• l’année dernière
Kailey Rise a connu une enfance des plus traumatisantes. Un jour, alors qu'il jouait avec l'un de ses amis à l'âge de 7 ans, sa mère a surpris les deux enfants se faisant un bisou sur la bouche. Si pour lui il ne s'agissait que d'un jeu innocent entre deux enfants, pour sa mère son fils était "possédé par le démon de l'homose*ualité". Elle a donc décidé de consulter un prêtre pour entamer de lourdes séances d'exorcisme, qu'elle fera subir à son enfant durant 5 ans. Mais lorsque Kailey s'est rendu compte de son homose*ualité à l'âge adolescent, il a tenté de la refouler, jusqu'à vivre dans l'ombre et dans le mensonge. Aujourd'hui adulte, il s'assume auprès de sa famille avec qui il a rompu tous contacts et il a décidé de faire entendre son récit pour dénoncer les "thérapies de conversion" subies par de nombreux.ses jeunes hommes et jeunes femmes en France.

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Amusant
Transcription
00:00 J'ai vécu une thérapie de conversion de mes 7 ans à mes 12 ans.
00:03 Petit garçon de 7 ans, à l'école, j'étais un petit peu extraverti, un petit bout en train.
00:08 Un soir, je décide de faire venir dormir un copain de classe à la maison.
00:13 Tard le soir, devant la télé, je sais pas pourquoi, on décide de se faire un bisou.
00:16 Et là, ma mère nous surprend.
00:17 Pour elle, c'était une scène d'horreur.
00:19 Elle s'est mise par terre, elle a commencé à pleurer, à dire "pourquoi tu me fais ça, non, mon fils..."
00:24 Moi du coup, je comprenais pas trop ce que je venais de faire.
00:28 Très rapidement, elle qui est très religieuse, elle décide d'emparer son pasteur.
00:32 Elle me diagnostique comme étant possédé.
00:34 Possédé du démon de l'homosexualité.
00:36 Depuis tout petit, on dit que tout le monde est possédé de si, de sa infidélité.
00:40 Dès qu'il y a un truc qui n'allait pas dans ta vie, t'étais possédé par un démon.
00:43 Du coup, pour ça, ma mère, elle décide de m'emmener à des veillées de prière tous les vendredis soirs.
00:47 Ça se passe entre 23h et 5-6h du matin.
00:50 Il y a un thème particulier à la soirée, on lit des passages bibliques reliés à ces thèmes-là.
00:55 On chante, on mange, on lit la parole de Dieu.
00:59 On m'interdisait de dormir.
01:00 Fallait que je sois éveillé et que je boive toutes ces paroles-là.
01:04 Et tous les dimanches, on m'emmenait à l'église.
01:06 J'avais plus le droit d'aller dormir chez des amis, plus le droit d'aller en colonie de vacances.
01:10 Quand je sortais des écoles, fallait que je rentre tout de suite.
01:12 J'avais plus le droit d'aller au centre-à-air ou même rester un petit peu dehors jouer.
01:15 C'était maison, école, maison, école, maison, école.
01:17 J'avais pas trop mon mot à dire.
01:18 J'étais un petit enfant qui écoutait ce que ses parents lui disaient de faire.
01:21 Donc je le faisais.
01:22 J'ai décidé d'intensifier un peu plus la thérapie de conversion en y ajoutant des périodes de jeûne.
01:26 Une période de jeûne, ça va de 1 à 5 jours.
01:28 Il y a des jeûnes où tu n'as le droit ni de manger ni de boire.
01:30 Ou il y a des jeûnes où tu dois manger que des légumes.
01:32 Leur but, c'était d'affaiblir le démon de mon solitaire moi.
01:37 Pourquoi ? Parce qu'après chaque période de jeûne, justement, je subissais un exorcisme.
01:42 Grossièrement, souvent, j'étais posé dans une pièce à huis clos avec un de mes deux parents
01:47 ou mes parents ou avec un pasteur ou d'autres personnes dites religieuses.
01:51 Ils me posent les mains dessus, ils disent la parole de la Bible.
01:54 Ils disent "laisse ce corps, tu n'as rien à faire là, sors de là, c'est un petit garçon", etc.
01:58 Donc ça, ça s'intensifie vers mes 11-12 ans.
