Après avoir vécu le pire étant enfant, il a trouvé le pardon

  • l’année dernière
René Luc est né dans une famille de 5 enfants que sa mère élevait seule et a grandi sans son père. Lorsque sa mère rencontre Martial, il semble être la figure paternelle qui manquait à son équilibre, jusqu'au moment où ce début de bonheur se transforme en un quotidien rythmé par les violences. La colère prenant petit à petit le dessus sur sa vie, René Luc va faire une rencontre qui va changer sa vie pour toujours et apaiser le feu qui le nourrissait depuis l'enfance, il est venu nous raconter son histoire.

Merci au Père René Luc pour sa confiance et pour son témoignage.

Son livre "Dieu en plein coeur" est disponible partout !

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Graphisme miniature : Studio Amico

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Amusant
Transcription
00:00 Je m'appelle le père René-Luc, j'ai eu un parcours assez compliqué avec un beau père gangster,
00:06 donc le compagnon de ma mère qui s'est suicidé devant moi lorsque j'avais 14 ans,
00:09 et une rencontre de tueur assez fulgurante quelques temps après.
00:12 Donc c'est assez spécial, faut pas dire original.
00:15 À la naissance de ma petite sœur, notre père est parti.
00:17 Lorsqu'on vit ainsi un peu cet abandon du père,
00:22 moi je nourrissais en moi une certaine haine, c'est malheureux à dire,
00:25 mais je m'imaginais plus grand retrouver mon père et lui mettre une balle dans la tête.
00:30 Très simplement, je suis choqué de moi-même quand je repense à cette enfance-là,
00:33 mais j'étais habité par ça, par cette haine, je ne comprenais pas qu'un père puisse m'abandonner.
00:38 Donc ma mère avait 27 ans, pour élever 5 enfants,
00:41 vous pouvez bien imaginer que situation compliquée, on a connu pas mal de difficultés,
00:44 on a été même parfois placés dans des foyers de l'ADAS.
00:47 Bref, jusqu'à l'âge de 10 ans, ça n'a pas été simple.
00:49 À l'âge de 10 ans, ma mère rencontre un homme.
00:52 C'est assez incroyable pour moi parce qu'on n'avait jamais eu de figure paternelle à la maison.
00:57 Donc moi je suis très attaché à cet homme.
00:59 Il m'amène, je me rappelle, aux champignons, il m'amène à la pêche,
01:03 il m'offre un chien, un boxeur que j'ai appelé Sultan.
01:05 Et un jour, il me dit cette chose magnifique,
01:07 "Si tu veux René-Luc, je vais te reconnaître, je vais t'adopter, je vais te donner mon nom."
01:10 Waouh, j'étais tellement heureux.
01:13 Quelques mois plus tard, dans la deuxième année où on vivait avec lui,
01:15 cette fenêtre d'espoir s'est violemment refermée.
01:18 Ma mère me dit, dans ce nouveau lycée où tu vas aller,
01:20 "Surtout, ne parle pas de Martial, cet homme avec qui on vit,
01:24 et ne prononce jamais son nom de famille."
01:26 Elle m'apprend qu'il est recherché par la police.
01:28 Cet homme faisait partie du milieu du grand manditisme,
01:30 lié au grand manditisme au milieu marseillais.
01:32 Ma mère en était vraiment très amoureuse.
01:34 Lorsqu'elle a su qu'il était dans ces conditions-là, elle est restée avec.
01:38 Il a commencé à devenir violent, d'abord verbalement.
01:40 Il a commencé à lever la voix sur ma mère.
01:43 Et un jour, il a levé la main sur ma mère.
01:45 Et ça, ça nous a énormément choqués.
01:47 Je me souviens d'un jour en particulier,
01:49 on était tous les cinq en bas, on parlait ensemble, on jouait,
01:51 et on entend la violence, la dispute au premier étage.
01:54 Et mon frère, qui avait 15 ans à cette époque-là,
01:56 se précipite au premier étage pour essayer de défendre ma mère.
02:00 Et quand il arrive là, je le vois passer devant moi,
02:02 je me dis, "Ah, c'est bon, le beau-père,
02:03 il va passer par la fenêtre du premier étage, ça va chauffer."
02:06 Mais en fait, quand il est arrivé, ma mère ne voulait pas
02:08 que son fils confronte cet homme très violent lui aussi.
