Argentine : Javier Milei gagne la primaire et crée la surprise
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00:00 - Ravir Millei, son profil et ses attentes, ses ambitions, on va les évoquer tout de suite avec notre chroniqueur, avec nous en plateau, Florent Rodot.
00:06 Bonjour Florent. - Bonjour Antoine.
00:07 - Ravir Millei, c'est donc l'un des grands favoris de la prochaine élection présidentielle en Argentine, ce sera en octobre.
00:13 Une idée, il faut le dire, difficilement imaginable, c'était il y a encore quelques mois.
00:17 - Oui, c'est le nom à n'en pas douter à retenir de cette primaire argentine, Ravir Millei, 52 ans, économiste ultralibéral, anti-système, on l'a dit.
00:26 Véritable trubillon de la vie politique argentine, je me souviens de lui il y a encore 2-3 ans sur les plateaux de télévision en Argentine.
00:32 Il était invité en fait pour son excentricité, personne ou presque ne le prenait au sérieux.
00:36 Mais petit à petit, on l'a bien compris avec le résultat d'hier, ses idées ont infusé petit à petit dans la société argentine.
00:43 Ravir Millei, il faut le dire, c'est un personnage. Il faut voir son physique avec son style emprunté aux années 70, sa coupe de cheveux reconnaissable entre mille.
00:51 Mais Ravir Millei, c'est avant tout un programme qui détonne dans une Argentine, disons-le, politiquement traditionnelle.
00:58 Lui, son but, c'est de faire éclater le système politique argentin en place depuis l'arrivée du péronisme.
01:03 C'était au milieu des années 40 en Argentine. Son credo, la justice sociale, est une illusion.
01:10 Lui veut moins d'Etat, il veut de la liberté à tout prix.
01:13 L'une des phrases qu'il aime répéter, je vous la donne, "l'Argentine était un grand pays et maintenant on est en totale décadence".
01:20 Ça nous fait bien sûr penser à un certain Donald Trump, son "Make America Great Again", qui a donc fait des émules en Argentine, les Etats-Unis.
01:27 Et c'est en cela qu'il détonne aussi Ravir Millei. C'est un modèle pour lui, avec son allié israélien, Ravir Millei, qui l'a dit, son premier voyage à l'étranger, ce sera en Israël.
01:38 Un pays qu'il admire. Alors, il n'est pas juif, mais c'est un pays qu'il admire.
01:41 Jamais dans l'histoire de la politique argentine, un candidat n'avait dit qu'il irait en Israël pour son premier déplacement.
01:47 Un mot également sur son image, comme Donald Trump ou Bolsonaro au Brésil voisin.
01:52 Il cultive énormément son image sur les réseaux sociaux.
01:56 J'en veux pour preuve que chaque mois, par exemple, il reverse son indemnité de député au vainqueur d'une loterie diffusée sur le compte Instagram de son parti.
02:04 Se montrer proche des Argentins dans un contexte de fort rejet des élites.
02:07 Le plan semble payer pour l'instant, mais pour ces détracteurs, il n'est ni plus ni moins qu'un populiste.
02:12 Un populiste, des propositions au choc, ça on l'aura compris également, Florent.
02:15 Comment expliquer son succès fulgurant auprès des Argentins ?
02:19 Je vous le disais, Javier Millei, c'est un économiste et le portefeuille en Argentine, c'est à non pas douter le sujet le plus important.
02:25 La faute, bien sûr, à cette chute vertigineuse de l'économie argentine.
02:29 Quelques chiffres pour bien comprendre. Sur un an, l'inflation dépasse les 116%.
02:35 Désormais, 40% de la population argentine vit sous le seuil de pauvreté.
02:39 Un dollar s'échange au noir pour 550 peso.
02:43 Il y a 15 ans, le rapport était d'un pour neuf. Rendez-vous compte la différence.
02:47 On rappelle également que l'Argentine a contracté le plus grand prêt de l'histoire du FMI, 57 milliards de dollars.
02:53 Et le remboursement est toujours en cours.
02:55 Un constat difficilement imaginable pour un pays doté de telles ressources.
02:58 Dans son sous-sol, qui exporte aussi en masse son soja, sa viande, son maïs également.
03:04 Mais dans un pays où la corruption est généralisée, c'est un véritable fléau en Argentine.
03:08 Et où la confiance dans les hommes politiques est au plus bas, il fait office de candidat du Renouveau.
03:13 Ça peut paraître étrange, mais il arrive avec une proposition qui plaît beaucoup aux Argentins.
03:18 La suppression de la très impopulaire Banque Centrale et la dollarisation de l'économie.
03:23 On parlait tout à l'heure des Etats-Unis, Antoine.
03:26 Il y a aussi bien sûr l'aspect sociétal.
03:29 S'il est élu, Javier Milei le dit, il va supprimer le ministère des Femmes, du Genre et de la Diversité.
03:35 Il faut dire que parmi ses partisans, il y a beaucoup d'anti-IVG.
03:39 Des anti-IVG qui ont été échauffés par la loi adoptée en 2020, la légalisation de l'avortement.
03:44 Alors, y aurait-il une sorte de front républicain si Javier Milei va au second tour ?
03:50 C'est trop tôt évidemment pour le dire.
03:51 En tout cas, sa candidature, elle bouscule d'ores et déjà l'ordre établi.
03:55 Et c'est déjà pour lui une grande victoire.
03:56 Et une grande victoire et une candidature très sérieuse.
03:58 Donc on l'aura compris.
03:59 Merci beaucoup Florent pour toutes ces explications.
04:02 Florent Rodot, notre chroniqueur ici à France 24.