02:02 Et là, le pasteur de mes parents, il leur dit "oui, je connais un pasteur qui vient du Honduras,
02:07 qui s'y connaît pour déshomosexualiser les gens.
02:09 En plus, il vient à Paris, il y a une grande conférence, etc.
02:12 Il faut y aller, il faut y aller, il faut y aller".
02:13 Il a un micro, il y a un traducteur parce qu'il parle espagnol.
02:15 Vraiment la big conférence quoi.
02:17 Et là, je rentre dans la pièce.
02:18 Et là, il me fixe devant tout le monde et il me dit "toi, t'es le démon de l'homosexualité, viens".
02:23 Et là, il me dit "on va prier pour toi, déshabille-toi".
02:26 Je me déshabille, je me rends le caleçon.
02:28 Il me dit "non, non, t'enlèves tout".
02:29 Et là, j'enlève tout et en fait, je cache mon petit sac, je suis comme ça.
02:33 Il me dit "non, non, tu mets les mains en l'air".
02:35 Du coup, horrible, je ferme les yeux, je mets les mains en l'air.
02:37 Et là, il commence à vociférer, à être hyper virulent, en mode "ouais, t'es mon démon, lâche-le,
02:43 lâche-le, t'as rien à faire là".
02:46 Et puis, il me tenait, il me secouait un peu.
02:48 Sur la fin, il prend des poignées de sel et il me les lance dessus.
02:51 On dirait que ça va faire fuir le démon.
02:53 Et il dit une phrase, il dit "toutes les personnes dans l'assemblée qui veulent prier pour lui, venez".
02:57 Et du coup, je ne pourrais pas dire combien de personnes sont venues
02:59 parce que pendant tout le long, j'avais les yeux fermés, j'entendais que ça se passe.
03:02 Il me dit "ouais, c'est bon, tu peux te rhabiller".
03:03 Je me rhabille et je rejoins ma mère tout au fond.
03:06 Je crois que c'est la première fois où je pleure.
03:09 Où je pleure parce que je me sens humilié.
03:11 À la fin, il y a plein de gens qui viennent voir ma mère et qui lui disent
03:15 "oh ma pauvre, ta famille a été maudite".
03:17 Je ne dis rien et en repartant, je dis à ma mère "mais pourquoi ?".
03:21 Ok, il s'est passé ce qui s'est passé, mais c'est vous qui l'avez ébruté.
03:24 Donc là, toutes ces paroles-là, te sentir humilié par les autres, etc.
03:28 Quand moi je mets l'édiction, c'est toi qui l'as voulu.
03:29 En soi, moi je subis tout ça, mais je ne le fais pour rien.
03:31 J'ai commencé à aimer les garçons, enfin j'aimais les garçons.
03:33 Ça s'est révélé, c'était un fait.
03:36 Je le savais, mais je ne l'ai jamais dit.
03:38 Dans le sens où, ok, on part sur la loi des mots de vous, sexualité, etc.
03:42 Ils veulent dire que je suis possédé, mais au final, moi j'aime bien.
03:44 Suite à ça, on rentre.
03:46 Là, il y a comme une fissure entre mes parents et moi.
03:50 Depuis le début, je suivais gentiment, sans faire de bruit, sans faire de vague,
03:54 parce que je me suis dit "c'est la suite logique des choses".
03:57 En soi, ils veulent peut-être mon bien, sauf que j'ai pris de l'âge,
04:00 j'ai compris certaines choses, je me suis affirmé dans mes goûts,
04:03 dans mon homosexualité, et je me suis dit "non, c'est pas normal".
04:07 Si mes parents, c'est les personnes qui sont censés le plus m'aimer sur Terre,
04:11 ils me font subir ça, qu'est-ce qui va devenir de moi ?
04:15 Et surtout, c'est quoi la prochaine étape ?
04:17 Parce que dans ma tête, je sais pertinemment que je ne vais pas aimer les femmes.
04:20 Je le sais, mais je ne peux pas leur dire.
04:22 Du coup, je me dis "qu'est-ce que je fais ?"
