• il y a 7 mois
Dans cette vidéo émouvante, Caroline partage son histoire de résilience face aux abus subis durant son enfance. Elle explique comment elle a trouvé la force de parler et de chercher de l'aide et comment cela l'a aidée à se reconstruire. Son témoignage est un appel à briser le silence et à soutenir ceux qui traversent des épreuves similaires, montrant l'importance de l'accompagnement professionnel dans le processus de guérison.

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Amusant
Transcription
00:00 Je suis seule face à ce bourreau en incapacité de me défendre.
00:04 Les pénétrations vont commencer et mon seul courage va être d'attendre que ces scènes se terminent.
00:11 Tout a commencé quand j'avais 6 ans. Je suis fille unique.
00:16 Je pourrais dire que je suis née dans une famille pauvre dans tous les sens du terme,
00:22 aussi bien psychiquement que matériellement.
00:25 Nous vivions dans un tout petit appartement de deux pièces.
00:30 Je dormais dans la chambre de mes parents.
00:36 Avant l'âge de 6 ans, je suis perturbée dans mes nuits parce que mon père est très insistant
00:43 à l'égard de ma mère pour lui faire l'amour de manière régulière.
00:48 Donc en pleine nuit, très régulièrement, j'assiste à des levées brutales de ma mère de son lit
00:57 pour aller dormir, assise sur une chaise, la tête entre ses bras.
01:03 À force d'une vie compliquée pour ma mère, très vite, j'ai pas tout à fait 6 ans,
01:09 ma mère décide de quitter mon père et je me retrouve seule à vivre avec mon père.
01:16 Les débuts de mon drame, puisque c'est comme ça que je le caractérise,
01:22 au lieu un soir, je fais un câlin dans le lit avec mon papa
01:27 et je dois dire que ce soir-là, je le vois se transformer physiquement.
01:33 Il est presque en sueur.
01:35 Son sourire est totalement faux, inhabituel.
01:39 Il me regarde et il m'inquiète.
01:41 Je me demande ce qu'il veut, je l'interroge, je lui dis "mais qu'est-ce qu'il y a ?"
01:46 "Papa ?"
01:46 Et il continue à sourire, à être extrêmement mal à l'aise
01:50 et il en profite pour mettre sa main sur ma zézette, par-dessus ma petite culotte
01:57 et il commence à la caresser.
02:00 Et là, je n'ai plus de mots.
02:02 Je pense que je ne peux m'exprimer qu'avec mes yeux.
02:05 J'exprime une surprise, une sidération, une inquiétude.
02:10 Et je suis troublée, je dois le dire, parce qu'effectivement,
02:14 ma zone érogène est stimulée.
02:16 Je suis troublée par le fait de ressentir du plaisir.
02:20 Mais, aussi jeune, et ça surprendra peut-être,
02:23 j'ai conscience que c'est interdit, que ce qu'il fait n'est pas normal
02:27 et donc, de toutes mes forces, j'essaie de retenir mon plaisir.
02:32 C'est la première défense que je vais avoir par rapport à cet inceste qui démarre.
02:37 Ce soir-là, je lui demande d'arrêter.
02:40 Il me dit "mais pourtant, ça te fait plaisir"
02:43 et je réponds "oui, mais on n'a pas le droit".
02:45 Et il me répond "mais qui dit ça ?"
02:48 Et là, je ne sais pas répondre.
02:52 Ma nuit est évidemment extrêmement perturbée.
02:55 Je suis convaincue que les choses vont s'arrêter là
02:58 puisque je lui ai demandé d'arrêter.
03:01 Quelques jours plus tard, il revient
03:03 et là, je dois dire que je suis totalement inerte,
03:08 allongée dans son lit et je ne peux rien faire.
03:11 Et là, il passe ses doigts sur ma zézette,
03:14 à l'intérieur de ma petite culotte.
03:17 Et je me laisse faire et je me dis que ce moment va s'arrêter.
03:22 Je commence à pleurer.
03:24 Je l'implore d'arrêter.
03:26 Je lui dis que ce n'est pas bien
03:27 et je sens qu'il est pris par son désir
03:30 et qu'il n'y a que ça qui compte
03:32 et que je n'ai qu'un seul choix, c'est d'attendre
03:35 qu'il veuille bien terminer et me laisser tranquille.
03:37 Je ne me sens pas le pouvoir, la force de le dénoncer.
03:43 Mais un jour, parce que les choses se sont répétées,
03:46 bien sûr, plusieurs soirs consécutifs,
03:49 dans la rue, je me mets à hurler
03:52 en lui disant que je ne veux plus qu'il me touche.
03:54 Il y a des passants qui passent et personne ne s'arrête.
03:57 Et là, il commence à avoir un peu peur.
03:59 Il s'agenouille et il me dit,
04:01 je te promets, Caroline, c'est terminé.
04:03 Je ne recommencerai plus.
