• l’année dernière

Visitez notre site :
http://www.france24.com

Rejoignez nous sur Facebook
https://www.facebook.com/FRANCE24

Suivez nous sur Twitter
https://twitter.com/France24_fr#

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Je me tourne vers ma gauche. Notre invité est avec nous en plateau.
00:03 Bonjour Nicolas Normand.
00:04 Bonjour.
00:05 Vous êtes ancien ambassadeur de France au Mali et au Sénégal notamment.
00:08 Vous avez fait d'autres pays de la région.
00:09 Mais je vais citer ces deux-là.
00:11 Vous connaissez donc bien la région.
00:13 On évoquait la CDAO rapidement avec notre chroniqueur international.
00:18 Est-ce que cette forme de pression, en tout cas dans les mots de la CDAO,
00:21 qui est assez inédite, il faut quand même l'avouer,
00:22 est-ce que ça peut fonctionner aller contre les poutchistes au Niger ?
00:25 Alors il faut rappeler que ça a fonctionné déjà dans le passé,
00:29 notamment au Mali en 2012 pour faire partir le poutchiste Capitaine Sanogo
00:34 et d'autre part plus récemment en 2017 en Gambie.
00:37 C'était le dictateur Yahya Jammeh qui ne reconnaissait pas
00:41 le résultat des élections présidentielles qu'il avait battues.
00:44 Alors donc ça peut fonctionner, surtout parce que le Niger est très pauvre,
00:49 très enclavé, a absolument besoin d'une aide internationale économique,
00:53 financière et aussi militaire en pratique.
00:56 C'est pour ça que le président Bazoum avait développé ces partenariats.
01:00 Maintenant ces partenariats risquent d'être interrompus
01:02 si le président Bazoum n'est pas rétabli.
01:05 Et donc la situation devient instable pour les poutchistes eux-mêmes.
01:08 C'est-à-dire que les poutchistes sont menacés peut-être plus par les mois qui viennent
01:13 que par un risque d'intervention militaire de la CDAO,
01:17 à laquelle je ne crois pas beaucoup parce que ça serait très difficile techniquement,
01:21 militairement, ça risquerait d'être une opération sanglante également.
01:25 Donc c'est plutôt les pressions économiques, financières qui vont jouer.
01:31 Cela étant, le scénario à craindre, c'est que les sanctions soient à double tranchant,
01:36 renforcent le soutien populaire auprès de la jeune,
01:39 et donc qu'on soit dans un scénario de dégradation de la situation.
01:43 – Est-ce qu'on parle toujours d'intervention militaire ?
01:45 La CDAO, vous l'avez dit, une intervention militaire qui peut être difficile en tout cas à mettre en œuvre.
01:50 Est-ce que côté occidental, est-ce qu'une intervention militaire française,
01:54 cette fois, pour l'instant le président Macron semble l'avoir écarté,
01:57 mais est-ce que c'est toujours possible une intervention militaire ?
01:59 – Alors le président Macron avait laissé entendre que c'était peut-être possible
02:02 sans le dire explicitement, mais madame Colonna l'a exclu clairement.
02:05 Donc, et à juste titre à mon avis, il ne faut surtout pas que la France fasse une opération militaire.
02:10 Ça serait décrédibiliser le président Basseau lui-même,
02:13 ça serait rappeler tous les relents de France-Afrique,
02:16 il y aurait des réactions très négatives partout.
02:19 – Un mot également, notre chroniqueur Bilal Tarabel évoquait à l'instant
02:22 cette forme de contagion des coups d'État dans la région.
02:25 Il y a eu le Mali, il y a eu le Burkina Faso, maintenant le Niger,
02:28 tous dans la même zone, la zone dite des trois frontières
02:30 qui est très propice à une forte activité djihadiste.
02:33 Est-ce que c'est ça finalement le nœud du problème ?
02:35 Est-ce que ce n'est pas là finalement cette incapacité des États
02:38 et des gouvernements sur place à régler ces problèmes-là
02:41 qui ne les affaiblissent pas finalement ?
02:42 – Vous avez raison, cela étant, cette contagion elle est due aussi