02:11 Alors qu'est-ce qu'elle a fait ? Elle s'est interposée,
02:13 elle a dit, "Ne te mêle pas de ça, ça c'est entre adultes."
02:15 Et mon frère a été très blessé, très marqué.
02:18 Il est descendu, il est rentré dans notre chambre,
02:20 il y avait son vélo qui était dans notre chambre,
02:22 je ne sais plus trop pourquoi, et avec la pédale de son vélo,
02:26 a cassé un carreau. Et de rage, il est retourné vivre chez son père.
02:29 Et d'ailleurs, mon autre frère l'a suivi.
02:32 Et ce soir-là, c'est beaucoup plus qu'un carreau qui s'est cassé,
02:34 vous savez, c'est vraiment toute notre famille.
02:37 Et là, cet homme avait brisé notre force, en fait,
02:40 l'unité de la famille. Je me souviens que
02:42 lorsque j'ai écrit un livre sur mon histoire,
02:44 vous verrez qu'il y a d'autres passages un peu compliqués dans ma vie,
02:47 mais c'est ce passage-là, l'unique passage, quand je l'ai écrit,
02:50 où j'ai pleuré, en fait. J'ai les larmes qui me sont montées aux yeux
02:53 parce que j'ai réalisé à quel point, des années après,
02:55 le départ de mon frère, de mes deux frères,
02:57 m'avait profondément bouleversé, m'avait profondément marqué.
03:00 Cette violence, elle n'a fait qu'augmenter.
03:02 Un jour, je vois ma mère sortir la main sur le ventre,
03:05 elle était pâle, elle n'allait pas bien.
03:06 Martial la suivait, alors qu'il ne sortait jamais en plein jour.
03:09 Elle me répond, je vais à l'hôpital, je me suis blessé.
03:11 En faisant la cuisine, en fait, il lui avait planté
03:13 un coup de couteau de cuisine, un petit coup de couteau sur le côté,
03:17 ce n'était pas très grave, mais quand même,
03:18 aujourd'hui, un coup de couteau, demain, ça aurait été quoi ?
03:20 Et donc, à partir de là, on a essayé de chercher comment fuir cette situation.
03:24 On a réussi à fuguer, mais il nous a retrouvés.
03:26 Dans ce genre de milieu, vous ne pouvez pas quitter comme ça la barque.
03:29 C'est assez compliqué. Et puis, il a été arrêté par la police.
03:32 Soulagement et à la fois, fidélité.
03:34 Ma mère n'a pas voulu l'abandonner.
03:36 Moi, j'étais un peu partagé quand même.
03:37 Je me disais, est-ce que ce n'est pas l'occasion de fuir, de partir loin ?
03:40 Mais ma mère décide de le soutenir.
03:42 Et je me rappelle, elle me dit, René-Luc, lorsque Martial va sortir de prison,
03:45 tu verras, il sera reconnaissant.
03:47 Il nous remerciera, donc il va changer.
03:49 Alors, pendant un an, je me rappelle, c'était le jeudi après-midi,
03:52 j'allais souvent à la prison accompagner ma mère pour visiter Martial.
03:55 À la sortie de prison, il était devenu encore pire.
03:57 Plus de violence verbale, encore plus de violence physique.
04:01 Et de nouveau, les fugues.
04:02 Ma mère m'a placé dans un foyer pour caractériser l'anime.
04:05 Et elle, elle est partie se réfugier dans un hôpital.
04:07 Mais sur le chemin entre le collège et le foyer,
04:11 j'ai une main qui se pose sur mon épaule, je me retourne.
04:14 Et là, je suis glacé.
04:15 J'ai peur, c'est Martial.
04:16 Je n'avais pas peur de sa violence, mais j'avais peur de sa mamie sur notre famille.
04:20 Et là, il me dit, fais venir ta mère.
04:23 Donc, j'étais un peu obligé, donc ma mère est venue le soir.
04:25 Ça s'est très mal passé.
04:26 Il a frappé avec la crosse de la carabine qu'on avait à la maison.
04:30 Il a cassé plusieurs côtes.
04:31 Ma mère était vraiment salement amochée.
04:33 Du coup, je l'ai amenée le matin, au petit matin, à l'hôpital
04:36 pour qu'elle fasse des radios. Et après, d'elle-même, elle m'a dit,
04:38 René-Luc, on ne peut plus continuer comme ça.
04:40 On est obligé de se mettre sous la protection de la police.