04:24 Suite à ce gros événement-là, il y a eu une dernière séance où j'ai eu vraiment très peur,
04:28 parce qu'habituellement, j'ai toujours dit "dans cette salle-là,
04:31 il y a toujours soit un de mes deux parents,
04:33 et leur pasteur, et d'autres personnes dites religieuses,
04:35 parce qu'à la fin de l'église, on me met dans une pièce,
04:37 il n'y a pas mes parents, il n'y a pas le pasteur de mes parents,
04:40 et il y a des gens que je ne connais pas."
04:41 Là, on m'attache les pieds, les mains.
04:43 Du coup, là, dans ma tête, ça fait un tour, et puis je me dis "ok,
04:46 bon, là, tu vas mourir, clairement."
04:48 Tout de suite, je pleure.
04:50 J'ai les yeux fermés, mais je pleure.
04:51 Il me voit pleurer, et il dit "les gars, je crois que ça fonctionne."
04:55 Et moi, je me dis "ah, ok, bah, continuons."
04:58 Tout bêtement, là où je pleurais vraiment,
05:00 j'étais en larmes, je commençais à avoir des sanglots,
05:02 et je vois qu'ils deviennent, pas plus virulents, mais ils ont plus d'énergie,
05:05 dans leur lecture de la Bible,
05:08 dans leur "oui, le démon, il faut que tu quittes, ça y est,
05:10 t'es à la porte, t'es au pas de la porte, sors, vas-y, c'est maintenant."
05:13 Du coup, tout bêtement, je commence un peu à faire des gros sanglots,
05:17 à trembler, à faire les yeux blancs, vraiment...
05:20 Tout ce que j'ai pu voir dans les films, un peu, je tombe de ma chaise.
05:24 Il y en a un qui sort et qui ramène mes parents,
05:25 et il dit "c'est bon, ça a fonctionné, le démon n'est plus là,
05:28 restez juste vigilants que ça ne revienne pas, etc., mais c'est bon."
05:31 Puis, il y a un poids qui s'enlève,
05:33 parce qu'en fait, je comprends que ça y est.
05:35 Si je reste dans les clous, c'est bon, je suis tranquille.
05:39 Là, bizarrement, je récupère une aire hyper aimante,
05:42 hyper talent, hyper attentionnée,
05:44 mais en fait, je suis mal à l'aise avec ça,
05:46 parce que je me dis que ce n'est pas qui je suis qu'elle aime,
05:48 ce n'est pas ce qu'elle veut de moi.
05:51 Et puis même, il y avait tellement eu une cassure avant.
05:53 Mais au final, pour cette tranquillité-là,
05:55 on va dire que j'ai fait l'hypocrite avec ma famille, avec moi-même.
05:59 Je me suis rejeté pendant toutes mes années collège, mes années lycée.
06:03 Je ne savais pas ce que j'avais vécu toutes ces années-là.
06:05 J'ai commencé une chaîne YouTube, comme ça,
06:07 et je vois un documentaire où quelqu'un qui dit
06:11 « Si j'étais petit et que j'avais vu une personne qui me ressemblait à la télé,
06:15 je l'aurais mieux vécu ».
06:16 Je me suis dit « Oui, peut-être que tant que je raconte mon histoire,
06:19 peut-être que quelqu'un va tomber dessus et va se dire
06:21 « C'est ce que je vis, c'est tout à fait normal, donc je peux être tranquille.
06:24 Je raconte mon histoire. »
06:25 Et là, j'ai de la presse, plusieurs journaux qui me contactent,
06:29 thérapie de conversion et tout.
06:30 Je me suis dit « Qu'est-ce que c'est ça ?
06:31 Je n'ai pas vécu de thérapie de conversion.
06:33 Mais si, c'est ça, c'est ça, c'est ce que tu as vécu. »
06:36 Là, on mange une vague, une claque de tout ce qui remonte,
06:40 plein de trucs de souvenirs que j'aurais aimé oublier, ça remonte.
06:43 Et je me dis « Ah, en fait, je le vis encore. »
06:46 Du coup, je fais deux, trois médias,
06:48 et une dizaine, une centaine de témoignages qui ne viennent pas sur messages privés.
06:52 Et je me dis « Ah ouais, en fait, ça continue. »
06:54 En fait, ce n'est pas que mes parents qui font ça,
06:56 c'est plein de parents.
06:57 Et ce n'est pas que dans la communauté africaine.