02:44 à la faiblesse des réactions de la CDAO lors des précédents coups d'État.
02:49 Donc maintenant, ils se disent qu'il faut être un peu plus ferme
02:51 parce que les chefs d'État démocratiquement élus dans la région
02:54 sont menacés finalement si on ne punit pas en quelque sorte,
02:57 si on ne sanctionne pas les poutchistes.
02:59 Maintenant, il est évident que personne n'a une solution rapide
03:03 au problème du terrorisme djihadiste qui se répand dans toute cette région.
03:08 Mais l'instabilité due aux coups d'État aggrave la situation.
03:12 Ça bénéficie aux djihadistes naturellement.
03:14 Et la crise actuelle au Niger va avoir pour conséquence,
03:17 quelle que soit l'issue, une incitation des djihadistes
03:23 à conquérir plus de territoires.
03:24 Déjà, la France semble avoir suspendu sa coopération militaire
03:28 et les militaires français vont se retirer
03:30 si Bazoum n'est pas rétabli dans ses fonctions.
03:33 Et donc, on va vers un scénario de décrochage sécuritaire
03:37 et d'aggravation de la situation à la fois économique et militaire sécuritaire
03:42 avec une amplification du terrorisme dans la région.
03:45 On a vu également dans ces manifestations de soutien aux pouchistes à Niamey,
03:49 on a vu des drapeaux russes une fois de plus dans la région.
03:51 Ce n'est pas nouveau, c'était déjà le cas également au Mali.
03:54 Est-ce que d'une certaine manière, la Russie, par le truchement de Wagner notamment,
04:00 pourrait profiter de cette situation pour également renforcer son influence dans le pays ?
04:04 Alors oui, mais le plus grave, ce n'est pas cela de mon point de vue.
04:07 Le plus grave, c'est la menace djihadiste.
04:09 Cela étant, les Russes vont profiter par opportunité de la situation.
04:14 Mais le Niger n'a pas beaucoup de ressources à offrir.
04:16 Wagner est payant, les Russes vendent leurs armes.
04:20 Il n'y a pas énormément de ressources naturelles à exploiter
04:22 parce que l'uranium, c'est un peu compliqué
04:25 et on voit mal les Russes immédiatement l'exploiter.
04:28 Donc, les Russes vont un peu hésiter aussi.
04:30 Donc, ils vont essayer d'exploiter la situation contre la France,
04:34 contre les pays occidentaux,
04:35 mais eux-mêmes ne peuvent pas s'investir lourdement au Niger.
04:39 Un mot également avec vous, Bilal.
04:41 Oui, j'ai peut-être une question pour vous.
04:43 Comment vous interprétez le fait que ces manifestants brandissent des drapeaux ?
04:49 Est-ce que ce n'est pas plus un message contre la France qu'un appel ?
04:55 Oui, vous avez tout à fait raison.
04:57 Ce n'est pas du tout un appel à la Russie.
04:59 Poutine se présente comme l'ennemi de l'Occident
05:01 et ces manifestants sont des gens anti-occidentaux.
05:05 Ce sont souvent des jeunes sans emploi,
05:07 qui n'ont pas de perspective, qui sont un peu désespérés.
05:10 Donc, ils se retournent à la fois contre le régime précédent
05:13 et contre le partenaire principal de ce régime.
05:15 Donc, c'est un peu l'affaire de bouc émissaire.
05:18 Merci à tous les deux d'avoir répondu à nos questions.
05:21 Merci à vous, Bilal, notre chroniqueur international.
05:23 Et surtout, merci à vous, Nicolas Normand,
05:24 d'être venu jusqu'ici ancien ambassadeur, je le rappelle,
05:26 de France au Mali et au Sénégal notamment.
05:29 Et pour être tout à fait complet, je précise que,
05:30 vous le savez peut-être, la France avait mis en place
05:33 une opération d'évacuation de ses ressortissants
05:35 et également de personnes de ressortissants étrangers.
05:39 Sébastien Lecornu mit des armées à annoncer la fin de ces opérations.
05:42 Un peu plus de 1 000 personnes au total ont donc été rapatriées.
05:46 Voilà donc ce que l'on pouvait dire sur la situation au Niger.
05:49 Dans l'actualité également, c'est...

Recommandations