04:42 Quelques semaines ont passé et puis, il est revenu.
04:45 Mais ma mère n'a pas appelé les flics.
04:46 Je me rappelle très bien, c'était un soir de novembre.
04:48 J'avais 13 ans à peu près.
04:49 Je me penche à la fenêtre, je vois que c'est lui.
04:51 Elle décide d'aller lui parler.
04:52 Alors, moi et mon frère, on les voit se parler,
04:54 mais on n'entendait pas ce qu'ils se disaient.
04:55 Mais on voyait que ma mère, elle était un peu prudente.
04:58 Et puis, elle remonte. Alors, on se précipite vers elle.
05:00 Et là, elle nous dit, c'est vraiment bizarre.
05:02 Il est venu nous dire adieu.
05:03 Elle n'a pas le temps de finir sa phrase.
05:05 On entend une violente détonation, un coup de feu.
05:07 Je me penche à la fenêtre et là, je vois une flaque de sang
05:10 le long de son corps, le revolver sous sa cuisse.
05:13 Il s'était tiré une balle en plein cœur.
05:14 Et donc, on s'est précipité vers lui, bien sûr.
05:16 Et il regardait ma mère dans les yeux.
05:17 Il lui disait, ce n'est pas de ta faute.
05:19 Et là, il s'est éteint. Il s'est éteint devant nous.
05:22 C'était bizarre ce que je ressentais parce que
05:24 j'étais à la fois complètement bouleversé,
05:26 mais à la fois, j'étais un peu un dieu à cuire.
05:28 C'est-à-dire que, ouais, il fallait affronter tout ça.
05:31 Et donc, je me suis plutôt endurci plutôt qu'attendri
05:34 suite à ce suicide. Et dans les semaines qui ont suivi,
05:36 vous savez, moi, ce qui m'intéressait à cette époque-là d'adolescence,
05:38 c'était la moto, c'était les filles.
05:41 Et au mois de février 1980,
05:44 donc quelques mois après le suicide,
05:45 un jour, je n'étais pas rentré.
05:46 Ça faisait trois jours, trois nuits que je ne rentrais pas.
05:48 Et là, ma mère était très énervée.
05:50 "Tu étais où ?" "Évidemment, j'étais chez mes copains et chez mes copines."
05:53 Mais je n'avais pas envie de lui répondre.
05:54 Je disais, "Ça ne te regarde pas, je fais ce que je veux."
05:56 Et là, ma mère, très énervée, "Non, ça suffit."
05:58 "Bien sûr que ça me regarde, je suis ta mère quand même."
06:00 Et là, je lui réponds un truc du style, "C'est ça le problème,
06:02 c'est que tu es ma mère."
06:03 Je rentre dans l'ascenseur et ma mère me crie dessus.
06:05 Et là, je me vois faire ce geste.
06:07 Je m'en veux encore aujourd'hui, mais c'était...
06:10 Je ne dirais pas malgré moi, mais c'est venu comme ça.
06:12 J'ai pris ma mère par le col de la chemise.
06:15 Je l'ai plaqué contre la paroi de l'ascenseur.
06:17 Je lui ai dit, "Toi, tu me fous la paix, sinon je t'explose."
06:21 Et je vois le regard de ma mère, le regard d'une femme battue.
06:24 Moi, je lui ai hissé, Martial, qui levait la main sur ma mère.
06:27 Et là, j'avais procuré dans le regard de ma mère,
06:31 ce regard, et j'étais devenu celui qui...
06:34 Vous voyez, c'est bizarre.
06:35 On subit le mal et on refait le mal aux autres.
06:37 À ce moment-là, je peux vous assurer que
06:38 s'il n'y avait pas eu un événement qui a complètement bouleversé toute ma vie,
06:42 eh bien, j'aurais pris cette pente logique de la délinquance et de la violence.
06:46 Donc là, je vais avoir bientôt 14 ans.
06:48 Et un soir, ma mère vient me voir.
06:52 Elle me dit, "René, j'ai rencontré une dame
06:55 et cette dame se propose de nous amener tous les deux
06:58 à écouter une conférence à Montpellier,
07:00 une conférence sur comment devenir chef de gang."
07:03 En réalité, ma mère avait rencontré une dame
07:05 et cette dame était très, très château, très croyante, pratiquante.
07:08 Et elle avait dit à ma mère, "Si vous voulez, il y a une conférence à Montpellier
07:12 d'un ancien chef de gang devenu pasteur qui vient raconter sa conversion."