04:04 Quelques semaines vont passer.
04:06 Il va revenir à la charge et cette fois-ci,
04:09 il va me demander d'enlever ma petite culotte.
04:13 Toujours totalement sidéré, je vais obtempérer,
04:17 si je puis dire.
04:18 Et là, il va commencer à caresser son sexe sur le mien.
04:24 Progressivement, cette situation va s'installer.
04:26 Ma mère n'est plus là, je n'ai plus de ses nouvelles
04:30 et je suis seule face à ce bourreau
04:33 en incapacité de me défendre.
04:35 Les pénétrations vont commencer
04:37 et mon seul courage va être d'attendre
04:40 que ces scènes se terminent.
04:42 Avec le temps, je vais trouver la force
04:45 de lui demander de s'arrêter,
04:47 de lui envoyer des coussins, de lui hurler dessus.
04:50 Il me promet systématiquement qu'il va arrêter,
04:53 mais il n'arrête jamais.
04:55 L'inceste va s'installer, je vais subir.
04:58 Je vais accepter de subir pour pouvoir vivre par ailleurs,
05:01 pouvoir m'investir à l'école, jouer avec des amis.
05:06 Et je sais que ce temps de soirée va avoir lieu,
05:09 mais je vais l'accepter.
05:11 Cette situation dure pendant quelques années
05:14 jusqu'à ce que ma mère revienne dans ma vie
05:17 et qu'elle m'enlève de lui.
05:19 Et là, je vis pendant quelques mois chez ma tante.
05:24 Donc, sans le savoir, elle m'a sauvée
05:26 et donc j'ai un break, un break de ce moment d'inceste.
05:30 Mon père me manque pour autant et il revient dans ma vie,
05:34 mais là, des travailleurs sociaux font un travail
05:37 sur la demande de ma mère,
05:40 qui ne souhaite pas que je retourne chez mon père
05:42 pour des raisons qui lui appartiennent.
05:45 D'abord parce qu'elle trouve que l'appartement
05:47 dans lequel nous vivons est insalubre
05:49 et il n'est pas, il ne répond pas aux conditions idéales
05:53 pour accueillir correctement un enfant.
05:56 Et un jugement est rendu.
05:58 Je suis donc placée à l'âge de 8 ans en maison d'enfant
06:01 et je ne vois mon père que le week-end.
06:04 Mais ces scènes d'inceste continuent,
06:07 j'ai presque envie de dire, de plus en plus intensément,
06:12 au point qu'à 15 ans, je tombe enceinte.
06:14 Je me retrouve face à la responsable du planning familial
06:19 en présence de mon père avec un interrogatoire insupportable
06:24 où elle me demande si je connais le jeune homme
06:27 avec lequel j'ai pu coucher aussi jeune,
06:30 si il va pouvoir m'aider,
06:32 est-ce qu'il sera présent au moment où je vais subir
06:34 une interruption volontaire de grossesse, etc.
06:38 Et mon père dit juste qu'il va être présent
06:41 et qu'il va m'accompagner,
06:43 mais j'ai un souvenir absolument horrible.
06:46 Je vais donc me retrouver à l'hôpital
06:51 à subir cette intervention volontaire de grossesse.
06:54 À ce moment-là, je suis persuadée qu'il va s'arrêter
06:57 et là, je demande absolument à ce que ces scènes s'arrêtent.
07:01 Je le menace de mort.
07:03 Je m'en sens à ce moment-là extrêmement capable.
07:07 Il va s'arrêter effectivement un temps donné,
07:10 mais ses pulsions sont tellement fortes
07:13 qu'il va passer à un autre stade
07:15 et qu'il va me proposer de me payer.
07:19 C'est un schéma que je vais accepter.
07:22 Pourquoi ? Parce que je me sens complètement coincée.
07:25 C'est à la fois, je ne veux pas le dénoncer,
07:27 je ne me sens pas capable de le mettre en prison.
07:31 Et là, je m'inscris dans une toute autre dynamique
07:34 qui est celle d'une forme de prostitution, évidemment.
07:39 Mais je lui prends quelque chose.
07:42 Je lui prends de l'argent.
07:45 Je peux profiter
07:47 pour m'amuser avec des amis,
07:51 pour sortir de cette vie absolument horrible.
07:54 Le cap suivant, j'ai 18 ans.
07:56 À cette majorité, je me dis que j'ai une plus grande liberté de dire non
08:01 et de rester vivre à la maison d'enfant désormais
08:04 et de ne plus aller chez lui.
08:06 J'y vais de temps en temps.
08:08 Et là, ce qu'il pratique, c'est qu'il vient me pénétrer dans la nuit.
08:12 Là, je décide que je vais concrètement le tuer.
08:15 J'ai un petit ami à la maison d'enfant.
08:18 Il va me procurer une arme qu'il va décharger
08:22 parce qu'il a peur, évidemment, que je sois en grande difficulté.