07:00 En fait, l'extrémisme de la religion protestante,
07:04 je pensais que c'était que dans la culture africaine.
07:07 En fait, non.
07:08 Ça venait de partout, et ce n'était même pas forcément à la religion.
07:11 Des fois, j'avais des témoignages où c'était des parents
07:13 qui ramenaient leur enfant voir des thérapeutes
07:14 qui le mettaient sous traitement, sous des pilules, sous testostérone.
07:19 Et là, c'est là qu'on a commencé à mener un peu un combat avec un homonyme à moi,
07:25 où on a commencé à parler plus, ouvrir aux médias,
07:27 faire plein, plein, plein de médias pour essayer de vendre ça.
07:31 Et après, il y a eu la députée, il y a quelques années,
07:33 qui a lancé une loi pour interdire tout ça.
07:35 Mais aujourd'hui encore, la loi, elle ne sert à rien,
07:37 parce que tant que les victimes ne parleront pas,
07:39 tant que les victimes ne se sentiront pas en sécurité pour parler,
07:44 tu peux mettre toutes les lois que tu veux pour interdire ça.
07:46 En soi, il n'y a rien qui garantit leur protection derrière.
07:48 Peu importe l'âge, aller à l'encontre de ces parents,
07:50 il faut avoir une force mentale,
07:52 il faut avoir une capacité de compréhension des choses.
07:55 C'est peut-être pour m'enlever de ma famille,
07:57 me mettre ailleurs, mais est-ce que j'aurais été meilleur là-bas ?
07:58 Est-ce que j'aurais été mieux traité ?
08:00 Aujourd'hui, il y a tellement d'histoires que l'on entend
08:01 sur les enfants placés, enfoyés, etc.
08:04 Un truc que je me souviens très bien,
08:05 c'est quand l'article sur le parisien est sorti,
08:07 le tout premier qui est sorti,
08:09 c'était très dur, parce que pour moi, ça devait être une petite rubrique.
08:12 Au final, je sors, il y a ma photo en 3x4,
08:16 je me dis "Oh putain", avec tout mon histoire,
08:19 donc ça sort, mon entourage,
08:21 l'entourage de mon frère et de ma mère, c'est pareil, leur emploi,
08:24 mon grand frère qui vient, qui m'incendie,
08:26 qui m'insulte, qui me menace de mort,
08:28 et ma mère qui m'appelle, qui m'appelle en pleurs,
08:30 "Pourquoi tu as fait ça ? Mais ce n'est pas du tout ce que tu as vécu."
08:33 Je dis "Bah si, c'est une thérapie de conversion."
08:35 "Mais non, c'est la religion, c'est comme ça."
08:38 Je dis "Non, ce n'est pas la religion, c'est une thérapie de conversion,
08:41 tu as fait des choses pour que je ne sois plus homosexuel."
08:44 Et pour elle, non.
08:45 Pour elle, si elle pouvait me y remettre et recommencer,
08:49 que ce soit avec moi ou un de mes petits frères,
08:50 ou avec un cousin, elle le ferait,
08:53 parce que pour elle, elle ne voit pas le mal qu'il y a dedans.
08:54 Pour elle, elle est tellement à fond dans sa religion
08:57 qu'elle ne voit pas le mal, clairement.
09:00 Au final, on peut dire que mes parents achètent un service.
09:02 Pour moi, les thérapies de conversion, ça reste et ça restera toujours pour du business.
09:06 Pour moi, ce sont des gens qui se servent de la religion,
09:07 qui se servent de la médecine, et c'est purement financier.
09:10 C'est-à-dire que tant que les parents qui mettent leur enfant en thérapie de conversion
09:14 et qu'ils ne comprennent pas leur argent, ça ne s'arrêtera jamais.
09:17 Parce qu'aujourd'hui, parmi les centaines de témoignages que j'ai reçus
09:20 de personnes qui ont subi une thérapie de conversion,
09:23 zéro.
09:23 Il n'y en a aucun qui est devenu hétéro.
09:25 Donc si ce n'est pas de l'argent, c'est pourquoi.
09:27 Parce que même les gens qui font subir ça,
09:28 ils savent que ça ne marche pas.
09:30 À un moment donné, il faut que ça arrête.
09:33 Mes parents étaient capables de donner à l'Assemblée,
09:35 à l'église protestante,
09:38 apparemment peut-être 5 000 euros.
