre en Ukraine, c'était avant que les prix n'augmentent.
20:11 Pourquoi ? Parce que, comme le disait Loïc,
20:14 il n'y a pas de politique européenne de l'énergie.
20:16 Chaque pays fait sa politique dans son coin.
20:18 Et donc nous avons chacun fermé des centrales.
20:20 Centrale nucléaire, centrale à charbon, centrale au gaz.
20:23 Et qu'est-ce qui va se passer en hiver quand il va faire très froid ?
20:26 Eh bien on n'aura plus assez d'électricité.
20:28 Par exemple, l'Allemagne qui a fermé son dernier réacteur nucléaire mi-avril,
20:33 qu'est-ce qu'elle fait depuis ?
20:34 Elle importe de l'électricité des réacteurs nucléaires français.
20:37 Donc elle n'est pas sortie du nucléaire,
20:39 elle a simplement remplacé un réacteur nucléaire allemand
20:41 par un réacteur nucléaire français.
20:43 Et donc on va avoir un risque de pénurie sur l'électricité
20:47 et effectivement ça va faire augmenter les prix.
20:50 Donc la voiture électrique, si elle ne coûte pas moins cher
20:52 pour rouler, sachant que c'est déjà plus compliqué,
20:55 ça prend plus de temps à charger, ça a moins d'autonomie,
20:58 il va falloir que l'Union européenne qui nous vend le 100% électrique
21:02 se pose la question de "attention, il y a peut-être besoin
21:05 d'avoir de l'électricité pour la charger".
21:07 - Nicolas Méhen, dans l'idée, si on reste en l'occurrence
21:10 dans ce marché européen de l'électricité,
21:12 si on se fait un petit peu de prospective,
21:15 de voir un petit peu comment ça peut évoluer,
21:16 si on y reste globalement, comment ça peut évoluer ?
21:20 Au niveau des tarifs de l'électricité,
21:22 pour la France, pour les Français, les entreprises, les ménages ?
21:25 - Si les prix de rester au niveau actuel,
21:29 donc la recommandation de la CRE, pour que nous comprennons
21:31 ce que ça donne, ça donne 30 centimes du kilowatt-heure.
21:34 - La commission de régulation de l'énergie.
21:35 - Elle dit "on devrait payer 30 centimes",
21:37 31, aujourd'hui vous payez 18.
21:40 Donc il nous reste encore une augmentation de 60% à passer.
21:44 Si les prix restent au niveau actuel,
21:46 vu que la crise est passée, les prix vont commencer à baisser,
21:50 mais la recommandation de la CRE au 1er janvier 2024
21:54 se bat sur les prix de 2023 et 2022.
21:57 2022 c'était très cher.
21:58 Donc en gros, on a fait la moitié du chemin,
22:00 on a déjà fait 30% de hausse en deux ans,
22:03 on a fait 4, 15, 10,
22:06 là il nous reste quelque chose entre 30 et 60.
22:10 C'est ça, on a fait la moitié du chemin.
22:12 Mais pour moi, ça n'est pas un scénario possible,
22:15 parce que nos entreprises, je vous dis, nos PME, nos TPE,
22:19 on n'a jamais vu de tel niveau de défaillance depuis 8 ans.
22:22 Donc ça n'est pas possible.
22:24 Il va falloir agir,
22:25 et c'est pour ça que le gouvernement est un peu mal à l'aise,
22:28 parce qu'il n'aura pas le choix.
22:30 Un des problèmes pour lequel ça ne va pas plus vite,
22:32 c'est parce qu'aujourd'hui, on a beaucoup dit,
22:35 et c'est vrai que EDF, avec ce mécanisme de l'arène,
22:39 a perdu des clients.
22:41 A perdu pas mal de clients, notamment entre 2015 et 2020,
22:43 donc il a souffert de ce mécanisme.
22:45 La Cour des comptes, l'an dernier,
22:48 a parlé d'un manque à gagner de 7 milliards d'euros pour EDF,
22:50 sur 10 ans.
22:52 Mais EDF aujourd'hui,
22:55 on ne l'entend pas beaucoup sur l'arène, pourquoi ?
22:57 Parce qu'ils ont fait un bénéfice artificiel de 10 milliards d'euros.
23:00 - Je le disais, effectivement.
23:00 - Donc si vous aviez EDF qui était là pour dire
23:02 "il faut absolument sortir de l'arène",
23:04 ça irait beaucoup plus vite.
23:05 Mais on ne les entend pas,
23:07 et on regarde les résultats de la semaine dernière,
23:09 10 milliards de gros grâce à un effet prix.
23:11 Pourquoi ? Parce qu'ils vendent leur électricité
23:14 à 240 euros du mégawatt-heure,
23:16 c'est-à-dire à 4 fois son coût de production.
23:18 Si vous regardez le chiffre d'affaires d'EDF,
23:20 j'ai fait ça hier,
23:21 regardez qu'entre 2010 et 2019,
23:24 le chiffre est à peu près à 75 milliards d'euros par an,
23:26 l'an dernier, il passe à 150 milliards d'euros par an.
23:29 Donc on voit la déconnexion totale
23:31 entre le prix de l'électricité
23:33 et son coût de production.
23:34 Il suffit de regarder le chiffre d'affaires d'EDF.
23:36 Et aujourd'hui, Luc Rémond,
23:38 je rappelle que je ne sais pas si c'est la personne
23:41 la mieux placée, la plus passionnée par le service public,
23:44 puisqu'il était quand même dans une banque d'affaires
23:47 à s'occuper de la vente d'Alstom à Général Electric.
23:50 Donc je ne sais pas si c'est sur lui qu'on peut compter.
23:52 - C'est-à-dire qu'il y a un mélangé genre pour vous ?
23:55 - C'est pas que c'est un mélangé genre,
23:56 c'est que je ne sais pas si c'est la personne
23:58 qui est la plus animée par l'intérêt supérieur de la nation.
24:02 - Vous l'accusez un petit peu entre les lignes en tout cas.
24:04 - Je ne l'accuse pas entre les lignes.
24:06 Je ne me suis pas occupé de la vente d'Alstom à Général Electric.
24:10 - Nicolas Méhian, ingénieur sur les sujets du transport et de l'énergie,
24:14 conférencier Loïc Lefloch, prégeant industriel.
24:16 Un grand merci d'avoir été avec nous ce matin sur Sud Radio.
24:19 C'était important aussi de revenir sur cette question-là,
24:22 alors que le prix de l'électricité augmente de nouveau aujourd'hui,
24:25 plus 10%.
24:26 Un grand merci pour vos précisions,
24:29 votre éclairage sur cette question.
24:31 Et puis merci pour votre effort aussi de pédagogie.
24:33 On sait que c'est important aussi sur des sujets aussi techniques.
24:36 Merci à vous et bonne journée.