08:26 Et un soir, alors que mon père décide de soulever le drap
08:31 et de venir me pénétrer,
08:33 j'ai moi caché ce revolver sous mon coussin.
08:37 Et je le menace de manière très violente.
08:40 Il a extrêmement peur.
08:42 Je pense qu'il sent sa mort imminente.
08:45 Évidemment, je lui dis ensuite que l'arme n'est pas chargée,
08:48 mais que la prochaine fois, elle le sera.
08:51 À partir de cette période,
08:53 je ne suis plus jamais allée dormir chez mon père.
08:57 J'ai passé plusieurs années à lui expliquer le mal qu'il m'avait fait.
09:01 Sa réponse a été assez étonnante.
09:05 "Ça a été parce que je t'aimais trop."
09:07 C'est à ce moment-là que j'ai eu conscience
09:11 de son énorme confusion entre ses pulsions sexuelles
09:15 et ce qu'il croyait être de l'amour.
09:18 Pour lui, c'était un témoignage d'amour.
09:21 À plusieurs reprises, lorsqu'il me pénétrait
09:24 et que je lui disais que je n'aimais pas,
09:26 il me disait "mais c'est ça l'amour".
09:28 Et j'ai démarré un long travail psychanalytique pendant 25 ans.
09:33 J'ai pu petit à petit construire une vie professionnelle.
09:37 J'ai pu reprendre des études.
09:39 J'ai pu avoir des relations amoureuses.
09:43 Certains étaient très douloureuses,
09:45 mais à force de travail,
09:48 j'arrivais à attracter des personnes qui arrivent à m'aimer.
09:53 Il m'a fallu beaucoup de temps avant de trouver un partenaire de vie
09:59 qui puisse s'installer dans une relation amoureuse avec moi durablement.
10:05 Cela a été donc le papa de mes enfants,
10:08 avec qui nous avons adopté nos deux enfants.
10:12 J'avais systématiquement envie de retrouver une certaine liberté.
10:16 Je n'arrivais pas à m'épanouir dans cette vie de couple.
10:19 J'ai quitté le père de mes enfants il y a 5 ans.
10:23 Et depuis, je n'arrive pas à construire une vie amoureuse qui me convienne.
10:31 Mon niveau d'exigence s'est élevé,
10:35 mais je suis persuadée que je la trouverai et qu'elle me trouvera.
10:40 Aujourd'hui, j'ai 56 ans.
10:42 J'ai très longtemps eu envie de raconter ce récit dans tous les aspects.
10:47 La petite Caroline, mes moments troublés au moment de l'adolescence,
10:51 ma vie d'adulte compliquée, notamment pour mettre en place une relation amoureuse saine,
10:57 la difficulté que j'ai eue à donner la vie,
11:00 et c'est d'ailleurs pour ça que j'ai eu recours à l'adoption.
11:04 Le livre écrit par Camille Kouchner,
11:06 "La familia grande", au regard de ce qu'elle a provoqué.
11:09 Lorsque j'ai vu le volume si conséquent de victimes,
11:15 j'ai eu envie de m'associer à ce mouvement.
11:17 J'ai eu envie de dire aux autres victimes, mais aussi aux proches des victimes,
11:21 que je faisais partie de leur grande famille.
11:23 J'ai écrit un roman autobiographique qui s'appelle "Tu seras gentille ?".
11:29 C'est une question que me posait mon père au moment de l'adolescence.
11:32 À chaque fois que je lui demandais la permission de sortir,
11:35 la permission d'avoir quelque chose,
11:37 et je répondais pour avoir ce que je voulais,
11:40 systématiquement, oui.
11:41 J'aurais deux conseils à donner à toutes les personnes qui ont été victimes d'inceste.
11:47 Le premier, parlez le plus tôt possible.
11:51 Identifiez le ou les personnes de confiance,
11:55 avec lesquelles vous vous sentez en sécurité,
11:58 et avec lesquelles vous sentez qu'il va y avoir une écoute bienveillante et juste.
12:04 Et mon deuxième conseil,
12:06 être accompagné d'un professionnel de santé mentale,
12:11 quel qu'il soit le plus tôt possible.
12:14 J'ai aujourd'hui, et depuis plusieurs années bien évidemment,
12:17 des moments très heureux, des amis,
12:20 une activité professionnelle que j'aime.
12:22 J'ai eu une capacité de produire et d'écrire un livre.
12:27 C'est énorme quand je vois des victimes
12:30 qui effectivement trop tardivement se font prendre en charge.
12:34 Toute leur vie est bousculée.
12:36 Elles sont face à des difficultés de travailler,
12:38 des difficultés à être en lien avec les autres.
12:41 Donc vraiment, je répète, deux conseils.
12:44 Le dire très tôt, le plus tôt possible,
12:47 auprès d'une personne de confiance,
12:49 et être accompagné par un thérapeute qui connaisse bien ce genre de sujet.

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