09:39 Mais rien que pour faire fonctionner l'administration, etc.
09:43 Pour moi, mes parents étaient tellement aveuglés par ça
09:47 qu'ils ont donné des milliers d'euros.
09:49 J'en suis persuadé.
09:50 Aujourd'hui, beaucoup de mon entourage te le dira,
09:52 quand il me voit avec ma mère,
09:54 ou même quand je suis au téléphone avec elle,
09:56 c'est une relation de moi avec quelqu'un de mon niveau.
09:59 Tu vois, pour moi, il n'y a plus ce truc mère-fils.
10:03 Il n'y a plus d'amour.
10:05 Parce que pour moi, j'estime qu'il ne mérite pas mon amour.
10:08 Donc voilà.
10:08 Et c'est comme ça que s'est terminé plus ou moins tout ça.
10:12 Quand je suis sorti de tout ça,
10:13 et que je me suis affirmé, etc.,
10:14 vraiment là, j'ai commencé à vivre mon homosexualité
10:19 comme je l'entendais, de manière tout à fait normale.
10:21 Les premières années, c'est dur.
10:22 Je ne peux pas dire que je ne m'assume pas,
10:23 mais je ne me dis pas.
10:24 Et du coup, c'est quand même resté cette petite carapace-là
10:27 jusqu'à peut-être mes 20 ans, 21 ans, on va dire.
10:32 Peut-être un ou deux ans plus tard,
10:33 quand je me met en couple avec mon premier copain.
10:35 J'ai mis du temps parce que...
10:37 Bon, je faisais quand même des choses en secret
10:39 pendant mes années d'adolescence, etc.
10:41 Et dès que je vois que le mec commence un peu à s'attacher
10:44 ou que moi, je commence un petit peu à bien l'aimer et tout,
10:46 je le bloque.
10:47 Je me dis non, ce n'est pas possible.
10:49 Du coup, c'était comme ça jusqu'à...
10:51 Parce que je rencontre mon premier petit copain.
10:53 Je devais avoir 21 ans, 22 ans à l'époque.
10:56 Au début, c'était difficile parce que je voyais que je l'aimais bien.
10:58 Je voyais qu'il m'aimait bien.
10:59 Je me dis, ça y est, tu as ton appart.
11:03 Tu n'es plus à la maison, vas-y, let's go.
11:04 Du coup, on se voit ensemble.
11:07 Sauf que lui aussi, il était dans le placard grossièrement.
11:11 Il n'écoute pas out.
11:13 Personne dans son entourage le savait.
11:14 Amis, famille, personne ne le savait.
11:16 Moi non plus.
11:17 Mais je ne sais pas, j'ai une pulsion et...
11:19 Je prends mon téléphone, je suis sur une story Snapchat
11:21 et je me dis, écoutez, je ne vous ai même pas écouté,
11:22 c'est mon mec.
11:24 Un truc tout con, genre, bébé.
11:26 Et je poste ça.
11:27 Et là, bizarrement, tous mes amis collèges me disent,
11:30 mais on savait, trop bien, etc.
11:33 3 euros et tout.
11:34 En fait, tout le monde le voyait.
11:35 Aujourd'hui, avec le recul, clairement.
11:37 Quand je vois des vidéos, bah oui, qu'on voyait.
11:40 Et du coup, suite à ça, j'envoie un message à ma mère
11:43 et je lui dis, j'ai rencontré quelqu'un.
11:46 Et elle tout de suite, super, elle est de quelle origine ?
11:49 Elle s'appelle comment ?
11:50 Elle a quel âge ?
11:51 Elle a fait quoi dans la vie ?
11:52 Tu veux se tromper ?
11:53 Il s'appelle, il fait ça dans la vie, il a tel âge.
11:56 Et là, elle me dit, ah, c'est revenu.
11:58 Tu aurais dû me dire qu'on puisse recommencer.
12:00 Je dis, quoi ?
12:01 Je dis, non, mais ce n'est pas que ce n'est jamais revenu,
12:02 c'est jamais parti.
12:03 Tu as toujours été en moi, c'est moi.
12:04 Enfin, c'est du...
12:05 Ah, mais c'est contre nature, c'est contre ma religion.