07:16 Mais ma mère ne me l'a pas dit.
07:17 Et là, j'écoute l'histoire de cet homme.
07:18 Comment il a vécu cette vie de violence dans le Bronx
07:20 et ensuite, comment il a rencontré Dieu.
07:22 Et moi, je buvais ses paroles.
07:23 Il y avait tellement de passerelles entre sa vie et ma vie.
07:26 Bien sûr, moi, je n'ai pas tué comme lui de mes propres mains,
07:28 mais enfin, j'ai vécu des choses difficiles.
07:29 Et donc, quand il a parlé de Dieu, c'était comme une évidence pour moi.
07:32 Ce Dieu que lui, il a rencontré, eh bien, je pouvais le rencontrer aussi.
07:35 Il y a quelque chose qui avait changé sa vie,
07:37 ça pouvait changer ma vie à moi aussi.
07:38 Il a dit à la fin de sa conférence,
07:40 "Si il y en a parmi vous qui ne connaissent pas Dieu,
07:43 eh bien, n'hésitez pas à faire un pas vers lui aujourd'hui."
07:46 Concrètement en disant, "Vous descendez du podium,
07:49 de vos gradins, et vous venez devant le podium,
07:51 et moi, je vais prier pour vous."
07:54 J'avais envie d'y aller, et à la fois, j'avais honte.
07:56 J'étais toujours orgueilleux, caïd, quoi, à mon petit niveau, bien sûr.
07:59 Et puis, je ne sais pas, j'étais poussé.
08:01 Là, j'y vais, et là, il se passe quelque chose.
08:04 Je ressens dans mon cœur quelque chose de chouette, de beau, de tendre,
08:08 et une émotion tellement émue que je commence à pleurer.
08:11 Ça ne me ressemblait pas.
08:12 Je peux vous assurer que le jour du suicide de mon beau-père,
08:14 quelques semaines auparavant, je suis à la morgue,
08:17 ma mère étant pleure devant,
08:19 et quand je vois le cadavre de Martial,
08:21 je n'ai pas versé une seule larme.
08:22 Et là, je me retrouve le lendemain,
08:24 enfin, quelques semaines plus tard, devant ce pasteur
08:26 qui prie pour moi, qui prie pour nous,
08:28 et j'ai des larmes qui viennent.
08:30 Au retour de cette soirée, j'étais assez bouleversé,
08:33 Marido se tourne vers ma mère et lui dit,
08:34 "Alors, vous avez aimé ?"
08:36 J'ai dit, "Oui, moi, je veux tout connaître sur cet homme."
08:37 Elle m'a dit, "Sur Nicky Cruz ?"
08:39 J'ai dit, "Non, non, pas sur Nicky Cruz, sur Jésus."
08:41 J'ai commencé à arrêter mes mauvaises fréquentations,
08:44 où il y avait de la drogue, il y avait de la violence, etc.
08:46 J'ai arrêté avec des filles de faire n'importe quoi,
08:48 bon, pas du jour au lendemain, ça a pris un peu de temps.
08:50 J'ai commencé à découvrir un autre univers,
08:52 et bizarrement, dans ma famille, dans ma vie, dans mon cœur,
08:55 beaucoup de choses se sont apaisées.
08:56 Ma mère, évidemment, vous comprenez bien
08:58 qu'elle a été complètement apaisée
09:00 de voir le changement de son fils,
09:02 et elle-même, six mois après moi, elle est rentrée dans la foi.
09:04 Donc, du coup, on pouvait aller prier ensemble,
09:07 c'était chouette, quoi.
09:08 Donc, on est passé d'un fils violent avec sa mère
09:10 à un fils qui prie avec sa mère,
09:12 c'est assez... un gros changement, quand même.
09:14 J'étais un adolescent très dur,
09:16 j'étais assez violent verbalement,
09:17 bien sûr, j'étais plus violent physiquement,
09:20 mais j'avais un sale caractère, quoi.
09:21 Donc, du coup, il faut du temps pour que ça s'apaise,
09:23 ça se fait pas du jour au lendemain.
09:25 Mais entre la violence et la paix, il n'y a pas photo, quoi.
09:28 Pour moi, c'était plutôt un nouveau chemin qui s'ouvre,
09:30 et un chemin plein de cailloux et plein de ronces derrière moi.
