• l’année dernière
L’avocate au barreau de Paris, Nathalie Tomasini, s’est exprimée concernant le féminicide d’Hadjira : «C’est toujours l’auteur des violences qui a du crédit auprès des autorités. C’est ça qui pose problème. Une femme victime, sa parole est minimisée».

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Transcription
00:00 choquée encore une fois d'avoir connaissance d'un nouveau féminicide, d'une femme victime
00:06 de violences conjugales qui avait pourtant, je le rappelle, déposé plainte déjà en janvier,
00:10 qui avait demandé également une ordonnance de protection qui a été rejetée. Alors pourquoi
00:15 a-t-elle été rejetée ? Il y avait, il me semble dans ce dossier, des attestations de proches,
00:21 de voisins, de la famille, des attestations également d'associations d'aide aux victimes.
00:28 Peut-être manquait-il un certificat médical des UMJ, mais c'est aux policiers, aux officiers de
00:37 police judiciaire ou aux gendarmes de proposer justement une réquisition UMJ pour que la
00:44 victime puisse aller faire constater ses traumas, qu'ils soient psychologiques ou physiques. Donc
00:51 je rejoins ce qui a été dit par ma consoeur. Clairement, la responsabilité de l'État peut
00:59 être mise en jeu. Il faut savoir… Sous quel argument justement la responsabilité de l'État
01:04 peut-elle être mise en jeu ? Précisément si par exemple, tel que je l'évoquais, les officiers de
01:11 police judiciaire n'ont pas proposé cette réquisition UMJ. Parce que si vous avez un
01:16 certificat médical qui démontre qu'il y a des traumas, des lésions physiques ou psychologiques,
01:22 on ne peut pas décemment rejeter cette demande d'ordonnance de protection. Parce que le certificat
01:28 médical, c'est la preuve absolue. Les attestations, on peut toujours évoquer que ce sont des
01:33 attestations de complaisance, mais pas les certificats médicaux, surtout venant des
01:39 unités médico-judiciaires. Donc il faudrait savoir si dans ce dossier, les officiers de police
01:44 judiciaire ont bien fait leur travail. En tout état de cause, ce que je note, c'est que les
01:50 plaintes ont été déposées en janvier. Cette jeune femme a laissé deux enfants en bas âge et est
01:59 décédée en juillet. Le délai aussi de traitement des plaintes est beaucoup trop long. Et ça aussi,
02:06 c'est un problème. Si vous voulez, moi ce que je note, et ce que je note dans mes propres dossiers,
02:11 c'est qu'on fait fi encore une fois du principe de précaution au profit bien sûr de la présomption
02:18 d'innocence. C'est toujours l'auteur des violences finalement qui a du crédit auprès des autorités.
02:24 Et c'est ça qui pose problème. Une femme victime, sa parole finalement, elle est minimisée. On pense
02:32 toujours que la femme va vouloir couper le lien entre le père et les enfants, qu'elle va vouloir
02:37 lui prendre de l'argent. Voilà, on en est encore là en 2023. Vous rappelez les chiffres, ils sont
02:44 éloquents. On n'a pas fait de progrès. Le fléau des féminicides demeure. Et on était en 2019 à
02:53 peu près 146 féminicides. 2022, ça n'a pas bouché. Donc effectivement, la responsabilité du
03:01 gouvernement interroge et pose question.
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