12:08 Mais tu es mon fils, je pense que je t'aime.
12:11 Je veux dire, mais de toute façon, ma vie, elle est comme ça,
12:13 je vais la mener comme ça, tu es contente.
12:15 Tu fais partie de ma vie, tu n'es pas contente, basta.
12:16 Elle me dit, ah non.
12:18 Du coup, je la bloque, elle, mon père, je bloque tout le monde.
12:21 Plus aucun contact avec eux.
12:22 Tout de suite, après la fin de tout ça, où j'ai commencé à me rejeter, etc.,
12:27 je suis tombé dans les troubles alimentaires.
12:29 Donc, la boulimie.
12:31 Je me voyais énorme, tout le temps énorme.
12:33 Je me voyais obèse, vraiment, je me voyais comme le garçon le plus gros,
12:35 le plus moche, etc.
12:37 Et quand je regarde les photos d'aujourd'hui, je me dis, mais putain,
12:39 mais j'étais tout mince.
12:39 Et ça, jusqu'à très, très, très longtemps.
12:42 Du coup, c'est aujourd'hui des trucs où, dans des situations où il va y avoir
12:46 énormément de monde, où les premières heures, les premiers moments,
12:49 les premiers instants, je vais me mettre dans mon coin.
12:50 Je me dis, ah, je ne t'ai pas remarqué.
12:53 Alors qu'il n'y a pas de mal.
12:54 Du coup, il y a plein de trucs comme ça, des petites voix qui reviennent,
12:58 ou même des mots, des mots qui me font flashback,
13:03 genre quand j'entends le mot malédiction.
13:05 Je reviens à tout ce que j'ai vécu, comment les gens m'ont perçu pour ma famille.
13:07 Ça a été horrible.
13:09 La grosse répercussion, ça a été, ouais, être en alimentation,
13:12 et puis vraiment faire le yo-yo, la boulimie.
13:16 C'était horrible.
13:17 Aujourd'hui, je suis heureux parce que je pense qu'avec mon histoire,
13:19 j'ai toujours su faire les bons choix d'amitié, m'entourer des bonnes personnes,
13:24 des personnes qui m'aiment pour le couvre-en, pour qui je suis,
13:27 pas pour ce qu'elles veulent faire de moi.
13:28 Aujourd'hui, je partage ma vie avec quelqu'un qui m'épaule énormément,
13:32 qui m'a redonné foi au fait qu'on puisse m'aimer pour qui je suis
13:37 et qu'on puisse autant m'aimer pour moi.
13:40 Aujourd'hui, je suis très bien.
13:41 Je suis vraiment bien.
13:42 J'ai été longtemps bloqué dans cette phase où je m'aimais tellement moi
13:46 pour dire non à toutes ces années-là,
13:49 que je passais outre l'amour que j'en pouvais m'apporter.
13:52 Et je considérais pas l'amour des gens.
13:54 Mais aujourd'hui, j'ai compris, je le vois et j'accepte.
13:57 C'est surtout ça, j'accepte l'amour que j'en peux me donner, me porter.
14:00 Aux victimes de terapie de crémation aujourd'hui ou qui l'ont été,
14:04 parlez, ça fait énormément de bien.
14:06 Créez-vous un espace sain, un environnement sain, un entourage sain
14:10 pour pouvoir rebondir et aller mieux.
14:13 Moi, c'est ce qui m'a aidé à pas sombrer dans mes pensées les plus sombres.
14:16 Donc je pense que c'est vraiment la clé.
14:18 Parlez et se trouve un environnement sain.
14:23 Ne pas essayer de récupérer l'amour de ses parents.
14:25 Non, faut pas leur en vouloir.
14:27 Je vais finir là par ça, faut pas leur en vouloir.
14:30 Ils sont juste en détresse.
14:32 C'est tout ce que j'allais dire.
14:32 Moi, j'ai mis du temps à comprendre qu'il fallait pas que leur en veuille.
14:36 Si je voulais sortir de tout ça, que ce soit derrière moi et grandir,
14:41 je suis genre, la vie elle est courte, ça sert à rien d'avoir des regrets.
14:43 C'est tout, c'est comme ça, ça s'est passé comme ça, OK, accepte-le.
14:47 Maintenant, qu'est-ce que tu fais pour grandir ?

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