09:34 Et un chemin beaucoup plus beau, beaucoup plus simple,
09:36 avec bien sûr, tout n'est pas...
09:37 C'est pas la petite maison à la priérie non plus.
09:39 Enfin, c'est quand même beaucoup plus paisible,
09:41 ça fait du bien d'être dans ce chemin
09:43 où les gens sont bienveillants les uns avec les autres.
09:45 C'est pas non plus le monde des bisounours, je suis d'accord,
09:47 mais c'est un monde où Dieu est présent
09:49 et il nous invite à être artisans de paix, ça, c'est génial.
09:51 Je vous disais tout à l'heure que lorsque j'avais 13 ans,
09:54 j'allais voir mon beau-père en prison.
09:55 Eh bien, à l'âge de 13 ans, ma mère me dit,
09:58 "René-Luc, je vais te parler de ton père.
10:00 Ton père, c'est pas le même que tes sœurs."
10:02 Donc là, j'apprends à l'âge de 13 ans que je suis...
10:05 Pardonnez-moi cette expression,
10:06 mais c'est ce que j'ai vraiment ressenti, le petit bâtard, quoi.
10:09 Celui dont on a caché les origines, voilà.
10:11 Donc je suis assez bouleversé par ça.
10:14 Mais c'était un secret de famille.
10:15 C'est-à-dire que même après ma conversion,
10:17 lorsque j'ai rencontré Nikki Cruz,
10:18 j'étais dans le groupe de prière avec mes amis chrétiens,
10:20 je parlais jamais de ça.
10:21 C'était mon secret.
10:22 Tout le monde croyait que j'avais le même père que mes sœurs.
10:24 D'ailleurs, je portais le même nom que mes sœurs
10:26 puisqu'on avait le nom de notre maman, on n'avait pas le nom de notre père.
10:27 Donc c'était vraiment le secret de famille.
10:29 Les années passent à l'âge de 19 ans.
10:31 Je suis à Saint-Malo, à cette époque-là, pour X raisons.
10:34 Je reçois un coup de téléphone le 25 mai 1985.
10:37 J'ai 19 ans et je reçois ce coup de fil dont je me souviens toujours.
10:40 "Je voudrais parler à René Luc."
10:42 Il dit "Oui, c'est moi."
10:44 Et le gars me dit "Je suis ton père."
10:46 Alors c'est pas Star Wars, c'est pas...
10:48 Même si je m'appelle Luc.
10:49 Et là, je dis "C'est pas possible."
10:51 Il me dit "Est-ce que c'est possible de te parler ?"
10:53 J'y crois pas.
10:54 Il me dit "C'est pas possible que ce soit mon père."
10:55 J'avais aucun... Comment savoir pour le retrouver ?
10:58 Depuis l'âge de 13 ans, je savais qu'il était en Allemagne.
10:59 J'avais aucun moyen de le retrouver.
11:01 Alors je lui demande "Comment vous vous appelez ?"
11:02 Il a dit "Günther."
11:03 Je dis "Oh la vache, c'est vraiment lui."
11:04 Comme c'était un secret de famille, personne ne connaissait son histoire.
11:07 Le gars, il ne pouvait pas l'inventer.
11:08 Donc je lui dis "Ok, pas ce soir, ni demain matin."
11:11 Parce que figurez-vous que le lendemain matin,
11:13 je passais ma dernière épreuve du bac et c'était l'oral d'allemand.
11:16 C'est incroyable.
11:17 Et donc du coup, à l'oral d'allemand, le lendemain matin, je suis un peu stressé.
11:19 Je m'en fiche de cet oral d'allemand parce que je vais voir mon père l'après-midi.
11:22 L'après-midi, je vois mon père.
11:24 J'ai le cœur qui bat la chamade.
11:25 Est-ce que je lui tends la main ?
11:27 Est-ce que je lui fais la bise ?
11:28 Je suis assez bloqué, j'arrive pas à parler.
11:30 Et lui, il parle en fait.
11:32 Il me fait la bise et il me parle.
11:33 Il me raconte qu'il avait rencontré ma mère.
11:35 Il était amoureux mais que c'était une aventure.
11:38 Il était en Allemagne parce qu'il a su qu'elle était enceinte
11:40 mais il n'a rien pu faire, les années ont passé.
11:41 Aucune nouvelle de ma mère. Alors qu'est-ce qu'il fait ?
11:43 Il va à Lourdes.
11:43 Et là, il met un cierge.
11:44 Il demande "Seigneur, fais un miracle, il faut que je retrouve mon fils".
11:47 Et puis il repart à Berlin.
11:48 Les années passent, en 1985, il fait une nouvelle tentative.
11:51 Il se souvenait que ma mère avait des origines à Nîmes,
11:52 son père habitait Nîmes, etc.
11:54 Il rentre dans une église de Nîmes et il dit "Seigneur, aide-moi à retrouver mon fils".
11:56 Il sort de l'église, il marche dans la rue.
11:58 Et par chance, alors que ça faisait 20 ans qu'il avait juste passé quelques semaines avec ma mère,
12:02 il retrouve la maison de mon grand-père.
12:05 Et là, il sonne à la porte et une dame ouvre.
12:07 La nouvelle propriétaire donne le numéro de téléphone de mon oncle
12:10 et c'est comme ça qu'il a pu remonter jusqu'à moi.
12:11 La meilleure façon pour permettre à Dieu de retricoter les mailles de nos vies,
12:15 déchirées par les épreuves de nos vies ou déchirées par nos mauvais choix aussi parfois,
12:20 la meilleure façon pour permettre à Dieu de retricoter tout cela,
12:23 c'est tout simplement de dire "Seigneur, je te fais confiance".
12:26 Et puis à partir de là, j'ai fait pas mal de choses.
12:29 Je trouvais que les cathos étaient un peu coincés.
12:30 Donc j'ai lancé un groupe de musique pour évangéliser par la musique rock.
12:33 Au stade d'Irland, 60 000 jeunes, c'est notre dernier concert.
12:35 Je dois préciser que c'est parce que le pape venait et donc il nous avait demandé de jouer.
12:39 Mais on était le seul groupe un peu moderne.
12:40 C'est génial ce genre d'aventure.
12:42 Et puis à l'âge de 20 ans, je suis rentré au séminaire et à l'âge de 27 ans,
12:46 j'ai été ordonné prêtre et depuis, dans ma vie de prêtre,
12:48 j'ai toujours eu l'occasion de m'occuper des jeunes.
12:51 Et c'est vrai que ça me touche beaucoup parce que je pense que la jeunesse,
12:54 c'est le moment du tremplin de la vie.
12:56 Et moi, d'un côté, j'ai vécu beaucoup de choses avant 14 ans que beaucoup d'adultes n'ont pas vécu.
13:01 Mais à la fois, j'ai eu la chance de rencontrer très jeunes dieux
13:03 pour vraiment profiter à fond de ma jeunesse.
13:04 Et si je suis un adulte aujourd'hui tel que je suis,
13:08 c'est grâce au fait d'avoir rencontré dieu jeune.
13:10 Et donc pour moi, plus vite un jeune va rencontrer la puissance de vie,
13:14 la puissance d'amour que donne la foi notamment,
13:16 plus il sera un adulte épanoui et heureux.
13:19 Et notamment, j'ai fondé Cap Missio.
13:21 C'est une belle œuvre des jeunes de 18 à 26 ans pour vraiment servir les autres,
13:24 les enfants roms, les SDF, et puis les autres jeunes,
13:27 aller à leur rencontre pour témoigner de leur foi.
13:29 Donc je continue aujourd'hui à redonner un peu tout ce que j'ai reçu.
13:34 C'est un passé qui est lourd.
13:35 Ce n'est pas facile même de formuler, de mettre des mots.
13:37 Et donc moi, ce qui s'est passé, c'est que très jeunes m'ont demandé d'en parler.
13:40 Je crois que ça y a fait beaucoup.
13:41 C'est-à-dire que dès l'âge de 14-15 ans,
13:43 il y a des prêtres qui m'ont demandé de raconter mon histoire à d'autres jeunes.
13:45 Et donc, est-ce que le fait d'en parler, déjà, ça m'a gardé la mémoire des événements.
13:49 Le fait d'avoir mis par écrit aussi dans un livre,
13:51 ça entretient aussi cette bonne mémoire, de bien mettre les choses au clair, etc.
13:56 Et c'est vrai, je peux dire en toute simplicité que je suis en paix avec mon passé.
13:59 J'ai l'impression en tout cas que les cicatrices sont bien refermées.
14:02 C'est ce qui me permet d'en témoigner avec simplicité.
14:04 [Musique]
14:09 [Sous-titres par Christophe Asselin]

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